13Cine

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mardi 13 août 2013

American Nightmare

The Purge de James deMonaco
Genre: Purge.
Sortie le 7 août 2013



J'aurais du me méfier. Le pitch avait l'air prometteur (un home invasion Movie avec en toile de fond une nuit où tous les crimes sont permis, moyen radical mis en place aux USA pour faire chuter la criminalité), et l'affiche était sympa. C'était sans compter nos amis de chez Platinum Dunes, fossoyeurs du film de genre et qui continuent à produire du purin à intervalle régulier. Et encore une fois le film dépasse toutes nos attentes.


L'histoire, pour commencer, nécessite de la part du spectateur une suspension d'incrédulité aux limites de l'ignorance. Elle nous narre donc les tribulations de famille de bourgeois classique (papa, maman, fils nerd asocial, ado chaudasse) qui vit dans un pavillon de banlieue dans une maison cossue, avec au moins 25 pièces (c'est important pour la suite vous allez voir). Mais aujourd'hui c'est jour de fête, a lieu la Purge, moyen efficace mis en place par le gouvernement pour faire baisser la criminalité. Pendant 12 heures tous les crimes sont permis. Pour éviter toute invasion pendant cette nuit de folie, la famille barricade la maison, personne ne peut entrer. Malheureusement, coquin de sort, ou scénario pourri, un clodo noir est poursuivi par des djeun's très Auteuil, Neuilly Passy dans l'esprit et frappe à la porte de notre famille. le fiston, pas malin, lui ouvre. Et là c'est le drame. Les djeun's veulent leur proie, par tous les moyens.

On pourrait penser que l'idée en soi est plutôt audacieuse, pour un réalisateur qui aurait les tripes pour aller au fond du concept. Et bien non. ça va même être tout le contraire. Attendez vous à un déchaînement de situations toutes plus invraisemblables les unes que les autres et à une compilation de clichés sans égal.

Un scénario BadAss.
Comme je vous le disais plus haut, l'idée du film, bien que très conne dans le fond (12 heures de tuerie no limit) aurait pu donner un film bien extrême, bien borderline. Ce serait trop simple. De la purge en question vous ne verrez que quelques images de caméra surveillance un peu violentes (et encore je pense que les vidéos de la RATP à Chatelet doivent être encore plus croustillantes) et quelques phrases en OFF de la radio du style " ouh je suis à Dallas, je suis face à 200 personnes en train de s’entre-tuer sur la place de la mairie". La Purge en question s'efface pour laisser place à un home invasion somme toute assez mollasson, où l'on se balade d'une pièce à l'autre en rasant les murs. Et qu'est ce qu'il y en a des pièces...j'y reviendrai. L'action se suit avec un oeil assoupi jusqu'à ce que le père prenne une décision qui relance l’intérêt, mais qui est immédiatement flingué par le côté moraliste du film, asséné par la mère jouée par Lena " No charisme" Headey. Et c'est là la grosse hypocrisie du film. A quoi bon promettre un film coup de poing sur l'homme privé de toute barrières morales, racoleur et sauvage si c'est pour se ranger tranquillou à mi chemin dans les rails bien pensants du " regarde ce qu'on est devenu chéri, c'est moche ce qu'on fait à cet homme"... Bref, je vais pas vous spoiler le dernier quart d'heure qui tutoie les cimes du n'importe quoi avec la finesse d'un porte avion, doublé d'un twist qu'on crame dès le début du film si on est un peu malin. Le film est d'un prévisible à toute épreuve, ne nous épargnant aucun cliché, du fils autiste à la fille ado chaudasse, et nous bombardant d'infos complètement inutiles (pourquoi le fils prend t-il à intervalle régulier sa tension artérielle ?), quand il fait faire tout et son contraire à ses personnages dans le même plan (faut voir la mère fracasser la gueule de sa voisine pour lui dire 1 seconde après " pas de violence sous mon toit"). 



Des acteurs engagés
Un scénario pourri, ça passe quand les acteurs sont bons. Mais quand ils sont aussi mauvais que le script, c'est pénible. Ethan Hawke, jouant un père de famille prêt à tout pour protéger sa famille, interprète son personnage avec une telle conviction, il fait tâche à côté des autres. C'est étonnant, ça fait déjà deux films disons "de genre" (le premier étant Sinister) où je me dis que ce monsieur, ce qu'il lui faut, c'est un bon scénario et un bon réalisateur pour ce genre de projets. Ici on lui fait faire tellement n'importe quoi qu'on a honte pour lui. Sa femme, interprétée par Lena Headey, c'est un peu son antithèse. Molle, amorphe, subissant plus qu'elle n'agit, elle traverse le film à allure modérée. Même quand tout pète, elle reste à deux à l'heure. Passons sur la fille, personnage de 16 ans jouée par une actrice de 24 ans (merci Imdb) et sur le fils, troublante version mini d'Emmanuel Chain, pour se concentrer sur le futur oscar du meilleur acteur de l'année: Rhys Wakefield. chef de meute des jeunes tueurs, il surjoue chaque phrase choc par un rictus tellement mal joué que ça, ça fait peur. 

                                              Le fiston. au début j'ai cru que c'était une fille

Une mise en scène racée, élégante et sans compromis
Un scénario naze ça passe encore mieux quand il y a un réalisateur opérationnel derrière la caméra.
Ce n'est pas le cas ici, loin de là. James DeMonaco, scénariste à ses heures perdues nous livre une sorte de pot (bien) pourri de ce qui se fait de pire en matière de mise en scène de film de genre. Vous voulez un cliché, allez y, servez-vous, c'est la foire. De l'ombre qui passe derrière un mec dans le couloir, au plan du "j'appelle mon fils depuis la cuisine, il répond pas, je vais chercher un truc dans le frigo, j'ouvre la porte, je la ferme et hop, fiston est derrière la porte", ça en devient fatigant après dix minutes. Incapable de créer une tension (c'est con, vu le sujet) il opte pour des choix de mise en scène complètement cons qui perdent le spectateur plus qu'ils ne le captive (toute une scène filmée à la GoPro collée sur une voiture télécommandée. whoua fallait le faire. Il l'a fait. Et dans le noir en plus), se laissant aller à des accès de violence bien inutiles pour flatter le spectateur venu voir de la violence.
Avec une direction artistique complètement à l'ouest et des choix de détails assez surprenants (pourquoi la fille, chez elle, est habillée comme Britney Spears période Baby One more time ? Pourquoi la mère cuisine en talons hauts ? Pourquoi tout le monde veut se planquer dans une cachette qui fait 1 mètre carré ? ), DeMonaco se montre également incapable de gérer son espace. C'est simple, la maison fait un étage et on a l'impression d'être à Versailles. Il y a tout et n'importe quoi dans cette baraque, un babyfoot, un billard, 3 salles de contrôle avec écrans géants. Ça en devient gênant quand les personnages commencent à se courir après. Je me demande comment ils font pour se retrouver dans le noir.
Passons sur les incohérences qui ne semblent pas le gêner plus que ça (ça a beau être une maison inviolable et ultra moderne, le système électrique qui gère tout est une boite dans le jardin,et pas bien cachée semble t-il) et qui du coup s'alignent sur le scénario pourri, qui vous offre de grand moments de circonspection, notamment dès que les maychants arrivent (si les djeun's arrivent à uniquement péter la porte blindée de l'entrée, comment arrivent -ils à entrer par la fenêtre du salon qui est à l'autre bout de la maison ??).

Je ne vais pas m'étaler davantage sur ce film, ce serait comme tirer sur une ambulance en feu coincée sur une voie ferrée. Ceci étant, je vous conseille donc de revoir Funny games de Haneke, vrai film malsain, et de jeter un œil dès le 4 septembre sur You're next, autre home invasion movie, bancal mais mieux foutu que cette chose sans saveur. Ni odeur. Plate. Nulle.


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