créée par Dan Goor et Michael Schur
Pour ceux qui ne suivraient pas, ou alors de très loin les golden globes (cérémonie servant, grosso modo, de grande répèt' pour les oscars), cette année le grand gagnant dans la catégorie meilleure série comique n'est autre que Brooklyn nine-nine. Pour info, en compétition se trouvaient également Parks and recreation, Modern family, Girls et the Big bang theory. Passons outre le fait que cette dernière série soit en vraie baisse de régime depuis bientôt deux ans et que sa présence au sein des nominés n'est due qu'au personnage principal de la série, Sheldon, pour se concentrer sur la vraie découverte de cette liste de séries, Brooklyn nine-nine, les autres en compétition n'étant pas à proprement parler des nouveautés (Parks and recreation en est déjà à sa sixième saison). Créée entre autre par Michael Schur, déjà derrière P&R, la série nous présente l'unité 99 de Brooklyn, où officie toute une troupe de commissaires et d'agents représentants de la loi, plus occupés à glandouiller qu'à faire régner la loi justement, alors qu'arrive un nouveau capitaine, sérieux comme un arrêt cardiaque et bien décidé à faire marcher au pas toute la brigade. A commencer par le leader de cette petite troupe, Jack Perelta, efficace dans son travail mais rétif à toute sorte d'autorité.
Pour commencer, sachez que si vous n'êtes pas réceptif à l'humour tendance The office (les apartés entretiens mis de côté) et surtout à l'esprit Saturday night live, passez votre chemin. Pourquoi ? Première raison, vous y trouverez dans le rôle principal une figure de proue du cultissime divertissement (et accessoirement producteur de la série) : Andy Samberg. Véritable ouragan comique, il est de toutes les scènes, gesticulant et débitant une connerie toutes les 20 secondes. Mieux vaut être prévenu, ça peut en devenir fatigant sur la durée. Autant vous dire que par moment on a l'impression de regarder un sketch du SNL de 20 minutes centré sur son personnage. Ceci étant, se limiter à son personnage serait vraiment dommage, tant la série est davantage un ensemble show qu'un spectacle de stand up à la gloire de Samberg. En effet, assez logiquement, le détective Perelta n'est pas le seul à travailler dans le commissariat. Ce qui nous amène à découvrir ses collègues en même temps que son nouveau patron, le capitaine Ray Holt, interprété par Andre Braugher, que les plus téléphages d'entre vous ont pu découvrir dans la brillante série Homicide. Son personnage nous est présenté comme le contrepoint parfait à Perelta, c'est à dire droit, sérieux, respectueux des ordres et procédures. Leur opposition est d'ailleurs un des principaux ressorts comiques de la série, les deux hommes passant le plus clair de leur temps à se provoquer et à se jauger, quitte à redoubler parfois de mauvaise foi et de petits coups de pute. Si Perelta est parfois excessif dans son excentricité, Holt l'est aussi dans son sérieux à toute épreuve, ce qui mine de rien est pour beaucoup dans le comique de situation de la série, la plupart des agents du commissariat tentant tant bien que mal de cerner son caractère en usant de stratagèmes pas toujours très subtils. Parlons en justement des collègues de Perelta. Ils ne sont malheureusement pas tous bien écrits et intéressants à suivre. Certains sont assez unidimensionnels et fades, à l'image de Santiago, jeune femme inspecteur dont les dents rayent le parquet, surtout celui devant le bureau de Holt, et Boyle, personnage mono-maniaque et assez lourdingue dans ses interventions. Les personnages les plus intéressants sont à chercher du côté de Rosa, véritable psychopathe avec un badge, qui n'inspire que crainte et méfiance dès lors qu'elle quitte son bureau, Gina la secrétaire en chef danseuse à ses heures perdues et surtout le lieutenant Jeffords, interprété par Terry Crews (vu notamment dans the expendables et dont le talent comique explose littéralement dans la série), montagne de muscles ultra sensible, tempérament de midinette sous un corps de catcheur.
Passons maintenant à la série en elle même. Rien de nouveau dans le format, on reste sur le classique "20 minutes de comédie", sous influence the office dans sa mise en scène (filmage à la caméra portée mais pas aussi documentaire que the office) et arrested development (pour les nombreux flashbacks). Pas de rires enregistrés ici, le style pseudo documentaire ne s'y prêtant absolument pas, vous rirez où bon vous semblera. D'ailleurs, venons en au fait : Pourquoi cette série a t-elle gagné le golden globe de la meilleure série comique ? Pour simplifier on pourrait dire qu'en 12 épisodes elle arrive à jongler brillamment avec du comique de dialogue et du comique de situation, école du SNL oblige. Si certaines séries comiques se reposent beaucoup (trop?) sur les dialogues, Brooklyn 99 soigne tout aussi bien ceux-ci que les situations dans lesquelles se fourrent ses personnages. Si l'influence de la série The Office pointe parfois le bout de son nez avec des running gags dans les dialogues (le that's what she said de Dundler Mufflin est ici remplacé par le this is the title of your sex tape de l'ensemble des inspecteurs, balancé après chaque réplique de Santiago, du style "désolé pour hier soir", "j'ai rien vu venir", etc...), la vraie comédie est à trouver du coté des situations, entre instants complètement incongrus, avec Jeffords transpirant en marcel, luttant pour monter une maison de poupée pour sa gosse, ou comique purement visuel (hilarante scène muette dans un couloir d’entrepôt, dans le Pilote). Un des avantages d'avoir un transfuge du SNL dans l'équipe, c'est qu'on est sûr d'avoir une série sans temps mort entre deux gags. le rythme ne faiblit jamais et même si parfois le jeu de Samberg parait parfois forcé, il s'adapte parfaitement à son personnage, bouffon permanent et infatigable car parfaitement conscient d'être le meilleur de son commissariat.
Autre bon point à mettre au crédit des créateurs, la série sait rendre hommage aux multiples cop shows qui ont précédé sur les networks. Durant cette saison vous verrez donc défiler Stacy Keach, inoubliable Mike Hammer, Dean Winters célèbre prisonnier de la série Oz et déjà policier dans la série Rescue me, sans oublier André Braugher donc qui, chose étrange, donne ici l'impression de rejouer son personnage de Homicide mais vingt plus tard, désormais gradé et ayant fait son coming out.
Pour conclure on peut affirmer que pour apprécier la série il est essentiel ne pas y chercher une once de réalisme (jamais un commissariat n'aura paru aussi calme et semblable à un open space) et surtout de ne pas être réfractaire au style parfois hyperactif de son comédien principal, ce qui peut freiner un public encore trop habitué aux tranquilles sitcoms des networks qui commencent à accuser un gros coup de mou niveau évolution ( the big bang theory en tête) à trop vouloir étirer des gags qui ne sont plus efficaces passées les 4 années à l'antenne.
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