La Belle et la Bête de Christophe Gans
genre : Relecture des grand classiques
Sortie le 12 février 2014
C'est toujours un événement en soi la sortie d'un film de Christophe Gans. Les plus cinéphiles l'ont découvert, derrière la caméra en tout cas, avec le segment qu'il avait réalisé pour le film Necronomicon. Remarqué par le grand public en 95 avec Crying freeman, on avait alors fait la connaissance d'un réalisateur cinéphile averti, ancien rédacteur en chef de la revue Starfix, et dont les goûts cinématographiques allaient autant des films de Chaplin qu'aux films de kung fu de la Shaw bros company (je vous conseille vivement d'écouter / lire ses interviews un carnet à la main, cet homme est une mine de références). Bénéficiant dès lors d'un grand capital sympathie auprès du public, il avait su créer l'attente en annoncant un projet basé sur la bête du Gévaudan, qui sortira en 2001 : Le pacte des loups. Gros carton de l'année (5 millions d'entrées), le film se posait à la fois en tant que film d'aventure, film de monstre et fresque en costumes, avec quelques coups de lattes distribués ici et là par Mark Dacascos. Film maladroit (l'hommage lourdingue à Jaws en début de métrage) mais sincère, le métrage avait au moins servi à faire (re)connaitre Gans à l'international. Son film suivant fut Silent Hill, adaptation du célèbre jeu vidéo sur console. Semi échec et semi-réussite au final, échec car le film ne parvient jamais à faire ressentir le coté malsain et terrifiant du jeu dont il est l'adaptation, réussite car on y perçoit un vrai respect de l'oeuvre originale, tant au niveau de la direction artistique que dans la mise en scène (oui, Gans est aussi un gros gamer, et il arrive à caser certains plans cultes du jeu dans le film), et on pourra à la rigueur reprocher à Gans d'avoir voulu à tout prix caser son personnage préféré de la saga, le pyramide Head, alors qu'il n' a rien à faire dans le film. Depuis, silence radio, on prête ici et là des projets à Gans, démentis depuis par l'intéressé. Jusqu'à ce que se profile en 2013 le premier trailer de La Belle et la Bête, relecture du conte par Gans, avec Vincent Cassel et Léa Seydoux dans les rôles principaux. Premières craintes, ça faisait mal au yeux, la faute à des sfx pas terminés. Patientons jusqu'à la sortie du film, sait-on jamais. C'est chose faite, et encore une fois le résultat final laisse sceptique. Ce n'est ni extraordinaire ni mauvais. C'est Gans, quoi.
genre : Relecture des grand classiques
Sortie le 12 février 2014
C'est toujours un événement en soi la sortie d'un film de Christophe Gans. Les plus cinéphiles l'ont découvert, derrière la caméra en tout cas, avec le segment qu'il avait réalisé pour le film Necronomicon. Remarqué par le grand public en 95 avec Crying freeman, on avait alors fait la connaissance d'un réalisateur cinéphile averti, ancien rédacteur en chef de la revue Starfix, et dont les goûts cinématographiques allaient autant des films de Chaplin qu'aux films de kung fu de la Shaw bros company (je vous conseille vivement d'écouter / lire ses interviews un carnet à la main, cet homme est une mine de références). Bénéficiant dès lors d'un grand capital sympathie auprès du public, il avait su créer l'attente en annoncant un projet basé sur la bête du Gévaudan, qui sortira en 2001 : Le pacte des loups. Gros carton de l'année (5 millions d'entrées), le film se posait à la fois en tant que film d'aventure, film de monstre et fresque en costumes, avec quelques coups de lattes distribués ici et là par Mark Dacascos. Film maladroit (l'hommage lourdingue à Jaws en début de métrage) mais sincère, le métrage avait au moins servi à faire (re)connaitre Gans à l'international. Son film suivant fut Silent Hill, adaptation du célèbre jeu vidéo sur console. Semi échec et semi-réussite au final, échec car le film ne parvient jamais à faire ressentir le coté malsain et terrifiant du jeu dont il est l'adaptation, réussite car on y perçoit un vrai respect de l'oeuvre originale, tant au niveau de la direction artistique que dans la mise en scène (oui, Gans est aussi un gros gamer, et il arrive à caser certains plans cultes du jeu dans le film), et on pourra à la rigueur reprocher à Gans d'avoir voulu à tout prix caser son personnage préféré de la saga, le pyramide Head, alors qu'il n' a rien à faire dans le film. Depuis, silence radio, on prête ici et là des projets à Gans, démentis depuis par l'intéressé. Jusqu'à ce que se profile en 2013 le premier trailer de La Belle et la Bête, relecture du conte par Gans, avec Vincent Cassel et Léa Seydoux dans les rôles principaux. Premières craintes, ça faisait mal au yeux, la faute à des sfx pas terminés. Patientons jusqu'à la sortie du film, sait-on jamais. C'est chose faite, et encore une fois le résultat final laisse sceptique. Ce n'est ni extraordinaire ni mauvais. C'est Gans, quoi.
Pour commencer, ce qu'on peut ranger au rayon des bons points, c'est cette volonté évidente de la part de Gans de proposer un spectacle (le mot convient assez bien je trouve) divertissant et de qualité. Comme vous avez pu le constater, Gans n'est pas un stakhanoviste de la caméra et préfère prendre son temps pour proposer des oeuvres qui, à défaut d'être irréprochables, et nous y reviendrons, font preuve d'un réel effort sur la forme et dans la volonté de ne pas prendre son public pour des abrutis. Gans aime les grands classiques du Cinéma français, les films avec de jolies princesses, des contes remplis de magie, de méchants voleurs et de princes au grand cœur. Des films avec de beaux costumes et de beaux décors. Et on peut dire qu'il s'est fait plaisir, certains décors, mêmes'ils font très studios, sont vraiment magnifiques. C'est ce sens du détail qui fait plaisir à voir. Le côté intemporel du conte rend également le film assez agréable à suivre, on est pris assez rapidement dans ce récit raconté à des enfants dès le prologue. Sans oublier que Gans n'est pas non plus complètement manchot derrière une caméra et sait composer des beaux plans qui posent immédiatement une atmosphère, une ambiance, à l'image du château de la bête qui se découpe dans la nuit en début de métrage pour finalement se dévoiler au grand jour comme une citadelle dévorée par la nature. Pour ce qui est du scénario, il suit globalement la trame principale du conte (le père, la fille qui se sacrifie, la rose...), et digresse assez rapidement en fin de métrage vers une version live de Shadow of the colossus, avec ces géants de pierre qui émergent de la végétation et des collines, menés par la Bête.
Passons maintenant aux cartons jaunes, voire rouges. Je vous parlais un peu plus haut des décors et de la mise en scène de Gans. Si certains sont vraiment magnifiques (le plan de Belle sous la glace), d'autres font vraiment mal aux yeux. Dès lors que Belle entre dans le royaume de la Bête, on passe d'un plan bien chiadé en CGI à un plan hideux indigne du pire des mate painting. Même constat pour certaines plans qui ont l'air d'avoir été finis à la truelle, à l'image de la chevauchée de Belle à travers les bois et dont les fonds bleus sont vraiment moches à regarder. Sans oublier que Gans use et abuse encore des ralentis, pour tout et rien. Au début c'est sympa et après ça devient lourdingue, surtout quand c'est couplé aux sfx sus-cités (ne manquez pas le plan de la biche en CGI en gros plan ET au ralenti, pour que vous en profitiez plus longtemps). Pire, l'abus de ralentis nuit gravement à la qualité d'un film et tend à le faire ressembler à une mauvaise pub pour parfums (je vous mets au défi de ne pas penser à une pub pour Lancôme avec ce plan de Léa Seydoux courant au ralenti dans les rideaux du château, baignant dans la lumière de la lune)
Mais le gros point noir du film est à chercher du côté de l'interprétation. Si l'on peut constater que Gans prend son temps pour délivrer un film techniquement acceptable, on en vient à se demander s'il ne serait pas urgent qu'il consacre un peu plus de temps à la direction de ses comédiens. Si Léa Seydoux est à peu près supportable en Belle et Cassel...ben fait du Cassel (cet argument est purement subjectif, je trouve ce comédien mauvais quoi qu'il fasse), le reste du casting est en roue libre, que ce soit les frères et les sœurs de Belle (festival Audrey Lamy) ou le plus mauvais de tous, Eduardo Noriega, impayable en bandit toujours accompagné de sa gitane. Les dialogues, déjà bien datés dans leurs expressions, font tellement récités qu'il désamorcent toute empathie ou sympathie dès lors qu'un des personnages ouvre la bouche.
En parlant des dialogues, profitons en pour parler brièvement du scénario qui s'embourbe parfois dans des incohérences qu'il ne vaut mieux pas relever (le twist de la biche) et s'alourdit avec des personnages annexes uniquement là pour faire plaisir au jeune public, et dont l'existence n'est jamais vraiment expliquée (si la malédiction frappe Le chevalier chasseur, quel est l'intérêt de jeter un sort à une meute de beagles ? ).
La musique est dans l'ensemble insupportable, et essaie tant bien que mal d'apporter une touche de Fantasy et de magie à un film qui se suffit à lui même à ce niveau-là.
En bref:
Si l'on peut saluer les bonnes intentions de Gans et sa volonté de proposer un vrai spectacle familial digne de ce nom, le film cumule des défauts qui l'empêchent d'accéder au statut de chef d'oeuvre poétique, entre direction artistique parfois aléatoire et comédiens en roue libre.
Passons maintenant aux cartons jaunes, voire rouges. Je vous parlais un peu plus haut des décors et de la mise en scène de Gans. Si certains sont vraiment magnifiques (le plan de Belle sous la glace), d'autres font vraiment mal aux yeux. Dès lors que Belle entre dans le royaume de la Bête, on passe d'un plan bien chiadé en CGI à un plan hideux indigne du pire des mate painting. Même constat pour certaines plans qui ont l'air d'avoir été finis à la truelle, à l'image de la chevauchée de Belle à travers les bois et dont les fonds bleus sont vraiment moches à regarder. Sans oublier que Gans use et abuse encore des ralentis, pour tout et rien. Au début c'est sympa et après ça devient lourdingue, surtout quand c'est couplé aux sfx sus-cités (ne manquez pas le plan de la biche en CGI en gros plan ET au ralenti, pour que vous en profitiez plus longtemps). Pire, l'abus de ralentis nuit gravement à la qualité d'un film et tend à le faire ressembler à une mauvaise pub pour parfums (je vous mets au défi de ne pas penser à une pub pour Lancôme avec ce plan de Léa Seydoux courant au ralenti dans les rideaux du château, baignant dans la lumière de la lune)
Mais le gros point noir du film est à chercher du côté de l'interprétation. Si l'on peut constater que Gans prend son temps pour délivrer un film techniquement acceptable, on en vient à se demander s'il ne serait pas urgent qu'il consacre un peu plus de temps à la direction de ses comédiens. Si Léa Seydoux est à peu près supportable en Belle et Cassel...ben fait du Cassel (cet argument est purement subjectif, je trouve ce comédien mauvais quoi qu'il fasse), le reste du casting est en roue libre, que ce soit les frères et les sœurs de Belle (festival Audrey Lamy) ou le plus mauvais de tous, Eduardo Noriega, impayable en bandit toujours accompagné de sa gitane. Les dialogues, déjà bien datés dans leurs expressions, font tellement récités qu'il désamorcent toute empathie ou sympathie dès lors qu'un des personnages ouvre la bouche.
En parlant des dialogues, profitons en pour parler brièvement du scénario qui s'embourbe parfois dans des incohérences qu'il ne vaut mieux pas relever (le twist de la biche) et s'alourdit avec des personnages annexes uniquement là pour faire plaisir au jeune public, et dont l'existence n'est jamais vraiment expliquée (si la malédiction frappe Le chevalier chasseur, quel est l'intérêt de jeter un sort à une meute de beagles ? ).
La musique est dans l'ensemble insupportable, et essaie tant bien que mal d'apporter une touche de Fantasy et de magie à un film qui se suffit à lui même à ce niveau-là.
En bref:
Si l'on peut saluer les bonnes intentions de Gans et sa volonté de proposer un vrai spectacle familial digne de ce nom, le film cumule des défauts qui l'empêchent d'accéder au statut de chef d'oeuvre poétique, entre direction artistique parfois aléatoire et comédiens en roue libre.