Genre: Exercice de style à Bangkok
Sortie le 22 Mai 2013
Deuxième collaboration NWR/Gosling, "OGF" (ce sera plus simple à écrire) est une déception. En soi , Drive en était déjà une (ça n'engage que l'auteur de ces lignes), la mise en scène rattrapant un scénario indigent, bien qu'adapté d'un livre, avec un Gosling mutique, ange de la mort au volant de son bolide. Mais là, on atteint une sorte de limite, où on assiste pendant 1h30 à une sorte de bande contemplative, parsemée de quelques fulgurances ultra violentes. Personnellement, j'aime assez le style de Refn. Sa trilogie Pusher m'avait permis de le découvrir, son Valhalla Rising était remarquable, et j'avais été marqué par Bronson, à mon avis sa plus grande réussite. Mais là je suis ressorti déçu, en essayant de tirer quelque chose de positif de ce que je venais de voir.
Bangkok Dangerous
Déjà le scénario, simple (simpliste), prétexte à une histoire de spirale infernale sur fond de vengeance, de prostitution et de corruption. Julian est un dealer à Bangkok, avec son frère Billy. Celui-ci tue une prostituée mineure, et se faire déglinguer par le père de celle-ci. La mère des garçons arrive et demande à Julian d’éliminer l’assassin de son fils. C'est sans compter le chef corrompu de la police local, fan de karaoké. Voilà dans les grandes lignes l'histoire. Peu ou pas de dialogues, Gosling doit avoir 5 lignes de texte, et une tendance à offrir une scène de meurtre/torture toutes les 15 minutes.
Le principal problème, concernant le script, c'est qu'à aucun moment, on ne s'attache aux personnages, tous plus antipathiques les uns que les autres. Julian (mollement interprété par Gosling) est un dealer, qui fréquente, à intervalle régulier, des prostituées et son frère une ordure. Le chef de la police est un tordu, adepte de la machette et surtout, ça vaut le déplacement, dingue de karaoké. Il faut le voir chanter des chansons de lover thaïlandais devant sa brigade, entourée de putes.
Mais la Palme revient au personnage de la mère, chef d'un réseau de trafiquant de drogue, castratrice et aux tendance légèrement incestueuses, faut la voir caresser son fils, et qui écope des dialogues les plus..."autres" du film.
Dans Drive, il y avait quand même une histoire d'amour, d'amitié, de rivalité, et même un peu de film de braquage. On ne s'ennuyait pas, ça restait quand même une honnête série B. Alors que là, on navigue entre vengeance, déprime, violence gratuite, le tout dans une ambiance moite, bien cliché quand même, émanant des bordels de Bangkok. Peu ou pas de fascination, pas d'empathie pour les personnages (à qui s'attacher? au héros dealer et tristounet ou au flic froid et mécanique?) et un ennui qui s'installe lentement mais sûrement.
La scène du dîner, prétexte aux dialogues les plus fins de l'année
Le film s'achève dans une espèce de non-climax, achevant de manière bancale cette espèce de long trip à Bangkok. On attendait une ambiance fiévreuse et emplie de violence sourde, on a une espèce de spleen et déprime à la lumière des bordels de la ville.
La NWR's touch
Je vous disais plus haut que le principal problème de Drive, c'était son fond, que la forme stylée et travaillée arrivait à sublimer. Même chose ici, le talent de Refn à la mise en scène arrivant quand même à sauver l'ensemble du complet foirage. On retrouve cette capacité à créer de vraies ambiances à la fois poétiques et glauques, avec de longs plans fixes, ou de tout aussi longs travellings. Des explosions de violence qui sortent le spectateur de sa torpeur, à l'image de cette scène d'interrogatoire qui vire à la torture, en pleine soirée cosy/canapés, petite musique de fond, bientôt couverte par les hurlements du mec à qui on crève les yeux...
Et il y a ce fétichisme de Refn pour la violence et le sexe. La violence déjà, avec ces scènes d’exécution. Je vous disais que le Flic était adepte de la machette. en tant que bourreau, il se balade toujours avec, et chaque mise à mort est prétexte à une stylisation à l’extrême, avec le flic qui sort son engin de mort, comme un ninja sort son katana, et met à genou ses victimes et les exécute, froid comme la mort. Le vrai héros, ne cherchez pas, c'est lui.
Le sexe ensuite, Refn nous montrant tous ses personnages, tous plus frustrés les uns que les autres, soit dans des chambres avec des prostituées, mais ne faisant absolument rien (la fille si, par contre, Gosling n'étant que spectateur, on va dire), soit dans des salons à hôtesse pour se rincer l’œil, à l'image de la mère, clope au bec, en train de contempler des culturistes en string....toujours ce voyeurisme stylé...
La photo est également remarquable, éclairant les horreurs à la lumière des néons des bordels, bleus ou rouges prédominants, ou dans une lumière naturelle, pour les rares scènes de jour. Car oui, les 4/5èmes du film se passent de nuit. C'est limite si les scènes de jour ne réveillent pas entre deux balades nocturnes...
Un mot sur le score, à la fois minimaliste et super travaillé, à base de vrombissements et de sons distordus, que viennent interrompre quelques plages plus "musicales".
Passons sur le casting, avec en tête Ryan Gosling. Alors je n'ai rien contre ce monsieur, mais j'ai vraiment du mal avec ce non-jeu, cette mono-expressivité permanente, il n'arrive même pas à retranscrire cette violence sourde qu'est censé ressentir son personnage. Kristin Scott Thomas, second rôle mais mémorable, maquillée comme une voiture volée et parfaite dans son rôle de mère monstrueuse...
Enfin , le meilleur pour la fin, Vithaya Pansringarm, qui tient ici le rôle du flic corrompu, machine à tuer des trottoirs de Bangkok. Il illumine de sa nonchalance et de sa force tranquille toutes les scènes ou il apparaît...
Pour conclure, j'en suis ressorti complètement indifférent, je m'attendais à une belle claque, pas de bol, le rythme ne décolle jamais. Le film donne l'impression de durer 3 plombes alors qu'in doit pas dépasser 1h25, on se fout de ce qu'il va arriver au "héros", si tant est qu'il y en ait un, et il y a cette impression de rendez-vous manqué, une fois le générique (en thaïlandais) terminé...
Cadeau du dimanche :
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