13Cine

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dimanche 4 août 2013

Aya de Yopougon

Aya de Yopougon  de  Marguerite Abouet et Clement Oubrerie
Genre: exotisme animé
Sortie le 17 juillet 2013





Adaptation cinématographique de l'oeuvre de Marguerite Abouet, Aya de Yopougon est une transposition fidèle, à défaut d'être complète( la BD se compose de 5 volumes, le film survole les 2 premiers) des aventures de Aya dans la ville de Yopougon, quartier d'Abidjan dans les années 70. 


Le film nous raconte donc les tribulations d'Aya, autoportait de Marguerite Abouet, jeune femme ambitieuse mais réaliste, entourée de sa famille et de ses amis, et décrit son quotidien composé de disputes familiales, de coups de cœur  de coups de gueule, mais toujours rempli d'affection et de bonne humeur. C'est ce qui sauve le film d'ailleurs.



Parce que le plus gros défaut de ce film, c'est sa réalisation. Le style de Abouet, à défaut d'être ultra travaillé dans le dessin, passait plutôt bien en bande dessinée. Malheureusement, porté à l'écran, le film souffre d'une sorte de statisme dans l'action et dans l'interaction des personnages avec leur environnement. Attention, ce n'est pas irregardable, loin de là, mais un effort supplémentaire n'aurait pas été superflu.
Deuxième point qui fâche: l'interprétation. Si il est évident que certains accents et manières de parler sont volontairement outrés( avec les plus âgés des personnages ou les mamans), d'autres sont particulièrement mal joués, à commencer par le rôle titre, Aya, interprétée par Aissa Maiga, qui donne toujours l'impression d'être soit trop molle, soit trop speed. jamais dans le bon ton. D'ailleurs, il est étonnant de remarquer le personnage principal, Aya, a très vite tendance à s'effacer et laisser le champs libre aux personnages secondaires, beaucoup plus intéressants à suivre, à l'image d'Hervé, mollusque en formation garagiste, aussi mou qu'attachant.

                                                 Hervé en pleine opération séduction

Voilà pour ce qui est des défauts. 




Comme on dit en Côte d'Ivoire...
Là ou le film gagne en sympathie, c'est dans l'ambiance qui se dégage de l'ensemble. S'il est vrai que film brasse des thèmes pas forcément gais( avortement, adultère, chômage, classes sociales ), il le fait avec une bonne humeur et un optimisme qui font tout de suite oublier les défauts cités plus haut. Le scénario s'apparente plutôt à une succession de saynètes, avec des transitions musicales entre chaque séquence, tranches de vie où se croisent vieux sages, vieux beaux, jeunes filles insouciantes, petits arrogants et mères protectrices. Les dialogues sonnent à la fois tellement vrais mais aussi forcés que ça en est euphorisant à écouter. Si vous vous souvenez de Joseph Andjou, vous allez vous régaler. Joseph Andjou, c'est ce présentateur qui concluait chaque JT par un proverbe africain ( le cultissime: " Et comme on dit au Gabon, qui avale une noix de coco fait confiance à son anus"), et bien là vous aurez un proverbe africain toutes les 10 minutes. Des petites piques pleines de bon sens...ça invente des verbes à tour de bras ( " enceinter" revient très souvent) mais ça en devient ludique, ce langage moitié français, moitié africain. 


                                                                 Joseph Andjou


Et c'est cet esprit très " rions en plutôt que d'en pleurer" qui rapproche beaucoup ce film des " lascars", où l'on suivait une bande de loosers des cités, avec leur propre langage, entre plans foireux et romances à deux sous, mais toujours attachants et jamais pathétiques. 

La toyota, la voiture des vrais mecs
deuxième point positif du métrage, c'est le souci de reconstitution d'Abidjan des 70's. Ici, pas encore de telephone portable, de mails ou autre progrès téléphonique. Ici, on va en soirée, ou plutôt au maquis, pour danser sur D.I.S.C.O d'Ottawan et le summum de la classe, c'est de rouler...en toyota avec un lecteur K7. le décalage avec l'époque actuelle est d'ailleurs un ressort comique assez récurrent, avec des personnages qui se vantent d'habiter dans les quartiers chic de Paris à château Rouge, et d'être habillés  par un grand couturier nommé Tati.
Pour rester dans le décalage, les réalisateurs ont choisi de parsemer le récit de vraies publicités d'époque hilarantes ( " Margariiine et tartiiine"), qui s'intègrent parfaitement à l'histoire, et ont fait une sélection de chansons de variété africaines de l'époque. Ca peut paraître ultra ringard, mais au final ça donne un cachet rétro à l'ensemble qui est loin d'être désagréable.


                                              publicité pour une banque ivoirienne. priceless.

Au final, les qualités du film prennent très vite le dessus sur les scories citées plus haut. Les films d'animation français étant assez rares cet été, ce serait dommage de passer à côté d'un bon divertissement, haut en couleur et rempli de bonne humeur.  D'ailleurs, vous trouverez ci dessous un extrait de la bande originale. exotisme du dimanche.




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