13Cine

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samedi 10 août 2013

Lone Ranger, naissance d'un héros

Lone Ranger de Gore Verbinski
Genre: western pas pour les enfants
Sortie le 7 août 2013



Quatrième collaboration Verbinski-Depp, Lone Ranger est un film exceptionnel. Le film a beau être produit par Disney et vendu comme un western familial, le résultat est vraiment surprenant. Si vous rêviez de voir un Potc au far-west vous allez tomber de haut. Au programme: cannibalisme, vengeance, génocide, putes et fusillades. Et oui. Ce qui peut expliquer le bide qu'a connu le film aux USA. Ce n'est pas un film pour les petits.

Comme je vous le disais, ce film marque la quatrième collaboration entre Gore Verbinski et Johnny Depp, après trois Pirates des caraibes et le sous-estimé Rango. D'un point de vue divertissement, il se situe pourtant à des kilomètres de l'univers aventurier de Sparrow et Cie. A cela plusieurs raisons

Il était une fois dans l'ouest
La première, c'est le scénario. Adaptation d'une série tv américaine, il narre les aventures de John Hart, avocat de retour au Texas pour y retrouver son frère Dan, et qui? par un malheureux concours de circonstances? va faire la rencontre de Butch Cavendish, qui tuera son frère, et Tonto, Indien banni de sa tribu. Pour se venger, il devra renaître sous les traits du lone ranger, cavalier solitaire.
Voilà pour l'histoire.
La différence avec Potc, c'est que les thèmes et mythes rencontrés dans les trois films relevaient assez souvent du fantastique, avec notamment le Kraken, ou des pirates morts-vivants par exemple. Dans Lone Ranger, l'action prend place dans un cadre on ne peut plus réel, le Texas des années 1840, avec l'arrivée du train et des voies ferrées, et le massacre des indiens, opposés à la destruction de leurs territoires par les colons américains. Attention, cela n'interdit pas le spectaculaire (même si à ce niveau, on se rapproche plus d'un Potc 3 que du roller coaster fun que pouvait être le 2) ni même le fantastique (avec les légendes indiennes notamment), mais ça ancre le récit dans une réalité assez cruelle, époque peu glorieuse des Etats-Unis. D'ailleurs, tout le film baigne dans cette ambiance pas jouasse, du début (le film est en fait un récit raconté par un Tonto vieillissant, devenu relique de musée : triste sort réservé aux Indiens) à la fin (les héros s'en sortent, ce n'est pas le cas de leurs alliés indiens). Si vous comptiez voir de la rigolade, vous en aurez par intermittence. Merci Depp et Hammer. Et le cheval.



Autre point important qui éloigne encore plus ce film de Potc, c'est sa vision très adulte du récit. La saga des pirates était portée par ce côté fougueux et aventureux en mer, remplie de tronches pas possibles, rigolardes et toujours embarquées dans des histoires fun. Et bien ici c'est un divertissement plus mature et adulte qui est proposé. Le film étonne même avec ses accès de violence, cannibalisme, scalps, fusillades et écrasements par train interposé, comme si Verbinski s'était dit que quitte à traiter de thèmes sérieux, autant y aller franco. C'est chose faite. Dans Lone ranger, on vient chercher des renseignements dans les bordels tenus par des unijambistes, on flingue pour tout et rien...
Le scénario est d'ailleurs clairement influencé par les films de Leone, Il était une fois dans l'Ouest en tête, avec la voie ferrée, et d'autres références comme la Horde Sauvage, avec ses bandits de l'Ouest, ou l'homme des hautes plaines. Verbinski avait déjà tâté du western avec Rango, qui ressemble maintenant plus à un galop d'essai avant Lone Ranger

Je vous disais que le film n'était pas toujours drôle, mais c'est compter sans Depp et son complice Armie Hammer (déjà vu dans un double rôle dans social network, et en amant de Hoover dans le film de Eastwood). Les deux acteurs ont un tempo comique qui permet au film de respirer entre deux fusillades. Depp, loin des excentricités de Sparrow arrive à être drôle sans prononcer un mot et sans bouger, il y a du Buster Keaton dans son interprétation de Tonto. Mais ce qui est source de vrais moments de comédie, c'est le cheval des esprits comanches (la scène de la sélection de l'esprit vengeur par le cheval est très très drôle) à la fois guide et allié des deux héros, il apporte également une touche surnaturelle au film plus que bienvenue, ce qui fait d'ailleurs tiquer le personnage du Lone Ranger à plusieurs reprises. Helena Bonham Carter n'apparaît que peu à l'écran, mais son personnage est mémorable et essentiel au récit. c'est d'ailleurs un point important du film.  Dans celui ci, les femmes sont soit des putes soit des femmes censées attendre leur mari à la maison.

Ceci étant je préfère vous prévenir, le film est très bavard. C'est d'ailleurs ce qui le rapproche du troisième Potc, qui bavassait beaucoup a fond de cale, et offrait finalement peu d'action. Ici, même combat, vous aurez peu d'action mais lorsqu'elle arrive, c'est que du bonheur. D'ailleurs en parlant de mise en scène desdites scènes d'action...

La touche Verbinski
Ce qui est bien avec Verbinski, c'est que même quand il est à la barre de purs films de commande pour la Souris, il fait preuve d'un talent pour la mise en scène dont certains tâcherons feraient bien de s'inspirer. Etre autant à l'aise dans les scènes de comédie que dans les séquences les plus spectaculaires, c'est rare. Verbinski sait filmer ses scènes de comédies, aidé par Depp, avec un sens du rythme parfait, n'étirant jamais le gag et torchant les séquences d'action avec une clarté et un découpage toujours lisibles, ayant souvent recours au plan séquence, rendant encore plus spectaculaires les aventures du lone ranger. Mieux, la dernière séquence, où deux trains sont lancés a pleine vitesse sur des rails parallèles, est un savoureux mélange de plans d'anthologie, remplis de trouvailles et de gags visuels (le plan avec les deux ennemis en joue au premier plan et Tonto en train de monter tranquillou sur son échelle au second plan). Verbinski ose même illustrer musicalement la scène avec l'ouverture de Guillaume Tell. 
C'est simple, avec ses mouvements de caméra virevoltants et son sens du spectaculaire, on a parfois impression de regarder un film de Zemeckis, champion des plans pas possibles. 
Même dans des scènes plus dramatiques, et il y en a un bon paquet, Verbinski soigne ses plans, à l'image de la charge héroïque mais suicidaire des comanches contre un faux  général Custer tueur d'indiens. 

Petit bémol sur le scor , il n'est pas exceptionnel, Hans Zimmer faisant ENCORE une fois du Zimmer, recyclant quelques notes de Potc, et peinant à créer un thème à son héros. 

Alors pour finir, oui le film est long (on tape sur une durée de 2h30) mais il passe à une vitesse... Bien interprété (William Fichtner est parfait en grosse raclure de l'Ouest), et surtout bien réalisé, ça reste quand même un divertissement au dessus du lot, d'une gravité et d'un sérieux parfois étonnants compte tenu du fait qu'il est a la base un film "Walt Disney presents".
Je soupçonne Mickey d'avoir un peu fait la gueule après avoir vu le résultat final...

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