13Cine

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lundi 26 mai 2014

X-Men : days of future past

X-men : Days of future past de Bryan Singer
Genre :fantastique
Sortie le 21 mai 2014


Bryan Singer n'a pas eu de chance. Après avoir brillé avec Usual suspects et eu la chance de mettre en scène, de fort belle manière d'ailleurs, les premières aventures des X-men sur grand écran, il a disparu de la A-list des réalisateurs pour blockbusters. Pourquoi ? Est ce dû à des choix de films parfois bancals (un Walkyrie tranquille pépère, limite chiant même, et un Jack chasseurs de géants anecdotique) ou à un manque d'implication dans les projets de la saga qui ont suivi son efficace X2 ? Mystère...Pendant qu' il était occupé, en tant que producteur, avec House M.D (dont il a réalisé l'épisode pilote), la saga a continué à voler de ses propres ailes, avec dans l'ordre un X-men 3 tutoyant les cimes du ridicule, réalisé par Brett "yes man" Rattner, deux films centrés sur Wolverine (le premier est une blague mise en boîte par Gavin Hood et le deuxième un somnifère réalisé par James Mangold, tous deux ont pour point commun de ne jamais traiter le Serval comme il se doit. Il y a une cohérence dans l'échec, il faut leur reconnaître ça, au moins) et enfin X-men : first class, mis en scène par Matthew Vaughn. Sans aucun doute, le meilleur de la saga, respectueux du matériau original, porté par des acteurs parfaits dans leurs rôles (le génie qui a eu l'idée de mettre Michael Fassbender dans le costume de Magneto...) et arrivant à jongler adroitement entre le spectaculaire et le plus intimiste, à travers la relation amour/haine grandissante de Erik et Charles, le tout en situant son histoire de mutants dans une réalité des plus tangibles (la crise des missiles à Cuba).  Réussissant à faire oublier le X3 qui clôturait la première trilogie, First class relançait la franchise d'une manière admirable. Pour la suite, Vaughn quitte le navire (c'est une habitude chez lui, il avait déjà fait le coup avec X3, d'où l'arrivée de Rattner le fonctionnaire) et la Fox se retrouve avec un siège vide pour réaliser ce qui s'annonce comme un gros morceau de la mythologie X-Men (plusieurs époques en un film, foultitude de personnages, des premiers films au First class). Et là, après mûre réflexion , une illumination : Qui par le passé avait déjà mis les mains dans le cambouis et mis presque tout le monde d'accord avec X2 et sa cultissime intro à la maison blanche ? Retour, donc, de Singer derrière la caméra pour ce nouvel épisode. Et c'est un sacré retour en grâce pour Singer qui met en scène une aventure à travers le temps et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'a pas du tout perdu la main. Bien au contraire. 
Pour bien comprendre les tenants et les aboutissants du film, il est nécessaire de dire deux mots de l'histoire. Dans un futur pas si éloigné, les mutants et les potentiels futurs parents de mutants sont traqués par les Sentinelles, robots perfectionnés créés en 1973 par Bolivar Trask. Armes de défense initialement prévues pour protéger les hommes de la menace Mutante, elles ont été officiellement mises en place après la mort de Trask, tué par Mystique, une mutante rebelle. Devenues hors de contrôle, elles traquent sans relâche les mutants. Et c'est dans ce contexte apocalyptique que cachés au fin fond de la Chine Charles Xavier, Erik et Logan décident d'envoyer la conscience de ce dernier dans son corps en 73 pour empêcher Mystique d'accomplir son oeuvre. Mais pour cela il faudra d'abord demander l'aide de son vieil ami, Charles Xavier, reclus dans son manoir abandonné et surtout celle de l'ennemi juré de celui-ci, Erik alias Magneto, prisonnier au fond du Pentagone.


Autant le préciser, la partie dite "du futur" n'est pas la plus réussie du film. Clairement là pour servir de point de départ à l'intrigue et handicapée par une galerie de personnages anecdotiques, elle nous permet de retrouver la vieille garde (Patrick Stewart, Ian Mckellen, Halle Berry et Ellen Page) avant de se plonger dans le passé. Et dès lors que Logan se réveille en 73, le vrai film commence. Et en l'espace d'un film, First class, on se rend compte que Vaughn avait réussi à rendre attachants ses personnages en les installant dans un contexte crédible. On les retrouve donc dans un monde terrifié par le fléau mutant, n'osant plus, comme Xavier, sortir affronter le monde et préférant aller mourir au Vietnam ou servir de cobaye à des expérimentations. Et déjà on sent que c'est avant tout ce côté humain de l'histoire qui intéresse Singer. N'attendez pas du film qu'il vous envoie des explosions à intervalle régulier (un peu de patience, Bay le bourrin revient en Juillet, préparez les dolipranes), on parle beaucoup mais quand il faut agir, Singer nous rappelle qu'il sait manier une caméra. Préférant le coté dramatique de ses situations à une débauche d'effets spéciaux inutiles, il sait doser ses manifestations de pouvoirs mutants. D'ailleurs les hostilités commencent dès lors que la fine équipe décide d'aller libérer Erik. Logan et Charles ont d'ailleurs recours aux services d'un personnage phare de chez X-men : QuickSilver alias Vif Argent en VF, ado capable de bouger plus vite que son ombre. Interprété par Evan Peters (American horror Story), son personnage a droit à une scène d'anthologie qui rappelle la fameuse irruption de Diablo dans le bureau ovale dans X2.  Si les retrouvailles Charles / Erik ne sont pas des plus amicales, ils seront vite obligés de s'unir pour stopper Mystique et surtout affronter Trask, ordure scientifique interprétée par Peter Dinklage, inoubliable Tyrion Lannister dans Game of thrones. Mais Erik a d'autres projets pour sa race, et plutôt que de dépeindre son anti héros Magneto comme un monstre voué à la destruction de l'Homme, Singer n'oublie jamais d'insister sur le fait qu'avant d'être un mutant, ce dernier est avant tout un homme plus évolué qui craint pour ses semblables, et qui est prêt à tout pour les protéger. Cette perpétuelle opposition entre Erik le désespéré et Charles l'optimiste, fil rouge de toute la saga X men, sera d'ailleurs au cœur du climax dans un stade dévasté avec un président Nixon retenu en otage par Mystique.


On pourra reprocher au film d'être assez chiche en grosse scène d'action mais d'une part ce n'est pas un défaut, loin de là (mieux vaut des scènes posées, bien dialoguées et riches en émotion qu'une enfilade d'effets pyrotechniques, cache-misères d'une écriture aux fraises) et d'autre part c'est une remarque qui avait déjà été formulée lors de la sortie de First class, dont DOFP partage la même structure dramatique, notamment dans son climax et dénouement en deux temps.C'est un choix qui différencie cette deuxième trilogie de la première qui, bien qu'étant déjà pourvue d'un fond et d'un discours prônant la tolérance (pour les deux premiers en tout cas, le film de Rattner ne prônait rien du tout et était une arnaque du début à la fin, où tout le monde se tapait dessus sans raison ni logique), était vendue comme une série de blockbusters, catégorie "films de super héros"
Toujours accompagné de John Ottman à la BO, qui d'ailleurs réorchestre la Xmen Suite du X2 pour cet épisode, et d'un casting 3 étoiles (Fassbender et Jennifer Lawrence en tête), Singer propose un film à la fois divertissant et pessimiste, tour à tour flippant (quand il ose montrer des fosses communes de mutants morts) et jubilatoire (l'évasion de Magneto avec QuickSilver donne envie de voir un spin off sur ce personnage haut en couleur). Les fans des comics apprécieront les multiples références aux comics et aux relations entre les différents personnages (Spoiler : Magneto est bien le père de Vif-argent, c'est évoqué au détour d'un dialogue). Autre petit détail,  il me tarde de découvrir les scènes coupées ou le director's cut, et pour cause, certaines scènes du trailer ne sont pas dans le film et quelques semaines avant la sortie du film, on apprenait que des personnages comme Malicia avait purement et simplement disparu du montage final, pour ne réapparaître que 10 secondes en fin de métrage.



Bref : Loin des affligeants amazing Spiderman et des trop sérieux Batman et Superman, entre légèreté et gravité, Singer revient aux commandes d'une saga qu'il a lui même initié et prend un plaisir communicatif à explorer l'Univers des Xmen, avec plus de passion et de maitrise de son sujet que tous les Hood, Mangold et rattner réunis. vivement le troisième avec le mutant Apocalypse.


dimanche 25 mai 2014

Hannibal Saison 2

Hannibal
Créée par Bryan Fuller


Et comme on dit là bas :
previously, in Hannibal


Après avoir accepté d'aider Jack Crawford pour tenter de coincer le Chesapeake reaper, tueur en série adepte de la chasse, Will Graham, surdoué de la traque aux tueurs psychopathes mais dont la capacité à s'identifier à ces malades l'expose sans cesse à une perte totale d'identité et de clarté d'esprit, rejoint l'équipe de Crawford pour coincer d'autres tueurs. Entres deux crimes ultra violents Graham tente de se refaire une santé mentale auprès d'un docteur réputé pour ses activité annexes, Hannibal Lecter. Craignant que Graham ne lui mette le grappin dessus et découvre ses secrets, Hannibal profite d'une période de faiblesse de Will et lui fait endosser le meurtre de la fille du prétendu Chesapeake killer, cannibalisme inclus. Sans repère et sans aucun souvenir, Will est interné à la Prison d'Etat pour Sociopathes, sous la garde de Chilton et au grand désarroi de Crawford et du docteur Bloom, seuls alliés de Will. La saison se terminait avec Lecter venu rendre visite à Will derrière les barreaux. 


There will be a reckoning
On ne va pas s'éterniser face à l'évidence, La saison 2 ne réitère pas l'exploit de la première, qui avait réussi le tour de force d'explorer sous un regard neuf et intelligent un univers déjà bien fouillé et connu du grand public (trois livres et cinq films couvrent les exploits de Graham, Hannibal et Cie). Ceci dit, la deuxième saison, en dépit de quelques défauts d'écriture, reste quand même de très bonne facture et si elle est moins soutenue, d'un point de vue rythmique que la première, elle confirme tout le bien que l'on pensait de la série à la fin de la saison initiale. Les bases ont été posées et les personnages ne sont plus à présenter. On peut rentrer directement dans le vif du sujet.
Premier constat lorsqu'on regarde cette deuxième saison, les livres ne sont désormais plus qu'une source d'inspiration pour Fuller. On s'en était déjà rendu compte dans la première saison au travers de petits détails, comme les changement de sexe de deux des personnages clés du roman Dragon rouge (Bloom devient Alana Bloom et Lounds devient Freddie Lounds, rouquine fouille-merde), mais ça crève les yeux lorsqu'on regarde la deuxième saison. Fuller ne se soucie plus beaucoup du sort original des personnages de Harris. En soi c'est un choix osé, les connaisseurs des œuvres originales risquent d'être pris au dépourvu, qu'ils en soient prévenus. On y reviendra plus tard. 
La saison s'ouvre sur une scène assez déconcertante, clairement un flash forward soit dit en passant, qui nous montre Lecter et Crawford se battre violemment dans la cuisine de Lecter, avec en conclusion un Crawford frappé à la gorge par Lecter et tentant de fuir en se vidant de son sang. Forte entrée en matière et grosse attente immédiate. Elle prend immédiatement le spectateur par surprise par rapport à ce qui a conclu la première saison. On avait laissé Crawford et Lecter face à la culpabilité de Will et la scène que l'on regarde semble nous montrer un Crawford prêt à en découdre avec le cannibale. Que s'est il passé entre temps ? Nous aurons 12 épisodes pour le découvrir. 
La deuxième saison se montre beaucoup plus bavarde que sa grande sœur. Elle n'est pas du tout son complet opposé, et au final elle se montre même plutôt complémentaire. Là où la première nous montrait un tueur par épisode avec un Will plus présent sur le terrain et moins en thérapie, ici on passe une première moitié de saison dans la prison de Chilton, avec un Will qui attend patiemment sa sortie et le retour de ses souvenirs, convaincu de la culpabilité d'Hannibal mais seul contre tous. On reste sur un terrain plus psychologique avec une montée en puissance dans la tension. Hannibal craint que Will ne se souvienne, Will craint qu'Hannibal ne joue la carte de la manipulation à grande échelle pour freiner sa sortie. En attendant, pour ne pas complètement se laisser entraîner dans une routine à base de " Quand je sortirais...", nous avons quand même droit à un Will manipulateur qui tente de faire éliminer sa Némésis par tueur interposé et surtout qui officie en tant que consultant pour ses ex-collègues qui savent qu'il  possède toujours un don pour coincer les pires ordures du pays. Il tentera d'ailleurs à plusieurs reprises d'ouvrir les yeux de Bloom et Crawford sur la dangerosité d'Hannibal. Seule personne à croire Will, Beverly, légiste de son état. Mais malheureusement, il ne fait pas bon être ami avec Will.
Profitons en pour rebondir sur ce dont je vous parlais plus haut. C'est dans le sort réservé à ses personnages du livre que Fuller échoue parfois et surprend beaucoup. Constat d'échec pour commencer quand on voit la façon dont est traité le personnage d'Alana Bloom sensée être, pour info, une psychologue de renom, et qui dans cette saison passe la plupart de son temps à refuser de croire Will quand bien même les preuves contre Hannibal crèvent les yeux, et à aller geindre dans les bras d'Hannibal. Breaking Bad a eu sa Skyler, Hannibal aura sa Bloom. Autre choix scénaristique, mais plus courageux : la mort de Beverly, partie en mode solo prouver la culpabilité de Lecter et donc l'innocence de Will. Elle en paiera le prix fort, et elle termine de manière effroyable, dans une mise en scène macabre qui ébranlera Crawford et Will. Ces deux façons de traiter des personnages clés sont bien représentatifs de l'équilibre parfois bancal de la première partie de la saison. D'un côté on pourrait considérer ce genre d'initiative comme du gâchis, Will avait finalement trouvé une alliée solide en la personne de Beverly et Bloom, avant de devenir fadasse, était un vrai soutien pour Will dans la première saison, d'un autre ça renforce le côté tout puissant et déterminé de Lecter, prêt à éliminer et manipuler toute personne qui se mettra sur son chemin. Il faudra attendre que Will sorte de prison suite à un meurtre commis sur le juge (au passage on notera une représentation très graphique et gore de la Justice sans coeur ni cerveau), et donc prouvant immédiatement son innocence,  pour que la série prenne un  virage beaucoup plus vicieux et psychologique.



Will aura compris que s'il veut coincer Lecter, il faudra gagner sa confiance et jouer le jeu pour s'en rapprocher au plus près et lui porter le coup fatal. Pour cela il retourne en thérapie chez Lecter et lui parle de son éventuel plaisir à tuer, plaisir que partage Lecter, à un autre niveau. Histoire de lui faire prendre l'air, les scénaristes le renvoient aussi sur le terrain, où les tueurs ne l'ont pas attendu, notamment un homme qui se conduit comme un animal et qui finira par venir s'attaquer à Will, sous les ordres d'Hannibal. Ce qui nous vaudra d'ailleurs un échange d'anthologie glacial 

" I've sent someone to kill you. You've sent someone to kill me. Now we're even... even Steven."

C'est dans cette deuxième partie que la tension remonte d'un cran avec le retour de deux personnages aperçus dans la saison 1, l'agent spécial Miriam Lass, rendue mutique après avoir perdu un bras et être devenue folle, tellement folle qu'elle en vient à tuer celui qu'elle croit être son kidnappeur, réglant prématurément le compte de Chilton (encore une fois, la liberté prise avec le silence des agneaux est évidente, Chilton finissant semble t-il bouffé par Lecter, tout du moins c'est ce qu'on comprenait dans la scène finale du film) et Bedelia du Maurier, venue témoigner contre Lecter en échange d'une immunité. Le piège se referme donc doucement sur Lecter, avec la complicité de Crawford et Freddie Lounds.
Et c'est avec une grande impatience qu'on attend le season finale (cf la scène d'intro du Pilote) et disons le d'office, c'est un des meilleurs épisodes de la série. Non seulement il prend à contre pied le spectateur dès les premières scènes (le personnage de Cynthia Nixon vient gentiment démolir le projet de Crawford pour piéger Lecter, laissant nos deux compère du FBI sur leur faim) et il fait monter la tension jusqu'à LA fameuse scène de combat entre Crawford et Lecter, qui se conclut avec l'arrivée de Bloom et d'un autre personnage qu'on croyait perdu. Les rebondissements s'enchaînent jusqu'à un grand bain de sang final, laissant augurer le meilleur pour la saison 3, qui s'annonce riche en nouveautés, avec peut être l'arrivée de nouveaux personnages de l'univers Hannibal.


En parlant de personnage mythiques, les rumeurs annonçaient l'arrivée du personnage de Mason Verger et de sa soeur Margot. Rumeurs confirmées donc. Pour les nouveaux venus, le personnage de Mason Verger est un monstre à visage humain, pédophile et éleveur de cochons anthropophages, et très dominateur vis à vis de sa sœur Margot. Il apparaît pour relancer la dynamique Will-Lecter, Will s'éprenant assez rapidement de Margot et celle ci ayant été maltraitée par son frère, Lecter tente de repousser Will dans ses derniers retranchements et ses pulsions homicides. 
L'arrivée de Verger était très attendue, non pas pour le personnage en lui même, assez pourri gâté dans l'ensemble et tête à claque de compèt', mais plutôt pour son destin assez gore et craspec (c'est aussi pour ça qu'on regarde Hannibal, non ?). En effet, dans l'oeuvre de Thomas Harris, Lecter se "rapprochait" de Verger, et au cours d'un jeu malsain, le droguait à forte dose et brisait un miroir, le forçant à se mutiler le visage pour nourrir ses chiens. Touche finale, il le pendait pour l'exciter et lui brisait la nuque, le condamnant à une chaise roulante pour le reste de sa vie. En cela le film Hannibal de Ridley Scott était assez fidèle au livre Rassurez vous bande de viandards, on ne s'éloigne pas trop du projet initial, sauf que la scène en question fait plus office de punition après avoir humilié et blessé Margot, et que ce sont les chiens de Will qui en profitent, lors d'une scène vraiment ignoble. 

-I'm hungry !
- Well...Eat your nose, then...



Quitte à rester dans l'ignoble, sachez que les scénaristes se sont encore bien lâché sur les idées morbides et la mise en scène des morts. Cette année vous aurez :  un tueur accro à la palette chromatique qui colle ses victimes en fonction de leur couleur de peau, un homme cerisier, un homme ruche, un oiseau dans un homme dans un cheval, et des cochons carnivores. La palme revient bien évidemment au Maître, qui reçoit à dîner Gideon le tueur de la première saison interprété par Eddie Izzard, et qui lui prépare à manger sa propre jambe fraîchement amputée. Hommage est ici rendu au film Hannibal dans lequel Lecter nourrissait l'agent Paul Krendler avec sa propre cervelle.


- My compliments to the Chef


Petite parenthèse, puisqu'on parle de bouffe. Les titres des épisodes ont changé depuis l'année dernière. Nous sommes passés des plats français à des plats japonais. Je vous laisse googueuliser tout ça, ça a l'air délicieux.

1x01  Kaiseki
1x02  Sakizuke
1x03  Hassun
1x04  Takiawase
1x05  Mukōzuke
1x06  Futamono
1x07  Yakimono
1x08  Su-zakana
1x09  Shiizakana
1x10  Naka-Choko
1x11  Kō No Mono
1x12  Tome-Wan
1x13  Mizumono

Fin de la parenthèse Robuchon.

Que dire de plus sur la saison 2...Techniquement rien à redire, toujours aussi classe, bien que parfois avec la main un peu lourde sur la symbolique (le willdigo avec ses bois), une photo toujours très travaillée, on retrouve pour quelques épisodes Vincenzo Natali à la réalisation, et le japonais des titres d'épisode se retrouve dans la bande originale, à forte connotation nippone.

This is my design
La saison 2 aura été surprenante à plus d'un titre, plus bavarde et moins orientée sociopath of the week que la première, mais si l'on passe outre certains défauts (Bloom reste un personnage...vraiment con, oui c'est le mot), elle s'inscrit dans une parfaite continuité avec ce qui a précédé, faisant grandir le mythe d'Hannibal Lecter à chaque nouvel épisode. Sachant qu'une saison 3 est d'ores et déjà dans les tuyaux, et qu'au vu du dernier épisode, on est en droit de se demander qui on va bien pouvoir y retrouver (le main cast dérouille sévère et Hannibal prend la tangente) et quelles idées vont bien pouvoir trouver les scénaristes pour rapprocher tout ce petit monde, on a encore le temps de se refaire les trois tomes de la saga pour y piocher quelques idées. Moi je dirais bien Dolharydes ou Clarice, pour commencer.




La petite musique qui va bien avec cette boucherie.





vendredi 16 mai 2014

Le Found Footage pour les nuls

Entre deux critiques de films ou de séries, je me suis aventuré dans une salle obscure pour aller voir The baby. Ce n'était pas l'idée du siècle, je vous explique pourquoi par ici. Passée la première impression d'avoir quelque peu perdu mon temps, je me suis dit que franchement, n'importe qui aurait pu la faire, cette chose. Pas besoin de sortir de la Femis pour filmer ce genre de truc. Tout ce qu'il faut, c'est du matos, quelques bonnes idées et une bonne histoire. Voici donc quelques bons conseils pour vous initier à la mise en scène du found footage a.k.a le FF.

1. Le matériel
Le principe du found footage, c'est de filmer avec un minimum d'équipement. Regardez les films appartenant au genre FF, vous voyez rarement les personnages manipuler des grosses caméras pro. Pensez pratique et économique. Déjà parce que les caméras pro ça coûte un bras et puis s'il faut courir derrière vos acteurs, c'est plus simple. Si j'en crois les plans furtifs de The baby, une petite caméra Sony fait très bien l'affaire. Simple, ergonomique et surtout si elle est équipée d'une vision nuit, c'est encore mieux. Les jump scare c'est super efficace quand ça vous chope par surprise en vision nuit noir et vert. Assurez vous d'avoir une bonne qualité de son, aussi. Évitez les perches micro, déjà parce que si on les voit ça décrédibilise le côté impromptu du film et ensuite ça sous entend que vous vous baladez en permanence avec un mec qui vous suit avec une perche.

                                        Prévoyez une lampe torche aussi. Des fois que...

2. Les acteurs
Une règle d'or, prenez des comédiens amateurs. Mieux, choisissez des gens qui n'ont jamais été comédiens. Une des règles du FF, c'est d'éviter les grosses stars ou comédiens facilement reconnaissables. Vous remarquerez que depuis que la vague FF a commencé, peu de grands noms de la comédie s'y sont fourvoyé. Ce n'est pas plus mal, déjà pour eux, et ensuite ça ajoute un côté authentique et crédible à l'histoire, si vous voyez Ryan Gosling et Jennifer Lawrence dans un FF qui traite de possession démoniaque dans un barrio mexicano à L.A ( ne riez pas ça existe et ça s'appelle Paranormal activity : the marked ones), on n'y croira pas une seule seconde. Le coté "ça peut vous arriver" c'est un élément clé de la réussite. Les chances d'être menacé par un démon poulet sont certes assez minimes mais bon...

                               Cet homme n'est pas comédien. Et pourtant, à l'affiche de The baby

3. Le décor
Deux possibilités s'offrent à vous. Soit vous la jouez feignasse et vous faites comme Peli depuis 5 ans, vous ne bougez pas de chez vous, toute l"histoire se déroule dans une maison et vous n'irez jamais plus loin que le fond du jardin, soit vous vous montrez audacieux et vous explorez d'autres endroits. L'avantage de la maison c'est que vous pouvez avoir recours à d'autres caméras que la vôtre, la webcam a fait ses preuves, ça permet de changer de point de vue à un moment de l'histoire. Si vous sortez, préférez les endroits déserts, évitez les cimetières, c'est glauque et cliché, et évitez de filmer vos scènes de hurlements ou d’hystérie dans des endroits bondés, sauf à ce que vous souhaitiez vraiment créer un mouvement de panique générale et le filmer. Rien ne se perd les amis... Les institutions désaffectées ont toujours la cote (cf : Grave encounters, 2012) mais si vous vous vautrez, pour le coup personne ne viendra vous chercher.

                                       Et hop ! un p'tit plan trouille à la webcam. Frisson fastoche

4. L'histoire.
C'est la partie la plus amusante. Plutôt que de refaire ce qui a déjà été fait 2039484 fois avant vous, c'est à dire filmer des gens possédés se tenant droit dans un couloir ou une chambre, dans le noir, à proférer des blasphèmes et gribouillant sur les murs, faites vous plaisir. N'importe quel sujet peut servir ! Regardez ce qui a déjà été fait si vous manquez d'idées : les fusillades à l'école (Zero day, 2003), les enlèvements extra terrestre (Alien Abduction, 98) ou même les enlèvements d'enfants (Amber Alert, 2012). Un petit conseil cependant, pensez à un sujet qui pourrait être récupéré pour un éventuel remake à l'étranger (Paranormal activity : Tokyo Night, ou Rec version US, rebaptisé Quarantaine). Un FF à la tour Eiffel, c'est mort. Veillez à garder le coté "ça peut vous arriver" pour votre histoire, ça doit rester un minimum crédible, toutes les situations doivent être susceptibles d'être filmées par une caméra portable perso (un débarquement en Normandie en FF serait totalement improbable). Si un sujet vous tente et que vous ne savez pas trop quoi écrire dessus, faites comme tout le monde, allez sur Wikipédia. Tapez par exemple "culte satanique", Ça vous donnera de l'inspiration. Si vous voulez rester simple, partez d'un événement lambda, voire chiant (un fait divers, un mariage, un baptême, une première communion, ou une kermesse de fin d'année scolaire) et de broder sans complexe. 

                               Zero day, un FF subtil comme un char sur le massacre à Columbine

Maintenant que vous avez toutes les cartes en main, c'est le moment de passer aux choses sérieuses. 

6. La mise en scène
C'est là que ça devient un peu délicat. De par sa définition, le FF est un montage d'éléments filmés par des gens dont le métier n'est pas cadreur pro. Ce qui amène souvent le spectateur à devoir se gaufrer des scènes filmées comme lorsqu'on oublie de couper la caméra quand on marche.  Deux solutions s'offrent à vous : Soit vous assumez le coté rough de votre métrage et vous y allez à fond, vous gardez tout, les montées d'escaliers tremblotantes, les zooms qui foutent la gerbe et les courses à pied caméra devant vous ou filmant vos pieds, soit vous pensez aux gens qui vont regarder votre film, et dont vous espérez que la première chose qu'ils diront en sortant ne sera pas "faut que je gerbe". Auquel cas vous faites comme Jaume Baleguero, vous cadrez un minimum et vous vous stabilisez aussi souvent que possible. 
Deuxième chose : Par souci d'authenticité, contentez vous d'utiliser une seule caméra et d'exploiter uniquement ce que votre caméra aura enregistré. Une des facilités récurrentes du FF c'est d'insérer, entre deux plans de caméra perso, des images de caméra publiques (Les caméras du rayon frais de Texaco pour The baby, ou les caméras de la TV dans Chronicles). Qui va aller à Carrefour Market demander les caméras de surveillance du Parking, histoire de meubler son film ? Au pire des cas, optez pour le smartphone, ça fera d'excellents plans d'insert. 
Et allez y mollo sur les zooms.

                                           V.H.S 2 et son chien cadreur. Pourquoi pas...

7. La BO
A moins que vous souhaitiez faire basculer votre film dans la vraie" fiction", évitez le score. Le dernier exorcisme l'a fait, ça casse un peu le délire. Au pire, faites jouer une chaîne hi-fi dans la pièce où vous filmez, une vraie chanson bien choisie collera toujours mieux à votre film. 

8. Le montage
C'est le grand paradoxe du FF. on a beau avoir affaire à du film brut de chez brut, il n'empêche qu'au final on regarde un film monté à l'ancienne, avec intro-milieu-climax. A vous de rythmer le film à votre convenance. Pas besoin de matos pro, un bon vieux logiciel gratos sur JeTelecharge fera très bien l'affaire. N'oubliez le petit classique mais efficace


N'oubliez pas. Ça peut vous arriver.

9. La diffusion
Voilà, votre bébé est prêt à venir au monde, reste à lui trouver un bel écrin. Pour cela rien ne vaut ce fantastique openSpace qu'est Internet. Vous avez l'embarras du choix : Youtube, Viméo, Dailymotion. répandez, likez, partagez, poucez ! Aujourd'hui, aussi étrange que cela puisse paraître, même si vous avez tourné votre film à Givors ou Saint Romain Lachalm, même un parfait inconnu à Tokyo pourra découvrir votre film ! Le nombre de "vues" est devenu un critère qualitatif. 
N'hésitez pas à glisser quelques "Dans la lignée de", ou bien "Au croisement de", ça marche toujours ce genre de petite combine.

Voilà, dans l'attente de vos résultats et de vos exploits, je retourne revoir le trailer de Rec 3: Apocalypse

The baby

Devil's due de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett
Genre : fantastique périmé
Sortie le 7 Mai 2014


N'y allons pas par quatre chemins, ce film est une merde. Voilà, au moins vous n'aurez aucun regret d'avoir loupé quelque chose. Énième variation du thème "possession démoniaque / Culte religieux alternatif / antéchrist", le film enchaîne sans aucun temps mort les pires clichés inhérents au genre et les fait passer à la moulinette du Found footage, genre décidément increvable. Vous savez, ce genre de film tourné à la caméra portable, les morceaux de pelloche soit disant abandonnés après "les incidents" et qui miraculeusement ont été trouvés (d'où le found du found footage) et remontés pour être exploités. On peut considérer que le premier du genre est le Projet blair witch avec ses trois copains piégés dans une forêt hantée, et déjà on avait affaire à film qui avait coûté trois dollars et en avait rapporté à peu près 250 fois plus. Après une petite accalmie, le genre est revenu à la vie tel un mort vivant, avec des films comme Rec de Jaume baleguero, ou bien encore Cloverfield de Matt Reeves. Malheureusement, ces deux films font figure d'exception. Si Baleguero et Reeves ont des notions de mise en scène (Rec est quand même vachement efficace et Cloverfield reste un film de monstre relativement bien foutu), le genre s'est trouvé un nouveau fossoyeur : Oren Peli. Si vous cherchez un coupable, c'est lui. Son nom ne vous dit rien mais son principal méfait est inoubliable :  Paranormal Activity. Mètre étalon du néant sur grand écran et accessoirement gros carton au box office. Pour ceux qui ne l'auraient pas vu, Oren Peli maltraite le film de Possession démoniaque pendant 1h30 en nous montrant un couple d'abrutis qui a bien des soucis, ils sont emmerdés chaque nuit par un démon (un poulet géant, à en juger par les traces laissées dans la farine de la cuisine) qui en veut particulièrement à la femme rondouillarde du couple. Regarder ce film prototype, c'est regarder tous les dérivés qui vont envahir par la suite les grands et petits écrans.  Absence totale de mise en scène, toutes les caméras sont susceptibles de filmer l'action, web cam, goPro, caméra de surveillance du jardin et surtout la caméra du mari qui filme absolument tout et tout le temps, quand bien même il est en train de se faire défoncer la poire. Au final, gros carton international et lancement de la vague found footage. Et tout le monde veut sa part du gâteau, tellement ça a l'air simple à faire. Pas besoin d'être Spielberg pour filmer des portes qui claquent dans le noir. D'ailleurs je vous explique comment faire votre propre found footage dans un autre billet, y a pas de raison que vous ne vous y mettiez pas. Le mort vivant qu'est le FF (c'est plus rapide à,écrire) est toujours en train de laborieusement avancer, et le dernier film de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett lui envoie un bon gros coup dans les rotules. 

                                     Quand ma femme se vide de son sang, moi, je la filme

Si leurs noms ne ne vous disent rien, Bettinelli-Olpin s'est récemment fait connaître suite à sa participation au projet V/H/S, film FF à segment. Le film est moyen et son segment est le moins pire, mais ça a suffit semble t-il à le parachuter avec son pote à la tête de ce projet, Devil 's due, et y a pas à dire, ces gens sont des experts du néant. En deux mots le pitch : un couple de bourgeois fraîchement mariés part en République Dominicaine pour leur lune de miel. L'espace d'une soirée ils sont entraînés dans un squat louche par un chauffeur de taxi qui ne l'est pas moins (paye ton cliché sur les pays étrangers). Ils boivent, font les fous et de retour au pays, Sam la femme découvre qu'elle est enceinte de 7 semaines. Mais les ennuis vont commencer, sous la surveillance étroite d'une secte qui attend l'avènement d'une armée d'antéchrists (oui, il y en aura plusieurs).

Rien à sauver de ce film, qui enchaînent les casseroles à la vitesse d'un cheval de l'Apocalypse au galop. Les comédiens ? Tous mauvais comme des cochons. Le scénario ? Prévisible au dernier degré et prenant vraiment ses héros pour des abrutis. Pire le côté FF prend parfois des chemins vicinaux complètement incohérents, à l'image de cette scène nous montrant des personnages complètement extérieurs à l'histoire qui filment la femme du couple en pleine forêt en train de bouffer une biche. Ils finissent massacrés par Sam et leur film est intégré au reste du métrage. Normal quoi. Je vous passe la scène grotesque du curé à l'hosto (même dit comme ça on dirait une blague) qui est talonnée niveau ridicule par cette séquence complètement WTF où la femme, végétarienne, est littéralement fascinée par un steak haché et le dévore fissa au rayon frais.

La dernière partie du film a réussi à me coller la gerbe. Pourquoi ? Parce qu'à la fin notre héros, après avoir découvert le squat des adeptes, découvre qu'ils ont truffé sa baraque de caméras (faut bien justifier les multiple point de vue du film et de la baraque) et  file chez lui pour secourir sa femme. Là c'est l'Apocalypse, la vaisselle vole, les cadres tombent et il n' y a plus de courant. Pendant 10 minutes notre héros court, caméra et lampe torche allumées, et se vautre à intervalles réguliers dans la baraque et les escaliers. Le tout à la caméra portée. J'ai adoré, mon estomac beaucoup moins.

                                 Je ne comprends toujours pas l’intérêt dramatique de cette scène

La scène finale enfonce le clou de la connerie. Je spoile mais bon si vous voulez voir ce film c'est votre problème. La femme se fait piquer son bébé démon par la secte et hop, on file à Paris au pied de la tour Eiffel, où l'on rencontre deux touristes US qui finissent leur lune de miel et qui hèlent un taxi pour rentrer à l'hôtel. Ca tombe bien, y a un black avec un accent chelou qui veut les emmener dans une soirée hors de Paris. Ne faites pas confiance aux blacks qui conduisent les Taxi G7, ils sont susceptibles de vous entraîner dans des endroits interlopes dans le grand Paris pour vous faire féconder par des adorateurs de Satan.

                                Le champs de Mars by night. Le terrain de chasse de G7 Corp.

Pas besoin de s'éterniser trois plombes sur ce film, c'est juste mauvais et inutile. Mais bon, à en juger par les réactions de mes jeunes voisins qui sursautent dès qu'une porte claque ou à chaque jump scare périmé, plus c'est con et plus ça marche. Vivement le prochain. 

dimanche 11 mai 2014

Godzilla

Godzilla de Gareth Edwards
Genre : Fantastique
Sortie le 14 Mai 2014



Le défi était à la hauteur du mythe. Proposer pour les 60 ans du monstre un film spectaculaire capable de faire oublier la daube de Roland Emmerich qui avait porté un coup au cœur à tous les amoureux du Roi des monstres. On attendait beaucoup, à la fois impatients de retrouver Godzilla sur grand écran et confiants quant aux capacité d'Edwards de passer d'un film fantastique à petit budget comme Monsters à un blockbuster à 200 briques. L'attente aura été récompensée, le défi a été relevé avec brio, Godzilla est un film monstrueux. 

Le choix de mettre Edwards aux commandes de Godzilla est une idée de génie. Pour ceux qui ont vu son Monsters, on retrouve cette volonté de jouer avec ses monstres et en retarder au maximum l'apparition. Dans son précédent film, on ne découvrait les monstres en question qu'en dernière partie de métrage, le reste n'était qu'images impressionnantes et démonstrations physiques d'affrontements entre hommes et extra terrestres. C'est ce côté très Spielbergien dans la gestion du suspens et du spectaculaire qui rend le film immédiatement fascinant dès son commencement. Après un générique porté par le score mémorable de Desplats, dont vous trouverez le opening title en fin de critique, le film pose les bases de son intrigue dans sa première demi-heure (trois générations d'une famille victime des dérives scientifiques créatrices de monstres destructeurs) et dès lors que l'action commence avec l'évasion du Mutant, le deuxième acte commence. Et là encore, saluons l'idée de se démarquer du cliché tant redouté :  Godzilla = monstre nucléaire. On revient au concept original du film de 54, Godzilla est un Ancien, prédateur Alpha qui ne demandait qu'à rester tranquille et que les essais nucléaires ont tenté d'éradiquer. D'ailleurs ses motivations sont très claires, il  ne vient affronter les mutants que pour rester le plus grand prédateur et n'a que faire des humains (il se fait tranquillement escorter par une armada de porte avions et n'hésite pas écraser des hommes qui se trouveraient sous ses pattes). Je vous parlais de la grosse influence de Spielberg dans la mise en scène d' Edwards, elle est évidente lors du reveal shot de Godzilla au moment de l'attaque de l'aéroport d'Honolulu, où l'on découvre le monstre dans toute sa splendeur de la même manière que l'on découvrait le brachiosaure dans la vallée de Jurassic Park. Généreux dans ses scènes d'action, Edwards joue non sans humour sur la frustration de ne pas voir tout de suite des affrontements inter-espèces tant attendus, et ose montrer Godzilla et MUTO se mettre sur la tronche via un reportage télé regardé depuis l'autre bout du monde, à travers les yeux d'un enfant croyant regarder des dinosaures sur un tarmac. D'ailleurs la mise en scène d' Edwards met un point d'honneur à cadrer son action à hauteur d'homme. Si les scènes de combat nécessitent bien évidemment des plans larges, voire très très larges (San Francisco est réduit en miette), et d'ailleurs Edwards arrive à cadrer à la perfection ses scènes de destruction sans sur découpage ni shaky cam, la plupart des apparitions de Godzilla sont rendues plus impressionnantes par un cadrage à l'échelle humaine. Qu'il s'agisse des militaires qui assistent à la sortie des eaux de Godzilla ou les enfants bloqués sur le pont pendant le bombardement, le spectaculaire n'en est que plus crédible. C'est d'ailleurs étonnant, soit dit en passant, de voir qu' Edwards a les mêmes idées de mise en scène qu' Emmerich, notamment dans les déambulations sous marines de Godzilla, mais que ça fonctionne beaucoup mieux que chez ce dernier. Plus d'ampleur et plus de passion sans doute.


Mais ce qui fait le plus plaisir lorsque  l'on regarde ce film, c'est le sentiment qu' Edwards est comme un gosse biberonné aux films de la Toho et à qui on a donné les moyens de se faire plaisir et faire plaisir. En cela sa démarche le rapproche beaucoup de Del Toro, autre fan boy armé d'une caméra. Il ne rate pas une occasion de cadrer son Roi des monstres de la plus belle des manières, majestueux dans un dernier plan, terrifiant lors de l'attaque du pont et émouvant lors de son retour à l'océan. Il prend le temps de composer des plans magnifiques et à haute charge symbolique (Brody désarmé nez à nez avec Godzilla au milieu d'un ChinaTown dévasté, éclairé par des lampions chinois) et arrive à provoquer un frisson et un sourire béat chez le spectateur lorsqu'il met en scène le fameux souffle de feu de Godzilla. Jusque dans son climax portuaire Edwards adresse un dernier clin d'oeil à Spielberg et son soldat Ryan (rappelez vous la scène du Tank et du pistolet, remplacez le tank par un monstre). Edwards se permet quand même une auto-citation de son Monsters au travers de quelques plans (les retrouvailles des deux mutants) et d'images fortes (le sous marin dans les arbres est une redite plus spectaculaire du bateau dans l'arbre mexicain de son premier film). Y a pas de honte à se faire plaisir. Pour ceux qui trépignaient devant le premier trailer du film qui voyaient une escouade de bidasses effectuer un saut dans le vide, sachez que la scène est telle quelle dans le film, accompagnée du même score entêtant, offrant des images de fin du monde assez spectaculaires. Même dans les scènes de suspens Edwards assure, avec une belle scène de cache cache avec un Mutant sur un pont. 


Un petit mot sur le casting où l'on retrouve en tête Aaron Johhson, parfait en Brody, soldat héroïque prêt à tout pour sauver sa famille, Bryan Cranston et Juliette Binoche venue faire un petit coucou mais dont le rôle en début de métrage est le pivot du drame familial qui se joue lors de la destruction à grande échelle qui s'ensuit. Ken Watanabe écope du rôle un peu ingrat du scientifique japonais (hommage aux scientifiques du film original qui sont les seuls à considérer Godzilla tel qu'il est : Un dieu), échouant à faire comprendre aux militaires l'inutilité d'avoir recours au Nucléaire comme solution ultime. Le scénario n'est pas forcément des plus originaux vus cette année, mais simple ne veut pas obligatoirement dire simpliste, et le film arrive à parfaitement équilibrer drame à l'échelle mondiale et déchirement familial. Ça fonctionne et c'est l'essentiel. 

Bref : Spectaculaire et généreux, respectueux du classique de la Toho, porté par une passion et un savoir-faire remarquables, Godzilla confirme tout le talent d'Edwards qui ne demandait qu'à exploser après son excellent Monsters. Un film qui fait ressentir une euphorie juvénile dès sa première image jusqu'à un dernier plan iconique à mort.


Cadeau bonus.

jeudi 1 mai 2014

The amazing spider-man 2

The amazing spider-man 2 de Marc Webb
Genre: Saut dans le vide et le néant.
Sortie le 30 avril 2014



Pour bien appréhender le naufrage qu'est ce film, il est nécessaire de faire un petit récapitulatif sur les récentes sagas Spider-man. En 2002, sous la bannière Sony et réalisé par Sam Raimi, sort le premier Spider-man. Fun, respectueux et virevoltant, le film est une vraie réussite dont le seul défaut est son bad guy, green goblin, peu effrayant et joué tout en hystérie par Willem Dafoe. Le deuxième épisode sortira deux ans plus tard, toujours réalisé par Raimi, et il offrira un spectacle bigger & louder, avec Spider-man face à Dr Octopus, plus humain et crédible que le bouffon vert. Enfin, la trilogie se conclura avec le troisième épisode en 2007. Malheureusement, le soufflé commence à retomber. Opposant Spidey à trois adversaires plus ou moins intéressants, le film est un foutoir sans nom (on y croise Venom, Green goblin jr, Gwen Stacy, et Sand man), rempli de moments embarrassants (la petite danse de DarkPeter) mais parsemés de petites étincelles de génie, merci Raimi, comme la naissance de Sandman, sublimée par le score de Christopher Young. Tous les contrats des acteurs et réalisateurs arrivant à leur fin, on ne s'attendait plus à voir spiderman sur les écrans. Enorme erreur. En 2011, Sony pictures est à la traîne, côté super héros. L'initiative Avengers a déjà commencé avec Iron Man et Hulk, et Sony ne sait plus quoi mettre sur le tapis pour ne pas se ramasser. Et c'est après mûre réflexion que vient l'idée de génie : Et si on ressortait Spidey ? Seul souci, et il est de taille, Sony est pressé par le temps et l'expiration des droits de la franchise Spiderman. Tout occupés qu'ils étaient à se creuser la tête, ils n'ont pas fait attention à la date butoir. Seule solution pour ne pas perdre la garde du petit : Lancer immédiatement un nouveau film Spiderman. La suite est encore pire.
La saga ne s'appellera pas Spider-man, mais The amazing Spider-man, histoire de faire croire que c'est un nouveau départ tout beau tout différent, et le film sera un reboot. Oui, on remet tout à zéro et on repart. Sandman, le green goblin, octopus, venom, Mary Jane ? On s'en fout. On va revenir aux origines de l'homme araignée et on va vous raconter The untold story, la vérité sur les Parkers. On pourra toujours rigoler sur l'intérêt d'un point de vue narratif de faire une relecture d'un film qui n'avait pas besoin de ça et qui n'avait même pas encore fêté ses 10 ans, mais sachant que le projet The Amazing Spider-man n'est mû que par le profit et un j'menfoutisme éhonté, on passera outre. 
En 2011, le film The amazing Spiderman sort et c'est une catastrophe. Réalisé par Marc Webb (la comédie romantique 500 jours ensemble), aussi doué pour le blockbuster Marvel que Michael Bay pour la finesse, le film oppose Spidey au lézard, à l'écran ça n'y ressemble pas trop soit dit en passant, le fait roucouler avec Gwen Stacy, s'entraîner au skate avec ses toiles et surtout réalise l'exploit de mettre en scène la fameuse untold story sur les parents de Peter...dans la scène post générique de fin. Long, moche, mal filmé (Webb n'arrive jamais à rendre vertigineuses et euphoriques les envolées de Peter et se repose tranquillou sur les CGI), le film est une vaste blague. Seule chose à sauver : Andrew Garfield, qui s'en tire avec les honneurs dans le rôle titre. Autant vous dire que lorsque a été mise en marche la suite, on a tremblé. On a eu peur. On avait raison.  Ils ont réussi à faire pire que le premier.

Saut dans le vide
Avant de charger le lance roquette, il est nécessaire de faire un état des lieux de la galaxie Marvel au cinéma. Dans le coin gauche, Disney avec les Avengers, avec trois Iron man, deux Thor, deux Hulk, deux Captain america, un Avengers et sur le feu un Gardiens de la galaxie et un Avengers 2. Dans le coin droit, Sony avec trois Spiderman, Un Amazing spider-man et c'est tout. Seule botte secrète de Sony, le projet Sinister six, réunion de villains ennemis de Spider-man (Rhino, le vautour, octopus et je ne sais plus qui et on s'en fout). 
Ce n'est pas équilibré mais c'est important pour la suite. Voilà, maintenant c'est feu à volonté.

Il y a quelque chose de vraiment rageant à voir des films comme TAS 2, des films qui transpirent l'appât du gain et le désintérêt total des studios vis à vis du spectateur et sa passion des super héros. Maintenant que le premier film est sorti, il n'est plus nécessaire de présenter ses personnages, on rentre directement dans la (non)action, et pour résumer, regardez les 15 premières minutes, vous aurez un aperçu du reste du métrage. Après une scène d'intro moche et sans rythme réglant en deux temps trois mouvements le sort des parents de Peter, Spidey doit jongler entre la cérémonie de Graduation de Gwen et un dangereux criminel qui ravage les rues de New York au volant d'un camion volé, rempli de fioles bactériologiques. Et c'est parti pour le massacre. Montage agressif, cadrages hasardeux (la règles des 180°, Marc Webb il connaît pas), humour lourdingue et surjeu atomique de Paul Giamatti. Au milieu de cette foire, Webb nous présente son futur méchant, Max, au détour d'une explosion, se roule dans le cliché du trauma qui fait voir des gens morts, et nous prouve qu'il a bien aimé Matrix avec ses effets bullet time, vu qu'il en colle au moins 5 en moins de 10 minutes. C'était il y a quinze ans, Matrix. Merci Mr Webb. Tout est bien qui finit dans le n'importe quoi le plus total.


Ne nous voilons pas la face, le film est ouvertement une rampe de lancement de luxe pour le projet Sinister Six. et comme dans les sinister six, il y a le green goblin, il était obligatoire de faire apparaître Norman Osborn dans ce film. Quid de la Untold Story ? Le sort des parents Parker ayant été réglé dans l'intro, il reste à expédier les petits secrets laissé par son père à Peter. C'est bâclé comme le reste, avec une histoire de complot Parker Vs Osborn, histoire de justifier la présence du green Goblin. La love story Gwen / Peter est bien cliché comme il faut, mais c'est dans ces scènes de romance adolescente que Webb est le plus à l'aise. 
Le film étant mal écrit, on passe d'une séquence à l'autre sans trop se soucier d'une quelconque cohérence, enchaînant rencards du couple avec naissance du méchant, comme ça, sans raison ni rythme. Parlons en justement des méchants. Le premier, celui de la bande annonce, c'est Electro. Mr personne travaillant chez OsCorp devenu pile électrique et il est interprété tout en finesse par Jamie Foxx. Jamie qu'as tu fais...Sans-ami et adepte, une fois transformé, de la vanne moisie, il rappelle les grandes heures de Schwarzy dans Batman & Robin, qui dans le rôle de Mr freeze enchaînait les punchlines moisies du style 'oups j'ai jeté un froid '
Imaginez le nombre de blagues pourries qu'on peut faireavec le courant, les piles etc...
Deuxième bad guy : Le green Goblin qui se réveille à une demie-heure de la fin, incarné tout en furie enfantine par Dane Dehaan, gringalet ricanant. Mais la palme revient sans conteste au personnage en armure que l'on voit dans la bande annonce : le Rhino. Et là on touche de près le gros foutage de gueule. Je vous parlais plus haut des sinister six dont fait partie le Rhino. le Sinister six est un projet. Un futur Spider man. Et bien on va le laisser un peu au four avant de le sortir le rhino. Aussi il apparaît, roulement de tambour :

A UNE MINUTE DE LA FIN


D'ailleurs si vous voulez tout savoir, tout le film, même la conclusion finale et ses coups de théatre sont dans la bande annonce. 

Si le scénario réserve une surprise à la fin, on en peut pas dire que Webb se foule encore une fois au niveau de la mise en scène et vous en réserve, des surprises. C'est simple, il n'a fait aucun progrès depuis 2011, et confirme ce qu'on pensait de lui. Marc Webb a fait son entrée dans la classe des yes-man pour studios. Usant et abusant des ralentis à la Matrix, il enchaîne les fautes de goût à la direction artistique qui achèvent de rendre le film insupportable à regarder. Entre placements de produits pas finauds (il googlise sévère sur son VAIO, le Peter), capacités surhumaines de Peter qui portent des voitures a bout de bras, normal quoi, et point d'orgue de cette abomination, l'affrontement entre Electro et Spidey qui vire au spectacle sons et lumières. C'est beau on dirait du Jean-Michel Jarre. Passons outre sur les incohérences du script que Webb utilise pour insuffler de la tension (Gwen qui rentre dans un ascenseur et ne voit pas Osborn dans son dos. 2m carré et, non, elle ne le voit pas) et sur les gros clins d’œil lourdingues comme le téléphone de Peter qui a pour sonnerie le générique de la série tv Spider man. Ce n'est plus du clin d’œil c'est du coup de coude.
En parlant de musique, on est bien loin du thème de Elfman ou du sandman theme de Young, Hans Zimmer livrant une partition très vite oubliable, qui pompe sans vergogne le thème principal de Crysis 2, le jeu vidéo, pour composer le thème d'Electro.


Quitte à rester dans l'horreur, sachez qu'en générique de fin vous aurez le droit à Alicia Keys.

Bref : Je ne vais pas continuer à énumérer les multiples défauts du film, ce serait tirer sur un handicapé en fauteuil coincé sur une voie ferrée, mais je pense qu'avec ce film on touche le fond et on assiste pendant 2h30 à ce qui se fait de pire en matière de pur produit marketing fait sans envie ni passion, pas scénarisé et encore moins réalisé correctement. Une daube, une vraie.


P.S : pour les moins courageux qui auraient quitté la salle dès qu'ils ont entendu Alicia Keys (je peux comprendre, moi j'avais déjà mis mon mp3 en route), sachez qu'en fin de générique animé vous avez droit à une scène supplémentaire. Une scène tirée de :

X-men : days of future past. 

Comprenne qui pourra.