Genre: kermesse du diable
Sortie le 4 décembre 2013
Je me demande toujours quelle peut être la motivation derrière l'idée de mettre en route la production d'un remake. Quelles sont les vraies raisons qui poussent à exhumer des trésors et des merveilles qui ne demandaient qu'à vieillir, et à les passer au rouleau compresseur du remake inodore et sans saveur ? L'hypothétique succès d'un film sur les ados qui se découvrent des pouvoirs magiques? Surfer sur la vague Mutant/vampires/autres ? A moins que dans le meilleur des cas (et je pense que le cas en question doit représenter 0,0001% des mises en branle des derniers remakes en date) ce soit dans l'optique de faire découvrir un classique du cinéma fantastique aux plus jeunes des spectateurs. C'est beau de rêver. Concrètement, en ce qui concerne le film dont je vais vous parler, le remake aura au moins une qualité, celle de vous faire savoir qu'un film Carrie de qualité supérieure a déjà été réalisé en 76 et qu'il était beaucoup plus flippant et traumatisant que la baudruche inoffensive que vous vous serez gaufré pendant 1h40. La salve des remakes de 2013 s'achève en beauté si je puis dire.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas Carrie, je vais vous faire un récapitulatif. Carrie est pour commencer un livre de Stephen King, nous racontant les déboires de Carrie White, jeune lycéenne timide et renfermée, élevée par une mère possessive et bigote, qui l'enferme dans un placard pour la faire prier dès qu'elle estime que sa fille a offensé le divin, c'est à dire à peu près tout le temps. Un beau jour Carrie se fait humilier par ses camarades de classe, et on découvre que Carrie, contrariée, est douée de télékinésie. Le bal de l'école approche, et une des filles l'ayant humiliée propose à son mec d'inviter Carrie au bal. Ce qui ne va pas plaire a sa mère, et encore moins aux autres filles de l'école qui lui réservent un sale coup d'enfoiré. Mais Carrie comme je vous le disais, faut pas trop l'emmerder.
Le film de De Palma, même si il prenait quelques libertés avec le bouquin de King, avait quand même de sacrées qualités. Hormis le fait d'offrir à Sissy Spacek un rôle en or, à la fois ingrat et fort, il arrivait à retranscrire à merveille le message sous-jacent de l'oeuvre de King, avec sa métaphore de l'adolescence, où grandir conférait des pouvoirs sur les autres, qu'ils soient surnaturels ou tout simplement humains. La dernière demi-heure est une leçon de mise en scène, avec Carrie qui détruit tout sur son passage, avant le face à face avec sa mère. Ajoutez à ça le score de Pino Donaggio, dont l'extrait ci dessous est tiré.
Autant vous dire que le remake 2013 n'arrive jamais à se hisser ne serait-ce qu'aux chevilles de l'original.
Sissy Spacek. Beaucoup plus marquante que son ersatz 2013
Sissy Spacek. Beaucoup plus marquante que son ersatz 2013
Faire un remake n'est déjà pas en soi un chose très inspirée, mais si on se lance dans l'aventure, autant proposer quelque chose de nouveau. Respecter le matériau originel n'interdit pas de prendre quelques libertés avec le film original. Regarder Dawn of the dead 2005 : Snyder, plutôt que de refaire la scène de panique en plateau TV de l'original de Romero, préfère nous montrer comment la vie de l’héroïne va basculer lorsqu'elle va découvrir l'apocalypse au saut du lit. Dans le cas de Carrie, on se retrouve avec un film sans surprise, sans prise de risque. Comme si les scénaristes, de peur de se prendre une volée de bois vert par des puristes qui crieraient au scandale parce qu'on change la trame de leur film de chevet, s'étaient tranquillement maté l'original avant d'écrire le remake et avaient copié la chose scène par scène. Je suis mauvais en disant ça, y a du nouveau. Dans les douches, pendant son humiliation, Carrie se fait filmer à l'Iphone et sa vidéo se retrouve sur Youtube. Eh bien voilà c'est tout. Ne comptez pas sur le film pour vous proposer une vision plus moderne de l'adolescence en plein tourment (le problème de l'adolescence reste fondamentalement le même, que ce soit en 76 ou en 2013), vous ne trouverez rien, à part du cliché par paquet de 12, avec le quaterback beau gosse, la bitch du lycée qui en veut à Carrie, les iphones, nouveaux objets d'humiliation en collectivité. Aucun effort non plus lors des scènes avec Carrie avec sa mère, ou sa mère toute seule. C'est une compilation mal écrite de clichés sur les cathos extrémistes et pénitents, très penchés sur la scarification, et la repentance par la douleur. Le film est bancal dans son écriture et lorsqu'on connait l'original, on se ronge le frein à attendre la scène du sang de cochon, élément déclencheur de la furie de Carrie. Et là encore c'est le drame. Le climax, censé être apocalyptique est très vite expédié, entre incohérences grotesques (deux filles glissent sur le parquet suite à une fuite provoquée par Carrie. Elles meurent piétinées par les autres tentant de fuir. Comment les autres font pour courir?) et discours bien pensant et complètement hors propos. Attention
JE SPOILE MAIS BON VOUS N'IREZ PAS LE VOIR
Blondinette, seule alliée de Carrie, est maintenue en l'air par celle-ci, qui veut la buter, mais au moment de l'achever, Carrie découvre (MAIS COMMENT BORDEL????) qu'elle est enceinte et que ho! C'est une fille. Elle décide donc de l'épargner. Rien en vaut la vie etc...pour résumer :
"Je vais te tuer"
" je suis enceinte"
"oh pardon, vas-y file."
"Je vais te tuer"
" je suis enceinte"
"oh pardon, vas-y file."
FIN DU SPOILER
Le personnage titre est d'ailleurs très loin de l'image qu'en fait King dans sa nouvelle. Décrite comme un vilain canard entouré de cygnes majestueux, elle apparaît sous les traits de Chloé Grace-Moretz comme une fille pas moche mais fringuée comme Zézette du père Noel est une ordure. La voir habillée à la fin comme pour la soirée des oscars décrédibilise complètement son personnage. Qui plus est, Carrie est douée de télékinésie lorsqu'elle est sous pression et contrariée. Hors on la découvre en train de faire voler son lit, ses bouquins...On dirait une future recrue de l'école pour mutants du professeur Xavier. Il faut la voir agiter les bras pour faire voler une bagnole.
Concernant d'ailleurs les autres personnages, tous plus insipides les uns que les autres, sans relief ni intérêt, on notera également que le personnage de la mère est ici sous exploité et écrit à la truelle, avec tout ce qu'il faut de clichés sur les vieilles bigotes qui prient toute la journée et prononcent des phrases sentencieuses à toute personne susceptible de froisser le tout-puissant. Interprétée par Julianne Moore qui fait ce qu'elle peut pour faire exister son personnage, elle est bien la seule à surnager au dessus du lot.
Si le scénario est d'une connerie abyssale, ce n'est clairement pas la mise en scène qui va relever le niveau. A la barre, Kimberley Pierce. Sur son CV, un film : Boys don't cry. Voilà j'ai fait le tour. Alors oui son premier long métrage traitait de la recherche identitaire de son héroïne, sa place dans la société et sa sexualité, mais est que cela justifiait le fait de lui proposer la réalisation de Carrie. le raccourci était facile (Carrie serait une version déglinguée de l’héroïne de Boys don't cry ?), c'est dommage d'être tombé les deux pieds dedans. Rien à sauver, entre une direction d'acteurs absente (Julianne Moore est en free style et Chloe Grace-Moretz surjoue à mort la honte mêlée de gêne) et une mise en scène molle qu'un montage à la rue n'aide pas. C'est simple, le climax n'est jamais impressionnant, la boucherie lycéenne est expédiée en 5 minutes, et vous aurez droit à la chute du sang de cochon en 5 angles différents. Multipliant les incohérences en fin de film (Comment Carrie se déplace t-elle aussi vite qu'une bagnole ?) et les clins d'oeil lourdingues à l'oeuvre du King, a travers notamment la chute de pierres sur la maison qui s'écroule, chute qui ouvrait le roman de King car étant la première manifestation des pouvoirs de Carrie avant ses mésaventures lycéennes. Point d'orgue du bousin, le dernier plan laisse sous entendre que le cauchemar n'est pas fini. Au vu du résultat final, et des chiffres au box-office, ça semble plutôt compromis. Tant mieux d'ailleurs, si ce genre d'échec peut dissuader pendant un moment les studios de ressortir les grands classiques en les passant au passage au rouleau compresseur, alors Carrie 2013 aura au moins eu une bonne raison d'exister.
Comme promis le petit cadeau qui va bien. Oubliez le score de Beltrami pour le remake.
Concernant d'ailleurs les autres personnages, tous plus insipides les uns que les autres, sans relief ni intérêt, on notera également que le personnage de la mère est ici sous exploité et écrit à la truelle, avec tout ce qu'il faut de clichés sur les vieilles bigotes qui prient toute la journée et prononcent des phrases sentencieuses à toute personne susceptible de froisser le tout-puissant. Interprétée par Julianne Moore qui fait ce qu'elle peut pour faire exister son personnage, elle est bien la seule à surnager au dessus du lot.
Si le scénario est d'une connerie abyssale, ce n'est clairement pas la mise en scène qui va relever le niveau. A la barre, Kimberley Pierce. Sur son CV, un film : Boys don't cry. Voilà j'ai fait le tour. Alors oui son premier long métrage traitait de la recherche identitaire de son héroïne, sa place dans la société et sa sexualité, mais est que cela justifiait le fait de lui proposer la réalisation de Carrie. le raccourci était facile (Carrie serait une version déglinguée de l’héroïne de Boys don't cry ?), c'est dommage d'être tombé les deux pieds dedans. Rien à sauver, entre une direction d'acteurs absente (Julianne Moore est en free style et Chloe Grace-Moretz surjoue à mort la honte mêlée de gêne) et une mise en scène molle qu'un montage à la rue n'aide pas. C'est simple, le climax n'est jamais impressionnant, la boucherie lycéenne est expédiée en 5 minutes, et vous aurez droit à la chute du sang de cochon en 5 angles différents. Multipliant les incohérences en fin de film (Comment Carrie se déplace t-elle aussi vite qu'une bagnole ?) et les clins d'oeil lourdingues à l'oeuvre du King, a travers notamment la chute de pierres sur la maison qui s'écroule, chute qui ouvrait le roman de King car étant la première manifestation des pouvoirs de Carrie avant ses mésaventures lycéennes. Point d'orgue du bousin, le dernier plan laisse sous entendre que le cauchemar n'est pas fini. Au vu du résultat final, et des chiffres au box-office, ça semble plutôt compromis. Tant mieux d'ailleurs, si ce genre d'échec peut dissuader pendant un moment les studios de ressortir les grands classiques en les passant au passage au rouleau compresseur, alors Carrie 2013 aura au moins eu une bonne raison d'exister.
Comme promis le petit cadeau qui va bien. Oubliez le score de Beltrami pour le remake.
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