13Cine

13Cine

mercredi 2 avril 2014

Real

Real de Kiyoshi Kurosawa
Genre : fantastique
Sortie le 26 mars 2014


Deuxième film de Kurosawa en moins d'un an après le diptyque Shokuzai, il permet au réalisateur de revenir à un des genres qu'il affectionne le plus, le fantastique, auquel il ajoute quelques thèmes qui lui sont chers comme la culpabilité et les relations humaines, qu'elles soient sentimentales et / ou destructrices.  Kurosawa opte ici pour un fantastique aux allures d'anticipation, de par les dispositifs employés par les personnages pour communiquer. Adaptation du roman A Perfect Day for Plesiosaur de Rokuro Inui, le film raconte comment Koichi, jeune tokyoïte, tente de réveiller sa dulcinée Atsumi, dessinatrice de mangas, plongée dans un profond coma après une tentative de suicide, en utilisant une machine capable de relier par l'esprit deux individus proches. Entre visions d'effroi et culpabilité, Koichi va tout tenter, quitte à perdre pied avec la réalité. 
Le thème de la machine à rêve a déjà été maintes fois utilisé au Cinéma et dans des œuvres toutes plus différentes les unes que les autres. Au hasard Paprika de Satoshi kon (une des meilleures illustrations en animation de ce que peut être un rêve ou un cauchemar), The cell de Tarsem Sigh et ses visions de cheval découpé en lamelles, ou bien encore dans un registre plus récent Inception de Christopher Nolan. Mais contrairement à ces films qui misent beaucoup sur le côté spectaculaire que peuvent avoir les rêves et pensées de tout un chacun, le film de Kurosawa offre une vision plus réaliste, plus ancrée dans la réalité, et c'est d'ailleurs ce qui fait marcher le récit, du fait que Koichi ne parvienne plus à discerner le réel de ce qui ne l'est pas. Et même si Kurosawa se permet parfois quelques petits effets horrifiques avec les apparitions des dessins de Atsumi dans le réel ou les visages fantomatiques avec l'enfant trempé, on finit comme Koichi par se demander dans quel niveau de réalité se passe l'action. Le fantastique discret est ici beaucoup efficace au vu du sujet, il est avant tout question d'un homme amoureux qui souhaite retrouver / réveiller sa compagne, compagne qui semble assez distante et peu encline à revenir, mais tout devient très clair en milieu de métrage, grâce à un joli retournement de situation.


Et oui, le film de Kurosawa est un film à twist. Je ne vais pas vous le spoiler mais il fait partir le film dans une autre direction, à base d'enquête sur des secrets d'enfance enfouis sur une île et de culpabilité enfantine. D'ailleurs il faut l'avouer la deuxième partie est beaucoup plus rythmée que la première qui prend parfois trop son temps pour nous montrer ce couple qui communique par connexions intermittente. La deuxième partie est d'ailleurs beaucoup plus explicative, on comprend d'où viennent les gens sans visages et le petit enfant trempé, et fait apparaître l'animal cité dans le titre du roman, un plésiosaure donc, représentation monstrueuse d'une culpabilité qui ronge le personnage principal. 
Si le film arrive assez facilement à nous faire croire a cette histoire de rêve partagé et d'amour au delà de la mort, on pourra reprocher à Kurosawa de parfois insister lourdement sur la symbolique de la Mort, le Grand Départ (le bateau qui emmène les morts, pas besoin de vous faire un dessin), et de se permettre quelques petits raccourcis bien pratiques mais qui ne sont jamais vraiment exploités (comment la toubib arrive t-elle à interpréter le visage inexpressif d'un des personnages principaux ? ). 
En comparaison avec son précédent métrage Shokuzai, Real apparaît cependant comme une oeuvre plus lumineuse et optimiste, elle partage avec Shokuzai le thème de la culpabilité cher à Kurosawa et il faudra par contre être patient avec le film, la deuxième partie du film vaut le coup d'attendre une heure avant le retournement de situation.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire