13Cine

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dimanche 14 juillet 2013

Pacific Rim

Pacific Rim de Guillermo del Toro
genre : film somme pour fanboy
Sortie le 17 juillet 2013


Un des films les plus attendus de l'été. Déjà parce qu'un film de Del Toro est toujours synonyme de qualité, et parce que le savoir aux commandes d'un blockbuster où des robots géants se mettent sur la tronche avec des Intra-terrestres à coup de bateaux et de roquettes, ça met tout de suite l'eau à la bouche. Et bien, à quelques menus défauts près, on touche ici à un idéal de film d'action, débordant de générosité et de références, vous laissant avec un grand sourire de gamin à la sortie.

Film de Fan Boy
Ce qu'il est important de préciser, pour ceux qui ne connaîtraient pas Del Toro, c'est que chaque film qu'il réalise, qu'il soit personnel et dramatique, comme l'échine du Diable, ou plus orienté grand public comme Hellboy, est une occasion de faire partager avec son public son immense culture cinématographique et son amour pour les autres arts comme la peinture, la littérature, et les autres médiums, jusqu'aux jeux vidéos. C'est surement ce qui définit le mieux le fanboy (évitons le terme de geek, utilisé à tort et à travers), personne qui entretient une passion et qui souhaite la faire partager avec le plus grand nombre.  Et bien Pacific Rim, c'est une somme de toutes ces  influences, doublée d'un grand film pour enfants, petits et grands, puisqu'il fait souvent penser à une version live de jeux d'enfants justement, avec de gros robots qui défonceraient des monstres, "et on dirait que les robots ils iraient dans l'espace, et il détruiraient tout une ville, et le robot pour se battre il prendrait des roquettes et puis un chalutier..".  Pari réussi à ce niveau là.

                   Oui, c'est un paquebot; et oui il s'en sert comme d'une batte de base ball. 

Je vous parlais de la culture monstre de Del Toro. Si vous avez la chance de lire ses interviews, elles sont une source inépuisable de connaissances sur tous les arts ( peintures, cinéma, littérature, télévision..), et l'homme ne rate jamais une occasion de ressortir un film que personne n'a vu mais qui visiblement l'a traumatisé. Aussi, voici un petit tour d'horizon des références et hommages de Del Toro pour ce qui est de Pacific Rim, et dieu sait qu'elles sont nombreuses...

Des Monstres et des robots. et des hommes
Pacific Rim narre les aventures des hommes qui, face à une invasion de monstres maritimes géants, construisent des robots, gigantesques, contrôlés par deux pilotes, généralement des frères ou des époux, reliés mentalement par un "pont neuronal". L'un d'entre eux, Raleigh, perd son jumeau lors d'une attaque. C'est dommage, l' invasion ne fait que commencer.
Dans ce film, les robots sont appelés Jaeger ( chasseur en allemand ) et les monstres, classés par catégorie et taille, kaiju. Un kaiju, dans la culture japonaise, c'est un terme définissant une " bête étrange" et dans le langage cinématographique, un Kaiju Eiga, c'est un terme japonais qui définit un film  mettant généralement en scène un monstre géant venu pour exterminer les hommes, en atomisant des villes entières. Et son plus grand représentant, c'est lui:


Godzilla. Monstre crée en 1954 et apparaissant la première fois dans le film éponyme d'Ishiro Honda, où il piétine des maquettes en affrontant des militaires. Symbole de la crainte du nucléaire, Godzilla ouvrira la voie à de nombreux Kaiju Eiga, mettant en scène d'autres créatures comme Mothra la mite, Gamera la tortue ou Rodan le ptérodactyle. Au gré des films ils passeront du bon ou du mauvais côté de la barrière, Godzilla prêtant assistance aux humains à de rares occasions. Il est effectivement évident que ce film a clairement influencé Del Toro pour son film, tant on a souvent l'impression de regarder une version 2014 du dit godzilla, avec explosion de villes et destruction d'armées et tanks.

Autre référence revendiquée de Del Toro, les œuvres de Goya. et plus précisément une toile:


Il s'agit du colosse de Goya, exposé au musée du Prado. Référence qui saute aux yeux à la vision du métrage, où la plupart du temps, les Jaegers adoptent la même position de boxeur lors des affrontements avec les kaijus, souvent baignés dans la brume et près des hommes.

Evangelion et Aperture Sciences
Parmi toutes les influences de Del toro, il en est une qui n'a pas manqué de faire bondir les connaisseurs d'animation japonaise, tant elle est flagrante une fois que le film se termine. il s'agit de neon genesis evangelion,  production animée japonaise dans laquelle des monstres , appelés anges, sont confrontés aux hommes, pilotant l'évangelion, créature mécanique mystérieuse. Si les similitudes sont parfois trop évidentes, de la part de Del Toro il est plus logique de l'interpréter comme un hommage plutôt qu'un plagiat en bonne et due forme.


Petit cadeau aussi fait à la génération gamer, (et pour cela il faudra tendre l'oreille), Del Toro a fait appel  à Ellen Mclain. Son nom ne vous dit rien, mais sa voix trafiquée oui.


Oui, GlAdoS est bien dans le film. Elle prête sa voix à l'AI en charge de la "connexion" des deux pilotes. Quelle bonne idée a eu Del Toro de l'inviter pour son film, et en plus entendre glados balancer " Pilots. ready to connect" juste avant une baston homérique, ça fait tout de suite son petit effet.

Je pense que la liste des références de Del Toro est assez conséquente, trop pour être analysée en intégralité ici, donc je vous laisse les découvrir par vous même. Il est d'ailleurs temps de passer à la suite, le film en lui même.

La Del Toro's touch
Au delà du fait que le film ressemble souvent à un enchaînement de séquences jubilatoires de bastons entre mastodontes, ce ne serait pas aussi fun si ce n'était pas Del Toro derrière la caméra. On a déjà eu par le passé des blockbusters à tendance destruction massive en agglomération, et le moins que l'on puisse dire c'est que Michael Bay et ses transformers se fait battre à plat de couture par le mexicain. Ce qui fait la différence, c'est que Del Toro sait tenir une caméra, et n'a jamais recours à un surdécoupage dans l'action. Toutes les séquences de combat sont claires et lisibles. Le film en soi est d'ailleurs plutôt généreux, à ce sujet. un des personnages nous expliquant que plus on va avancer dans le temps, plus les attaques vont se multiplier, et les kaijus seront de plus en plus nombreux. Et donc les affrontements s’enchaînent à intervalle réguliers. Mais là où ça devient cool c'est qu'aucune baston ne ressemble à l'autre. Del toro exploite à fond tous ses décors ( mer, ville, port, espace) et prend un plaisir fou à tout faire péter et à en mettre plein la vue, jamais gratuitement et toujours en respectant une certaine continuité logique dans sa mise en scène. Je m'explique:
Prenez Michael Bay, qui dans ses Transformers faisait tout et n'importe quoi. Non seulement il faisait changer de taille ses robot assez frequemment ( IronHide passant de Grosse jeep à robot de 10m de haut au gré des séquences), mais son style épileptique rendait difficilement regardable ses scènes de bataille, l'obligeant à avoir recours au ralenti pour montrer qui tape qui. 
Del Toro, lui préfère appliquer à la lettre la grammaire de base cinématographique, celle qui vous dit que quand un personnage sort du cadre par la droite, il doit arriver le plan suivant par la gauche. c'est tout con mais ça fluidifie considérablement toute scène un tant soit peu spectaculaire. 
deuxième bon point, le spectateur a beau savoir que ce sont des robots géants, l'impression d'assister à des fights de titans est considérablement renforcée par le fait que Del Toro met un point d'honneur à insérer dans ses plans de combat des éléments de décor tout simples mais qui permettent de se faire une idée de la dimension de ses héros, avec par exemple des hélicos, des oiseaux, des camions.


Un thème récurrent de la filmographie de Del toro est ici présent. la Mécanique et la symbolique de l'horloge à remonter ( déjà bien présent dans son premier film, Cronos, et directement intégré à l'histoire dans HellBoy II avec son armée d'Or, composée de pantins mécaniques). Ici, il est précisé que sans les pilotes pour le contrôler, le Jaeger russe par exemple n'est qu'une coquille vide. Le seul robot encoure debout au final est d'ailleurs Gipsy Danger, seul robot nucléaire pouvant survivre sans électronique pour l'assister, ne devant son salut qu'aux capacités de ses deux copilotes.


En parlant des personnages, saluons aussi la volonté de ne pas réduire les humains de son film à de simples pilotes. Chaque personnage apporte son expérience et ses talents à la mission commune, la destruction de la Faille, point de sortie des kaijus. expérience guerrière pour Raleigh, vengeance pour Mako, seule survivante de l'assaut sur Tokyo ( séquence qui est au coeur d'un flashback  à tomber par terre. Honda peut être fier de l'hommage à Godzilla). 


95% de qualités, 5% de défauts
Soyons honnêtes, le film a quand même quelques défauts. A commencer par son scénario, assez prévisible, ne développant jamais assez la relation de Mako avec son père de substitution, et ne faisant exister Perlman que le temps d'une poignée de scènes. Autre bémol, le score. Composé par Ramin Djawadi, qui avait déjà pondu un score pourrave pour le premier Iron man, et qui pourtant avait repris du poil de la bête avec Game of thrones. Il signe pour Pacific rim un score qui ne met jamais de thèmes en place, bourrin sans éclat, et qui rappelle furieusement le score de Debney pour Iron Man 2.
L'interprétation est également inégale, allant du " surjeu éhonté" avec Burn Gorman  ( déjà à baffer dans la série Torchwood), au " sérieux mais pas trop" avec Idris Elba (la série Luther) à la révélation " excellente surprise" :Rinko Kikuchi. Oui, la japonaise sourde muette de Babel. Elle incarne à merveille la fragilité aux commande d'un colosse de métal. Elle est le coeur du robot, Raleigh en est le bras armé. 



J'avais saigné des yeux devant World War Z, j'ai pris un pied monumental devant ce film. Un certain idéal de film de fan, à la fois respectueux et généreux, sans prétention, au sujet simple mais élevé à un niveau de qualité grâce au talent de Del Toro.

Pour finir, je voudrais bien vous mettre un extrait de la BO mais elle est nulle à ch...oubliable.
Aussi je vous conseille un rapide coup d'oeil vers ce site, si les gros monstres vous intéressent:
le wiki du Kaiju

Et si vous êtes intéressé par l'oeuvre de Del Toro, toutes ses merveilles sur pellicule sont disponibles dans de bien belles éditions DVD/Blu ray, et elles offrent la possibilité d'écouter le commentaire audio du monsieur pour chaque film. Si vous n'avez eu de cours de Mise en scène et de Cinéma, c'est que du bonheur. Lui et Peter Jackson ont la FanBoy attitude très contagieuse.



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