13Cine

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mardi 15 avril 2014

Computer chess

Computer chess de Andrew Bujalski
genre : g33k power
Sortie le 9 avril 2014



Lors de la sortie de You're next en septembre dernier, je vous avais parlé du mouvement mumblecore, mouvement dont était issu le réalisateur. Tendance cinématographique arty visant à produire des films à moindre coût, avec les moyens du bord, elle a permis à quelques réalisateurs de se faire connaître dans des festivals tels que SXSW, ou bien encore Sundance. Parmi ces réalisateurs, on trouve Andrew Bujalski, trois films à son actif, et dont le dernier est désormais visible au Cinéma. Chose étonnante, plutôt que de proposer une fiction contemporaine comme ses camarades, Bujalski nous propose un voyage dans le temps, et plus précisément dans les années 80. 
Direction donc, le début des années 80, dans un motel minable au fin fond des Etats-Unis, où chaque année se déroule une compétition de développeurs de jeux d'échec sur ordinateur. Rassemblement de geeks à tendance no life ++ avec une petite touche de paranoïa (une bien belle époque pour ça, les 80's aux USA), cet événement doit composer cette année avec un autre rassemblement dans le même motel, une thérapie de groupe pour couples en difficulté. Ou comment faire cohabiter deux univers qui ne devraient jamais se rencontrer.


C'est sur ce postulat que Bujalski va mettre en scène un docu-fiction qui fleure bon le kitsch et le rétro. Pour cela il a recours à de bonnes vieilles caméras video analogiques noir et blanc, conférant un style vintage à l'ensemble du film. Filmant au plus près les participants de ce concours improbable, compétition d'égos et de PC oldschool, le style documentaire ne laisse qu'à de très rares occasions place à la fiction, lorsque par exemple les participants cessent de s'affronter et regagnent leurs chambre, ou celle de leur voisin d'ailleurs. Et c'est cet aspect parfois surréaliste qui donne un coté touchant à l'ensemble du film. Le geek, par définition et dans les pires clichés, est souvent raillé pour son côté extrême dans ses passions et ses avis. Prêt à s'enflammer pour un rien dès qu'on ose critiquer sa configuration de PC ou son côté je sais tout, dans le film de Bujalski c'est un personnage qui semble avoir toute la sympathie du réalisateur qui, s'il ne rate jamais une occasion de montrer le coté franchement asocial et sexuellement éteint du Nerd hard core (et il y a de beaux spécimen dans ce tournoi, grosses lunettes et chemise rentrée dans le futal inside), finit toujours pas le définir au final comme une personne qui, bien qu'ayant souvent  l'impression de passer son temps avec des gens qu'il considère comme lui étant inférieurs ou inintéressants, il n'en recherche pas moins la reconnaissance. Un des plus beaux exemple du film est Pete, jeune geek fasciné par l'IA et qui ne trouvera le sommeil que lorsqu'il aura triomphé de la machine, et l'aura montré au monde entier. Autour de cette communauté de jeunes no life nous découvrons d'autres personnages tout aussi perdus mais plus attachés à des sujets plus terre à terre, à l'image de l'impayable Mr Papageorges, membre du jury de la compétition et sans chambre fixe, looser en chemise col pelle à tarte qui semble vivre l’événement de très loin. 


A l'opposé de cette bande de futurs Bill Gates dissertant parfois très justement sur ce que deviendront plus tard les PC et l'utilisation avec excès qu'il en sera fait, on trouve la deuxième convention : l'aide aux couples en difficulté. Son intérêt est assez limité dans le film, elle ne sert qu'à mettre en exergue le coté communautariste et exclusif des participants, et provoquer quelques rires lorsque ces deux univers se rencontrent, avec Pete par exemple, gringalet binoclard embarqué malgré lui dans un plan à trois très MILF avant l'heure ( " le un veut devenir deux, le deux veut ne faire qu'un, et le deux attend le trois"...tout un programme dans cette mantra baragouinée par une quinquagénaire et son mari) dans une chambre d’hôtel creepy glauque
Même si au final on se contrefiche de savoir qui a gagné, il en ressort l'impression d'avoir assisté à une exhumation (que l'on sait fausse néanmoins) d'une tranche de vie des début de l'Informatique, où l'on prédisait qu'un jour l'IA pourrait devenir autonome et plus intelligente que l'homme, où les PC pesaient quinze tonnes et où un ordinateur capable de jouer aux échecs apparaissait comme le Saint Graal de la technologie. Le grand écart avec la technologie actuelle n'en est que plus flippant.


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