Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann
Genre: drame, long drame.
Sortie le 15 mai
Je l'avoue j'étais curieux de voir à quoi allait ressembler le remake de Gatsby par Luhrmann. Non pas que je sois un fan absolu de l'oeuvre du monsieur, mais Romeo + Juliette m'avait marqué, étant ado (surtout sa BO, en fait, avec les cardigans, Garbage..etc..) et Moulin rouge avait le mérite d'offrir quelques bons instants d'euphorie, avec, comme Romeo...une BO qui tournait en boucle avec Massive Attack, Bowie etc...Après j'avais eu le malheur de voir Australia, film chiantissime qui avait le mérite d'avoir réussi à me faire dormir au cinéma. C'est rare, il faut le signaler.
Alors quand j'ai vu la 1ère bande annonce du film, avec DiCaprio (qui retrouve ici Luhrmann 18 ans après Romeo + Juliette), et une promesse de fêtes de fous, pleines d'euphorie et de fureur, je me suis dit que je n'étais pas à l'abri d'une bonne surprise. Et bien que nenni. C'est encore raté. Et dans les grandes largeurs.
Je l'avoue, je n'ai jamais vu l'original, avec Redford, et encore moins lu le livre dont c'est tiré. Je ne me risquerais donc pas à argumenter et à comparer l'original et le remake. Il y a assez matière à critiquer sur le film en lui même.
Pour commencer, un des principaux défauts de ce film, c'est la mise en scène. Luhrmann a un style, c'est indéniable. Un style qui malheureusement, donne un cachet à la fois à la fois old school et ultra moderne au film.
Je m'explique.
Gatsby est un fêtard, qui organise des grosse soirées chez lui, ça tourne dans tous les sens, et Lhurmann filme ça comme un clip géant, musique à l'appui. L'action se passe en 1922, entre deux guerres, c'est l'époque du Charleston; eh bien Baz (Luhrmann c'est chiant à écrire), il vous balance du Will.i.am, du Beyoncé (tout du moins une reprise) et de la bonne vieille house. On a l'impression de regarder un clip de promo pour la BO du film (pas un plan ne dure plus de 2 sec). Et puis Baz, pour passer d'un lieu à un autre (disons d'une rive du lac à l'autre), il use et abuse du zoom accéléré : plaisir des yeux.
Ça c'est pour la partie " grosses fêtes de malades", euphorie, mise en scène contemporaine etc. Autant vous le dire tout de suite, ce côté jouasse et coloré ne dure pas longtemps, le rythme, excusez moi du terme, se casse la gueule dès que Gatsby entre en scène.
Une fois que le personnage est présenté, ainsi que ses fourbes desseins (à base de reconquête d'une femme mariée), le rythme repasse en 2ème et devient d'un classique....
Vous aimez la 3D ? Et bien sachez que vous allez en bouffer du champ-contrechamp en relief. Dans une chambre, dans un salon, autour d'une table...ça n'arrête pas. Vous allez aussi avoir droit à une bonne dose de surimpressions de plans, pour tout et rien d'ailleurs (Tobey Maguire écrit sur une feuille: vous verrez ce qu'il écrit en fond ; Gatsby et sa copine fricotent dans un lit : vous aurez le mari cocu en fond). Ça n'arrête pas. Jusqu'au bout. Il me semble même que la dernière image, ce sont les mots de Maguire qui s'inscrivent sur l'écran, sur fond d'image de la jetée de Gatsby.
Le film souffre également d'un rythme en decrescendo, à l'image du personnage narrateur, interprété par Maguire. Comme si on passait des fêtes fun à un espèce de triangle amoureux dont on serait exclu. Et comme lui, au bout d'un moment on se dit " ras le bol" (lui il dira " j'en ai soupé de vos conneries") .
Il faut aussi préciser que la conviction et l'implication avec lesquels sont interprétés les différents personnages n'aide pas à s'intéresser à leur (pas si folles) aventures. Faire de Maguire un personnage soit disant alcoolique, rendu à moitié fou par la perte de son ami Gatsby, ce n’était pas la meilleure idée du monde. Carey Mulligan, en personnage féminin principal arbore toujours le même regard triste/ontente mais triste au fond quand même. Son jeu limité décrédibilise un grand nombre de scènes dramatiques. Pour Di Caprio, c'est autre chose, il n'est ni bon ni mauvais. C'est juste qu'après avoir vu Django et redécouvert la palette de jeu qu'il possède, le voir coincé dans un costume à jouer les amoureux éconduits, c'est frustrant.
Le seul à surnager dans ce film, niveau interprétation, c'est Joel Edgerton. (vu dans le remake de The thing et surtout dans Warrior, où il tenait tête a Tom Hardy). Parfait dans son rôle de mari aimant mais volage, il arrive le temps de quelques scènes à faire transparaître toute la violence, la jalousie et la rancœur avec juste un regard. Gatsby fait fadasse à côté
Enlevez Maguire, et vous aurez Jason Isaac et Edgerton, les deux acteurs mémorables de ce film
Plus le film avance et plus on est pressé de savoir comment ça va se finir (pressé aussi que ça se finisse d'ailleurs), même si, quand bien même on n'a pas vu l'original, la trame reste quand même prévisible.
Le souci c'est que, bien que le film ne soit pas un film d'action (loin de là même), à aucun moment l'intérêt et le rythme ne reprennent le dessus. Dans Moulin rouge, dernière partie, même quand on savait Satine mourante, on avait droit à un dernier tour de piste avec Hindi Sad Diamond, mélange de Bollywood et de Kidman sous acide. Là rien. On attend la confrontation mari/amant, mari/femme, dernière roucoulade entre amants...Le dernier acte met 3 plombes à se mettre en place, sous le regard torve de Maguire.
Au final, on se surprend à regarder sa montre toutes les 10 minutes, le film en durant 140. Ennui, désintérêt, ou douce impression de s'être fait enfler par le mec qui vous avait faire taper du pied avec Young hearts run free, et avait réussi à vous filer le tournis avec du french cancan sur du Fatboy slim...
Je me suis dit, je vais vous laisser un extrait de la BO. Mais je ne voulais quand même pas vous flinguer les oreilles avec Will.i.am ou Beyoncé. Donc voici un autre extrait. Enjoie! ou pas...