13Cine

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dimanche 19 janvier 2014

The spectacular now

The spectacular now de James Ponsolt
Genre : comédie et drame un peu, aussi.
Sortie le 8 janvier 2014



Ce n'est jamais simple de critiquer un film estampillé Sundance approved. Pourquoi ? Parce qu'avec le temps c'est devenu tellement un genre en soi le film Sundance, Mecque US du film indépendant. Antithèse absolue du Hollywood fournisseur de blockbusters, machine à sous sans âme, il est rare que les films projetés dans ce festival arrivent jusqu'en France, et si tel est le cas, c'est qu'ils sont précédés d'un buzz susceptible de les faire cartonner partout ailleurs à l'étranger. Quelques exemples : Little Miss Sunshine, comédie dramatique sur une famille dysfonctionnelle en route vers un concours de beauté pour la petite rondouillarde de la famille, ou bien encore 500 days of Summer, encore une comédie mais romantique cette fois ci avec Joseph Gordon-Levitt, récit déstructuré d'une relation entre un grand rêveur et une casse-couille de première classe. Point commun de ces films, axer une histoire sur les touts et riens du quotidien et en faire un film qui parlera au plus grand nombre. C'est simple, authentique et c'est le carton assuré. En ce qui concerne The spectacular now, le sujet traité est un peu plus mainstream, l'adolescence. Mais ce qui fait la différence c'est le traitement du film. Plutôt que de se contenter de raconter une histoire romantique entre deux ados que tout oppose, le scénario y insère une touche dramatique qui propulse le film un cran au dessus des autres teen movies.


Le film raconte l'histoire de Sutter keely, ado bien dans sa peau, mais un peu trop porté sur la boisson qui, après une soirée trop arrosée, se réveille sur une pelouse sous le regard amusé de Aimee, lycéenne timide et curieuse. Le film fait craindre dans ses premières minutes un énième teen movie blindé de clichés, avec ses soirées de fous, ses beaux gosses sportifs, la petite copine belle et sans reproches. Mais tout cet univers explose dès lors que Sutter se réveille douloureusement, comme si tout ce qui a précédé n'était qu'un rêve, une vision fantasmée de la réalité. Et la première chose qu'il va rencontrer dans cette nouvelle réalité, c'est Aimee. C'est à ce moment là que le vrai film commence. Autant vous le dire tout de suite, les deux ados vont très vite se rapprocher, se découvrir et c'est d'ailleurs dans cette découverte de l'autre que réside la grande force du film. Si Aimee va lui faire découvrir une vie un peu plus posée que celle où il finissait torché tous les soirs, Sutter va l'entraîner dans l'alcool, et c'est là que le film devient à la fois touchant et triste. Touchant grâce au lien qui se crée entre les deux ados, et triste car Sutter entraîne Aimee sur la voie de l'alcoolisme, sans même que celle ci ne s'en rende compte. Chose assez surprenante, on ne rira pas beaucoup pendant le film, le récit ressemblant de plus en plus à une sévère gueule de bois après des années de joyeuse beuverie, Sutter devant faire face à des soucis qu'il pensait ne jamais avoir à gérer, notamment son père absent. Même Aimee, pourtant rayonnante, se traîne de sérieux traumatismes et drames familiaux. Et c'est dans l'adversité que les deux ados se retrouvent, se poussant mutuellement à affronter leurs problèmes, entre deux shots de whisky et deux soirée estudiantines. Les problèmes sont différents, découverte du père pour Sutter, et confrontation avec la mère pour Aimee, même si les soucis de celle-ci sont traités assez brièvement pour se concentrer sur les retrouvailles avec le père de Sutter, qui bien entendu ne se passeront pas du tout comme prévu. Sans trop spoiler, nous dirons que les chiens ne font pas des chats, et que l'alcoolisme est déjà bien présent dans la famille de Sutter. Si le scénario est plutôt bien écrit, avec des dialogues troublants de justesse, et avec des personnages étonnamment justes (même l'ex-petite amie de Sutter, interprétée par Brie Larson, pourtant personnage secondaire, est crédible dans son comportement), le film doit beaucoup à ses interprètes, Miles Teller et Shailen Woodley en tête. Si le premier, entraperçu dans Projet X, est excellent en adolescent à la fois trop confiant mais déboussolé et sans repère dès qu'il s'agit de prendre seul une décision, la deuxième, remarquée dans The descendant avec Georges Clooney, est parfaite en adolescente naïve et pleine de bonne volonté. Autour de ces deux comédiens, on retrouve Kyle "Friday night lights" Chandler, Mary Elizabeth Winstead et la trop rare Jennifer Jason Leigh, peu à l'écran mais la scène finale avec son fils est là pour rappeler qu'elle est une grande comédienne sous exploitée au cinéma.


On pourra toujours reprocher au film de ne pas assez insister sur l’alcoolisme de Sutter, même s'il s'en rend compte en fin de métrage, ainsi que des conséquences dramatiques que cela peut avoir, et sur le coté destructeur qu'a le héros sur celle qu'il aime sans qu'il ne le réalise vraiment (cet aspect n'est que survolé lors de la dispute dans la voiture en fin de métrage), mais le côté tranche de vie adolescente est décrit avec une telle justesse et si bien interprété qu'il serait dommage de passer à côté d'un des meilleurs films de la rentrée.

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