13Cine

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lundi 9 septembre 2013

Citadel

Citadel de Ciaran Foy
Sortie: Direct to video
Genre :  Enfance en danger

Profitons de l'Etrange Festival 2013 pour parler d'un film présenté l'année dernière à l'Etrange justement et qui est (enfin) disponible en DirectToVideo. Oui c'est injuste, vu la qualité du métrage, et au vu des horreurs qui nous été proposées cet été dans les salles obscures, mais au moins voyez le bon côté des choses, le film va peut être redoubler d'efficacité lorsque vous le regarderez chez vous. 

Tommy et Joanne décident de déménager, loin de leur appartement dans une tour sordide, afin de pouvoir élever leur enfant qui ne vas pas tarder à naître. Malheureusement, lors du déménagement, Joanne est agressée par des ados à cagoule, et décède. Ayant réussi à sauver le bébé, Elsa, les médecins la confie à son père. Quelques mois plus tard, Tommy, devenu agoraphobe, est cloîtré chez lui, craignant le monde du dehors. Mais les enfants cagoulés vont venir pour chercher Elsa...aidé d'une assistante sociale et d'un prêtre aux méthodes peu orthodoxes, il va devoir surmonter ses peurs.

Ce qu'il est important de préciser pour commencer, c'est que le film est basé sur une histoire vraie, le réalisateur ayant été victime d'une agression dans sa jeunesse, l'ayant lui aussi conduit à une crainte du dehors. Pas encore père mais traumatisé, il s'est servi de son expérience pour écrire Citadel, en y incorporant des éléments fantastiques (et encore, pas vraiment) et réaliser ce qu'on peut qualifier de grosse claque. 


Dans sa première séquence, le film laisse craindre une sorte de film social à forte influence Loach-ienne, avec ses portraits de personnages en galère, et à qui il arrive les pires emmerdes sociales et personnelles. Le cadre du film n'est pas non plus des plus jouasses, sorte de banlieue mancusienne avec des tours de béton délabrées et à l'abandon. Et puis plus le film avance, plus on se prend d'affection pour Tommy, (interprété par Aneurin Barnard, jeune acteur de comédie musicale en Angleterre), jeune père qui d'abord se montre distant avec Elsa, sa fille, et qui avec l'aide d'une assistante sociale va nouer un contact fort avec la petite, seul lien qui le relie à sa chère et tendre défunte. Et c'est dans cette partie de reconstruction et de traumatisme, période où le personnage de Tommy est le plus faible, que le film glisse doucement mais sûrement vers le film d'angoisse pur et dur. Comme je vous le disais, les gamins cagoulés reviennent, et ils en veulent à Elsa. Je ne vous gâcherais pas le plaisir de découvrir pourquoi ils la veulent, mais sachez que le film réserve quand même de grand moments d'angoisse. A cela plusieurs raisons. Déjà l'empathie pour Tommy fonctionne plus que jamais. chaque scène où il tente de sortir, et finit par rentrer chez lui, terrorisé, est à la fois tellement chargée en émotions contraires (heureux de le voir sortir, triste de le voir échouer) qu'on se demande quand son calvaire va finir. Ensuite, lorsque les gamins arrivent, ils s'en prennent directement au domicile de Tommy. Dans l'imagination collective, la maison est un lieu de refuge et de sécurité. C'est doublement le cas dans ce film, le héros ne trouvant la sérénité que chez lui, coupé du monde. Et on se sent aussi mal à l'aise que Tommy lorsque les gamins arrivent à pénétrer dans son espace de confort. La menace se fait de plus en plus palpable et plus aucune barrière ne sépare tommy de ses peurs.
Ensuite, Foy distille une crainte de tous les instants dès lors que le héros se sait vulnérable aux assauts des gamins, et ce en plaçant son personnage dans des situations qui, pour n'importe qui d'autres, seraient juste contraignantes, mais qui pour Tommy sont de réelles menaces de mort (le bus loupé).  Certains passages sont vraiment terrifiants, à l’image de la scène du tunnel-raccourci, violente et réaliste, et d'autres mettent vraiment mal à l'aise (la scène où les gamins retrouvent Tommy et Elsa dans le bus est vraiment flippante). 


Pourtant, malgré cette ambiance angoissante et irréelle, il est important de préciser que ce film n'est pas à caser dans la catégorie fantastique. Ou alors si c'est le cas, tout n'est qu'histoire d'interprétation. En effet, dès lors que la deuxième partie se met en place, juste après la scène du bus donc, on apprend, via le personnage du curé venu aider Tommy, que les gamins ont subi une métamorphose. Monstres à visages humains, ou humains tellement délaissés et abandonnés qu'ils ont en oublié toute humanité et sens moral. Libre à vous d'y voir ce que vous voulez, mais dans les deux cas la menace est bien réelle. 
Dès lors que le dernier acte se met en place, Tommy est obligé de se comporter en homme sans peur, poussé au train par le prêtre, impatient d'en finir avec la vermine, et d'ailleurs il n'aura pas le choix, les cagoulés ayant la faculté de sentir la peur de leur victime. Le héros devra surmonter ses propres démons pour affronter ceux du dehors, et ainsi retrouver sa fille. 
Un des derniers plans nous montre Tommy, marchant vers la sortie (la fin de son calvaire) entouré des cagoulés, scène interminable mais sacrément efficace, pour s'achever sur un plan du visage du héros, apaisé et contemplant sa victoire sur ses peurs. Et accessoirement une destruction de tour d'HLM.
Je vous disais que dans une salle de cinéma, le film fonctionne déjà très bien, mais il y a fort à parier que chez vous, tout seul, avec le casque sur les oreilles, l'effet claustrophobe de certaines scènes risque de vous causer quelques sursauts. 




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