genre: Fin de tournée et fin du monde
Sortie le 28 Août 2013
Troisième volet de la trilogie Cornetto de Wright, après Shaun of the dead et Hot Fuzz, The world's end arrive plus tôt que prévu sur les écrans français, tant mieux ceci dit, et comme les précédents volets, on y retrouve ce mélange d'hommage, d'humour et d'action complètement débridée qui en font une excellente surprise, pour clore un été finalement assez généreux coté divertissement.
La recette est la même depuis le début de la trilogie. Un duo vedette (Simon Pegg & Nick Frost), un hommage à un genre de film, et une mise en scène réussie, pleine d'inventivité, une écriture soignée, entre gaudriole et hommage, violence décomplexée mais jamais gratuite, et ce petit je ne sais quoi dont seuls les anglais ont le secret.
Cornetto trilogy
La trilogie a commencé en 2004 avec Shaun of the dead, comédie romantique avec des zombies, où l'on découvrait toute une bande de potes tentant de survivre dans un Londres zombifié. On y riait beaucoup, le film regorgeant de gags aussi bien visuels que de blagues bien potaches, et on y découvrait un duo d'acteurs très vite indissociables, Nick Frost et Simon Pegg. Mis en scène par Edgar Wright, venu de la télé comme Pegg et de la série Spaced, le film se doublait d'un hommages aux films de zombies de Romero, via sa bande son( le plan expliqué 4 fois de suite avec en fond sonore le score des Goblins pour Zombie) et par ses références tout au long du récit (la pizzeria Bub's, du nom du zombie domestiqué dans la trilogie de Romero). Le métrage nous présentait au passage un réalisateur particulièrement doué, capable de mettre en scène des plans séquences ingénieux, et qui savait parfaitement jongler entre comédie horrifique et drame. A l'arrivée , gros succès au box office, bien mérité.
En 2007, la même équipe se reforme pour accoucher d'un Hot Fuzz, hommage aux buddy movies des 80's (et à bad boys 2, de l’aveu de Wright) qui raconte les aventures du meilleur flic de Londres, transféré pour cause de suractivité policière en pleine campagne britannique, où des meurtres sont commis. Le film enquille les scènes de comédie pure (la chasse au cygne) et culmine dans le grand n’importe quoi dans sa dernière demi heure ou retraités et curés sortent les fusils et se refont le syndicat du crime en mode terroir. Wright y explose tous les codes du film Actioner des 80's et 90's, allant jusqu'à pomper Michael Bay et son 360° shot sur les héros et détournant tous les clichés du genre de manière jubilatoire (le travelling sur les survivants du massacre est franchement tordant). On y retrouve Pegg, Frost et Bill Nighy, avec de nouveaux venus comme Paddy Considine, Timothy Dalton et Jim Broadbent, ravis de venir faire les cons dans un film aussi fun et maitrisé que Shaun of the dead.
Passons sur Scott Pilgrim, adaptation de la Bd éponyme, pour se concentrer sur le troisième volet de la trilogie, the World's end.
Le film suit les péripéties de Gary King et de ses amis qui, lors de leur dernière année de lycée se sont lancés un pari complètement fou, s'enquiller les 11 pubs de la ville, et y boire une pinte, jusqu'au dernier d'entre eux, le World's end. Ce sera un échec. Une fois adulte, ils se retrouvent et retentent l'aventure. Ce serait oublier qu'une invasion se prépare.
Après le film de zombie et le buddy-movie, voici la dernière cible de Wright: le film d'invasion à tendance paranoïaque, sous influence Kaufmanienne et son invasion des profanateurs, ou body snatchers de Ferrara. Mais en beaucoup plus rigolo quand même.
et à peine le film commence que l'on sait que l'on est devant un film de Wright. Montage efficace, mise en scène qui ne s’embarrasse pas d'effets inutiles et humour omniprésent. Le sujet du film étant déjà bien barré, on se demande comment le film va tenir la longueur sans verser dans le lourdingue et le portrait de vieux alcooliques. Comme je vous le disais plus haut, le film dérive assez brutalement vers le fantastique à tendance paranoïaque dès lors que l'idée première (la tournée des bars) commence à s’essouffler et à lasser ses héros. Et là les amis, le vrai film peut commencer et verser dans le grand n'importe quoi. Sans trop vous spoiler, sachez qu'il est question d'invasion. Et qui dit invasion dit paranoïa, qui sont les gentils et qui est déjà contaminé. Attendez vous donc à des scènes hilarantes pour savoir qui est encore humain ou pas, le tout avec des dialogues surréalistes ("ça prouve pas que tu es humain, ça prouve juste que t'es con") débités par des acteurs qui enchaînent les conneries avec un sérieux papal. En plus d'être un excellent film de science fiction, le thème de l'amitié défendue à tout prix, thème déjà bien présent dans Shaun of the dead, est exploité ici à fond avec Gary, personnage profondément égoïste, souhaitant avant tout retrouver les seuls amis qu'il n'a jamais eu, le concept de tournée géante n'étant au final qu'un prétexte pour tous les réunir. Le métrage débouche sur un climax franchement orienté fantastique, et même si il peut paraître en deçà de ce qui a précédé, il conserve ce coté "je suis un p'tit con et je vous emmerde" que le personnage principal met un point d'honneur à conserver face à ses détracteurs, culminant dans une réplique hilarante du grand méchant de l'histoire, qui résume bien l'idée du film: on peut pas discuter avec un pilier de comptoir après 12 bières.
Je vous parlais des acteurs un peu plus haut, ils sont pour beaucoup dans la réussite de l'ensemble; hormis les têtes connues comme Pegg et Frost, Wright a convié Eddie Marsan (second rôle chez Guy Ritchie, Leigh,...) et Paddy Considine, qu'il avait déjà dirigé dans Hot Fuzz, et qui est capable donc de déblatérer les pires conneries sans sourciller. Sont de passage également Rosamund Pike, petite touche de féminité dans ce monde d'alcooliques, et Pierce Brosnan, deuxième James Bond après Dalton à venir faire le con autour d'une bière.
Freeman, Considine, Pegg, Frost and Marsan. sobres.
Spaced 3.0
Ce qui est bien quand on va voir un film de Wright, c'est qu'on est sûr de voir un film mis en scène avec talent. Quel que soit le genre de film auquel il s’attelle, le monsieur sait tenir une caméra. Je peste souvent (à tort?) sur le fait que certains réalisateurs comme Nolan, ou plus récemment Blomkamp ne savent pas filmer des bastons. Trop de caméra portée, pas assez de découpage, et un plan large de temps en temps pour rappeler qui tape sur qui. Wright arrive à filmer des affrontements assez violents à main nues sans perdre de vue l'action. Dans the World's end vous avez deux scènes de baston dans des WC publics (comprenez une pièce de 20 mètres carrés) avec 8 mecs en train de se mettre sur la tronche. C'est assez spectaculaire car on ne perd pas une miette de l'action. l’expérience Scott Pilgrim avec ses bastons à répétition lui aura été bénéfique. Wright manie également le sens du timing comique, que ce soit dans les échanges entre les personnages ou le comique visuel, toujours aidé par un montage fluide et efficace. II arrive à caser certaines figures imposées de sa trilogie, comme le sauté de rambarde, running gag depuis Shaun of the dead, et à réussir une brève incursion dans le genre Post-apocalyptique dans sa dernière séquence.
La prochaine étape dans la filmographie de Wright sera AntMan, super héros de l'écurie Marvel. Et après trois films à avoir filmé les héros ordinaires de l'Angleterre, on est impatient de le voir s'activer sur ce genre de production plus ambitieuse.
Et voilà pour vous mettre dans l'ambiance, un extrait de la bande originale.