13Cine

13Cine
Affichage des articles dont le libellé est Séries TV. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Séries TV. Afficher tous les articles

vendredi 20 juin 2014

Fargo saison 1

Fargo. 10 épisodes
Créée par Noah Hawley
2014



Fargo, Minnesota. 
Lester Nyygard (Martin Freeman), agent conseiller en assurance vit une existence minable, entre une vie professionnelle terne et un mariage qui l'est tout autant. Entre deux remarques assassines de sa femme, Lester rencontre par hasard Sam Hess, la petite frappe qui l'avait humilié au lycée et devenue depuis responsable d'une grosse société de transport de la région. Certaines choses ne changeant jamais, il se fait copieusement casser la gueule et finit à l’hôpital. Il y fait la rencontre de Lorne Malvo (Billy Bob-Thornton), énigmatique personnage qui, après un échange tout en subtilité, lui propose de buter son agresseur. Sans le savoir, Lester va mettre le doigt dans un engrenage de violence qui va vite dégénérer et retourner Fargo.

Le monde des séries télé est parfois étrange. Si l'on demande quelles sont les séries qui auront marqué 2014, il y a fort à parier qu'on se retrouvera encore avec la sainte trinité des "séries qu'il faut avoir vu pour ne pas passer pour un idiot" : Game of thrones ( les dragons, Tyrion Lannister, des incestes, etc...), House of cards (netflix, Kevin Spacey, 10 épisodes dispos tout de suite...) et bien évidemment True detective (HBO prod, 8 épisodes et un très joli générique). Trois productions d’intérêt divers, ne visant clairement pas le même public et trois arbres cachant la foret qu'est le reste des nouveautés de l’année. Passons rapidement sur la neuvième saison de 24 qui se repose beaucoup (trop) sur ses pires cliches conspirationnistes et anti-terroristes primaires pour découvrir LA pépite télévisuelle proposée par FX : Fargo
Petit rappel pour ceux qui ne suivraient pas depuis le début:
Au commencement Fargo est un film des frères Coen réalisé en 96. On y découvrait un loser, Jerry Lundegaard, interprété par William H Macy, qui mettait au point un stratagème pathétique pour se faire de l'argent facilement : faire enlever sa femme par deux crétins pour pouvoir toucher la rançon réclamée au beau-père. Bien évidemment, rien ne se passait comme prévu, et tout finissait dans un bain de sang, le tout avec une Frances Mc Dormand, inoubliable en flic tenace et enceinte jusqu'aux dents. Portrait grinçant de personnages coincés dans leurs conneries et ne sachant pas se sortir de leurs galères sans s'en créer de nouvelles, le film est un chef d'oeuvre d'humour noir. Aussi lorsqu'en 2013 fut mis en chantier une série basée sur le film, on craignait le pire. Comment refaire en 10 épisodes ce qui tenait largement en 1h40 au cinéma ? Quel est l'intérêt ? Et puis on découvrit qu'au poste de producteurs exécutifs apparaissaient les noms de Joel et Ethan Coen. Tout de suite ça rassure. Il ne restait plus qu'à attendre. On a bien fait de patienter.



At the request of the survivors, the names have been changed. Out of respect for the dead, the rest has been told exactly as it occurred

La chose essentielle a savoir sur la série avant de s'y lancer, c'est qu'elle n'est absolument pas une adaptation à proprement parler du film, on n'y retrouve pas l'arc narratif principal (la magouille du héros et les conséquences qui suivent) ni  le personnage de la flic jouée par Mc Dormand, même si par certains aspects, notamment son opiniâtreté et sa force de caractère, on la retrouve dans le personnage de Molly, elle aussi agent de police. La série a son propre fil rouge (la mort de la femme de Lester) et ne partage avec le film que le cadre de la ville de Fargo. A vrai dire, même si les deux histoires ne se déroulent pas à la même époque (96 pour le film et 2006 pour la série), le coté intemporel des événements déclencheurs (enlèvement pour l'un et meurtre pour l'autre) donnent l'impression que le récit de la série pourrait très bien prendre place à la même époque que celui du film, mais en parallèle. Ce choix narratif est une idée à la fois casse gueule (les fans de la première heure pourraient ne pas comprendre pourquoi la série s'appelle Fargo) et brillante (mine de rien ça laisse une porte grande ouverte à une infinité d'histoires). Une fois ce concept validé, la série peut être vue comme elle, est à savoir un chef d'oeuvre, le terme n'est pas trop fort, à savourer en dix épisodes, et cela pour plusieurs raisons. 

Une écriture simple et complexe.
Comme je vous le disais plus haut, les frères Coen ne se sont pas tenus trop éloigné de l'adaptation de leur film, et cela se ressent dans chaque épisode, dans chaque ligne de dialogue et chaque scène. Si de par le format cinématographique il leur était nécessaire de faire tenir une intrigue sur une durée que l'on peut qualifier d'impartie (qu'il dure une ou deux heures, le cadre cinématographique impose une résolution au film lorsqu'arrive la fin), ici les scénaristes ont dix heures pour partir de rien (façon de parler) et finir en apothéose lors du season finale. Sur ce point, Fargo est une extraordinaire réussite. Le premier épisode dresse le portrait de tous ses personnages, les situant les uns par rapport aux autres, ne charge pas inutilement leur background, et les fait se rencontrer au gré de leurs ennuis. Le fil rouge du récit c'est Lester, victime en puissance, soumis à sa femme et soumis tout court, qui se fait rétamer par son ancien bourreau de lycée et qui au détour d"une salle d'attente d’hôpital fait la connaissance de Malvo, personnage mystérieux et omniscient qui lui propose de régler son compte à son agresseur. Et c'est cette rencontre qui va dynamiter le récit. Dès lors que Malvo va s'acquitter joyeusement de sa tâche (hilarante scène de repérage de Malvo sur sa victime), et au passage retourner le cerveau de Lester en mode "arrête de chouiner, tu me l'as demandé", la ville de Fargo va se réveiller, tous les personnages vont être entraînés dans une spirale de violence, qu'elle soit physique ou psychologique, avec Lester le premier qui, dans un excès de virilité mal gérée car trop longtemps refoulée, va tuer sa femme et causer la mort du sherif local via Malvo. Introduction des policiers et début de l'enquête qui ne trouvera sa conclusion que dans le dernier épisode. Entre le 1x01 et le 1x10, attendez vous à des dialogues et des échanges tout en justesse et parfois faussement simples, où l'on retrouve le goût du dialogue et de la réplique qui claque, généralement sortie de la bouche de Lorne Malvo, et à laquelle on repense en ricanant tellement elle fleur bon la beauferie à l'état pur ( "Don't you Miss Hess' me, i was picking your pubes out of my teeth twelve hours ago" débité par une strip-teaseuse contrariée).  Les personnages ne stagnent jamais, évoluant en bien ou en mal au gré des événements. En bien, lorsque Molly commence à flairer l'embrouille et se met en tête de coincer Lester à tout prix, quand bien même elle est la seule à être convaincue de sa culpabilité, en mal à l'image de Lester, passant du statut de victime souffre douleur et maladroit à manipulateur sans foi ni respect, que la peur de finir en taule pousse à commettre les pires actions (la conclusion du 1x09 est glaçante et achève d'imposer Lester comme un personnage irrécupérable et ignoble). Entre ces deux extrêmes on trouve toute une ribambelle de seconds couteaux, tous utiles à l'histoire (chose assez rare pour être soulignée) qu'ils soient agents du FBI ou simple tenancier de Diner, et la palme revient sans conteste au personnage déjà mythique de la série : Lorne Malvo. Personnage énigmatique faisant son apparition dès le début de la série, il est présenté comme une sorte de tueur à gages sans aucun scrupule, prenant un certain plaisir à causer mort et souffrance, et qui semble aussi trouver un certain réconfort à regarder le monde autour de lui s'écharper, en simple spectateur fouteur de merde (la scène au motel avec le réservoir). Au fil de la série on découvre qu'il est un tueur à gage redoutable et redouté, froid et calculateur, qui semble tout savoir sur tout le monde, à commencer par leurs faiblesses, et qui apparaît comme un personnage aux limite de l'inhumain au fur et à mesure du récit. Roi de la réplique finale avec une philosophie et une conception de la Vie très personnelle ("There are no saints in the animal kingdom. Only breakfast and dinner"), il est un des personnages clés de la série. En fin de saison il devient la terreur de Lester qui redoute de le voir débouler derrière lui, et son aura maléfique hante chaque plan du dernier épisode, et c'est Molly qui au détour d'un dialogue osera parler de Lorne comme d'un démon à forme humaine ("This man will never stop. If it's a man"). 

                                           " You're an idiot; good news, i'm taking over"

Have you been a bad bad boy, Lester ?
On pourrait parler pendant des heures de la qualité d'écriture de la série, qui arrive à rendre passionnante un échange entre deux personnages sur une omelette ou une scène d'interrogatoire tendue comme une corde à piano, mais ce n'est pas tout d'avoir de bons dialogues, encore faut-il avoir de bons comédiens. Et c'est encore un sans faute de ce coté-ci. Des premiers rôles aux seconds couteaux, ils sont tous parfaits. Martin Freeman, entre deux Sherlock offre au personnage de Lester sa bonhomie en doudoune, passant de timoré et craintif à raclure intégrale en deux mouvements. Personnage toujours sur la corde raide, Lester ne pouvait pas trouver meilleur interprète que Freeman. Autre personnage clé de l'aventure enneigée :  Molly, femme flic interprétée par Allison Tolman. Elle arrive à retranscrire toute la frustration et la force de son personnage en l'espace de quelques scènes chargées en émotion (son ultime confrontation avec son supérieur est à la fois émouvante et frustrante). On y retrouve également Colin Hanks, fils de Tom donc, Keith Carradine en père protecteur mais méfiant et Bob Odenkirk, inoubliable Saul de Breaking Bad, venu jouer ici le shérif compréhensif mais pas trop. Mais la cerise sur le gâteau s'appelle Billy Bob Thornton. Lui confier le rôle de Malvo a été une idée de génie. Amaigri et affublé d'une coupe à rendre jaloux Jean Claude-Dusse ( ce côté tueur létal coiffé n'importe comment est une réminiscence troublante de Bardem et sa coupe playmobil de no country for old men), il interprète de manière magistrale ce personnage machiavélique, aux sourires aussi dangereux que ses armes. 

- Nobody likes being watched while they eat.
- Some people do.
- What people ? 
- Mormons.

Based on a true story
Dernier point et pas des moindres : La mise en scène. A la fois classique et classieuse, il est toujours rassurant de voir que l'on peut encore regarder des séries qui donnent l'impression de regarder un film sur petit écran. Si on y retrouve l'esprit du film avec ces grandes étendues enneigées du Minnesota, et ses routes de nuits éclairées par des phares de voiture en cavale, on est très vite happé par le rythme (ou le non rythme, comme vous voulez) de la série, parcouru à intervalle régulier de sursauts de violence, brillamment mis en scène (l'assaut du SWAT dans le 1x06) quand ils ne se permettent pas des idées de malade, à l'image de ce plan séquence dans le 1x07 mettant en scène une fusillade dans un immeuble dont on verra rien mais dont on entendra tout, la caméra restant en dehors du building et suivant uniquement les fenêtres derrière lesquelles se déroule l'action, le tout finissant par une défenestration brutale. La série n'oublie cependant pas les clins d’œil au film original, et ce jusque dans son plan final, petite bulle de paix après un déchaînement de violence.


Que dire de plus, pas grand chose si ce n'est qu'après les enquêtes aux frontières du glauque de True Detective et les complots les seins à l'air de Game of thrones, si vous recherchez une série de qualité, vous pouvez vous jeter sur Fargo les yeux grand ouverts, rares sont les séries à faire l'unanimité en si peu de temps. Succès largement mérité, combinaison heureuse de talents d'écriture et d'interprétation, et grosse impatience du coup, pour la saison 2. Si les premières rumeurs sont vraies, on partirait sur une anthologie, avec pour chaque saison un nouveau casting et une nouvelle histoire. Si c'est du même niveau que la première saison, je valide. 

dimanche 25 mai 2014

Hannibal Saison 2

Hannibal
Créée par Bryan Fuller


Et comme on dit là bas :
previously, in Hannibal


Après avoir accepté d'aider Jack Crawford pour tenter de coincer le Chesapeake reaper, tueur en série adepte de la chasse, Will Graham, surdoué de la traque aux tueurs psychopathes mais dont la capacité à s'identifier à ces malades l'expose sans cesse à une perte totale d'identité et de clarté d'esprit, rejoint l'équipe de Crawford pour coincer d'autres tueurs. Entres deux crimes ultra violents Graham tente de se refaire une santé mentale auprès d'un docteur réputé pour ses activité annexes, Hannibal Lecter. Craignant que Graham ne lui mette le grappin dessus et découvre ses secrets, Hannibal profite d'une période de faiblesse de Will et lui fait endosser le meurtre de la fille du prétendu Chesapeake killer, cannibalisme inclus. Sans repère et sans aucun souvenir, Will est interné à la Prison d'Etat pour Sociopathes, sous la garde de Chilton et au grand désarroi de Crawford et du docteur Bloom, seuls alliés de Will. La saison se terminait avec Lecter venu rendre visite à Will derrière les barreaux. 


There will be a reckoning
On ne va pas s'éterniser face à l'évidence, La saison 2 ne réitère pas l'exploit de la première, qui avait réussi le tour de force d'explorer sous un regard neuf et intelligent un univers déjà bien fouillé et connu du grand public (trois livres et cinq films couvrent les exploits de Graham, Hannibal et Cie). Ceci dit, la deuxième saison, en dépit de quelques défauts d'écriture, reste quand même de très bonne facture et si elle est moins soutenue, d'un point de vue rythmique que la première, elle confirme tout le bien que l'on pensait de la série à la fin de la saison initiale. Les bases ont été posées et les personnages ne sont plus à présenter. On peut rentrer directement dans le vif du sujet.
Premier constat lorsqu'on regarde cette deuxième saison, les livres ne sont désormais plus qu'une source d'inspiration pour Fuller. On s'en était déjà rendu compte dans la première saison au travers de petits détails, comme les changement de sexe de deux des personnages clés du roman Dragon rouge (Bloom devient Alana Bloom et Lounds devient Freddie Lounds, rouquine fouille-merde), mais ça crève les yeux lorsqu'on regarde la deuxième saison. Fuller ne se soucie plus beaucoup du sort original des personnages de Harris. En soi c'est un choix osé, les connaisseurs des œuvres originales risquent d'être pris au dépourvu, qu'ils en soient prévenus. On y reviendra plus tard. 
La saison s'ouvre sur une scène assez déconcertante, clairement un flash forward soit dit en passant, qui nous montre Lecter et Crawford se battre violemment dans la cuisine de Lecter, avec en conclusion un Crawford frappé à la gorge par Lecter et tentant de fuir en se vidant de son sang. Forte entrée en matière et grosse attente immédiate. Elle prend immédiatement le spectateur par surprise par rapport à ce qui a conclu la première saison. On avait laissé Crawford et Lecter face à la culpabilité de Will et la scène que l'on regarde semble nous montrer un Crawford prêt à en découdre avec le cannibale. Que s'est il passé entre temps ? Nous aurons 12 épisodes pour le découvrir. 
La deuxième saison se montre beaucoup plus bavarde que sa grande sœur. Elle n'est pas du tout son complet opposé, et au final elle se montre même plutôt complémentaire. Là où la première nous montrait un tueur par épisode avec un Will plus présent sur le terrain et moins en thérapie, ici on passe une première moitié de saison dans la prison de Chilton, avec un Will qui attend patiemment sa sortie et le retour de ses souvenirs, convaincu de la culpabilité d'Hannibal mais seul contre tous. On reste sur un terrain plus psychologique avec une montée en puissance dans la tension. Hannibal craint que Will ne se souvienne, Will craint qu'Hannibal ne joue la carte de la manipulation à grande échelle pour freiner sa sortie. En attendant, pour ne pas complètement se laisser entraîner dans une routine à base de " Quand je sortirais...", nous avons quand même droit à un Will manipulateur qui tente de faire éliminer sa Némésis par tueur interposé et surtout qui officie en tant que consultant pour ses ex-collègues qui savent qu'il  possède toujours un don pour coincer les pires ordures du pays. Il tentera d'ailleurs à plusieurs reprises d'ouvrir les yeux de Bloom et Crawford sur la dangerosité d'Hannibal. Seule personne à croire Will, Beverly, légiste de son état. Mais malheureusement, il ne fait pas bon être ami avec Will.
Profitons en pour rebondir sur ce dont je vous parlais plus haut. C'est dans le sort réservé à ses personnages du livre que Fuller échoue parfois et surprend beaucoup. Constat d'échec pour commencer quand on voit la façon dont est traité le personnage d'Alana Bloom sensée être, pour info, une psychologue de renom, et qui dans cette saison passe la plupart de son temps à refuser de croire Will quand bien même les preuves contre Hannibal crèvent les yeux, et à aller geindre dans les bras d'Hannibal. Breaking Bad a eu sa Skyler, Hannibal aura sa Bloom. Autre choix scénaristique, mais plus courageux : la mort de Beverly, partie en mode solo prouver la culpabilité de Lecter et donc l'innocence de Will. Elle en paiera le prix fort, et elle termine de manière effroyable, dans une mise en scène macabre qui ébranlera Crawford et Will. Ces deux façons de traiter des personnages clés sont bien représentatifs de l'équilibre parfois bancal de la première partie de la saison. D'un côté on pourrait considérer ce genre d'initiative comme du gâchis, Will avait finalement trouvé une alliée solide en la personne de Beverly et Bloom, avant de devenir fadasse, était un vrai soutien pour Will dans la première saison, d'un autre ça renforce le côté tout puissant et déterminé de Lecter, prêt à éliminer et manipuler toute personne qui se mettra sur son chemin. Il faudra attendre que Will sorte de prison suite à un meurtre commis sur le juge (au passage on notera une représentation très graphique et gore de la Justice sans coeur ni cerveau), et donc prouvant immédiatement son innocence,  pour que la série prenne un  virage beaucoup plus vicieux et psychologique.



Will aura compris que s'il veut coincer Lecter, il faudra gagner sa confiance et jouer le jeu pour s'en rapprocher au plus près et lui porter le coup fatal. Pour cela il retourne en thérapie chez Lecter et lui parle de son éventuel plaisir à tuer, plaisir que partage Lecter, à un autre niveau. Histoire de lui faire prendre l'air, les scénaristes le renvoient aussi sur le terrain, où les tueurs ne l'ont pas attendu, notamment un homme qui se conduit comme un animal et qui finira par venir s'attaquer à Will, sous les ordres d'Hannibal. Ce qui nous vaudra d'ailleurs un échange d'anthologie glacial 

" I've sent someone to kill you. You've sent someone to kill me. Now we're even... even Steven."

C'est dans cette deuxième partie que la tension remonte d'un cran avec le retour de deux personnages aperçus dans la saison 1, l'agent spécial Miriam Lass, rendue mutique après avoir perdu un bras et être devenue folle, tellement folle qu'elle en vient à tuer celui qu'elle croit être son kidnappeur, réglant prématurément le compte de Chilton (encore une fois, la liberté prise avec le silence des agneaux est évidente, Chilton finissant semble t-il bouffé par Lecter, tout du moins c'est ce qu'on comprenait dans la scène finale du film) et Bedelia du Maurier, venue témoigner contre Lecter en échange d'une immunité. Le piège se referme donc doucement sur Lecter, avec la complicité de Crawford et Freddie Lounds.
Et c'est avec une grande impatience qu'on attend le season finale (cf la scène d'intro du Pilote) et disons le d'office, c'est un des meilleurs épisodes de la série. Non seulement il prend à contre pied le spectateur dès les premières scènes (le personnage de Cynthia Nixon vient gentiment démolir le projet de Crawford pour piéger Lecter, laissant nos deux compère du FBI sur leur faim) et il fait monter la tension jusqu'à LA fameuse scène de combat entre Crawford et Lecter, qui se conclut avec l'arrivée de Bloom et d'un autre personnage qu'on croyait perdu. Les rebondissements s'enchaînent jusqu'à un grand bain de sang final, laissant augurer le meilleur pour la saison 3, qui s'annonce riche en nouveautés, avec peut être l'arrivée de nouveaux personnages de l'univers Hannibal.


En parlant de personnage mythiques, les rumeurs annonçaient l'arrivée du personnage de Mason Verger et de sa soeur Margot. Rumeurs confirmées donc. Pour les nouveaux venus, le personnage de Mason Verger est un monstre à visage humain, pédophile et éleveur de cochons anthropophages, et très dominateur vis à vis de sa sœur Margot. Il apparaît pour relancer la dynamique Will-Lecter, Will s'éprenant assez rapidement de Margot et celle ci ayant été maltraitée par son frère, Lecter tente de repousser Will dans ses derniers retranchements et ses pulsions homicides. 
L'arrivée de Verger était très attendue, non pas pour le personnage en lui même, assez pourri gâté dans l'ensemble et tête à claque de compèt', mais plutôt pour son destin assez gore et craspec (c'est aussi pour ça qu'on regarde Hannibal, non ?). En effet, dans l'oeuvre de Thomas Harris, Lecter se "rapprochait" de Verger, et au cours d'un jeu malsain, le droguait à forte dose et brisait un miroir, le forçant à se mutiler le visage pour nourrir ses chiens. Touche finale, il le pendait pour l'exciter et lui brisait la nuque, le condamnant à une chaise roulante pour le reste de sa vie. En cela le film Hannibal de Ridley Scott était assez fidèle au livre Rassurez vous bande de viandards, on ne s'éloigne pas trop du projet initial, sauf que la scène en question fait plus office de punition après avoir humilié et blessé Margot, et que ce sont les chiens de Will qui en profitent, lors d'une scène vraiment ignoble. 

-I'm hungry !
- Well...Eat your nose, then...



Quitte à rester dans l'ignoble, sachez que les scénaristes se sont encore bien lâché sur les idées morbides et la mise en scène des morts. Cette année vous aurez :  un tueur accro à la palette chromatique qui colle ses victimes en fonction de leur couleur de peau, un homme cerisier, un homme ruche, un oiseau dans un homme dans un cheval, et des cochons carnivores. La palme revient bien évidemment au Maître, qui reçoit à dîner Gideon le tueur de la première saison interprété par Eddie Izzard, et qui lui prépare à manger sa propre jambe fraîchement amputée. Hommage est ici rendu au film Hannibal dans lequel Lecter nourrissait l'agent Paul Krendler avec sa propre cervelle.


- My compliments to the Chef


Petite parenthèse, puisqu'on parle de bouffe. Les titres des épisodes ont changé depuis l'année dernière. Nous sommes passés des plats français à des plats japonais. Je vous laisse googueuliser tout ça, ça a l'air délicieux.

1x01  Kaiseki
1x02  Sakizuke
1x03  Hassun
1x04  Takiawase
1x05  Mukōzuke
1x06  Futamono
1x07  Yakimono
1x08  Su-zakana
1x09  Shiizakana
1x10  Naka-Choko
1x11  Kō No Mono
1x12  Tome-Wan
1x13  Mizumono

Fin de la parenthèse Robuchon.

Que dire de plus sur la saison 2...Techniquement rien à redire, toujours aussi classe, bien que parfois avec la main un peu lourde sur la symbolique (le willdigo avec ses bois), une photo toujours très travaillée, on retrouve pour quelques épisodes Vincenzo Natali à la réalisation, et le japonais des titres d'épisode se retrouve dans la bande originale, à forte connotation nippone.

This is my design
La saison 2 aura été surprenante à plus d'un titre, plus bavarde et moins orientée sociopath of the week que la première, mais si l'on passe outre certains défauts (Bloom reste un personnage...vraiment con, oui c'est le mot), elle s'inscrit dans une parfaite continuité avec ce qui a précédé, faisant grandir le mythe d'Hannibal Lecter à chaque nouvel épisode. Sachant qu'une saison 3 est d'ores et déjà dans les tuyaux, et qu'au vu du dernier épisode, on est en droit de se demander qui on va bien pouvoir y retrouver (le main cast dérouille sévère et Hannibal prend la tangente) et quelles idées vont bien pouvoir trouver les scénaristes pour rapprocher tout ce petit monde, on a encore le temps de se refaire les trois tomes de la saga pour y piocher quelques idées. Moi je dirais bien Dolharydes ou Clarice, pour commencer.




La petite musique qui va bien avec cette boucherie.





lundi 31 mars 2014

The walking dead saison 4 Part 2.

The walking dead, Saison 4, épisode 9 à 16


Previously on AMC's The walking dead : 
Rick et sa bande, réfugiés dans leur pénitencier-potager-foyer infectieux tentaient de combattre la maladie qui décimait leurs rangs. Carol, prof d'auto-défense pour les juniors avouait à Rick avoir tué des malades potentiellement contagieux, ce qui lui valut de se faire jeter comme un pneu crevé par Rick dans une ville déserte. En fin d'épisode 8, le Gouverneur, ordure revancharde, les trouvait et donnait l'assaut sur la prison, avec l'aide de sa petite armée et de son tank. Tuant au passage Hershel, il finissait par affronter à main nue Rick pendant que les amis de ce dernier prenaient la fuite, mais pas tous au même endroit, créant différents groupes éparts (Daryl / Beth , Glen, Maggie et ses comparses, Tyrese avec Micah et Lizzie). Alors que Rick manquait de se faire massacrer par son assaillant, Michonne déboulait et tuait Le Gouverneur. Rick  prenait la fuite avec son fils, loin de la prison.


Fuite forestière
Voilà, le décor est posé pour la suite. Je vous avais parlé, par ici, de ce que je pensais de la série depuis un petit moment. Pour faire court, la construction de chaque saison est systématiquement la même depuis trois saisons, un Pilot suffisamment rythmé et intéressant pour attirer l'attention, un ventre mou jusqu'à la pause de Noel (on finit d'ailleurs l'année avec un épisode moins mollasson que le reste, pour la saison 4 c'est l'assaut sur la prison), et puis reprise à deux à l'heure pour finir en beauté au dernier épisode. Ajoutez à cela une sorte de non action permanente et des zombies, un peu aussi, parce que sinon ça ne s'appellerait pas The walking dead...

Pour tout vous avouer, suivre la série devient de plus en plus difficile. Je suis pourtant très indulgent, j'ai regardé toute la première saison de Bates Motel, et dans le genre mou et sans intérêt ça se posait là, mais là on atteint une sorte de point de non-retour. Ce qui est surprenant, c'est de trouver au poste de producteur Robert Kirkman, auteur de la bande dessinée originale, tant on s'éloigne de tout ce qui faisait le sel de l'oeuvre originale. Adapter un comics c'est bien, et prendre des libertés avec, ça peut avoir de bons côtés, le comic n'étant pas exempt de défauts, mais là ça vire au grand n'importe quoi, tant sur le fond (l'adaptation) que sur la forme. Premier point noir : l'écriture. Si la première partie de la saison limitait la casse à ce niveau, tous les personnages étaient concentrés dans une même unité de lieu, le pénitencier, dans la deuxième partie l'assaut final les a éparpillé aux quatre coins de la région. Les scénaristes n'ayant semble t-il jamais eu à gérer plusieurs unités de temps et de lieux séparés, dès le 4x11 on se rabat tranquillement sur le bon vieux système de l'épisode centric. un épisode sur Daryl et Beth, un épisode sur Glen et Abraham, un épisode sur Rick et son fils. Et ils ne sont pas tous passionnants. 
Pour commencer la reprise, on retrouve Rick et son fils Carl (prononcez Corl) qui fuient à la recherche d'un refuge. Rick passe tout l'épisode à comater et l'épisode est centré sur Carl qui explore les maisons du voisinage, profitant de l'état catatonique de son père pour lui faire des reproches et bouffer des glaces. Scènes de reproche qui permettent aux scénaristes de glisser ni vu ni connu un aveu de leur part concernant l'intérêt parfois nul de la première partie de la saison (Carl qui en arrive à reprocher à son père d'avoir privilégié son potager plutôt que de s'occuper des autres survivants). L'épisode est plutôt calme et met en avant un des  personnages les plus intéressants de la série, Carl, gamin qui grandit trop vite et trop près des armes à feu. On se dit que quand même que ca va être mieux, que ca va se réveiller...
Que nenni.
On repart encore et toujours sur des sentiers que l'on ne pensait plus emprunter, à base de scènes de flashbacks sans intérêt (les deux zombies sans bras de Michonne sont son mec et son pote d'avant l'épidémie. Essentiel à l'intrigue en effet) et de subtilité aussi fine que le katana de Michonne (elle croise sa version zombifiée en marchant parmi les morts sans se faire remarquer).



La suite n'est guère mieux.
Je n'ai rien contre le fait de prendre des libertés avec la bande dessinée, si ça peut amener un peu de renouveau à la série. Mais certains choix me laissent dubitatif. Dans la BD, Tyrese se faisait dérouiller et démembrer par le gouverneur lors de l'assaut sur le pénitencier. Ici, il est épargné est se promène dans les bois avec deux gamines et...le bébé de Rick, miraculeusement sauf (à quel moment l'a t-il ramassé ?...). Comment transformer un personnage badass en baby-sitter des bois. En chemin il tombe sur Carol, qui je vous le rappelle avait été larguée loin (arf, arf, arf) du pénitencier pour cause d’assassinat des copains de Tyrese, justement. Et ça continue à se promener dans les bois en suivant la voie ferrée vers le Terminus, destination sécurisée semble t-il. D'où sort Carol d'ailleurs ? Ce n'est jamais expliqué par la suite.



Même constat pour Daryl et Beth, ado tête à claque. Si on est un peu dégoûté pour Daryl de s'être barré avec la personne la plus horripilante du groupe, on l'est encore plus du traitement qui lui est réservé. C'est simple, il est sous exploité, ayant trois mots par épisode et franchement on en vient à se demander si, à l'instar de Michonne, il n'est pas laissé en vie par les scénaristes uniquement pour pouvoir assurer le quota de fracassage de têtes zombifiées. L'épisode 12 est particulièrement embarrassant à regarder, avec Beth tentant de dérider Daryl le taciturne, convaincue qu'ils ne sont pas les seuls survivants du groupe. Et pour le détendre une seule solution : se mettre une caisse (une première pour elle) et jouer à action ou vérité. 45 minutes de bavardage adolescent et de psychologie de comptoir. L'humanisation par la biture c'est un choix comme un autre.


C'est ce qui plombe cette série d'ailleurs, cette tendance au bavardage et au remplissage, en dissertant sur comment c’était bien avant, c'est pas l'espoir qui nous tient éveillé, c'est la peur etc...et toujours en balade dans les bois.
Parlons du reste du groupe, avec l'autre personnage intéressant de cette saison : Maggie, la fille de Hershel, qui ne souhaite qu'une chose, retrouver Glen, aidée par Sacha et Bob, se dirigeant finalement aussi vers le Terminus. Glen qui d'ailleurs réussit à s'échapper du pénitencier en compagnie d'une des alliées du gouverneur qui a changé de camp. Glen et Maggie sont le duo le plus touchant à suivre, prêts à affronter tout et n'importe quoi pour pouvoir se retrouver. Ils font preuve de plus d'énergie que tout le reste du casting réunis.

Those who arrive, survive
Et là vous vous dites, mais pourquoi continuer à regarder alors ?  Tout d'abord parce qu'en fin d'épisode 10 apparaît Abraham, personnage ultra charismatique interprété par le non moins charismatique Michael Cudlitz (vu notamment dans Band of brothers ou la méconnue Southland). Ancien militaire et leader né, son passé est assez obscur et le personnage sera développé plus tard, mais il apporte du sang neuf et un regain d'intérêt pour la série qui en a vraiment besoin.


Ensuite, le rythme s'accélère en fin de saison, avec l'épisode 14, qui ose clore la storyline Tyrese / Carol / Micka / Lizzie de manière brutale et sèche, qui tranche radicalement avec la mollesse qui a précédé. Et ce n'est pas le jeu approximatif de l’interprète de Lizzie qui atténuera la force de l'épisode qui prouve que quand il le veulent vraiment, les scénaristes savent écrire de vraies scènes avec de l'émotion dedans, le personnage de Carol se faisant au passage un revival brutal de la mort de sa fille en fin de deuxième saison.
L'épisode 15 nous permet de retrouver Abraham, Eugene et leur amie en route vers Washington, ainsi que Glen qui ne désespère pas de retrouver sa bien aimée. On a des nouvelles de Rick, Michonne et son fils...eh bien, qui marchent encore et Daryl est intégré à la bande (la Horde pour les connaisseurs de la BD) qui avait tenté de récupérer la maison dans laquelle s'étaient réfugiés Rick, Carl et Michonne.
Et comme d'habitude on passe la 3ème voire la 4ème avec le season Finale qui permet de mettre fin aux errances de Daryl et les membres de la Horde qui ne sont que de vils violeurs d'enfants (leur arc narratif n'aura pas duré longtemps cela dit), de réunir, du coup, notre trio gagnant et le taciturne pro de l'arbalète et de tous les faire arriver au Terminus où les attendent encore plein d'ennuis, mais ils y retrouvent Glen et Abraham, et comme le dit si bien Rick en teaser de la saison 5, en pensant à ses nouveaux geôliers :
" They're screwing with the wrong people "



Je vous disais que ce qui tirait la série vers le bas c'était son rythme en dent de scie qui rend la plupart des épisodes pénibles à suivre. C'est sans compter l'autre gros point faible de cette saison : l'absence totale de logique et de cohérence, qu'elle soit narrative ou géographique
Aberrations narratives pour commencer avec l'impression que les scénaristes ont plein de choses à raconter, et qu'ils ont vraiment envie de prendre leur temps pour y parvenir, mais qu'arrivés à l'antépénultième épisode, ils se rendent compte qu'il va falloir passer la seconde sous peine d'avoir des storylines non résolues pour le début de la saison suivante. Du coup on rassemble tout le monde n'importe comment, et c''est flagrant avec l'épisode 15 avec la storyline Glen / Maggie, avec ces derniers qui se retrouvent comme de par hasard au fond d'un tunnel. On dit au revoir à Abraham, content de t'avoir connu mec, bonne chance à DC...on se perd dans le noir et ho, Maggie ! Mais qu'est ce que tu fais là avec Abraham (??)
Quand je parlais d'accélération de l'action en fin de saison, elle prend la forme d'incohérences et de comportements parfois étranges de la part des personnages. Par exemple, Glen et son amie veulent retrouver Maggie, ils se retrouvent à l'entrée d'un tunnel noir d'où proviennent des hurlements de zombies. Et bien plutôt que de contourner, on y va parce que " Maggie est forcément passée par là ". Oui, pourquoi pas...Deuxième point d'interrogation, d'où sort Carol qui s'était faite mettre à l'écart il y a de cela 4 ou 5 épisodes ? Qu'a t-elle fait durant son exil qui justifierait un retour aussi soudain ? On la retrouve au détour de cette fameuse voie ferrée que tous les personnages suivent en direction du Terminus, que l'on découvre en fin d'épisode 15 en même temps que nos héros, qui ne se méfient pas une seconde de découvrir un endroit aussi accueillant. Ils ont déjà tous oublié Woodbury et le gouverneur.
Et bien entendu toujours cette impression que bien que séparés par la distance et les ennuis, les personnages ne sont jamais bien éloignés les uns des autres, tout occupés qu'ils sont à se balader dans les bois, à tirer des coups de feu que personne ne semble entendre, et suivre LA voie ferrée qui mène au Terminus. C'est d'autant plus pratique dès lors qu'il s'agit de presque tous les réunir en fin de saison, je dis bien presque car à la fin de l'épisode 16, on est sans nouvelles de Carol, Tyrese, Beth...


La saison 4 se clôt sur une belle promesse d'affrontement entre la team Rick et les habitants du Terminus dont on devine les penchants au détour d'un travelling et il faudra désormais attendre Octobre pour en savoir un peu plus sur Abraham, comment la team Glen s'est faite chopée par les mêmes individus qui on piégé Rick, que sont devenus Carol, Super nanny et Beth, et voir quelles autres surprises nous réservent Kirkman et ses compères.

lundi 20 janvier 2014

Brooklyn nine-nine saison 1

Brooklyn nine-nine saison 1 (2013)
créée par Dan Goor et Michael Schur



Pour ceux qui ne suivraient pas, ou alors de très loin les golden globes (cérémonie servant, grosso modo, de grande répèt' pour les oscars), cette année le grand gagnant dans la catégorie meilleure série comique n'est autre que Brooklyn nine-nine. Pour info, en compétition se trouvaient également Parks and recreation, Modern family, Girls et the Big bang theory. Passons outre le fait que cette dernière série soit en vraie baisse de régime depuis bientôt deux ans et que sa présence au sein des nominés n'est due qu'au personnage principal de la série, Sheldon, pour se concentrer sur la vraie découverte de cette liste de séries, Brooklyn nine-nine, les autres en compétition n'étant pas à proprement parler des nouveautés (Parks and recreation en est déjà à sa sixième saison). Créée entre autre par Michael Schur, déjà derrière P&R, la série nous présente l'unité 99 de Brooklyn, où officie toute une troupe de commissaires et d'agents représentants de la loi, plus occupés à glandouiller qu'à faire régner la loi justement, alors qu'arrive un nouveau capitaine, sérieux comme un arrêt cardiaque et bien décidé à faire marcher au pas toute la brigade. A commencer par le leader de cette petite troupe, Jack Perelta, efficace dans son travail mais rétif à toute sorte d'autorité. 


Pour commencer, sachez que si vous n'êtes pas réceptif à l'humour tendance The office (les apartés entretiens mis de côté) et surtout à l'esprit Saturday night live, passez votre chemin. Pourquoi ? Première raison, vous y trouverez dans le rôle principal une figure de proue du cultissime divertissement (et accessoirement producteur de la série) : Andy Samberg. Véritable ouragan comique, il est de toutes les scènes, gesticulant et débitant une connerie toutes les 20 secondes. Mieux vaut être prévenu, ça peut en devenir fatigant sur la durée.  Autant vous dire que par moment on a l'impression de regarder un sketch du SNL de 20 minutes centré sur son personnage. Ceci étant, se limiter à son personnage serait vraiment dommage, tant la série est davantage un ensemble show qu'un spectacle de stand up à la gloire de Samberg. En effet, assez logiquement, le détective Perelta n'est pas le seul à travailler dans le commissariat. Ce qui nous amène à découvrir ses collègues en même temps que son nouveau patron, le capitaine Ray Holt, interprété par Andre Braugher, que les plus téléphages d'entre vous ont pu découvrir dans la brillante série Homicide. Son personnage nous est présenté comme le contrepoint parfait à Perelta, c'est à dire droit, sérieux, respectueux des ordres et procédures. Leur opposition est d'ailleurs un des principaux ressorts comiques de la série, les deux hommes passant le plus clair de leur temps à se provoquer et à se jauger, quitte à redoubler parfois de mauvaise foi et de petits coups de pute. Si Perelta est parfois excessif dans son excentricité, Holt l'est aussi dans son sérieux à toute épreuve, ce qui mine de rien est pour beaucoup dans le comique de situation de la série, la plupart des agents du commissariat tentant tant bien que mal de cerner son caractère en usant de stratagèmes pas toujours très subtils. Parlons en justement des collègues de Perelta. Ils ne sont malheureusement pas tous bien écrits et intéressants à suivre. Certains sont assez unidimensionnels et fades, à l'image de Santiago, jeune femme inspecteur dont les dents rayent le parquet, surtout celui devant le bureau de Holt, et Boyle, personnage mono-maniaque et assez lourdingue dans ses interventions. Les personnages les plus intéressants sont à chercher du côté de Rosa, véritable psychopathe avec un badge, qui n'inspire que crainte et méfiance dès lors qu'elle quitte son bureau, Gina la secrétaire en chef danseuse à ses heures perdues et surtout le lieutenant Jeffords, interprété par Terry Crews (vu notamment dans the expendables et dont le talent comique explose littéralement dans la série), montagne de muscles ultra sensible, tempérament de midinette sous un corps de catcheur. 


Passons maintenant à la série en elle même. Rien de nouveau dans le format, on reste sur le classique "20 minutes de comédie", sous influence the office dans sa mise en scène (filmage à la caméra portée mais pas aussi documentaire que the office) et arrested development (pour les nombreux flashbacks). Pas de rires enregistrés ici, le style pseudo documentaire ne s'y prêtant absolument pas, vous rirez où bon vous semblera. D'ailleurs, venons en au fait : Pourquoi cette série a t-elle gagné le golden globe de la meilleure série comique ? Pour simplifier on pourrait dire qu'en 12 épisodes elle arrive à jongler brillamment avec du comique de dialogue et du comique de situation, école du SNL oblige. Si certaines séries comiques se reposent beaucoup (trop?) sur les dialogues, Brooklyn 99 soigne tout aussi bien ceux-ci que les situations dans lesquelles se fourrent ses personnages. Si l'influence de la série The Office pointe parfois le bout de son nez avec des running gags dans les dialogues (le that's what she said de Dundler Mufflin est ici remplacé par le this is the title of your sex tape de l'ensemble des inspecteurs, balancé après chaque réplique de Santiago, du style "désolé pour hier soir", "j'ai rien vu venir", etc...), la vraie comédie est à trouver du coté des situations, entre instants complètement incongrus, avec Jeffords transpirant en marcel, luttant pour monter une maison de poupée pour sa gosse, ou comique purement visuel (hilarante scène muette dans un couloir d’entrepôt, dans le Pilote). Un des avantages d'avoir un transfuge du SNL dans l'équipe, c'est qu'on est sûr d'avoir une série sans temps mort entre deux gags. le rythme ne faiblit jamais et même si parfois le jeu de Samberg parait parfois forcé, il s'adapte parfaitement à son personnage, bouffon permanent et infatigable car parfaitement conscient d'être le meilleur de son commissariat. 


Autre bon point à mettre au crédit des créateurs, la série sait rendre hommage aux multiples cop shows qui ont précédé sur les networks. Durant cette saison vous verrez donc défiler Stacy Keach, inoubliable Mike Hammer, Dean Winters célèbre prisonnier de la série Oz et déjà policier dans la série Rescue me, sans oublier André Braugher donc qui, chose étrange, donne ici l'impression de rejouer son personnage de Homicide mais vingt plus tard, désormais gradé et ayant fait son coming out. 
Pour conclure on peut affirmer que pour apprécier la série il est essentiel ne pas y chercher une once de réalisme (jamais un commissariat n'aura paru aussi calme et semblable à un open space) et surtout de ne pas être réfractaire au style parfois hyperactif de son comédien principal, ce qui peut freiner un public encore trop habitué aux tranquilles sitcoms des networks qui commencent à accuser un gros coup de mou niveau évolution ( the big bang theory en tête) à trop vouloir étirer des gags qui ne sont plus efficaces passées les 4 années à l'antenne. 

jeudi 2 janvier 2014

Hannibal saison 1

Hannibal
Créée par Bryan Fuller


Il n'y a pas si longtemps, je vous parlais de la tendance des networks US à aller piocher dans les grands mythes du Cinéma pour relancer l’intérêt des téléspectateurs qui voyaient leurs dramas préférés toucher à leur fin. Alors que Dexter s'achevait sur une note minable, sa huitième saison étant une sorte de gros foutage de gueule à l'encontre des fans qui osaient encore espérer une fin décente pour leur héros, démarraient deux séries similaires dans l'idée (les origines du mal) mais s'inspirant de deux icônes cinématographiques bien différentes. La première c'est Bates Motel et l'autre c'est Hannibal. Si la première est un ratage complet, comme je vous l'expliquait par ici, la seconde lui est infiniment supérieure à tous les niveaux. Je m'en vais vous expliquer pourquoi.



Entrée
A l'origine de ce projet télévisuel, la productrice Martha DeLaurentiis et Byan Fuller. Son nom ne vous dit rien, ses récentes productions vous parleront peut être plus, les étonnantes Dead Like Me et Pushing Daisies. Des séries bourrées d'humour, d'idées barrées et de personnages tous plus attachants les uns que les autres. Point commun des deux séries, le sujet traité : La mort. Dead Like Me racontait les aventures d'une troupe de faucheurs d'âmes spécialisés dans les morts violentes, et Pushing daisies, production sous influence Amelie Poulain, narrait la vie d'un homme qui avait le don de ressusciter les morts par un toucher, et les tuer à nouveau des lors qu'il les retouchait. Difficile alors d'avoir un contact quelconque avec sa bien aimée, fraîchement réanimée...Il est donc d'autant plus étonnant de trouver Fuller à la barre d'un des dramas les plus sombres et noirs de 2013 mais quand on lit les interviews du bonhomme, on sent une vraie passion et un respect absolu pour l’univers d'Hannibal. Et puis le cannibale se prêtait difficilement à un traitement comique quand on y pense. En tout cas il ne s'est pas raté sur ce coup là, sa série est une des  meilleures de l'année. Pourquoi ? La réponse ci dessous.

Plat
D'un point de vue chronologique, l'action de la série se situe avant Dragon Rouge, qui lui même se situait avant Le silence des agneaux et Hannibal. Vous ne trouverez donc aucune trace de Clarice Starling, et encore moins de Dolarhyde, mais sont déjà présents Jack Crawford, Will Graham et Hannibal, en liberté et psychologue de son état. La série commence lorsque Jack Crawford, enquêtant sur une série de meurtres de jeunes femmes qui est l'oeuvre d'un serial-killer, fait appel à Will pour l'aider à le coincer. Particularité de Graham, sa faculté à se mettre dans la tête du tueur, quitte à s'abandonner parfois complètement et à se déconnecter de la réalité. Son enquête va le mener jusqu'au tueur et à sa fille, à une fusillade qui le laissera fragilisé et le forcera à être suivi de près par Hannibal, psychologue, et tueur à ses heures perdues. Le tueur de l'épisode Pilote est d'ailleurs le fil rouge de la saison, puisque pendant toute celle-ci on suivra la descente aux enfers de Graham, hanté par le personnage du père et accompagné de la fille, tandis qu'un copycat tente de reproduire les tableaux de chasse du tueur.
Il me semble important de préciser que pour apprécier la série à sa juste valeur, il sera nécéssaire d'aller au delà des trois premiers épisodes, qui ne reflètent absolument pas ce qui va suivre (la série contient 13 épisodes). En effet, les premier épisodes laissent craindre un formula show à la Millenium : un épisode = un tueur en série, avec une apparition d'Hannibal. La série suivra néanmoins ce schéma mais les enquêtes ne sont au final qu'un prétexte pour creuser la relation Hannibal / Will, et sa déchéance psychologique face aux horreurs dont il est le témoin en première ligne. Et rien que pour ça, la série vaut le coup de s'accrocher. Elle a quand même d'autres qualités, je vous rassure.


La première est son refus total de tout compromis et d'autocensure quant à la violence de son contenu. La série a pour thème les tueurs en série, et le moins que l'on puisse dire, c'est que les scénaristes ne manquent pas d'imagination pour repousser les limites du montrable à la télévision. Un des talents de Graham, comme je vous le disais plus haut, est de pouvoir rentrer dans l'esprit des tueurs, de savoir comment ils réfléchissent et comment ils ont procédé pour tuer. Pour chaque scène de crime vous aurez donc le résultat, des cadavres donc, et après comment on en est arrivé là. Et mon dieu que c'est dégueulasse. Pour info la série passe en deuxième partie de soirée sur NBC. Soit un des plus grand networks US aux coté de Fox et CBS.
Ce qui est chouette à la Télévision américaine, c'est que lorsque vous montrez un bout de fesse, vous subissez les foudres de la censure, mais si vous montrez un mec dépecé comme un cochon, il n'y a aucun problème, du moment que vous mettez un "viewer discretion advised" en début d'épisode et après chaque coupure pub. Le résultat : en 13 épisodes vous aurez un totem géant composé de cadavres, un tueur qui découpe le dos de ses victimes pour leur faire des ailes, un mélomane qui transforme ses victimes en archer avec leurs cordes vocales, un tueur qui exécute une version kingsize du sourire du clown et surtout, la cravate colombienne, pratique favorite du tueur interprété par Eddie Izzard. Je vous laisse découvrir à quoi ça ressemble. Les effets spéciaux sont vraiment réalistes, comprenez vraiment à gerber. Sans oublier qu' Hannibal, je vous le rappelle, est cannibale. De bien belles scène de "cuisine" sont à prévoir aussi.


Ensuite la série est classieuse, dans sa mise en scène. Pas d'effets inutiles (à part quelques effets rewind dans les "projections" de Will) et des cadres soignés. La manière dont on découvre les morts est bien fichue, commençant généralement par un plan sur le visage de celui qui les trouve, pour ensuite le suivre jusqu'au cadavre. Autre bon  point, la photo. Terne, parfois crépusculaire, très rarement éblouissante (lorsqu'elle l'est c'est pour éclairer une scène de crime sordide, comme la fille empalée sur les bois de cerf), et on est surpris de trouver Karim Hussain pour certains épisodes. Il éclaire le salon d'Hannibal comme une antre sans issue, où sont préparés les repas du maître de maison.
Autre qualité du show, son écriture. Là où il aurait été facile de jouer à fond la référence maladroite aux films, la série pose sa propre chronologie et son propre rythme. Fuller souhaitant faire durer son récit sur 7 saisons, autant vous dire qu'il prend son temps. La qualité des scénarii s'en ressent, la chute de Graham n'est jamais précipitée, le piège de la manipulation d'Hannibal se ressert lentement mais sûrement et la conclusion arrive sans accélération en fin de saison. La série est très bavarde, mais les dialogues sont soignés et bourrés de sous-entendus glauques ou malsains (mention au "rien de ce vous allez déguster n'est..végétarien"). Il est beaucoup question de psychanalyse dans Hannibal, ce qui nous vaut parfois quelques longues sessions divan, entre Will et Hannibal, ou Hannibal avec sa psy, interprétée par Gillian Anderson, mais ça reste très digeste dans l'ensemble.
Je vous disais que Fuller connaissait parfaitement l'univers de Thomas Harris, et ça se voit tout au long de la saison, entre clins d’œil appuyés (utilisation à plusieurs reprise de l' aria di capo de Bach et mise en scène des meurtres qui rappellent l'évasion de Lecter dans le film de Demme), et d'autres plus subtils relevant surtout de l'hommage (du propre aveu de Chris Carter,le personnage de Scully dans X-files est une modernisation fantastique de Clarice Starling. Hommage lui est ici rendu via le personnage de Beleda du Maurier interprétée par Gillian anderson, éternelle Scully). Le plan final de la saison est d'ailleurs hautement symbolique, entre l'utilisation de la BO d'Hannibal et la posture de son héros rappelant la première rencontre entre Clarice et le docteur dans le silence des agneaux.


Trou normand
Petit mot sur l'ensemble du casting, où l'on retrouve dans le rôle titre Mads Mikkelsen, vu notamment dans Casino Royale ou chez Winding Refn. Excellente idée de casting au demeurant, la beauté froide et impassible de l'acteur sied à la perfection au personnage monstrueux et imprévisible qu'est Hannibal, loin du cabotinage d'Anthony Hopkins. A ses côtés Hugh Dancy, acteur plutôt falot au demeurant mais qui affine son jeu au fur et à mesure des épisodes, faisant passer son personnage de gros asocial no life à victime consentante à la limite de la folie en fin de saison, et Laurence Fishburne qui arrive, dans le rôle de Jack Crawford (interprété par Scott Glenn dans le film de Demme) à faire oublier son écart dans Les experts, et confère à son personnage une image à la fois dure mais juste, manipulateur mais compatissant avec Will, qu'il tente de repousser dans ses derniers retranchements, toujours selon lui pour la bonne cause.

Dessert
Que dire de plus ? Je vous conseille vivement, si ce n'est pas encore fait, de découvrir cette série, classieuse et gore, respectueuse du matériau original, bien interprétée, avec quelques défauts assez vite corrigés (la femme cancéreuse de Jack, introduite le temps de deux épisodes, ne sert à rien, si ce n'est maladroitement humaniser un peu plus la bête de travail qu'il devient en milieu de saison) mais vraiment addictive. Vous avez encore 1 mois et demi avant la reprise.  En attendant, voila le morceau issu du la bande originale du film Hannibal, qui est repris dans la dernière scène de la saison, et qui vous fait dire : vivement février.



Cadeau +1. Spoiler alert un peu aussi.




vendredi 6 décembre 2013

The walking dead saison 4 première partie

The Walking dead
Saison 4 Part 1, 4x01 à 4x08


La semaine dernière s'est achevée la première partie de la quatrième saison de The Walking dead. 8 épisodes  à regarder avant la reprise en février sur AMC. Si vous ne suivez pas The Walking dead, ce que je peux comprendre, il est important de vous présenter non pas la série avec tous ses personnages et la BD, je n'ai ni l'envie ni la place, mais plutôt de vous expliquer brièvement dans quel état (le mot n'est pas trop fort je pense) se trouve la série à l'aube de la 4ème saison, et ensuite vous en parler, justement, de cette quatrième fournée. 
Lorsque la saison 4 débute, on retrouve toute la petite bande à Rick , retranchée dans un pénitencier, après l'assaut du gouverneur. Michonne a intégré la bande, Le fiston carl aime toujours autant les armes à feu, a une nouvelle petite soeur et le gouverneur, après avoir été éborgné par Michonne, est toujours dans la nature. Dehors les morts se pressent aux grilles, obligeant les survivants à leur fracasser le crâne à intervalle régulier. Voilà pour le décor; ensuite petit bilan nécro:

Ils nous ont quitté: 




Ceci étant dit, nous pouvons commencer les hostilités. 

Le problème avec the walking dead, c'est son manque de rythme et de grosses lacunes niveau écriture, et ce depuis la saison 2. Je ne sais pas comment ils se débrouillent, mais chaque saison est bâtie de la façon suivante : un début sympa et tendu, 3 ou 4 épisodes mollassons, un épisode 7 ou 8 qui réveille le spectateur, et ensuite calme plat jusqu'au season Finale, histoire d'en mettre plein la vue et se dire "ouahhhhh vivement la prochaine saison"!. 
On est faible quand même...
La saison 4 ne faillit pas à la règle, et nous impose un rythme, ou plutôt une absence de rythme, particulièrement lent. La faute à une stagnation totale au niveau de l'intrigue, doublée d'une série de tentatives foirées pour maintenir un semblant d'intérêt. La saison commence et on a une certitude (qui n'était qu'une impression à partir de la saison 2), la série est devenue un drama, avec des zombies dedans. Un drama, avec tout ce que ça sous entend de situations et d'échanges inintéressants, de pleurs, de cris et de trahisons à deux balles. Qui plus est les personnages n'ont pas 20 endroits où aller, ils habitent dans un pénitencier. On passe donc d'une cellule à l'autre, et puis des fois on va au jardin planter des carottes, on va planter quelques pieux dans la tête des zombies à la clôture. On se demande si on a fait le bon choix de se réfugier dans une prison etc...


Histoire de relancer le tout, les scénaristes ont une idée de génie. Propager au sein de la prison une contamination. La plupart des résidents tombent malades et décèdent. Et dans the walking dead, quand on décède à 10"41, il y a de fortes chances qu'on revienne, mort-vivant, à 39"30. Rick décide donc de mettre en quarantaine les malades, avec l'aide de Hershell, cherchant désespérément un remède. Ajoutez à cela un mystérieux personnage qui appâte les zombies et tue les malades. 


Voilà, je vous ai résumé les 5 premiers épisodes de la saison. Ah,et un épisode se passe en ville (...) pour aller chercher des médocs. 
Je ne sais pas comment font les scénaristes pour s'enfoncer dans cette routine depuis 4 saisons. Le season premiere est blindé d'idées et de scènes cool (un personnage se prend quand même un hélico sur la poire et vous aurez droit à une chouette scène de zombies qui tombent du ciel) et après c'est le calme plat, entre idées complètement cons et ridiculisant les héros (Michonne la bad ass au Katana est une warrior, et elle se pète la cheville en descendant de cheval), et looongues discussions dans les couloirs. Seul bon point mais jamais développé : le personnage de Carol. Son rôle a quand même une importance cruciale (c'est elle le mystérieux assassin) et elle fait froid dans le dos quand on la voit apprendre à des gosses comment trépaner un zombie. Mais là encore, Rick l'abandonne comme un chiot au coin d'une rue, sans aucune autre forme de procès. Du gâchis donc. On en vient à attendre LA scène de chaque épisode avec des morts-vivants, réduits au statut de gimmick. 

Et c'est une fois arrivés à la fin du 4x05 que l'on se dit "enfin!", lorsque réapparaît le personnage du Gouverneur. On se dit que ça va barder, que ça va s'insulter copieux et se mettre des ramponneaux. 
Raté. 

Les deux épisodes suivants sont des épisodes centrés uniquement sur le gouverneur et sa rencontre avec une famille de péquenauds, qui vont lui réapprendre à vivre, tout ça...En chemin il va retrouver ses anciens collègues bidasses, avec qui il va fomenter un assaut sur Rick et ses copains. 
Il n'y a rien à faire, même ces épisodes gouverneur centric sont chiants. La faute entre autre à l'acteur toujours aussi peu charismatique et éloigné du Gouverneur de la BD, et à une écriture toute molle et sans tension. C'est dommage, le personnage en question est quand même censé être un manipulateur et un tordu de première classe.
Arrive enfin le dernier épisode, et là c'est la fête, l'assaut est lancé sur le pénitencier, tout le monde se tire dessus, on sort le tank (oui, les maychants on un tank, au moins ils ont gardé cette bonne idée de la BD) et même les gosses sortent les guns (cf la formation paramilitaire de Carol 4 épisodes plus tôt). Plus rien à foutre de l'épidémie, plutôt crever un flingue à la main  que de la grippe. Rick nous offre encore une belle leçon d'acting après son " no,no,no,no" de la saison 3, et la Rick company se barre ENFIN du pénitencier. 
Comme je vous le disais, ça se réveille à la fin mais comme d'habitude, ça va ronfler gentiment jusqu'au Finale. Alors qu'attendre de la suite? Un peu moins de bla bla, plus de zombies (la série s'appellerait toujours bien the walking dead, aux dernières nouvelles), et moins de mélo si possible, merci. Daryl va t-il enfin prendre de l'importance ? Carol va t-elle revenir, au risque de se faire péter la gueule par les amis des gens qu'elle a tué ? Carl va t-il devenir membre post-Apo de la NRA ? Wait and see...

lundi 18 novembre 2013

Bates Motel Saison 1

Bates Motel
Genre : Tout sur ma mère
Créateur: Anthony Cipriano et Carlton Cuse
2013


Il n'y a pas si longtemps, Hollywood, à court d'idées originales pour produire des longs métrages, a décidé d'adapter sur grand écran des séries tv. C'est pratique, pas besoin de présenter des personnages, tout le monde ayant une télévision les connait déjà. Reste à leur broder une histoire et hop, vous vous retrouvez avec Chapeau melon et bottes de cuir, X files, et bien sur Mission impossible, pour ne citer qu'eux. Arriva par la suite, début des années 2000 pour vous donner un ordre d'idée, un autre phénomène, que l'on peut qualifier de régression qualitative des productions cinématographique au profit d'une augmentation de la qualité des productions télévisuelles. Les années 2000 ont vu des talents alors confinés au Cinéma délivrer des œuvres majeures, à l'instar d'Alan Ball, scénariste d'American Beauty et créateur de Six feet under. Ont suivi des séries telles que Les Sopranos, the Wire, 24 heures chrono etc...arrivant à  procurer au spectateur ce qui commençait cruellement à manquer sur grand écran. Effet intéressant de la chose, de nombreux acteurs et actrices ont ainsi cédé aux sirènes du petit écran pour booster leur carrière et devenir des mythes de la télévision américaine (Avant 24, citez moi 5 films avec Kiefer Sutherland). Seulement voilà, les séries ne sont pas éternelles, et lorsque ces chefs d'oeuvre se sont achevés, il a bien fallu les remplacer. Et plutôt que de se creuser la tête à créer de nouvelles séries (j'entends par là avec un concept et un thème original), la solution de facilité a été de pocher parmi les blockbusters récents ou les grands mythes du Cinéma pour en faire une série. Pour maintenir la pompe à fric l'attrait du public pour l'univers Marvel, la série agents of S.H.I.E.L.D fut créée. Je vous laisse juger du résultat. Et pour les grands classiques, en 2013 vous avez pu découvrir Hannibal et Bates Motel, soit deux grandes figures du cinéma d'épouvante. Si Hannibal commence plutôt mollement pour gagner en qualité au fil des épisodes, grâce notamment à son interprète, Mads Mikkelsen, et à une volonté des créateurs ne se jamais se freiner sur les thèmes et le côté malsain de l'ensemble, Bates Motel est son complet opposé, à savoir une série molle, sans enjeu, capitalisant à mort sur le côté iconique du motel Bates en haut de la colline et sur la relation perverse qu'entretient Norman avec sa mère. La première saison ne contient que 10 épisodes et a déjà son passeport pour une deuxième saison. Pas sûr qu'il faille s'en réjouir. 

                                                           Même le générique est moisi

Créée par Carlton Cuse, l'homme derrière Lost, la série est un prequel, nous racontant les mésaventures de Norman Bates et sa mère, nouveaux acquéreurs du fameux motel et qui vont très vite faire connaissance avec la ville et ses habitants au comportement suspect. Déjà pour commencer, saluons la fausse bonne idée de Cuse : situer l'action de nos jours. Pourquoi, je me le demande encore. Vous verrez donc Norman et sa mère pendus à leurs Iphone, on ne les voit pas pas mais leur sonnerie est reconnaissable, mais habitant dans une maison toute droit sortie du film original. La série baigne dans cet anachronisme constant qui n'est à aucun moment justifié. Ce qui rend encore plus dommage le fait d'avoir abandonné l'idée initiale de situer l'action avant le film de Hitchcock. C'est pas comme s'il était impossible de situer l'action d'une série à un autre moment que les années 2000, cf Mad men

Ceci étant passons à autre chose : L'histoire.
Nous apprenons en début d'épisode Pilote que Norma et son fils Norman ont fui après le décès du père de celui-ci, pour recommencer une nouvelle vie, gérants d'un motel donc. A peine arrivés ils sont accueillis par un homme qui vient réclamer son dû, les terres du motel. S'ensuit un affrontement au cours duquel Norma dérouille et finit par tuer son assaillant, sous les yeux de Norman. Une chose en entraînant une autre, les Bates vont faire la connaissance du reste de la ville, surtout les policiers en fait, sans oublier le retour du fils rejeté, Dylan. Vous avez désormais l'arc narratif de 7 des 10 épisodes de la saison 1. On pourrait légitimement penser que ce serait l'occasion de développer une ambiance paranoïaque, à base de soupçons entre voisins et de non-dits par exemple (la série est clairement sous influence lynchienne avec twin peaks), et bien non. La faute à une absence totale de rythme, une overdose de clichés et de digressions qui empoisonnent chaque épisode. Vous aurez tout et n'importe quoi pour animer les 45 minutes que durent un épisode. Norman à l'école, Norman qui enquête avec une ado malade, Norma qui fricote avec le shérif adjoint, Dylan qui surveille un champs de weeds. De temps en temps vous aurez un clash Norma/Norman, avec le frère de celui-ci qui lui conseille de se barrer au plus vite. En plus du meurtre du mec en début de saison, s'ajoute une enquête sur un réseau local de prostitution dans lequel trempe le shérif adjoint, le petit copain de Norma. Cet arc occupe facilement 6 épisodes, jusqu'à un dénouement tout pourri avec un gunfight dans le motel.
Comble du comble, on assiste à du remplissage pur et dur lorsque les 5 dernières minutes de l'épisode 5 sont INTEGRALEMENT reprises en guise d'intro de l'épisode 6. C'est vite fait et c'est toujours ça de gagné. Seul point positif, les dernières minutes de l'épisode 7 nous font remonter à la mort du père de Norman, et l'on découvre le côté dérangé du gamin. 
Les trois épisodes restants ne volent pas plus haut, entre retour d'un souteneur et bal de promo pour Norman, et s'achèvent sur le meurtre d'un personnage dont on se contrefout, mais bon, faut bien que quelqu'un y passe pour le cliffhanger, on allait pas sacrifier l'ado avec sa bonbonne d'oxygène. Zéro action et enfilade de clichés, à l'image de cette scène ou Norma se confronte à des jeunes délinquants qui fument des joints sous son porche en écoutant du reggae. 


Le problème principal de la série, contrairement à Hannibal qui arrivait à faire ressentir cette attirance/répulsion pour son personnage, c'est qu'à aucun moment on ressent un quelconque malaise à regarder ce fils à maman déambuler avec son cardigan. Pourquoi ? La faute à un amoncellement de clichés sur la relation Mère/Fils, entre les "je t'aime" à répétition de Norma et les "MOTHER!!!!" de Norman, leurs échanges sont plus ridicules qu'autre chose. D'ailleurs il est intéressant de voir que le seul qui semble se détacher de tout ça c'est le frère, Dylan, qui devient le personnage le plus intéressant à suivre, oscillant entre une volonté de se barrer loin de la famille de cinglés qui est la sienne tout en essayant de sauver Norman en essayant parfois de lui ouvrir les yeux (" Pourquoi tu ne l'appelles pas maman, Norman ??!"). 
Le ridicule est atteint lorsque Norman découvre un chien sous la maison, qu'il appellera Juno et qui se fera écraser comme une merde un épisode plus tard. Et là, LA GOLDEN IDEA de Bates Motel : Et si on se disait que c'est empaillant son clebs que Norman va développer ce goût pour la conservation des choses mortes.  Résultat : Juno 2.0. ci dessous :


Je vous parlais du côté parfois lourdingue des situations, ce n'est rien comparé aux interprètes. Si certains surnagent au dessus des autres (Max Thieriot est plutôt bon en frère un peu jmen foutiste obligé de se mêler aux affaires familiales), le casting principal est globalement raté. Commençons par Norman, interprété par Freddie 'Arthur et les Minimoys' Highmore, qui tente de nous faire gober qu'il est un psychopathe en sommeil, et que des fois il peut faire le maychant en baissant la tête et en levant les yeux. Ses crises de colère en sont d'autant plus ridicules qu'on a l'impression de voir un chiot s'exciter.  Mais ce n'est rien comparé à:
NORMA BATES

Interprétée par Vera Farmiga, comédienne plutôt douée d'ailleurs (et ailleurs), remarquée dans In the air et dernièrement en chasseuse de fantômes dans Conjuring de James Wan, son rôle a beau être le pivot de la série, il est également le plus énervant à force de mimiques et de surjeu outré.
Je soupçonne les réalisateurs de lui avoir donné comme seule direction "ton personnage est fou, et pis d'ailleurs c'est pour ça que ton fils devient fou. Vas-y fais la fofolle parano".
Résultat, elle court dans tous les sens comme un frelon fou, roule des yeux, hurle et pleure comme d'autres clignent des yeux et n'arrive pas une seule seconde à créer une empathie pour son personnage. Moment culte de la saison 1, lorsqu'elle espionne le shérif en train de tuer (surprise) sur le quai du port, et qu'au moment où le shérif se barre en hurlant " Norma tu peux rentrer chez toi", elle sort de sa cachette comme un suricate qui sort de son terrier. Je sens que ça va devenir un GIF mythique dans pas longtemps. Ce qui est hallucinant c'est qu'elle décrédibilise chaque scène de tension où elle ouvre la bouche. Le comble du n'importe quoi est atteint lors du dernier épisode lors d'une scène où Norma, assise sur le canapé avec son fils prêt à aller au bal de promo, lui annonce qu'elle s'est faite violer à plusieurs reprises par son frère lorsqu'elle était jeune. Voilà, bonne soirée mon grand amuse toi bien.


Le reste du cast n'est pas mieux loti, on retrouve Nestor Carbonell, interprète de Richard Alpert dans Lost, dans le rôle du shérif mystérieux, et deux trois seconds rôles uniquement là pour servir la soupe à notre duo vedette. 
Je ne sais pas trop vers quoi on se dirige pour la saison 2, à vue de nez je dirais encore du chantage et des hurlements de Norma, mais il serait vraiment nécessaire d'apprendre à écrire un vrai arc narratif qui développerait la folie latente de Norman (son amnésie post homicide est une bonne idée, elle est juste mal exploitée) et qui mettrait sa mère en sourdine.

Petit truc rigolo pour conclure. Si comme moi vous êtes fan d'Arrested development et de Buster, vous allez avoir de gros fous rires avec les "motheeeeeer" de Norman.