13Cine

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mardi 4 février 2014

I, Frankenstein

I, Frankenstein de Stuart Beattie
genre : DTV cashexpress
Sortie le 29 janvier 2014



Pour ceux qui ne suivraient pas l'actualité parisienne, sachez que la salle de cinéma connue sous le nom de UGC Orient Express a fermé ses portes en Janvier. Cette salle avait pour particularité (outre celle de servir de salle de projection pour blockbuster en fin d'exploitation) de projeter des films que l'on peut qualifier de franchement nuls, à la limite du Direct To Video, mais qui bénéficiaient d'une sortie technique, dirons nous, pour leur faire bénéficier d'un grand écran. Des films tels que la colline a des yeux 2, Projet blair witch 2,  ou Cubby house, ce genre de films qui ne servent à rien mais qui permettaient en plus de passer une heure et demi au frais dans une salle de cinéma pendant l'été, période durant laquelle ces films étaient généralement projetés. Et bien en sortant de I, Frankenstein, on se dit qu'il aurait très largement mérité sa place dans ce temple de la bisserie (zèderie même) friquée et molle. 


Le film part déjà avec un handicap certain : son histoire. Vouloir donner suite à l'oeuvre de Mary Shelley est une très mauvaise idée en soi, mais en faire une sorte de sous-Underworld où l'on remplacerait Loups-garous et vampires par gargouilles et démons avec en arbitre partial le monstre de Frankenstein rebaptisé Adam, c'est la promesse d'un spectacle de qualité. J'en connais une qui doit faire l'hélicoptère dans sa tombe. Tentant dès son ouverture de raccorder son récit bancal à l'oeuvre de Shelley avec un Adam,  émergeant de l'antarctique, se baladant  avec son créateur pour l'enterrer et se faisant casser la gueule au cimetière par des démons, le film digresse mollement vers le fantastique de seconde zone avec l'arrivée de gargouilles qui viennent l'embarquer pour...et bien ça reste assez flou en fait. On découvre qu'Adam est recherché par des démons à cause de son statut de réanimé et est suivi par les gargouilles pour des raisons encore plus obscures, d'où la guerre citée ci-dessus. par ailleurs guettez bien l'hommage à Mary Shelley et son classique " It's alive ", il est d'une finesse et tellement bien amené, ça confine au génie ce genre de connerie.
Le film est déjà bien con mais là où le bât blesse c'est que la mise en scène et l'ensemble du casting ne semble se donner aucun mal à relever le niveau. Commençons par la mise en scène, inexistante. Derrière la caméra, Stuart Beattie. A son actif, rien, à part des scénarios pour quelques blockbusters. On regrette qu'il n'aie pas eu la curiosité de traîner sur un plateau pour voir comment on tourne un film, ça lui aurait été utile. Festival de faux raccords, de plans hideux et de découpage à la truelle, le film est pénible à regarder. Prenez le prologue avec Adam errant dans les montagnes enneigées et les vallées, il est moche à en vomir tant on a l'impression qu'il manque un plan sur deux. Plus elliptique tu meurs. Qui dit guerre dit également affrontement et bastons, et là encore c'est la fête niveau mise en scène, on ne voit pas toujours qui tape qui, et les gargouilles ainsi que leurs copains démons sont tout en CGI. On jurerait voir une démo pour Soul Calibur sur PS4. Deuxième point qui fâche, la direction artistique. Le film se veut épique et gothique, vous allez en bouffer du plan de cathédrale, il en devient pénible à force de faire déambuler ses personnages d'une cave à un entrepôt vide, en passant par un laboratoire ou un bureau. Sûrement tourné pour pas un rond en Bulgarie, les extérieurs se résument à un arrêt de tram ou à une ruelle. Même punition pour les costumes, relevant plus du cosplay de la ParisManga que d'une vraie garde robe digne de ce nom. 


Arrive ensuite le point le plus triste du film : les comédiens. Je comprends qu'on ait besoin d'argent, de faire chauffer la marmite, tout ça, mais il ne faut pas accepter n'importe quoi. Qu'a t-on vendu à Bill Nighy, Miranda Otto et Aaron Eckart pour qu'il s'aillent s'embarquer dans une galère pareille ? Le scénario est con comme la lune, avec des dialogues d'une imbécilité sans faille, mais les entendre débités par des acteurs sérieux comme des oncologues, conscients qu'on leur fait jouer de la merde, ça en devient embarrassant. Entre Bill Nighy qui caresse une souris morte sous électrolytes et Miranda Otto en reine gargouille, ils ont officiellement inauguré leur première casserole. Bon, Bill Nighy avait déjà donné dans le n'importe quoi avec Underworld, et il est bien le seul à afficher un flegme tout anglais, avec ce regard qui vous dit " je sais que je fais de la merde et je vous emmerde ", mais Aaron Eckart fait peine à voir dans le rôle titre.  
Le film se suit d'un œil distrait, sans envie ni intérêt, et se conclut dans un climax pyrotechnique à rendre jaloux Del Toro, avec un Adam qui se découvre une âme (W   T   F   ?) et une guerre qui touche à sa fin. Le pire dans cette histoire, c'est que le film est tellement mauvais qu'il n'en est même pas drôle. Pas assez surjoué pour en rire, pas assez jusqu'au boutiste dans son concept, et trop moche pour pouvoir rire d'un éventuel gâchis de dollars. Guettez son passage à la TV sur direct 8 ou W9 d'ici deux trois ans, en VF il y a de fortes chances que le spectacle regagne en intérêt comique.

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