genre: Pixar mineur
Sortie le 10 juillet 2013
Ca fait déjà 12 ans que Monstres et Cie est sorti au cinéma. 12 ans qu'on a découvert Sully, Mike et surtout Boo. Tour de force technique et narratif, comme seul Pixar était capable d'en produire, le film était devenu un classique immédiat, comme Nemo, Toy story et compagnie.
Voici donc le prequel de Monstres et Cie, qui nous narre la rencontre de Mike et Sully, à la Monster Academy,...et c'est pas fameux.
Toujours la forme, beaucoup moins le fond
La première chose qui saute aux yeux, lorsque le film commence, c'est qu'en matière d'animation, Pixar n'a décidément aucun souci à se faire. Le travail est soigné, certaines textures poussent très loin le photo réalisme( le bus scolaire ), on est encore au dessus de la production animée actuelle. ça c'est dit. Venons en au sujet qui fâche. Le fond.
ça fait déjà un moment que Pixar stagne. Aucune surprise à ça, à force d'être toujours au top, on force la concurrence à essayer d'aller toujours plus haut, toujours plus loin , et on se repose sur ses lauriers. Le dernier bijou de la boite à la Lampe sautillante, ça reste Toy Story 3, avec ses réflexions sur la condition de jouet de ses héros, avec de vrais pics émotionnels. Depuis, nous avons eu droit à Cars 2, suite fainéante et sans enjeux, et Rebelle, joli livre d'images mais ampoulé d'un sous texte féministe maladroit un peu malvenu dans un Pixar ( alors que les notions d'amitié, de sacrifice, thèmes autrement plus fédérateurs, y sont généralement plutôt bien traités). Les derniers pixar se regardaient au pire comme de belles bandes démos, on en prend toujours plein les yeux avec ces gens là. Avec Rebelle, on en venait même à plus apprécier le court métrage avant le film que le film en lui même ( La luna, facilement trouvable sur la toile).
Et pendant que la qualité globale des Pixar commençait à fléchir, les studios concurrents, Bluesky, dreamworks etc...nous offraient des petites perles comme tempête de boulettes géantes, Moi moche et méchant ( avec ses minions) et surtout des chefs d'oeuvre comme Dragons, monstrueux récit initiatique doublé d'un vrai film de vikings, porté par un score magistral. Certes, la qualité technique ne valait pas encore un Pixar, bien qu'étant tout à fait honorable, mais cette infériorité technique était très vite oubliée grâce à des scénarios malins, drôles et ne cherchant jamais à en mettre inutilement plein la vue ( tempête de boulettes géantes et Monstres et Aliens restent quand même de biens beaux hommages aux film de monstres et savants fous des 80's).
Résultat, Pixar est obligé d'en offrir toujours plus, que ce soit au niveau de l'écriture que du technique. Malheureusement, ce n'est pas avec Monstres Academy que l'équilibre va se rétablir.
15 ans plus tôt
Le film nous raconte donc la rencontre sur les bancs de la fac de Mike et Sully, en cours pour devenir les terreurs de demain. et entre les différentes fraternités et sororités, la compétition va être rude. Ou pas.
Voilà, vous avez l'histoire. Le suspense aussi, et vous savez comment ça se termine en plus, si vous avez vu le premier.
Un des plus gros soucis de ce film, c'est qu'il n'est pas toujours drôle,en plus d'être sans surprise et ultra balisé. Moyennement drôle car les gags sont assez inégaux dans leur efficacité, quand ils ne sont pas étirés plus que de raison, à l'image d'un monstre escargot avec son cartable qui se traine pour ne pas arriver en retard à son cours. 20 secondes à l'écran, c'est long.
Si l'on se surprend à découvrir les versions teen des monstres bossant avec Mike et Sully à l'usine dans le premier film, ici les personnages peinent à inspirer de la sympathie ou de l'empathie ( un des personnages a quand même 40 ans et est au collège car il a été licencié). Le film nous fait donc faire le tour des lieux communs d'un film de campus comme la cafétéria, les fêtes de fraternité, le stade, au rythme des épreuves que doivent subir les protagonistes. D'ailleurs la plupart des scènes se concentrent sur l'équipe des loosers ( celle des deux compères), mettant de côté les autres personnages du récit, et il y en a d'ailleurs un bon paquet, n'étant au final ici que pour se faire battre par les nouveaux héros de la fac.
La fine équipe au complet
On sourit plus que l'on ne rit au gré des mésaventures des héros, grâce à quelques répliques qui font mouche ou gags courts mais hilarants, la plupart dus au comportement complètement à l'ouest de la peluche violette, qu'on devine ex-détenu et un peu psychopathe ( le plan du papillon ), et le film se suit sans plaisir ni ennui jusque dans son deuxième climax où Pixar reprend du poil de la bête, si j'ose dire, et pour le coup étonne et surprend. En effet, suite à un twist du scénario, Mike et Sully doivent s'échapper du monde réel, et pour cela ils devront faire peur. Et là on se surprend à découvrir un Pixar qui aurait mis de côté les peluches et les blagues, et qui nous offre 10 minutes de gravité et de suspense, avec une mise en abîme de la Peur, redoutablement mise en scène, avec tous les codes du film de trouille, poupée qui marche toute seule, obscurité éclairée à la lampe torche, hurlements et décadrages, et le pire c'est que ça marche du tonnerre. On peut voir cette séquence comme une tentative de rupture de ton de la part de Pixar, comme si il était nécessaire de s'éloigner de ce qu'on sait maintenant faire pour oser de nouvelles expériences. On est très vite de retour dans le monde réel, avec une équipe dissoute mais solidaire, et nos deux comparses se retrouveront finalement à l'usine, là où on les avait découvert.
Au final, la seule chose que l'on puisse conseiller à pixar, c'est de commencer à vraiment innover au niveau de l'écriture. L'idée d'un prequel n'est pas mauvaise, mais tabler sur le capital sympathie de deux personnages et leur broder des aventures mollassonnes, ça ne fait pas forcément un chef d'oeuvre. En espérant que la suite vaille le coup, je serais tenté de vous dire " à voir", vu que le prochain Pixar sera concentré sur Dory, le poisson bleu amnésique du monde de Némo..recyclage quand tu nous tient...
Sinon, un grand merci à l'UGC des Halles pour avoir purement et simplement supprimé le court métrage avant le film. Vous me direz à quoi ressemble the blue umbrella, ça, ça me gonfle vraiment de l'avoir loupé.
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