13Cine

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samedi 30 novembre 2013

Dracula

Dracula de Dario Argento
Genre : Fin de série
Sortie le 27 novembre 2013



C'est officiel nous avons définitivement perdu Argento. C'est triste, quand même, de voir un maître de l'horreur, un chef de file du giallo transalpin des 70's finir sa carrière sur des horreurs pareilles. En même temps ça fait déjà un bon moment que sa filmographie ressemble de plus en plus à un casier judiciaire qu'à une sélection "nuit de cauchemar". Quand a t-on commencé a voir dérailler le train des épouvantes? Les moins difficiles diront avec Le sang des innocents et les moins indulgents diront Le syndrome de Stendhal. Tout le monde s'accorde cependant à dire que ce qui a suivi relève du gros foutage de gueule de la part d'Argento, entre pilonnage de l'univers qui lui a offert ses plus grands chefs d'oeuvre et hommage maladroit et mal fichu à Hitchcock. Si vous voulez vous en convaincre, faites vous un double programme, enchaînez Suspiria et The card player, c'est à se demander si c'est bien la même personne qui est derrière la caméra. Mais parlons maintenant de son dernier méfait, Dracula (3D ou 2D on s'en fout, ça reste mauvais dans les deux cas). Vous êtes un (des derniers) fervents défenseurs d'Argento? Vous êtes fan du mythe de l'empaleur des Carpathes? Envie de frissonner? Je n'ai qu'une chose à dire :



Ce film est mauvais. Mais quand je dis mauvais c'est vraiment mauvais. Même pas drôle à force de nullité ou de zèderie constante, non non, juste mauvais. L'avantage de ne rien attendre d'un film, c'est qu'on est pas déçu par ce qui se déroule sous nos yeux. Mais là ça relève d'un tel niveau de rien que ça en devient fascinant. A peine le film commence qu'on sent qu'on va avoir du lourd. les opening crédits font furieusement penser aux  DTV Asylum qui inondent les Payperview US ou les troisièmes parties de soirée sur NT1. Le métrage démarre et les horreurs débutent. Un score ignoble de Claudio Simonetti (autre naufragé du navire Argento. Cet homme aura vraiment entraîné tout le monde dans sa chute) illustre des cadres moches filmés n'importe comment. Autant vous le dire tout de suite, Argento a opté pour la Dv pour tourner son film. Pas la meilleure idée qui soit vu que son talent s'est perdu en route, ce qui nous vaut une mise en scène toute mollassonne, entre plans mal cadrés et une absence totale de mouvements. Par contre Argento a bien compris comment maintenir éveillé son spectateur, puisque le film n'est pas commencé depuis 5 minutes que vous avez déjà:

UN PLAN NICHON GRATUIT !


                  
Dario tu nous gâtes. Il vous est offert par la pire actrice du métrage. Et pourtant il y a du niveau côté interprétation, on y reviendra. On en oublierait presque l'histoire. Brièvement, elle nous narre les déambulations de Jonathan Harker, missionné en Roumanie pour archiver la bibliothèque du Comte Dracula. Et comme de bien entendu, la femme d'Harker, Mina, ressemble beaucoup à la défunte femme du Comte. Le scénario prend quelques libertés (doux euphémisme) avec l'oeuvre originale de Stoker, mais les grandes lignes sont là. Ceci dit ce n'est pas pour autant que le récit en devient plus passionnant, bien au contraire. Il ne se passe absolument rien de trépidant, on passe d'une taverne à une chambre, d'un feu de cheminée à un meurtre derrière une grange, sans aucune cohérence d'une séquence à l'autre. Par contre, quand Argento décide d'innover et d'inclure ses idées de malade à l'histoire, c'est festival. Entre Dracula capable de se métamorphoser en mouche ou en mante religieuse géante et Abraham Van Helsing directeur de l'asile des fous à Londres, c'est du grand n'importe quoi. Le scénario essaie de caser quelques phrases clé du roman de Stoker mais débitées par des acteurs aux fraises, ce qui en amoindri considérablement l'impact. Autre souci du film, le budget. 10 Millions d'euros. C'est marrant j'aurais plutôt dit des roubles. Résultat, c'est la pauvreté niveau décors. La plupart des scène se passe soit 
1-dans la chambre de Lucy
2-dans le salon de Dracula
3-dans la taverne
4-dans un cimetière
5-dans les bois (forêt de Transylvanie ressemblant beaucoup à une version plus touffue de Rambouillet)
Le roman de Stoker faisait beaucoup voyager ses héros, de la Roumanie et ses châteaux au fog londonien, pour se terminer par une poursuite à flanc de colline de retour sur les terres du col de Borgo. Ici, tous les héros se retrouvent dans un petit village avec 5 maisons.  Magie du cinéma. 
On ne va pas s'éterniser su le scénario et passons aux choses sérieuses : La mise en scène. Jusqu'à présent on pouvait, si on en avait le courage, regarder un Argento des années 2000 et y trouver un plan ou une idée de mise en scène qui nous ferait dire "ah oui il y a quand même de beaux restes". Faites une croix dessus désormais. Ce film ressemble, sans mentir, à une production RAI Uno calibrée pour une deuxième partie de soirée. Il ne subsiste absolument rien des grandes heures du Argento et de sa glorieuse époque giallo. Cadres statiques, absence totale de suspens, montage anarchique, lumières immondes et direction artistique à l'avenant. C'est simple il n'y a rien à sauver. On est consterné devant la connerie de certaines scènes (la première apparition de Dracula, très Théâtre de la Michodière dans l'esprit, "bonjour je suis Dracula !") et le manque totale d'implication d'Argento dans la mise en scène. Rassurez vous il ne rate pas une occasion de faire gicler le sang et surtout il n'oublie pas de foutre sa fille à poil. Normal quoi. Aucune gestion de l'espace, ni du temps. Ça n'aide pas à rester concentré.

                                                       Asia Argento. Rien à ajouter

Je vous parlais plus haut du manque de talent de la comédienne en début de métrage. Ce serait criminel de passer sous silence les autres quenelles de compèt' qui parcourent le métrage. Si l'on retrouve ici Asia Argento, en freestyle avec papa, elle est entourée de toute une troupe de comédiens plus ou (vraiment) moins chevronnés, entre Unax Ugalde, endive certifiée pur premium, qui interprète un Jonathan Harker mou comme c'est pas permis et un Rutger Hauer qu'on regarde d'un oeil mi-amusé mi-gêné, en train de se donner à fond mais pas trop quand même, âge oblige. Dario semble d'ailleurs conscient des limites physiques du bonhomme, chaque scène de baston avec Rutger n'excédant pas les 2 secondes, magie du montage incluse. Mention à Thomas Kretschmann, interprète du Comte Dracula, traversant le film tel un Droopy venant de se faire larguer. 

                                 Inside actor's studio. Today:  La douleur mêlée de stupéfaction

Un petit mot sur le score, délicat mélange de synthé et de theremin, qui vous pétera les tympans durant tout le film. 
Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter, l'ambulance Argento ne vaut pour ainsi dire plus le coup de se faire cartonner, mais toujours est-il que si vous voulez découvrir sa filmo, foncez sur les éditions DVD de ses chefs d'oeuvre (les 4 mouches de velours gris à ténèbres, j'en passe et des meilleurs), et au passage, regardez l'épisode de l'anthologie Masters of horror réalisé par Argento, Jennifer, qui vaut quand même largement le détour. Autant rester sur un bon souvenir du monsieur.


1 commentaire:

  1. C'est vrai qu'on est loin de l'âge d'or d'Argento avec ce "Dracula", entre le score irritant, les effets numériques souvent bâclés et le montage qui manque de fluidité...mais je ne le trouve pas si horrible que ça non plus, il y a un côté old school pas désagréable (on est plus proche des vieux films gothique italiens que de "Twilight" ou "Underworld...") et visuellement il y a quelques bons trucs, la 3D est pas mal fichue par exemple, avec de beaux effets de profondeur de champ.

    Une chronique que je trouve pas mal vue...:

    http://www.culturopoing.com/Cinema/Dario+Argento+Dracula+3D+-5776

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