13Cine

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dimanche 10 août 2014

Detective Dee 2 : la légende du dragon des mers

Detective Dee : rise of sea dragon de Tsui Hark
Genre : Aventures
Durée :  2 h 20
Sortie le 6 août 2014



Chine, Pendant la dynastie Tang. L'impératrice Wu envoie sa flotte aider son allié l'empire Baekje pour combattre son ennemi, l'empire Buyeo. En chemin, ses vaisseaux sont attaqués par un dragon des mers. L'impératrice demande à son commissaire, Yuchi Zhenjin, d'enquêter sur cette attaque. Et c'est à ce moment que débarque en ville, Dee Renjie, détective de son état et intrigué par cette histoire de dragon.

Tsui Hark est un cas à part dans l'industrie du cinéma de divertissement. Après une époque où il faisait partie de la A-list des réalisateurs chinois, pour simplifier on va dire dans les années 80- 90, avec des films comme Il était une fois en Chine, le public européen a perdu sa trace jusqu'à son chef d'oeuvre en 96, The blade, monument barbare et classique instantané. Après c'est plus bancal, entre grosse bouse US avec Van Damme et Denis Rodman (Double team, si vous voulez VRAIMENT avoir tout vu de Hark) et grand moment de cinéma avec Time and Tide, actioner jubilatoire mais incompréhensible. Plus récemment on lui doit Seven swords, où planait l'esprit de ses premiers films mais sans en retrouver la force et le premier Detective Dee, excellent film d'aventure décoiffant et old school.  C'est un peu ça la carrière de Hark, un enchaînement de films de qualité inégale. Et si le premier Detective Dee assurait le spectacle, sa suite se suit avec beaucoup moins d'intérêt.


Première casserole, son scénario. Si le récit commence effectivement avec le fameux Dragon des mers, la suite du récit s'enlise dans une amourette sans intérêt entre une courtisane laissée en offrande au dragon dans un temple et un homme transformé en reptile se cachant dans une mare, victime d'une malédiction pour avoir trop conté fleurette à la demoiselle. Le personnage titre se concentrera d'ailleurs beaucoup sur cette histoire, qui verra apparaître des guerriers japonais masqués et de fourbes pirates. On passe assez lentement d'un temple à une auberge, d'une chambre à une forge, au gré des mésaventures des héros. Le film se réveille sur son dernier quart d'heure avec le retour du Dragon, intégré à la truelle à l'histoire et à ses conspirations, se montrant finalement peu menaçant. 
Deuxième point noir : Les effets spéciaux. Si le premier faisait resurgir les grandes heures du Wu Xian Pan avec ses décors baroques et son côté parfois artisanal (dans le bon sens du terme), son cadet fait parfois atrocement mal aux yeux, donnant parfois l'impression de regarder un DTV Asylum. Le film est à regarder en 3D, Tsui hark a d'ailleurs pensé sa mise en scène dans ce sens, tant pendant tout le film un multitude d’objets vous sont balancés à la figure. Malheureusement, ces incrustations en CGI sont d'une laideur hallucinante. Entre lames en gros plan et tonneaux mal incrustés dans le cadre, la qualité médiocre de certains effets suffisent parfois à flinguer une scène. C'est dommage, car pour une image de dragon aquatique plus réussie, on doit supporter des bateaux en feu avec des flammes qu'on jurerait rajoutées à l'arrache sous PhotoShop. N'oublions pas les fondus enchaînés et les superpositions qui piquent les yeux, c'est simple il y en a toutes les dix minutes.



Mais ne soyons pas complètement négatifs, il y a quand même deux trois choses à sauver dans ce film. A commencer par la réalisation de Tsui Hark. Si le film ne comptera pas parmi les chefs d'oeuvre du monsieur, force est de constater que Hark est toujours opérationnel lorsqu'il s'agit de mettre en scène des bastons au sabre ou autre arme contondante. Virevoltante, énergique, jamais tape à l’œil, et inventive, la mise en scène de Hark combinée à sa gestion parfaite de l'espace réveille le spectateur entre chaque scène de parlotte-remplissage, allant jusqu'à se refaire Cliffhanger à la corde sur une falaise surplombant un gouffre.
Et puis soyons francs, c'est un film de Tsui Hark, et ça même si c'est rempli de défauts ça vaut d'être vu. Parce que personne ne sait mettre en scène comme lui des idées complètement barrées, des plans improbables mais qui marchent à chaque fois (mention au cheval sous marin. Je vous laisse découvrir) et qui ose encore avoir recours aux câbles pour faire bondir ses héros sur les toits des temples et des maisons. Tsui Hark a l'énergie communicative, à l'image de ses comédiens principaux qui y croient à fond (mention à Dee et son acolyte médecin), jouant les Sherlock Holmes avec autant de sérieux que s'ils jouaient dans un drame historique, ce qui tranche radicalement avec l'ambiance de douce folie et de fantasy qui plane pendant tout le film. 
C'était un choix risqué de sortir un film comme Detective Dee 2 cet été, caché entre les blockbusters US rouleaux compresseurs du box office (il sort entre Transformers 4, La planète des singes et Les gardiens de la galaxie), mais c'est un choix qui peut se justifier si l'on veut proposer un peu d'exotisme et de nouveauté entre deux gros morceaux de cinéma de divertissements américain. Car oui, Dee 2 est un divertissement. Bancal, bavard et avec des SFX à pleurer, mais réalisé par ce fou de la caméra qu'est Tsui Hark. 


Lucy

Lucy de Luc Besson
Genre : Fantastique
Durée :  1 h 27
Sortie le 6 aout 2014


Lucy, étudiante à Taiwan, se fait embarquer malgré elle dans un trafic de drogue où elle se retrouve à jouer la mule. Suite à une altercation avec son geolier, sa cargaison lui explose dans le ventre et pénètre dans son corps. Lucy commence à utiliser son cerveau au delà de toute limite.

Le cerveau de Lucy ne connaît plus de limites. Besson non plus, semble t-il. Vous pensiez qu'il allait tenir sa promesse d'arrêter le Cinéma, bandes de gros naïfs ? Détrompez vous. Si The Lady, malgré son rythme neurasthénique et sa volonté de faire un film sérieux pouvait encore faire illusion, son film suivant, Malavita, confirmait ce qu'on pensait depuis un moment : Hors de ses talents de producteur via Europa Corp, le Besson réalisateur n'assure plus vraiment. On fait venir du beau monde (De niro, Pfeiffer...) et on tourne en France. C'est nul et ça ne marche pas vraiment. Mais Luc, ce genre de considérations, il s'en fiche. A peine avait -il fini de se faire éreinter par la critique pour Malavita qu'il était déjà en train de préparer son chef d'oeuvre : Lucy. Scarlet Johansson et Morgan Freeman devant la caméra, et un sujet en or : Une pétasse déverrouille les 90 % inutilisés de son cerveau, et elle accède à tous les secrets de l'Univers, de la Médecine, de la Vie etc...Cinéaste et producteur réputé pour être un peu l'antithèse de la finesse, ce sujet promettait de grandes choses dans les mains de ce génie de la beauferie made in France. Accrochez vous bien, le cerveau va dérouiller. Enfin, juste les 10% utilisés.


Oubliez le Besson de Leon, Nikita, le Besson qui savait à l'époque filmer et raconter correctement une histoire. Ce Besson là a laissé sa place à un nouveau Luc. Un Luc dont le dernier film est un Pourquoi permanent. Si l'histoire en soi est conne comme la lune, le traitement que lui inflige Besson atomise tout, ne respecte rien et part dans tous les sens, mais jamais le bon. Dès les premières minutes on est comme dans la montée d'un grand huit, vous savez quand on grimpe et que l'on ne voit pas quand ça va se terminer. On a déjà un aperçu de ce que va être le film. Une Johansson enlaidie, ressemblant à une pute US perdue à Taiwan, et un Freeman en prof de conf' débitant des lieux communs sur La Vie, l'Intelligence, ce genre de choses. et dès que Lucy se fait choper par Choi min Sik (le meilleur acteur du pays du matin calme venu chercher son chèque), la descente commence, le génie ouvre les vannes. 
On retrouve le Besson over the top, celui qui prend les spectateurs pour des abrutis. Lucy se fait piéger, Besson va vous montrer une antilope se faire choper par un léopard. Freeman vous parle de la nécessité de l’être vivant à se reproduire ? Vous aurez des stock shots du national Geographic avec des rhinocéros et des tortues en train de copuler. Ça c'est la mise en bouche. 
Le plat principal arrive dès que Lucy est infectée par la super drogue (composé de CPH-4, vous savez la substance que secrètent les mamans quand le bébé est dans l'utérus, et qui lui est transmis pour le fortifier...Pas de commentaires, merci), et qu'elle peut tout faire, maintenant qu'elle est devenue surpuissante. Et Bien pour Besson c'est pareil. Maintenant qu'il a bien présenté son affaire il se lâche, et il le fait au delà de toute raison et retenue. Son histoire il s'en contrefout, on sait dès le début qu'elle va y passer la Lucy, et elle ne lui sert qu'à étaler ses connaissances (ou son absence de) ainsi que ses idées sur le Cosmos, la Vie, les pouvoirs magiques. C'est un festival de tous les instants. Plutôt que de se concentrer sur des pouvoirs crédibles que pourraient apporter la drogue à Lucy (la télépathie pour rester simple), Besson lui fait faire tout et n'importe quoi, en fonction d'un scénario complètement inintéressant. Lucy peut contrôler les PC, les Tv, les smartphones, elle apprend le chinois en une heure, se prend pour Magneto quand elle fait voler les bagnoles et change de couleur de cheveux. Son seul but dans la vie, faire une sauvegarde de ce que son cerveau aura appris, et le sauvegarder sur une clé USB. Surpuissante et altruiste. Et malheur à celui qui se dressera sur sa route. La Besson touch est ici omniprésente, et toute la subtilité qui va avec. Les méchants coréens finissent cloués au plafond, les policiers français terminent éclatés dans leurs voitures, on fait des blagues moisies sur les flics (Le policier va chercher un sandwich au poulet pour son collègue. GAG ! ) et on déglingue tout Paris en voiture. De Rivoli au Panthéon en passant par Tolbiac, on casse tout. Le dernier acte est une chute sans élastique dans un gouffre métaphysique qu'on n'attendait pas, où Besson se confie, se lâche et ne se retient plus. Devenue omnipotente et quasi mystique (alors qu'elle est clouée sur une chaise office dépôt au fond d'une bibliothèque, je vous le rappelle), Lucy voyage. A travers le temps, les dimensions et des fonds d'écrans windows catégorie "voie lactée". Assise sur sa chaise, elle va rencontrer des dinosaures, des indiens d'Amérique, les années folles, le cosmos l'appelle voyez vous. Et elle va rencontrer Lucy, la première femme de l'évolution. Avouez que c'était facile comme idée, Besson l'a eu avant vous et l'a même filmé. A ce moment là on ne sait plus trop ce qu'on est en droit d'en penser. Citant aussi bien Malick que Kubrick, Besson est à ce moment comme Lucy, trop loin et perché pour nous. Ajoutez à cela la fin la plus abrupte de l'année et vous aurez une vague idée de la chose.


On en ressort assez sceptique. Oui le film est une sombre daube mais pour autant il s'en dégage une sorte de naïveté et de sincérité beauf qui intrigue. L'impression que Besson avait plein de choses à nous dire mais qu'il s'y est encore pris comme un manche. Certaines scènes sont hallucinantes, à l'image de cette Lucy l'air hébété, en pleine transe mystique en train de survoler les falaises d'Etretat, et on est vraiment gêné pour Morgan Freeman. Besson n'a pas perdu la main niveau mise en scène, mais il serait temps qu'il accepte de laisser quelqu'un d'autre que lui même lui pondre un vrai scénario et pas une adaptation du  Cosmos et la Vie pour les nuls d'1h30. Même si il y a Scarlet Johansson dedans. 


samedi 2 août 2014

Mister Babadook

The Babadook de Jennifer Kent
Genre : Fantastique
Durée : 1h34
Sortie le 30 juillet 2014


Amelia élève seule son fils de 7 ans, Samuel, suite au décès de son mari sur le trajet l'amenant à l’hôpital pour l'accouchement. Enfant à problèmes psychologiques et difficile, il rend la vie compliquée à sa mère qui ne connait plus de repos. Seule manière de le calmer, lui lire des histoires avant de dormir. Un jour, Samuel découvre un livre racontant l'histoire du Babadook, le monstre du placard. Et très vite imaginaire et réalité commencent à se mélanger.

Petit phénomène 2014 du Cinéma Fantastique ayant écumé nombre de festivals dont celui de Gerardmer où il raflé la mise en repartant avec le Prix du jury, le Prix du public, le Prix de la critique et le Prix du jury jeune du conseil régional de Lorraine (il manquait une récompense...), The Babadook déboule ni vu ni connu sur les écrans en plein été, période propice aux blockbusters de qualité diverse et aux autres petits films moins mis en avant d'un point de vue marketing (Pas de stars, réalisatrice inconnue, et affichage réduit au minimum) mais dont la réputation leur garantit quand même une bonne place dans la liste des films qu'il faudra voir cet été. C'est chose faite donc. Alors le film est il à la hauteur de sa réputation et ses multiples récompenses ?
Pour répondre de manière simple : Oui et non. Pourquoi me direz vous ? Parce que paradoxalement c'est quand le film sort de son statut de film de genre avec son boogeyman pour enfant qu'il devient intéressant. Deux niveaux de lecture s'offrent à nous.

Premier niveau de lecture : C'est un film fantastique qui  vous fera sursauter avec une ambiance flippante, en usant du trauma collectif enfantin sur le fameux monstre caché dans le placard ou sous le lit.
Ce n'est clairement pas dans cette optique que le film sera le plus remarquable et original. Pas original pour un sou, le film sort très rarement des sentiers battus et labourés jusqu'à l'usure des films de genre ayant un sujet similaire à Babadook. Planchers qui grincent, jump-scares, ombres dans le coin noir de la chambre, tout y est. D'autres films récents comme The Conjuring  ou dans une moindre mesure Màma arrivaient respectivement à transcender ces clichés et à innover dans les idées pour mettre en scène une entité perturbatrice et intrusive dans une cellule familiale. Ici, le Babadook est finalement peu effrayant et on ne ressent jamais vraiment l'aura malfaisante et violente que peut avoir le monstre. C'est dommage en un sens, le fameux livre que lit la mère contient des images qui auraient été vraiment flippantes si elles avaient été exploitées à fond. Donc non, The babadook n'est définitivement pas LE film qui vous fera peur cet été.


Deuxième niveau de lecture : Le babadook est un monstre, mais pas uniquement.
Si le côté film fantastique / Film de trouille ne fonctionne pas toujours, le fond du métrage se révèle beaucoup plus riche et intéressant à analyser. En effet, on peut voir ce film et les mésaventures de la mère comme une métaphore de ce que peut être la vie d'une femme seule, que la vie a bien esquinté, portant le poids de la culpabilité pour la mort de son mari et devant s'occuper seule de son fils hyperactif et fatigant. Oui il n'est pas facile d'avoir une vie quand on se consacre le jour à des vieux en maison de retraite et et la nuit à un enfant trouillard dangereux à bien des égards. La détresse psychologique et la fatigue du personnage de la mère se fait de plus en plus ressentir au fur et à mesure que le film progresse, au rythme des attaques du babadook. C'est ce qui amène à la conclusion que le Babadook serait une représentation physique (et purement imaginaire, pourquoi pas) de l'état d'esprit de la maman, dont les sentiments envers son fils sont à la fois bienveillants (elle craint pour la sécurité et la santé de son fils) et inquiétants, faisant émerger à intervalle régulier une sorte de rancœur et de transfert de culpabilité parfois très agressifs (possédée par le babadook, elle en vient à lui dire qu'elle aurait préféré rester avec son mari plutôt qu'un enfant insupportable). Autre élément pouvant étayer cette théorie, la réapparition du livre. dans un état de panique, Amelia déchire le livre et le jette. Le lendemain elle le retrouve sur le pas de la porte. Au vu de l'état de fatigue dans lequel se trouve Amelia, on en vient à se demander si, à l'image de ces ellipses temporelles brutales "coucher/réveil", elle ne commencerait pas à perdre les pédales et expérimenter des crises d'amnésie, doublées d'une paranoïa grandissante.
Même interrogation en fin de métrage lorsque le Babadook prend la forme du mari défunt pour emporter avec lui Samuel et la séquence qui s'ensuit, qui même si elle verse dans le fantastique pur et dur, peut aussi être interprétée comme une façon de dire qu'il faut apprendre à vivre avec son passé au quotidien, même si celui-ci est mort et enterré. 



D'un point de vue général, les deux niveaux de lecture se complètent finalement, le côté fantastique ne prenant jamais trop le pas sur le sous-texte plus intimiste du récit. Ceci étant on pourra toujours regretter le manque de suspens et d'effroi que l'on pouvait être en droit d'attendre au vu du sujet (Le Babadook est peut être une métaphore, il reste quand même un monstre) et pinailler sur le fait que certains points ne sont jamais clairement développés (quid de l'encre noire que vomit Amelia dans la cave). Le film est une réussite certes, mais une réussite mineure. Reste quand même à saluer la venue d'une nouvelle réalisatrice dans la grande famille du Cinéma Fantastique, qui sait faire preuve de justesse et d'une sensibilité rares dans ce genre de production.

jeudi 31 juillet 2014

La Planète des singes : L'affrontement

Dawn of the Planet of the apes de Matt Reeves
Genre : Fantastique
Durée : 2h11
Sortie le 30 juillet 2014



Dix ans après les événements survenus à San Francisco qui ont vu la rébellion naître chez les singes et la grippe se répandre à l'échelle mondiale, exterminant la quasi-totalité de la race humaine, le chimpanzé César est désormais leader de la communauté des singes, habitants dans les bois loin des rares survivants de l’espèce humaine. Mais un jour un homme, Malcolm, va s'aventurer en territoire ennemi à la recherche d'une solution pour réparer une installation électrique. Il va malgré lui relancer la guerre entre les hommes et les singes.

L'avantage, ou l'inconvénient c'est selon, d'une saga comme celle des PoTa begins (c'est plus court que Planet of the apes), c'est que l'on sait déjà comment ça va se finir. Ça se termine avec la race humaine réduite en esclavage, la statue de la Liberté, ce genre de choses. Mine de rien ça laisse le champs libre à une foultitude de récits qui verseront dans le "comment en est-on arrivés là". Le premier film de la saga prequel, rise of PoTa, sorti en 2011, avait été une bonne surprise. Exemple parfait du blockbuster avec plus de cerveau et d'émotions que la moyenne, jamais surchargé en action inutile et usant avec talent de la motion capture pour le personnage de César, interprété par Andy Serkis, le film ancrait les bases d'une apocalypse humaine dans un contexte contemporain et crédible, avec des humains victimes de leurs ambitions et de leurs rêves qui finissaient par se rebeller contre eux, rébellion qui prenait les traits de singes de laboratoires devenus supérieurement intelligents suites aux expérimentations. A leur tête César, singe capable de signer et de parler. Le film se terminait sur une propagation mondiale de la Grande Grippe Simienne. 
Le deuxième volet, Dawn of PoTa, débute donc dix ans après la propagation. On retrouve le personnage phare de la saga, César. Et à peine le film commencé, la différence avec le premier film saute immédiatement aux yeux et le message est clair. Les vrais personnages, les vrais héros, ce seront les singes. Dans une ambiance grise et tendue, on découvre un César transformé, tatoué de peinture de guerre, en pleine chasse au cerf. Et le temps d'une séquence aussi violente que rythmée, on découvre toute une nouvelle génération de singes, beaucoup plus évolués que dans le précédent volet. Qui plus est, Matt Reeves ose réaliser une séquence uniquement en langue des signes, chose assez rare pour être soulignée. C'est d'ailleurs la chose essentielle qu'il faudra retenir du film, cette véritable envie de proposer une nouvelle direction pour les blockbusters, faire des choix risqués. Le premier, et d'ailleurs c'est un point commun avec le premier épisode, c'est de refuser l'action gratuite, celle qui épuise et qui étouffe toute velléité d'écriture plus poussée. Ce volet est aussi  avare en action que son aîné, qui à part quelques échauffourées dans le zoo et le climax au Golden Gate bridge se concentrait surtout sur le côté humain de ses personnages, qu'ils soient hommes ou singes. Même chose ici, les rares scène de violence qui parsèment le film ne sont là que pour faire monter la tension qui explosera lors d'un affrontement hommes-singes puis singes-singes. En cela, le film de Reeves est un peu l'antithèse d'un film comme Transformers 4, explosion sans but de 2h45. Peu ou pas de dialogues, et les échanges entre les singes seront souvent en langue des signes. 


Ensuite, là où le film ose vraiment prendre des risques, c'est dans sa volonté affichée de mettre au second plan les humains, supposés être les repères d'un point de vue émotionnel avec le spectateur. Pire, même dans leurs bonnes intentions pacifiques, ils restent les profanateurs d'une civilisation en construction et dominante. Ils ne font plus partie des espèces qui comptent sur la Planète et sont à la merci des singes. L'écriture plutôt faiblarde au niveau des personnages humains passe assez bien d'ailleurs, tant on se prend très vite d'affection pour les compatriotes de César, civilisation tentant d'imiter de manière symbolique ceux qui les ont maltraités mais en y injectant plus de respect et de dignité. Les hommes passent très vite au second plan. C'est simple, on aurait très bien pu faire un film entier sur César et ses mésaventures avec des singes rebelles sans jamais faire intervenir les hommes. Les Singes apparaissent au final plus évolués que les hommes et bien que capables de signer à la perfection, ils n'en oublient pas pour autant de parler, et semblent prendre plus de temps à choisir leurs mots avant d'échanger, de là à y voir une critique de l'homme plus apte à prendre d'abord les armes puis à dialoguer, il n'y a qu'un pas. 

Une des autres bonnes idées du projet, c'est d'avoir confié le film à Matt Reeves. Si son nom ne vous dit rien, vous avez peut être vu ses films sans même savoir que c'était lui. Cloverfield, found footage destructeur c'était lui. Le remake plutôt réussi du danois Morse, rebaptisé Let me in, c'est aussi lui. Metteur en scène plutôt doué, au style carré mais efficace, à l'aise avec les effets spéciaux, il prend la suite de Rupert Wyatt,  qui avait emballé honnêtement le premier épisode. Force est de constater que Reeves a fait de l'excellent travail. D'abord sur la direction artistique, qui privilégie les décors de fin du monde très verdoyants, avec une Nature qui aurait reprit ses droits sur les cités des hommes, ce qui nous vaut des plans magnifiques de San Francisco bouffée par les fougères et la forêt qui s'insinue dans chaque immeuble. On pourra toujours faire le rapprochement avec des décors du jeu the last of Us, mais celui ci était déjà bien sous influence cinématographique. Alors l’œuf ou la poule...Peu ou pas de soleil, tout le film se déroule sous un ciel gris et pesant et le Soleil ne viendra qu'en fin de métrage, pour guider César vers un nouveau départ, Symbolique religieuse inside.
Coté mise en scène à proprement parler, force est de constater que Reeves n'est pas manchot derrière une caméra, qu'il sait épouser les différents points de vue de ses différents protagonistes et que dès qu'il s'agit de trousser une séquence de chasse à l'homme dans un appartement en ruine, il fait preuve d'audace et ça fonctionne parfaitement (ni vu ni connu je te case un plan séquence où tout pète).  Et s'il est à l'aise avec des scènes plus intimistes, il gère tout aussi bien les vraies scènes d'action, en y glissant quelques idées de mise en scène assez surprenantes mais toujours efficaces (la prise du tank par Koba et l'entrée en ville qui s'ensuit est exceptionnelle) et offre parfois de vrais moments de poésie sauvage, à l'image de cette station essence qui diffuse une musique à la fois symbole du passé et d'un avenir plus apaisé.


Mais le film ne serait rien sans cette monstrueuse performance Motion-capture et le travail titanesque effectué par Andy Serkis. Si le premier film était plutôt réussi à ce niveau, sa suite l'enterre sans souci. Jamais les singes n'auront paru si réalistes et crédibles. Dans leur façon de bouger ou de parler, les acteurs font passer des émotions que l'on pensait réservés aux acteurs en chair et en os.
A la bande originale vous retrouverez Michael Giacchino qui nous livre encore une fois un score de grande qualité dont lui seul a le secret, et plutôt que de se vautrer dans le tribal, chose que n'avait pas su éviter Elfman pour le film de Burton, il compose un score sombre et mélancolique et dont certains thèmes ne sont pas sans rappeler les sonorités déjà bien présentes dans le score de Jerry Goldsmith pour le film de 68. j'ai hâte de le voir, ou plutôt de l'entendre, pour Jurassic World. 

bref. Après un premier épisode qui avait su intelligemment redéfinir et relancer la mythologie de la planète des singes, ce deuxième volet confirme tout le bien que l'on pouvait penser de cette initiative, entre respect des origines et nouvelles idées prêtent à être développées dans de  futurs métrages. Après un Transformers abrutissant et avant un Hercules qui s'annonce délicieusement couillon, Dawn of the planet of the apes vient confirmer qu'un blockbuster peut être riche en émotion sans jamais se sacrifier sur l'autel du tout numérique, les nouvelles technologies au service d'une belle histoire.

Cadeau bonus qui va bien avec.


dimanche 27 juillet 2014

The raid 2 : Berandal

The Raid 2 de Gareth Evans
Genre : Action
Durée : 2h27
Sortie le 23 juillet 2014


Quelques heures après avoir nettoyé un immeuble de la racaille qui l'occupait et éliminé le big boss au dernier étage, Rama n'a même pas le temps de souffler que la Police lui propose une ultime mission : Intégrer la mafia Indonésienne en se rapprochant du fils d'un des parrains pour le faire tomber ainsi que leurs ennemis, la mafia japonaise qui leur dispute les quartier chauds de la Ville. 

Sorti en 2011, le premier épisode avait cloué pas mal de monde sur son siège. Sorti de nulle part, quasi inconnu (seul fait d'arme avant ce film, Merantau), Gareth Evans, exilé gallois en Indonésie avait su réaliser un film au scénario simpliste, à peine plus développé qu'un script pour beat'em all à la Fatal Fury ou Street of rage, mais qui compensait son indigence scénaristique par une succession de scènes de baston hallucinantes où son héros Rama, interprété par le félin Iko Uwais démolissait tout et surtout tout le monde, dans des chorégraphies réglées au millimètre près et dont le réalisme parfois troublant faisait parfois très mal. Empruntant autant à l'actioner bourrin des 80's qu'à la culture du jeu vidéo (l'immeuble dont chaque étage ressemble à un niveau avec le boss de fin caché au dernier étage), le film avait fini par se tailler une bonne réputation de film culte rayon action. Après ce coup d'éclat, Evans était parti faire un petit crochet par l'anthologie V/H/S 2, dont il réalise d’ailleurs le meilleur segment (Safe heaven, avec son histoire de secte indonésienne vouant un culte à un démon) tout en préparant une suite à son bébé. Objectif avoué, faire du bigger and louder, pourquoi se contenter d'un immeuble quand on peut détruire une ville ? Alors, pari relevé ?



Soyons aussi courts que le scénario, la réponse est non. Pas que le film soit dénué de qualités bien au contraire, mais là où le premier film avait surpris par son coté low budget efficace, sa suite nous laisse penser que Evans a eu les yeux plus gros que le ventre, et à vouloir en proposer toujours plus il y en a parfois trop. Déjà par sa durée, le film dure quand même 150 minutes. Au vu des intentions et du premier épisode, n'importe quel amateur d'action jubilerait à l'idée de se prendre un uppercut sur pellicule pendant 2h30. Malheureusement c'est là que le bât blesse. The raid 2, ce n'est pas QUE de l'action, c'est aussi une histoire. Une histoire assez classique ma foi, où s'entrechoquent rivalités entre mafias, fiston en colère contre son père parrain, flics undercover et j'en passe. Remplie de clichés et pas toujours bien interprétée, cette trame scénaristique, à défaut d'être passionnante, elle va au final beaucoup servir à faire respirer le spectateur entre deux scènes de pétage de rotule. Car oui, le film se découpe ainsi : Dialogue / baston / dialogue / baston. On n'en viendrait presque à se contrefoutre de ce qui peut arriver aux personnages qui rencontrent Rama, tant l'attraction principale du film c'est lui. Et c'est dans sa forme que le film de Evans ressemble, excusez moi de la comparaison, à un porno de la baffe. Remplacez les scènes de fesse par des tartes et des clés de bras et vous obtiendrez The Raid 2. Un scénario timbre poste qui ne prend jamais le temps de développer convenablement ses personnages, chair a canon potentielle pour son héros. Deux exemples. Le premier, c'est le personnage de Mad Dog, survivant du premier épisode, méchant de son état mais qu'on redécouvre dans ce deuxième volet sous les traits d'un homme attachant, très simple mais prêt à tuer pour sauver sa famille de la pauvreté. Son temps d'écran est malheureusement écourté pour servir de déclencheur à la guerre des triades. Du gâchis. Autre exemple, hammer girl et son pote à la batte. Deux personnages hauts en couleur qui nous sont présentés au cours d'une séquence en montage alterné durant laquelle la première défonce une escouade de gardes du corps dans une rame de métro avec ses marteaux et le deuxième joue de la batte et de la balle dans un squat. Il seront finalement peu développés au delà de leur rôle de semi-boss de fin et finissent éclatés par Rama. Ça voudrait ressembler au Parrain mais ça dépasse rarement le statut de Serie B qui pète plus haut que ses ambitions. Même le fait que Rama soit un flic infiltré risquant à tout moment d'être grillé par un des deux camps n'est jamais développé et la tension susceptible d'être générée par cette situation est totalement inexistante.


Heureusement que côté action, le spectacle tient ses promesse. Encore heureux me direz vous, c'est un peu pour ça qu'on est venu. Depuis le premier épisode, trois ans se sont écoulés et Evans a eu le temps d'apprendre et de perfectionner sa mise en scène. Il avait promis du bigger et louder, c'est réussi. Chaque scène de castagne vaut son pesant de cacahuètes. Entre une mêlée boueuse entre CRS et taulards, une descente dans un entrepôt de dealers, et une dernière demi heure ininterrompue de coups et de destruction, le spectacle est étourdissant et épuisant. En plus, (gardez bien cette analogie du porno en tête) ce genre de séquence arrive toutes les dix minutes. Reposez vous pendant les discussions autour d'une table, ça vous reposera la tête. Chorégraphiées à la seconde près et toujours claires, les bastons font toujours aussi mal. Evans a aussi eu la bonne idée d’utiliser à bon escient la ville comme terrain d’expérimentation. En résulte une poursuite en voiture où l'on se casse la gueule dans un habitacle de 2m carré, on s'étrangle à coup de ceinture de sécurité et on finit à travers le pare-brise. la construction du dernier acte reprend à peu de choses près celui du premier film, avec son boss final et sa bagarre qui dure pas loin de 15 minutes. 15 minutes de virtuosité dans l'affrontement. Evidemment le climax qui s'ensuit paraît tellement fade par rapport à ce qui a précédé. Mais c'est le problème de tout le film, à trop vouloir chiader ses chorégraphies et ses distributions de mandales, Evans en oublie son histoire. C'est dommage, il y avait la possibilité de faire un grand film de mafia et de complots survitaminé, on se retrouve au final avec une excellente succession de combats époustouflants, avec un acteur charismatique (Iko Uwais n'est plus aussi mono expressif que dans le premier épisode) et une mise en scène soignée et parfois très classe (le cadre du massacre final rappelle parfois les grandes heures du John Woo période Syndicat du Crime), mais avec un scénario aux limites du remplissage. Soyons optimistes et patients, la dernière scène du film laisse entrevoir une piste intéressante pour un éventuel troisième volet avec un Rama qui basculerait du côté obscur. 

vendredi 25 juillet 2014

American nightmare 2 : Anarchy

The Purge 2 : Anarchy de James DeMonaco
Genre : Action
Durée : 1h45
Sortie le 23 Juillet


Aux Etats-Unis, une nuit par an, le crime est autorisé. Viol, meurtre et autres délits sont possibles et sans limite pendant douze heures. Et c'est pendant cette nuit d'horreur que vont se croiser, s'allier ou s'affronter Léo, père endeuillé et revanchard, Eva et Cali, victimes de leur manque de moyens de défense et Shane et Liz, victimes d'un sabotage de leur voiture à 5 minutes du début la Purge.

Sorti l'année dernière, le film American nightmare (titres français inutiles ed. 2013) affichait déjà la couleur. Promesse d'un spectacle ultra violent et racoleur (tout est permis, on peut buter qui on veut où on veut) et louchant vers le survival en huis clos avec sa famille dont la baraque est prise d'assaut par des tarés accro de la machette, le film était hélas un gros pétard mouillé. La faute à un script faussement subversif qui n'exploitait jamais vraiment son concept déjà bien con à la base (l'Amérique est à feu et à sang, on va aller s'enfermer dans une baraque pendant 1h45), une hypocrisie permanente dans le discours tenu (cf : la mère qui défonce la tête à sa voisine avant de claironner que la violence, c'est mal) et une mise en scène qui se voudrait du niveau d'un Assaut sur central 13 mais qui échouait à tous les niveaux, entre incohérences géographiques (je rentre par la cuisine et je ressors par le salon pour faire demi-tour et atterrir dans la chambre) et purs instants de non-sens (si les purgeurs arrivent à péter la porte blindée de l'entrée, comment arrivent-ils à entrer par la fenêtre du premier étage ? Mystère...). Seule chose à sauver, l'évocation en fin de métrage du chaos citadin, au détour d'un reportage radio où le reporter évoque 300 personnes en train de s’entre tuer en plein centre-ville. Il faut croire que le film a bien marché puisque voilà sa suite, et joie ! Vous allez assister au fameux pendant ce temps-là,, en ville que le premier film ne faisait qu'évoquer. Le chaos urbain pendant que Ethan Hawke et sa femme jouent à cache cache dans le salon. Enfin, le chaos...non. Pas tout à fait. DeMonaco a encore frappé.

C'est dommage car pour sa deuxième incursion dans le L.A futuriste en pleine Purge, DeMonaco se prend encore les pieds dans le tapis et fait n'importe quoi. Pourtant il y avait moyen cette fois-ci de faire mieux que le premier film. On restait dans le même esprit, le même contexte très con mais à fort potentiel hard boiled (on parle quand même d'une ville à feu et à sang de 19h à 7h) et on y allait à fond.  Ça ne semble pas être la priorité de DeMonaco. Le film commence de la même façon que le premier, on nous montres des gens se barricader et se souhaiter "Bonne Purge" ou "restez en sécurité", et les personnages principaux nous sont présentés. Et là déjà ça sent le moisi. Trois récits vont se croiser (cf le résumé) et un seul vaut le coup, c'est celui du flic vengeur et meurtri. Les deux autres sont inintéressants au  possible (un couple en pleine rupture et une famille latino dans la dèche. Ça donne envie) et n'auront de cesse de parasiter Leo. D'ailleurs plus le film avance et plus on se prend à rêver d'un film qu'on ne verra jamais, un Purge 2 nihiliste et violent où l'on suivrait la descente aux enfers d'un ex-flic à qui la Loi autorise de se venger sans scrupule de l’assassin de son fils, dans un L.A en pleine implosion. Un film où le flic ne serait pas systématiquement mis dans les pires emmerdes à cause des boulets qu'il a voulu aider. C'est simple ils n'en ratent pas une. Ils doivent rester silencieux ? un rat qui passe et la fille hurle. Il se font courser dans le métro, la maman du groupe ne sait pas courir sans se rétamer tous les deux mètres. Il a vraiment pas de chance le Léo. Trop bon trop con.

                                 Léo (Frank Grillo), bête de charisme entouré d'endives assistées.
                                 Vous noterez au second plan la présence d'un mec déjà bien lourdingue
                                 dans the baby sorti il y a 2 mois

Pour rester dans les reproches à faire sur le scénario, on pourra aussi reprocher cette absence totale de risque et de tentative de point de vue. Le thème du film reste quand même "une boucherie générale sans lois", et DeMonaco et son scénariste, plutôt que d'en profiter pour innover un peu, préfèrent aller tranquillement pomper du côté de Hostel 2 et sa scène d'enchères sur victimes (de riches costard-cravates se battaient à coup d'enchères pour savoir qui ils pourraient torturer) et nous refait la même scène sauf qu'ici ce sont des vieux en tenue de gala qui lancent les enchères pour se livrer à une chasse à l'homme en milieu fermé.
Même remarque sur la mise en scène et les choix de DeMonaco. Comme je vous le disais plus haut, L'histoire de ce deuxième volet se passe ailleurs que dans un 24 pièces cuisine. L'occasion était trop belle, on aurait pu avoir en vrai des scènes de guérilla et de tuerie de masse dans le centre-ville. Encore raté. Même là c'est mou et inoffensif. N'attendez pas des rues remplies de gens qui s’entre tuent sans vergogne, nos compères se promènent très souvent dans des rues désertes où surgissent de temps à autre des camions loués par de riches chasseurs. De temps à autre un coup de feu, mais vous n'en verrez pas plus. Pire, dès qu'il en a l'occasion, DeMonaco envoie ses héros dans des halls d'immeubles, des tunnels de métro, des caves...Si le premier épisode jouait maladroitement avec son décor unique, ici on se demande si le budget n'a pas été trop faible comparé au projet initial. Niveau violence c'est très light. On a beau claironner pendant dix minutes au début que ça va être l'enfer sur terre pendant  douze heures, on ne verra finalement pas grand chose de ce qu'est la vraie Purge en centre-ville, où selon les dires d'un des boulets, se trouve la plus grosse concentration de meurtres. Alors on pourra toujours dire que DeMonaco a choisi la violence psychologique plutôt que la physique, mais comme dans les deux cas c'est foiré...Même le premier film, aussi raté soit il, offrait quelques sursauts de violence froide et sèche, alors que son successeur, pourtant plus à même d'offrir du mass murder unlimited, se montre assez chiche là dessus. Aucun progrès de la part de DeMonaco derrière la caméra.
Il avait déjà du mal avec une maison et un jardin à installer un semblant de tension et de suspens,  il galère encore plus ici lorsqu'il s'agit de retranscrire une peur de tous les instants, dans cette ville déserte où chaque pas peut être vu à travers la visée d'un sniper. La direction artistique ne vaut pas mieux, entre costumes qui voudraient faire peur mais qui évoquent plus un cosplay goth-rap qu'un hommage aux guerriers de la Nuit de Walter Hill, et décors d'une pauvreté effarante (c'est simple on a l'impression que toute les scènes se passant dans une ruelle ont toutes été tournés dans la même)

                                            L'enfer sur terre. Mais pas ici visiblement

Et c'est enfin là que revient le même reproche que j'avais déjà formulé lors de la sortie du premier épisode par ici. C'est ce côté ultra racoleur et hypocrite qui pèse un peu plus dans la balance. Pourquoi promettre un spectacle basé sur le meurtre sans complexe à grand échelle et donc une volonté affichée d'étaler de la violence exacerbée si c'est pour finalement faire à peine mieux, niveau violence, que n'importe quel téléfilm de deuxième partie de soirée sur W9 ? Au moins des films comme Hostel 1 & 2 osaient exploiter leur idée à fond (vous vouliez de la torture, vous en aurez, et ne venez pas dire que l'on ne vous aura pas prévenu). Ensuite on retrouve encore cette vieille morale à deux francs six sous qui nous est assénée de manière fort subtile : La violence c'est mal, la vengeance c'est pas bien. mais bon si on bute mon mari..oui si il y a un AK47 qui traîne je dis pas non. Et puis c'est la force du pardon qui nous sauvera. Bon, le personnage de Léo dérouille copieusement mais au moins il est ok avec sa conscience. Ces petites touches de sensiblerie à deux balles font tellement tâche dans le contexte du film, qui relève plus de la guerre civile sans réflexion ni pitié que de l'étude comportementale en milieu hostile.

Film ne basant son succès que sur une prétendue débauche de violence qui n'arrivera jamais, American Nightmare 2 est le parfait exemple de film raté. Scénario sans surprise, violence sans impact et acteurs en free style, une parfaite combinaison pour un film qui ressemble plus à un DTV Action de luxe qu'à un véritable film d'anticipation énervé et revendicatif.

dimanche 20 juillet 2014

Transformers : l'âge de l'Extinction

Transformers : Age of Extinction de Michael Bay
Genre : Fantastique
Durée : 2h45
Sortie le 16 juillet 2014



5 ans aprés les évènements qui ont opposé les Autobots et les Decepticons et ravagé Chicago, le Gouvernement traque sans relâche tous les Autobots cachés sur terre, en collaboration avec des transformers alliés. C'est dans ce contexte hostile que Cade Yeager, ferrailleur texan, découvre Optimus Prime, et malgré lui relance la guerre entre Autobots et Decepticons. 

C'est tellement facile de taper sur Michael Bay. On peut lui reprocher tout et n'importe quoi. Ça fait un peu rageux mais les arguments ne manquent pas. Roi de la destruction massive, beauf sans finesse, péripatéticienne vendue aux studios, experts en cartons interplanétaires et devenu bon an mal an une figure incontournable du Cinéma américain. Mais c'est facile de taper dessus et de critiquer mais comme d'habitude, on crache mais on y va quand même. Après, les raisons ne sont pas les mêmes pour tous. Soit on y va par pur plaisir coupable soit on y va pour se conforter dans l'idée que non, non, rien n'a changé et que Bay fera toujours du Bay. D'un point de vue purement personnel c'est plus dans cette optique que j'ai assisté à la destruction de Hong Kong et de mes neurones pendant presque trois heures. 
Après la parenthèse rigolote décérébrée qu'était No pain No gain avec The rock et Mark Whalberg, Michael Bay revient à la saga qui l'a remis sur son trône du Roi destructeur : Transformers. Saga sentant déjà bien le marketing douteux à la base (sur l'affiche c'est marqué en gros : d'après les jouets Hasbro. Au moins  le film Légo était beaucoup plus fendard), sa qualité va en décroissant au fur et à mesure des épisodes. Si le premier pouvait encore faire illusion le temps d'une ou deux séquences (l'arrivée des Autobots et la sélection de leur "véhicule de camouflage" faisait son petit effet) en dépit d'un humour lourdingue et d'une nette tendance à l'essoufflement dans le dernier acte, le deuxième volet, Revenge of the fallen, écrit à la truelle et produit dans la précipitation était une compilation de tout ce qu'il faut faire pour foirer un blockbuster. Intro over the top (tout Shanghai était défoncé en 10 minutes), personnages irritants et inutiles et surtout un dernier acte se déroulant dans le désert, où vous me l'accorderez, on casse beaucoup moins d'immeubles qu'en plein New York, à force de jouer à cache cache dans le sable. Poussif et con comme la lune (Couilles de robots inside), ce film est le prototype de la séquelle inutile. Arrive enfin le troisième volet, Dark side of the moon, voulu comme un peu plus dark mais au final du même niveau que ce qui a précédé. On y retrouve pêle-mêle Frances McDormand, Buzz Aldrin, des putes, une actrice dont le seul CV tient dans la collection summer 2012 de Victoria Secret et toujours des explosions au ralenti. Ce film, de par sa conclusion aurait du mettre fin à l'aventure Transformers. Alors qu'est ce qui a bien pu pousser ces malades de chez Paramount à ressusciter Optimus et Cie ? Est-ce le regain d'intérêt pour les gros robots après Pacific Rim de Del Toro ? Ou une consultation des comptes de Paramount qui appelaient une rentrée d'argent impérieuse ? Ce n'est sûrement pas par amour de l'Art et du Cinéma que maintenant se dresse fièrement Optimus Prime sur son Dinobot Grimlock. Revoici donc Michel et les  robots, et encore une fois, prévoyez du Doliprane et laissez votre cerveau à l'entrée, on vous le rend dès que ce sera fini.


Expédions tout de suite la seule chose à sauver cette entreprise : ILM. Repoussant toujours plus loin les limites de leurs bécanes, les effets spéciaux sont vraiment hallucinants.  Voilà, je crois qu'on a fait le tour.
Ceci étant dit, je n'ai aucune envie de me livrer à du Bay-bashing concernant sa mise en scène, son style etc...On reconnait tout de suite la Bay's touch. Des couchers de soleil avec de la guitare en fond sonore, du 360° shot en contre-plongée, du ralenti dès que ça devient le bordel à l'écran (merci quand même d'avoir donné des couleurs fluo aux gentils et des gris aux méchants, ça aide), et une tendance à la destruction massive dont lui seul à le secret. C'est ça, Michael Bay, une overdose de tous les instants, sans retenue et sans complexe. Tout est prétexte à explosion, si possible à la roquette. Rajoutez à ça un humour gras et bas du front, pas celui qui fait rire, celui casé là pour faire une petite pause entre deux tonnerres de feu.

Passons aux choses sérieuses, les casseroles. Par où commencer...
Le scénario ? Je serais de mauvaise foi de dire "il n'y en a pas", puisqu'il existe, mais qu'il est d'une connerie abyssale. Le film dure 2h45, mais elles donnent l'impression d'en durer deux fois plus. Bancal, mou et truffé de rebondissements tous plus abusés les uns que les autres, le script fait passer le scénario du premier pour un modèle de divertissement. Alors on pourra toujours avancer le meilleur argument du monde : "ça fait pas réfléchir, c'est un film où tout est détruit, c'est l'essentiel", mais ça fait maintenant un bail que ce n'est plus valable, comme excuse. Pacific Rim détruisait tout mais le faisait avec une sincérité et une euphorie communicative, et le scénario tenait la route. On s'intéressait et on s'attachait  aux personnages. Dans TF4, on se contrefout du début à la fin de ce qui va arriver aux personnages principaux, famille texane prix dans une guerre qui ne les concerne même pas. On est baladés aux quatre coins du pays, Texas, Monument Valley, Chicago et du monde. Et oui parce que sachez le le film est, à l'instar d'Iron Man 3, une co-prod chinoise. Donc les héros, d'un coup de vaisseau spatial, se retrouvent au bout d'une heure 45 à Hong Kong et cassent toute la ville. Et puis comme on est en Chine, vous verrez la Muraille de Chine. Ca c'est pour l'exportation. On y fait la connaissance d'une des plus mauvaises actrices de Hong kong, BingBing Li.
Le film se voudrait dans la continuité du 3ème volet et plus généralement de la première trilogie, mais il se contente de faire violemment dégager un des robots principaux de celle-ci et fait de Bumblebee, le gentil robot jaune, un soldat comme un autre. C'est dommage, une des bonnes idées de la première trilogie était la relation Bumblebee/Sam l'ado. Alors oui, on nous dit que Chicago a morflé et qu'il y a eu des morts, mais ça sonne vaguement hypocrite quand on nous sort ce genre de sermon après 10 minutes de film et qu'on endure 130 minutes de pyrotechnique et de destruction complètement gratuites.
La promo vous avait montré les Dinobots ? Réjouissez vous les amis ils n'arrivent qu'après 2h20 de film, cachés sous la muraille de Chine et leurs exploits durent 5 minutes.


Le casting a bien changé lui aussi. Exit Shia LaBeouf et Turturro. Bienvenue à Mark Whalberg. Il est le moins mauvais de tous, mais le niveau n'est pas bien haut. Stanley Tucci vient faire le con, On a encore droit à une pin-up dans un rôle dramatique (la fille de Whalberg), et Kelsey Grammer en grand méchant collabo.

Mais là où le bât blesse le plus, c'est que le film, non content d'échouer dans son rôle de divertissement, ressemble à une gigantesque vidéo promo pour un centre commercial. Déjà qu'à la base le placement produit dans un film c'est pas facile à caser sans que ça paraisse gratuit, mais là ça n'arrête pas. Du début à la fin c'est un défilé de marques. En soi Transformers, et la remarque tient pour les quatre épisodes, est une belle bande démo pour Général Motor et tout plein de marque de voiture de luxe. Chaque robot a son sponsor.



Salon de l'Auto 2014 approved.

Mais le quatrième épisode marque un tournant un peu plus écœurant. Chaque scène, chaque plan affiche plus ou moins subtilement une marque ou un logo facilement identifiable. Et la mise en scène de Bay est le véhicule parfait pour ce genre de pratique. Comme je vous le disais, Bay ralentit quand ça explose trop, ou quand c'est plus calme. Et bien à chaque ralenti, vous aurez une marque. Deux autobots explose un bus ? C'est un bus avec marqué en gros Victoria's Secret ! Le personnage de Whalberg sort de la voiture et il a soif ? hop il prend une canette de GINNI ?  La palme du partenariat pas discret du tout est attribuée au copain de l’héroïne qui, au détour d'un dialogue sort la phrase

"Je suis un pilote sérieux, j'ai signé chez RED BULL."

Trop c'est trop.
Petite touche finale, le score est absolument épouvantable. Sorte de bouille Mediaventure composée par Steve Jablonsky, élève de l'école Zimmer option 'Pouin pouin symphonique", elle se permet même un plagiat pur et simple du thème du dark knight. le thème des autobots, le seul qui éveille l'attention, vous l'entendrez lors  de l'arrivée des dinobots. 1min30 donc. Et après Linkin Park, c'est au tour d'Imagine dragons de signer le générique de fin.

Bref : Sorte de baudruche dopée aux SFX, sans scénario ni ambitions et interprétée par des acteurs tous plus mauvais les uns que les autres, le film se voudrait plus dark que ses prédécesseurs, il n'en est que la suite flemmarde et ressemblant plus souvent à une bande démo ILM et à un écran publicitaire qu'à un réel long métrage de science-fiction digne de ce nom.






lundi 14 juillet 2014

Under the skin

Under the skin de Jonathan Glazer
Genre : fantastique
Durée : 1h47
Sortie le 28 juin 2014


Une jeune femme sans nom erre dans les rues d'une ville écossaise à la recherche d'hommes qu'elle fait disparaître après les avoir séduit, le tout sous l'étroite surveillance d"un mystérieux homme à moto.

A vrai dire, cette année, ça fait déjà deux films dont je sors et dont je ne sais pas quoi penser. Le premier c'était L'étrange couleur des larmes de ton corps (critique par ici), avec sa sur-stylisation et ses choix de mise en scène aux frontières de l'expérimental, avec au passage un hommage aux giallos transalpins. Le film de Glazer fait le même effet. On ne sait pas si on a regardé un film d'une simplicité extrême mais bien raconté et stylé ou une grosse oeuvre prétentieuse avec une mise en scène idoine.
Adaptation du roman de Michel Faber et troisième film de Glazer après Sexy beast et le sulfureux Birth avec Kidman, Under the skin est un film qui prend son temps et donne souvent l'impression de ne pas avoir de réel arc narratif, tant le métrage ressemble à une succession de séquences durant lesquelles le personnage principal interprété par Scarlett Johansson piège des hommes dans sa camionnette et les fait disparaître dans une chambre noire et mystérieuse. Peu ou pas de dialogues entre les personnages, si ce n'est une sorte de séduction maladroite de la part de l’héroïne pour attirer les mâles en manque de contact. On ne sait pas trop vers quoi on se dirige, peu ou pas d'informations sont données quant à la réelle nature de la femme (spoiler : regardez l'affiche ci dessus, vous aurez la réponse. En même temps les diverses interviews et critiques sur le web vous ont déjà tout flingué niveau suspens) et le rythme n'est pas des plus trépidants. Et c'est justement là que se cache la force du film, ou son plus gros défaut, cela dépendra de votre sensibilité ou votre humeur. A l'instar du film de Cattet et Forzatti, le métrage de Glazer exige du spectateur une totale confiance et une vraie envie de perdre ses repères pour apprécier le film à sa juste valeur. D'ailleurs les premiers plans du film feront tout de suite le tri entre les réfractaires et les curieux. Enchaînement de plans abstraits, de lumières et de flash, suivis d'une scène muette aux limite du théâtre d'ombres chinoises durant laquelle on découvre le personnage principal en train de dépouiller une femme pour lui voler son identité. Si vous n'accrochez pas aux premières minutes du film, vous allez passer 1h45 à vous demander quel est l'intérêt du film, et pourquoi Johansson passe son temps soit habillée comme une cagole écossaise soit à poil dans une chambre noire à regarder des mecs surexcités se faire engloutir par un grosse flaque noire  qui leur pompe leurs chair et leurs fluides. Si vous êtes plus curieux et réceptifs, la suite peut être perçue comme un récit initiatique, découverte du monde par une extra terrestre vampirique obligée de piéger les hommes pour survivre. Et c'est dans cette optique que le film devient fascinant. La caméra de Glazer suit de près son héroïne au fil de ses rencontres, entre boîtes glauques et parkings malfamés, et nous présente le personnage principal comme un prédateur  ne semblant éprouver ni remords ni distinction envers ses proies, elle n'y voit que des éléments nécessaires à sa survie. Au départ froide et inhumaine, sa  vraie nature au fond, sans aucune compassion (le bébé sur la plage), elle se découvre en même que le spectateur et ne semble pas comprendre pourquoi les hommes lui tournent autour et la regarde avec autant d'intérêt bien que sa survie en dépende (cf la scène où nue, elle découvre son corps dans la glace) et suite à une tentative de séduction ratée sur  une victime rejetée par son piège, elle tente de trouver d'autres moyens de "s'alimenter" (la scène du gâteau au chocolat), et c'est dans une dernier acte noir et désespéré que la femme  E.T va découvrir la vraie nature des hommes, après avoir baissé sa garde, loin de son protecteur.


Pour raconter l'histoire de son extra terrestre, Glazer opte pour une mise en scène sobre et osons dire lente, voire hypnotique. Entre errances nocturnes de l’héroïne sur les routes écossaises et séquences de "sexe" par goudron noir interposé complètement surréalistes, le film baigne dans une sorte d'ambiance mi tendue mi cotonneuse, à laquelle s'ajoute un score minimaliste et sobre. Entrelardé d'instants purement psychédéliques (que représentent-ils ? l'esprit tourmenté de l’héroïne ?), de plans magnifiques de la campagne écossaise et de scènes qui semblent avoir été filmées sur le vif dans les rues d'une ville glauque et anonyme, le film se vit comme une sorte de doux cauchemar ouaté, sans action ni sursaut, et la violence du dernier acte vient réveiller le spectateur un peu hypnotisé par ce qui a précédé, le tout culminant dans un plan final de toute beauté, violence sortie de nulle part dans un champs enneigé.

Bref : Film de science fiction au réalisme cru ou expérience sensorielle et cinématographique en compagnie de Scarlett Johansson, le dernier métrage de Glazer mérite le détour, à condition de se laisser prendre au jeu d'une mise en scène parfois aux limite de l’expérimentation sur grand écran.


Et le petit extrait de la BO qui va bien, composée par Mica Levi.

dimanche 13 juillet 2014

Blue Ruin

Blue Ruin de Jeremy Saulnier
Genre : Drame
Durée : 1 h 30
Sortie le 9 juillet 2014


Dwight, vagabond vivant dans sa voiture, découvre un jour que l'assassin de ses parents va être libéré de prison. Il entreprend alors de se venger de celui qui a détruit sa vie.

On ne peut pas faire plus concis et plus clair concernant l'histoire de Blue ruin, drame d'une simplicité surprenante et pourtant riche en rebondissement qui ose s'aventurer sur des terrains peu explorés dans d'autres revenge movies. 
Les première images du film laissent croire que l'on va avoir droit à un drame naturaliste sur un SDF vivant de vol et d'intrusions dans des résidences cossues.  Et même lorsqu'il se fait arrêter par l'agent de police qui semble pleine de compassion pour lui, on se demande vers quel genre de  film on va se diriger. A ce moment, on découvre la première révélation du film, qui va permettre de mettre en marche le premier arc narratif du film :  la vengeance de Dwight et sa détermination à tuer celui qui a brisé sa vie. La première partie pourrait durer pendant tout un film, le thème de la victime cherchant à se venger de son bourreau est assez riche pour pouvoir occuper le spectateur pendant 1h30.  Pour autant, Saulnier traite assez rapidement cette vengeance expéditive, avec toute la violence et la crudité que cela sous entend et nous montre un Dwight apaisé, blessé mais plus serein et humainement plus présentable qui se rend chez sa sœur pour lui avouer ses crimes. Et là le film bascule dans un engrenage vicieux, version paysanne et impitoyable de la Loi du Talion, car dans sa fuite après le meurtre de sa némésis, Dwight a laissé des traces, faciles à suivre pour remonter jusqu'à lui, le meurtrier ayant lui aussi une famille vindicative. On découvre une bande de psychopathes, cachant de sombre secrets qui unissent étroitement Dwight et leur tribu. 


Le deuxième arc du film est plus développé que le premier qui au final ne servait que d'élément déclencheur à l'escalade de violence qui s'ensuit. Escalade qui ne trouvera sa conclusion que dans un dernier acte saignant et vindicatif, sans remords ni compassion, ou si peu. Avant cela on suit les mésaventures de Dwight qui aura subi un premier assaut de la Famille et qui se sera rapproché d'un ami de lycée, expert en armes à feu. La grande qualité du film, c'est sa capacité à savoir gérer cette montée en puissance de la tension et du stress que subit Dwight, qui semble complètement perdu et déstabilisé par ce qui lui arrive. Droopy perdu dans une guerre qu'il ne comprend pas, il découvre les joies de la chasse à l'homme, apprend à barricader une maison prise d'assaut et s'entraîne à tirer à la chevrotine. Chose assez surprenante, le film épousera assez fréquemment le point de vue de Dwight face aux événements. Que ce soit lors d'un assaut nocturne dont on ne verra jamais les assaillants ou lors de dialogues entre personnages dont nous n'entendrons rien, comme Dwight, ce coté ultra réaliste renforce l'empathie envers le personnage principal, perdu et ne sachant plus qui croire. D'ailleurs tout n'est que manipulation et mensonges, comme le fait très justement remarquer un membre de la Famille pris en otage par Dwight en lui affirmant, au détour d'une séquence clé et renversant la vapeur d'un point de vue narratif, que c'est toujours celui qui tient le flingue qui dit la vérité. Reste à savoir qui tient le flingue. C'est ce genre de dialogue qui permet de remettre en perspective les événements qui ont précédé, leur faisant prendre une importance tout relative et insistant sur la tendance qu'a l'homme a agir sur impulsion, sans réflexion ni jugement. Si la vengeance de Dwight est compréhensible moralement mais irresponsable d'un point de légal, comme lui fait remarquer son pote avant quand même de lui fourguer un berreta et un fusil a chevrotine, elle range Dwight au même niveau que la Famille, motivée uniquement par la vengeance et l'envie d'en découdre avec celui qui a tué l'un des leurs, chacun s'estimant dans son bon droit.
Pour parler brièvement de la mise en scène, on retrouve Saulnier à (presque) tous les postes, réalisation, photographie et scénario. Si celui ci est remarquable et rempli de surprises, il est important de saluer la qualité de la réalisation, qui s'adapte au scénario, entre instants de suspense dignes de Carpenter (l'assaut nocturne sur la maison) et séquences choc où Saulnier ose montrer des meurtres et des mises à mort dans toute leur horreur (armes blanches, flèches et fusils d'assaut font vraiment mal). Gros travail aussi sur la photo, solaire et éblouissante, magnifiant les paysages campagnards de la Virginie, théâtre de ces événements sanglants.


Bref : Deuxième film de Jeremy Saulnier et prometteur sur tous les plans, Blue ruin est un drame à échelle humaine, entre revenge movie et tragédie campagnarde entre deux familles vengeresse. Excellent (petit mais grand) film à voir cet été, entre deux gros blockbusters. 

mardi 8 juillet 2014

Jimmy's hall

Jimmy's hall de Ken Loach
Genre : Drame
Durée : 1h46
Sortie le 02 juillet 2014


Après un exil forcé de 10 ans pour cause d'engagement politique, Jimmy Gralton revient en Irlande et découvre que le Hall qui servait de club de danse  a fermé ses portes. Sous les encouragements de la jeunesse qui s'ennuie loin de toute culture et de tout loisir, Jimmy décide de ré-ouvrir son club. Malheureusement, L'Eglise ne voit pas cette intrusion païenne et dévergondée d'un très bon œil.

Pour son retour au film historique après la parenthèse éthylique et guillerette de La part des anges et la Palme d'or Le vent se lève (même si depuis il a réalisé un documentaire, L'esprit de 45 sur le Parti travailliste anglais), Ken Loach a choisi de dresser le portrait d'un fameux irlandais : Jimmy Gralton. Connu pour avoir été le premier irlandais exilé aux Etats-Unis suite à des accusations de communisme, la pire chose que l'on puisse être à l'époque, il est aussi connu pour être celui qui s'est violemment opposé à l'Eglise et ses codes rigides et conservateurs en terre irlandaise. Figure de proue d'une résistance idéologique face à l'oppression d'une institution, il est presque logique que Loach s'intéresse à son parcours. Cinéaste engagé et revendicateur depuis ses débuts derrière la caméra, Loach n' a eu de cesse de se tenir debout face à tout ce qui peut ressembler ou être assimilé à une privation des libertés (qu'elles soient d'expression ou d'agir) ou une tentative de contrôle totalitaire et d'exploitation. Cette vindicte permanente est d'ailleurs quasi proverbiale chez Loach, devenu un emblème national de poil à gratter culturel dans son pays natal, l'Angleterre, où à chaque film il ne rate pas une occasion de taper sur ce qui cloche dans son pays. Parfois le constat est noir et désespéré, comme lorsqu'il s'attaque aux travailleurs immigrés dans It's a free world ou aux ouvriers en galère de la SNCF anglaise avec The Navigators, mais parfois il se noie dans une sorte de dépression mi douce mi amère avec des films comme My name is Joe ou Just a kiss. Et comme dans toute dépression il faut parfois des moments moins tristes, Ken Loach s'essaie parfois avec succès à la comédie avec Looking for Eric, avec Eric Cantona, ou le plus récent La Part des anges, conte initiatique pour amateurs de whisky. Mais depuis le film Le vent se lève, la filmographie de Loach semble avoir prit un virage intéressant. Il s'éloigne de ce qui a fait sa notoriété (le film social à tendance contestataire) pour s'orienter tranquillement vers un style plus historique, moins contemporain mais tout aussi engagé. Le vent se lève racontait l'histoire de deux frères pendant la guerre d'indépendance Irlandaise,  mais mettant en avant le fait qu'au delà d'être une guerre nationaliste, c'était avant tout une révolution sociale. Film dur dans son propos et dans ses images, le film compte parmi les plus gros succès de Loach au cinéma. Son film suivant (hors part des anges) est un documentaire, L'esprit de 45, sur la politique de nationalisation mise en place par le gouvernement travailliste du Premier ministre Clement Attlee, qui fut au pouvoir de 1945 à 1951, et là encore sous couvert d'un documentaire, avec juste ce qu'il faut d'objectivité et un peu de mauvaise foi, il en remet une couche, ou une torgnole ça colle mieux à l'idée, à son ennemie de toujours : 


Le film qui suit ce documentaire c'est Jimmy's hall et celui là qui nous intéresse. Dans la forme et dans le fond, il se rapprochera beaucoup du Vent se lève. Fiction historique retraçant le parcours dans son pays natal de Jimmy, expatrié irlandais, le film est à l'image de son réalisateur : plein de souvenirs, nostalgique et encore capable de beaux coups de gueule. On retrouve cette volonté de raconter les petites histoires qui ont bâti la grande Histoire et cette inépuisable soif de contestation envers les institutions. Dans ce film c'est l'Eglise, intolérante et étroite d'esprit qui est dans la ligne de mire. Prête à toute bassesse pour faire tomber Gralton, quitte à user de stratagème parfois douteux (la liste des participants au bal indécent de Jimmy est lue en plein service de 11h à la messe), l'Eglise est ici montrée comme un obstacle à la Liberté. Dans les films de Loach il ne fait jamais bon être généreux et altruiste, on finit toujours droit dans le mur et on trouve toujours plus fort que soi. Gralton ne veut qu'ouvrir les jeunes de son village à la Culture du monde, qu'elle soit littéraire ou musicale, il va trouver en la personne du père Sheridan un adversaire de taille que rien ne semble arrêter. Et les alliés de Gralton se comptent sur les doigts d'une main.  


C'est cette opposition entre les deux courants de pensée qui fait tout l'intérêt du film et la sympathie ira tout de suite à Jimmy, le père Sheridan étant dépeint comme un homme franchement antipathique et froid, à des années lumières de ce qu'est censé représenter un homme d'Eglise et ses discours sur la Tolérance. C'est dans cette peinture de l'Eglise qu'on retrouve le côté parfois maladroit et peu subtil de Loach, qui flirte parfois dangereusement avec le manichéisme, les bons d'un côté et les méchants de l'autre, pas ou peu de juste milieu, ou alors il est représenté par le jeune prêtre qui ne comprend pas l'hostilité et les pratiques de son Supérieur. Mais Ken Loach est quand même un peu plus indulgent en fin de métrage lors d'un échange bref mais intense entre Sheridan et Gralton durant lequel ce dernier lui ouvre les yeux sur son rôle de prêtre et d'exemple pour la communauté. C'est d'ailleurs Sheridan qui aura la réflexion la plus sensée du film dans la dernière séquence. Personne n'est irrécupérable.
Si le film pourrait être pesant et déprimant dans son propos (à vouloir trop bien faire on finit dans le mur), la forme et l'ambiance générale désamorce assez souvent la tension de la situation. Entre scènes de danse irlandaise euphoriques et magnifiques paysages de la campagne irlandaise, Loach sait soigner ses films, le classicisme a aussi ses bons côtés et certaines scènes de danse sont magnifiques. Et on retrouve ce talent unique de faire rire même dans les situations les plus désespérées (l'évasion de Gralton et le numéro impayable de sa mère), cette petite lueur d’optimisme nécessaire quand tout part en sucette (le dernier plan du film est d'ailleurs la preuve que Gralton aura finalement réussi son pari). 
Coté casting, Ken Loach est encore allé à la pêche aux talents de demain, on y retrouve un parfait inconnu dans le rôle titre, ce qui ne l'empêche pas d'être excellent dans la peau de Gralton, et Jim Norton dans le rôle de Sheridan. Pour les fans de Sherlock, vous y retrouverez ce cher Moriarty dans un rôle d'observateur impuissant face à la guerre Clergé Vs Gralton. 
Mention à la mère de Gralton. Comprenne qui verra.



Bref : Film classique dans sa forme mais bien arrêté sur ses idées, le dernier Ken Loach rejoint Le vent se lève dans la catégorie ' les petites histoires font la grande histoire'. Plaidoyer parfois maladroit mais toujours sincère pour la liberté d'entreprendre et la tolérance, Jimmy's hall nous prouve que bien que Loach clame que ce film sera son dernier, il a encore beaucoup d'énergie, de choses à dire et plein de combats à mener.

samedi 5 juillet 2014

Le conte de la princesse Kaguya

Kaguya-Hime no Monogatari de Isao Takahata
genre : Drame
Durée : 1h47
Sortie le 25 juin 2014


Dans une bambouseraie de la campagne japonaise, un vieil homme trouve un jour un roseau lumineux. en s'approchant il y découvre une enfant minuscule qu'il ramène chez lui afin de la montrer à sa femme. à peine rentré la fille commence à grandir à vue d’œil. Ils décident de l'élever et suite à quelques péripéties qui leur rapporte de l'or, le vieil homme souhaite emmener sa princesse du roseau pour qu'elle ait une existence digne de son rang de princesse. Mais loin de tout celle-ci s'ennuie, entre traditions restrictives et défilés de prétendants. 


Petit instant culture générale. Savez vous qui est Isao Takahata, à part bien sûr être le réalisateur du film dont on va parler ci dessous ? Pour faire concis, on va le présenter comme un maître de l'animation japonaise, qui a fondé le studio Ghibli avec un autre grand monsieur de l'animation : Hayao Miyazaki, qui vous a fait pleurer comme des gosses avec son dernier film Le vent se lève. Si l'on ne connaît pas forcément toute la bio du Monsieur et son travail pour la télévision avec Miyazaki (les deux ont oeuvré sur Edgar de la cambriole, Lupin III en VO) ou son passé à la Toei animation, la plupart de ses réalisations au Cinéma ont été diffusées en France et sont de même importance dans l'histoire de l'animation japonaise que celles de son confrère Miyazaki. Dans le désordre citons Horus, prince du soleil (1968), Goshu le violoncelliste (1982) et plus récemment des grands films comme Le tombeau des lucioles (1988), film poignant sur l'enfance sacrifiée en temps de guerre, Pompoko (94) récit à sous texte écologique opposant hommes et tanukis défenseurs de la nature en danger et surtout Mes voisins les Yamada (99), tranches de vie contemporaine. On pourrait facilement opposer les deux styles bien différents des deux auteurs, deux écoles et deux façons de raconter des histoires, mais ce n'est ni l'endroit ni le moment. Concentrons donc nous sur Takahata et sur son dernier film.

Le film est une adaptation fidèle d'un des contes japonais les plus anciens, appelé Kaguya-hime (Princesse Kaguya), écrit au 10ème siècle, également connu sous le nom de Taketori monogatari (le conte du coupeur de bambou), et se divise originellement en 7 petits contes. Il en respecte la trame principale mais en la divisant en deux parties plus distinctes : découverte et éducation de Kaguya en campagne suivies de l' arrivée en ville et dénouement de l'histoire. La dernière partie du conte est laissée de côté cependant, les conséquences de la découverte de la vraie condition de la princesse ne sont pas montrées une fois qu'elle effectue son "voyage retour".


Pourquoi je vous parle de tout ça ? C'est parce que Takahata s'adapte au contexte du conte original dans ses choix artistiques et dans son style de dessin. Si l'on s'est habitué au dessin et à l'animation plus classiques que l'on peut retrouver dans les Miyazaki ou autres films d'animation plus récents, dans son dernier film Takahata opte pour l'impression d'estampe et à recours au rendu crayonné. Excellente idée au demeurant puisqu’elle donne au conte un aspect à la fois irréel (certains plans semblent ne pas être terminés sur leur cadre, concentrant toute l'attention sur ce qui se passe dans le centre de l'image, sans détail superflu) et plus ancré dans la réalité (le coté crayonné des silhouettes et l'animation parfois rigide des personnages sont très travaillés). On ne sait jamais vraiment à quelle époque se passe l'histoire (même si l'on devine qu'elle se déroule dans un Japon plus ancien), mais le Japon étant un pays à forte culture traditionnelle qui a encore de beaux restes dans la Société actuelle, tout du moins un peu plus contemporaine, l'époque importe peu au final. Si le fond est passionnant, la forme est soignée, donnant souvent l'impression de regarder des tableaux traditionnels de campagne nippone, avec ses cerisiers en fleur et ses montagnes embrumées. On pense beaucoup au film Impression de montagne et d'eau (88) qui  à l'époque avait recours au lavis, technique permettant d'animer des des œuvres peintes à l'encre de Chine ou à l'aquarelle, donnant l'impression de regarder des toiles en mouvement. 


Une fois la forme assimilée, penchons nous sur le fond. Si d'autres réalisateurs de film d'animation ancrent leurs films dans des contextes plus fantastiques ou avant-gardistes, et en profitent pour glisser un message plus ou moins subtil selon leurs envies (écologie, peur du nucléaire, société de consommation, mettez ce que vous voulez), Takahata, lui, se démarque de ses collègues en optant pour un traitement très réaliste de ses sujets. à la frontière du documentaire. C'est ce qui rend d'ailleurs ses films si reconnaissables. Rappelez-vous (sans pleurer) du magnifique Tombeau des lucioles. Si la trame principale traitait du destin funeste de deux enfants livrés à eux même, le film dressait un portrait radical et cru de la société japonaise en temps de guerre. Égoïsme, repli sur soi, les rêveurs et les plus faibles ne méritent pas qu'on les aide. Le miroir tendu à ses compatriotes n'était pas des plus flatteurs. Mais le discours peut être moins radical et le point de vue plus distant, curieux et tendre, et là on pourra voir Mes voisins les Yamada comme une tranche de vie dans un Japon plus contemporain, où l'on découvre une famille japonaise assez traditionnelle dans sa composition (Papa Salary-man, petit garçon et grand-mère à la maison) placée sous le microscope de Takahata qui les laisse faire tout et rien, et dont les péripéties sont une description très juste de ce que peut être une famille lambda au Japon. Pour en revenir à Kiguya, le récit nous permet ici de découvrir les us et coutumes d'un Japon plus ancien, avec ses codes vestimentaires, ses parades de prétendants, et toujours ces traditions et comportements typiquement japonais, qui peuvent paraître parfois excessifs d'un point de vue occidental. La forme ne prend jamais le dessus sur le fond, chaque geste essentiel à l'intrigue est illustré à l'écran de manière documentaire (vous saurez tout sur l'épilation des sourcils et les dents noires). 
Mais si Takahata sait soigner son style graphique, il est également très doué pour insuffler de l'émotion dans son film. Responsable de plusieurs crises de larmes devant le tombeau des lucioles, il récidive encore ici dans le dernier tiers de son film, lorsqu'arrive la révélation sur la vrai nature de la Princesse, et du compte à rebours qui s'ensuit. On s'attache très vite à cette princesse qui a voulu s'approcher trop près de la Terre, qui ne veut plus la quitter, et lorsqu'elle prend son envol dans la campagne japonaise dans les bras de son ami, l'émotion est à son plus haut niveau et Takahata, aidé dans son oeuvre par Joe Hisaichi, nous assène le coup de grâce avec l'arrivée du vaisseau, sur fond de musique joyeuse alors que le contexte ne s'y prête pas du tout. Conclusion à la fois touchante et cruelle pour un conte qui dans sa version papier, dirons nous, laissait une trace plus poétique du passage de Kaguya sur Terre. Le film se contente de montrer tous les personnages rencontrés par Kiguya et qui la voient repartir sans retour, n'ayant été que de passage pour la plupart d'entre eux. 


Bref : Le film n'est pas des plus joyeux de l'été, de par son thème (faut il être riche, ne manquer de rien et être malheureux ou être dans le besoin mais bien entouré et libre de ses mouvements, heureux?) et par le coté parfois très froid de son dessin (jamais une métropole soit disante grouillante de vie et synonyme d'épanouissement n'aura été si déprimante), mais il en ressort une belle leçon d'humanité et d'acceptation de l'autre, quelque soit son origine et son milieu.