Genre : Tout sur ma mère
Créateur: Anthony Cipriano et Carlton Cuse
2013
Il n'y a pas si longtemps, Hollywood, à court d'idées originales pour produire des longs métrages, a décidé d'adapter sur grand écran des séries tv. C'est pratique, pas besoin de présenter des personnages, tout le monde ayant une télévision les connait déjà. Reste à leur broder une histoire et hop, vous vous retrouvez avec Chapeau melon et bottes de cuir, X files, et bien sur Mission impossible, pour ne citer qu'eux. Arriva par la suite, début des années 2000 pour vous donner un ordre d'idée, un autre phénomène, que l'on peut qualifier de régression qualitative des productions cinématographique au profit d'une augmentation de la qualité des productions télévisuelles. Les années 2000 ont vu des talents alors confinés au Cinéma délivrer des œuvres majeures, à l'instar d'Alan Ball, scénariste d'American Beauty et créateur de Six feet under. Ont suivi des séries telles que Les Sopranos, the Wire, 24 heures chrono etc...arrivant à procurer au spectateur ce qui commençait cruellement à manquer sur grand écran. Effet intéressant de la chose, de nombreux acteurs et actrices ont ainsi cédé aux sirènes du petit écran pour booster leur carrière et devenir des mythes de la télévision américaine (Avant 24, citez moi 5 films avec Kiefer Sutherland). Seulement voilà, les séries ne sont pas éternelles, et lorsque ces chefs d'oeuvre se sont achevés, il a bien fallu les remplacer. Et plutôt que de se creuser la tête à créer de nouvelles séries (j'entends par là avec un concept et un thème original), la solution de facilité a été de pocher parmi les blockbusters récents ou les grands mythes du Cinéma pour en faire une série. Pour maintenir la pompe à fric l'attrait du public pour l'univers Marvel, la série agents of S.H.I.E.L.D fut créée. Je vous laisse juger du résultat. Et pour les grands classiques, en 2013 vous avez pu découvrir Hannibal et Bates Motel, soit deux grandes figures du cinéma d'épouvante. Si Hannibal commence plutôt mollement pour gagner en qualité au fil des épisodes, grâce notamment à son interprète, Mads Mikkelsen, et à une volonté des créateurs ne se jamais se freiner sur les thèmes et le côté malsain de l'ensemble, Bates Motel est son complet opposé, à savoir une série molle, sans enjeu, capitalisant à mort sur le côté iconique du motel Bates en haut de la colline et sur la relation perverse qu'entretient Norman avec sa mère. La première saison ne contient que 10 épisodes et a déjà son passeport pour une deuxième saison. Pas sûr qu'il faille s'en réjouir.
Même le générique est moisi
Créée par Carlton Cuse, l'homme derrière Lost, la série est un prequel, nous racontant les mésaventures de Norman Bates et sa mère, nouveaux acquéreurs du fameux motel et qui vont très vite faire connaissance avec la ville et ses habitants au comportement suspect. Déjà pour commencer, saluons la fausse bonne idée de Cuse : situer l'action de nos jours. Pourquoi, je me le demande encore. Vous verrez donc Norman et sa mère pendus à leurs Iphone, on ne les voit pas pas mais leur sonnerie est reconnaissable, mais habitant dans une maison toute droit sortie du film original. La série baigne dans cet anachronisme constant qui n'est à aucun moment justifié. Ce qui rend encore plus dommage le fait d'avoir abandonné l'idée initiale de situer l'action avant le film de Hitchcock. C'est pas comme s'il était impossible de situer l'action d'une série à un autre moment que les années 2000, cf Mad men.
Ceci étant passons à autre chose : L'histoire.
Nous apprenons en début d'épisode Pilote que Norma et son fils Norman ont fui après le décès du père de celui-ci, pour recommencer une nouvelle vie, gérants d'un motel donc. A peine arrivés ils sont accueillis par un homme qui vient réclamer son dû, les terres du motel. S'ensuit un affrontement au cours duquel Norma dérouille et finit par tuer son assaillant, sous les yeux de Norman. Une chose en entraînant une autre, les Bates vont faire la connaissance du reste de la ville, surtout les policiers en fait, sans oublier le retour du fils rejeté, Dylan. Vous avez désormais l'arc narratif de 7 des 10 épisodes de la saison 1. On pourrait légitimement penser que ce serait l'occasion de développer une ambiance paranoïaque, à base de soupçons entre voisins et de non-dits par exemple (la série est clairement sous influence lynchienne avec twin peaks), et bien non. La faute à une absence totale de rythme, une overdose de clichés et de digressions qui empoisonnent chaque épisode. Vous aurez tout et n'importe quoi pour animer les 45 minutes que durent un épisode. Norman à l'école, Norman qui enquête avec une ado malade, Norma qui fricote avec le shérif adjoint, Dylan qui surveille un champs de weeds. De temps en temps vous aurez un clash Norma/Norman, avec le frère de celui-ci qui lui conseille de se barrer au plus vite. En plus du meurtre du mec en début de saison, s'ajoute une enquête sur un réseau local de prostitution dans lequel trempe le shérif adjoint, le petit copain de Norma. Cet arc occupe facilement 6 épisodes, jusqu'à un dénouement tout pourri avec un gunfight dans le motel.
Comble du comble, on assiste à du remplissage pur et dur lorsque les 5 dernières minutes de l'épisode 5 sont INTEGRALEMENT reprises en guise d'intro de l'épisode 6. C'est vite fait et c'est toujours ça de gagné. Seul point positif, les dernières minutes de l'épisode 7 nous font remonter à la mort du père de Norman, et l'on découvre le côté dérangé du gamin.
Les trois épisodes restants ne volent pas plus haut, entre retour d'un souteneur et bal de promo pour Norman, et s'achèvent sur le meurtre d'un personnage dont on se contrefout, mais bon, faut bien que quelqu'un y passe pour le cliffhanger, on allait pas sacrifier l'ado avec sa bonbonne d'oxygène. Zéro action et enfilade de clichés, à l'image de cette scène ou Norma se confronte à des jeunes délinquants qui fument des joints sous son porche en écoutant du reggae.
Le problème principal de la série, contrairement à Hannibal qui arrivait à faire ressentir cette attirance/répulsion pour son personnage, c'est qu'à aucun moment on ressent un quelconque malaise à regarder ce fils à maman déambuler avec son cardigan. Pourquoi ? La faute à un amoncellement de clichés sur la relation Mère/Fils, entre les "je t'aime" à répétition de Norma et les "MOTHER!!!!" de Norman, leurs échanges sont plus ridicules qu'autre chose. D'ailleurs il est intéressant de voir que le seul qui semble se détacher de tout ça c'est le frère, Dylan, qui devient le personnage le plus intéressant à suivre, oscillant entre une volonté de se barrer loin de la famille de cinglés qui est la sienne tout en essayant de sauver Norman en essayant parfois de lui ouvrir les yeux (" Pourquoi tu ne l'appelles pas maman, Norman ??!").
Le ridicule est atteint lorsque Norman découvre un chien sous la maison, qu'il appellera Juno et qui se fera écraser comme une merde un épisode plus tard. Et là, LA GOLDEN IDEA de Bates Motel : Et si on se disait que c'est empaillant son clebs que Norman va développer ce goût pour la conservation des choses mortes. Résultat : Juno 2.0. ci dessous :
Je vous parlais du côté parfois lourdingue des situations, ce n'est rien comparé aux interprètes. Si certains surnagent au dessus des autres (Max Thieriot est plutôt bon en frère un peu jmen foutiste obligé de se mêler aux affaires familiales), le casting principal est globalement raté. Commençons par Norman, interprété par Freddie 'Arthur et les Minimoys' Highmore, qui tente de nous faire gober qu'il est un psychopathe en sommeil, et que des fois il peut faire le maychant en baissant la tête et en levant les yeux. Ses crises de colère en sont d'autant plus ridicules qu'on a l'impression de voir un chiot s'exciter. Mais ce n'est rien comparé à:
NORMA BATES
Interprétée par Vera Farmiga, comédienne plutôt douée d'ailleurs (et ailleurs), remarquée dans In the air et dernièrement en chasseuse de fantômes dans Conjuring de James Wan, son rôle a beau être le pivot de la série, il est également le plus énervant à force de mimiques et de surjeu outré.
Je soupçonne les réalisateurs de lui avoir donné comme seule direction "ton personnage est fou, et pis d'ailleurs c'est pour ça que ton fils devient fou. Vas-y fais la fofolle parano".
Résultat, elle court dans tous les sens comme un frelon fou, roule des yeux, hurle et pleure comme d'autres clignent des yeux et n'arrive pas une seule seconde à créer une empathie pour son personnage. Moment culte de la saison 1, lorsqu'elle espionne le shérif en train de tuer (surprise) sur le quai du port, et qu'au moment où le shérif se barre en hurlant " Norma tu peux rentrer chez toi", elle sort de sa cachette comme un suricate qui sort de son terrier. Je sens que ça va devenir un GIF mythique dans pas longtemps. Ce qui est hallucinant c'est qu'elle décrédibilise chaque scène de tension où elle ouvre la bouche. Le comble du n'importe quoi est atteint lors du dernier épisode lors d'une scène où Norma, assise sur le canapé avec son fils prêt à aller au bal de promo, lui annonce qu'elle s'est faite violer à plusieurs reprises par son frère lorsqu'elle était jeune. Voilà, bonne soirée mon grand amuse toi bien.
Je soupçonne les réalisateurs de lui avoir donné comme seule direction "ton personnage est fou, et pis d'ailleurs c'est pour ça que ton fils devient fou. Vas-y fais la fofolle parano".
Résultat, elle court dans tous les sens comme un frelon fou, roule des yeux, hurle et pleure comme d'autres clignent des yeux et n'arrive pas une seule seconde à créer une empathie pour son personnage. Moment culte de la saison 1, lorsqu'elle espionne le shérif en train de tuer (surprise) sur le quai du port, et qu'au moment où le shérif se barre en hurlant " Norma tu peux rentrer chez toi", elle sort de sa cachette comme un suricate qui sort de son terrier. Je sens que ça va devenir un GIF mythique dans pas longtemps. Ce qui est hallucinant c'est qu'elle décrédibilise chaque scène de tension où elle ouvre la bouche. Le comble du n'importe quoi est atteint lors du dernier épisode lors d'une scène où Norma, assise sur le canapé avec son fils prêt à aller au bal de promo, lui annonce qu'elle s'est faite violer à plusieurs reprises par son frère lorsqu'elle était jeune. Voilà, bonne soirée mon grand amuse toi bien.
Le reste du cast n'est pas mieux loti, on retrouve Nestor Carbonell, interprète de Richard Alpert dans Lost, dans le rôle du shérif mystérieux, et deux trois seconds rôles uniquement là pour servir la soupe à notre duo vedette.
Je ne sais pas trop vers quoi on se dirige pour la saison 2, à vue de nez je dirais encore du chantage et des hurlements de Norma, mais il serait vraiment nécessaire d'apprendre à écrire un vrai arc narratif qui développerait la folie latente de Norman (son amnésie post homicide est une bonne idée, elle est juste mal exploitée) et qui mettrait sa mère en sourdine.
Petit truc rigolo pour conclure. Si comme moi vous êtes fan d'Arrested development et de Buster, vous allez avoir de gros fous rires avec les "motheeeeeer" de Norman.
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