Genre : Aventures
Durée : 2 h 20
Sortie le 6 août 2014
Chine, Pendant la dynastie Tang. L'impératrice Wu envoie sa flotte aider son allié l'empire Baekje pour combattre son ennemi, l'empire Buyeo. En chemin, ses vaisseaux sont attaqués par un dragon des mers. L'impératrice demande à son commissaire, Yuchi Zhenjin, d'enquêter sur cette attaque. Et c'est à ce moment que débarque en ville, Dee Renjie, détective de son état et intrigué par cette histoire de dragon.
Tsui Hark est un cas à part dans l'industrie du cinéma de divertissement. Après une époque où il faisait partie de la A-list des réalisateurs chinois, pour simplifier on va dire dans les années 80- 90, avec des films comme Il était une fois en Chine, le public européen a perdu sa trace jusqu'à son chef d'oeuvre en 96, The blade, monument barbare et classique instantané. Après c'est plus bancal, entre grosse bouse US avec Van Damme et Denis Rodman (Double team, si vous voulez VRAIMENT avoir tout vu de Hark) et grand moment de cinéma avec Time and Tide, actioner jubilatoire mais incompréhensible. Plus récemment on lui doit Seven swords, où planait l'esprit de ses premiers films mais sans en retrouver la force et le premier Detective Dee, excellent film d'aventure décoiffant et old school. C'est un peu ça la carrière de Hark, un enchaînement de films de qualité inégale. Et si le premier Detective Dee assurait le spectacle, sa suite se suit avec beaucoup moins d'intérêt.
Première casserole, son scénario. Si le récit commence effectivement avec le fameux Dragon des mers, la suite du récit s'enlise dans une amourette sans intérêt entre une courtisane laissée en offrande au dragon dans un temple et un homme transformé en reptile se cachant dans une mare, victime d'une malédiction pour avoir trop conté fleurette à la demoiselle. Le personnage titre se concentrera d'ailleurs beaucoup sur cette histoire, qui verra apparaître des guerriers japonais masqués et de fourbes pirates. On passe assez lentement d'un temple à une auberge, d'une chambre à une forge, au gré des mésaventures des héros. Le film se réveille sur son dernier quart d'heure avec le retour du Dragon, intégré à la truelle à l'histoire et à ses conspirations, se montrant finalement peu menaçant.
Deuxième point noir : Les effets spéciaux. Si le premier faisait resurgir les grandes heures du Wu Xian Pan avec ses décors baroques et son côté parfois artisanal (dans le bon sens du terme), son cadet fait parfois atrocement mal aux yeux, donnant parfois l'impression de regarder un DTV Asylum. Le film est à regarder en 3D, Tsui hark a d'ailleurs pensé sa mise en scène dans ce sens, tant pendant tout le film un multitude d’objets vous sont balancés à la figure. Malheureusement, ces incrustations en CGI sont d'une laideur hallucinante. Entre lames en gros plan et tonneaux mal incrustés dans le cadre, la qualité médiocre de certains effets suffisent parfois à flinguer une scène. C'est dommage, car pour une image de dragon aquatique plus réussie, on doit supporter des bateaux en feu avec des flammes qu'on jurerait rajoutées à l'arrache sous PhotoShop. N'oublions pas les fondus enchaînés et les superpositions qui piquent les yeux, c'est simple il y en a toutes les dix minutes.
Mais ne soyons pas complètement négatifs, il y a quand même deux trois choses à sauver dans ce film. A commencer par la réalisation de Tsui Hark. Si le film ne comptera pas parmi les chefs d'oeuvre du monsieur, force est de constater que Hark est toujours opérationnel lorsqu'il s'agit de mettre en scène des bastons au sabre ou autre arme contondante. Virevoltante, énergique, jamais tape à l’œil, et inventive, la mise en scène de Hark combinée à sa gestion parfaite de l'espace réveille le spectateur entre chaque scène de parlotte-remplissage, allant jusqu'à se refaire Cliffhanger à la corde sur une falaise surplombant un gouffre.
Et puis soyons francs, c'est un film de Tsui Hark, et ça même si c'est rempli de défauts ça vaut d'être vu. Parce que personne ne sait mettre en scène comme lui des idées complètement barrées, des plans improbables mais qui marchent à chaque fois (mention au cheval sous marin. Je vous laisse découvrir) et qui ose encore avoir recours aux câbles pour faire bondir ses héros sur les toits des temples et des maisons. Tsui Hark a l'énergie communicative, à l'image de ses comédiens principaux qui y croient à fond (mention à Dee et son acolyte médecin), jouant les Sherlock Holmes avec autant de sérieux que s'ils jouaient dans un drame historique, ce qui tranche radicalement avec l'ambiance de douce folie et de fantasy qui plane pendant tout le film.
C'était un choix risqué de sortir un film comme Detective Dee 2 cet été, caché entre les blockbusters US rouleaux compresseurs du box office (il sort entre Transformers 4, La planète des singes et Les gardiens de la galaxie), mais c'est un choix qui peut se justifier si l'on veut proposer un peu d'exotisme et de nouveauté entre deux gros morceaux de cinéma de divertissements américain. Car oui, Dee 2 est un divertissement. Bancal, bavard et avec des SFX à pleurer, mais réalisé par ce fou de la caméra qu'est Tsui Hark.