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samedi 11 mai 2013

Stoker de Park Chan-Wook

Stoker de Park Chan-Wook
Genre : Drame
Sortie le 1er mai 2013



Première incursion outre atlantique pour Park Chan-Wook.
Après Kim Jee Woon et son foutraque Dernier rempart et avant Bong Joon Ho et Transperceneige, Stoker était attendu au tournant, l'association Chan-Wook avec un studio comme la Fox pouvant laisser craindre une retenue et un frein quant aux capacités du monsieur derrière la caméra.
Au final, un constat: Stoker n'est pas un mauvais film, loin de là. Il arrive même des fois à inspirer une sorte de malaise et de tension, Chan-Wook restant quand même un excellent metteur en scène, mais malheureusement, au final, on a l'impression d'avoir vu un film bancal, où le fond (maladroit bien que sincère) n'arrive jamais au niveau de la forme (élégante et chiadée).

Le scénario est de Wentworth Miller. Oui, lui même. Il livre ici son premier écrit, aux fortes influences hitchcockiennes dont il se revendique lui-même comme étant le plus grand fan. L'ombre d'un doute est ici largement pompé cité, Wentworth Miller lui empruntant ainsi le schéma, le triangle tante-nièce-oncle chelou, et y ajoute sa touche perso, développant une sorte de paranoïa en huis clos. En soi, ce n'est pas une mauvaise idée, et force est de reconnaître que certaines scènes sont plutôt bien écrites (le dîner et ses "No....No thank you") et la leçon de piano, mais là encore Chan-Wook rehausse tout cela. On y reviendra.
Le problème principal, c'est qu'à trop vouloir en raconter, le scénario grille une de ses cartouches après 1h de métrage, avec la révélation sur le tonton, et on se retrouve avec un ventre mou et une descente tranquille pépère vers la fin du métrage, flashback explicatif inclus.
De plus, tous les personnages n'ont pas droit au même traitement, niveau écriture, Miller développant à fond la relation India-Charlie, laissant de côté le personnage de Nicole Kidman, qui est étonnamment celui qui aurait gagné à être davantage mis en avant et n'est réduit ici qu'à une veuve éplorée et mal aimée, simple spectatrice des conneries de sa famille. Même chose pour les autres membres de la famille qui gravitent autour d'India, n'existant que pour semer quelques pistes quant aux motivation de Charlie. Et puis hop : exit.
Pour autant, le script marque des points quant à l’évolution du personnage d'India, passant d'adolescente coincée à jeune femme manipulatrice, au contact de son oncle. La transmission du Mal étant plutôt bien retranscrite à l'écran (l'agression au crayon).

Ensuite, quitte à parler du scénario et des personnages, autant dire un mot sur le casting. En tête d'affiche, Mia Wasikowska, parfaite dans son rôle de petite fille à papa pervertie par son oncle, et surtout Matthew Goode, au regard de serpent charmeur. Je vous parlais de Kidman, elle est finalement peu présente à l'écran, passant la plupart de son temps à déambuler en chemise de nuit ou en train de dîner...

                                                                  L'oncle en question

Enfin, pour info, sachez, si vous êtes fans de cette "actrice" (et je me doute que vous êtes nombreux, elle arrive à mal jouer dans une prestation éclair... Respect), vous aurez droit à 1"30 de Judith Godrèche.
Ou comment avoir le réal de Old boy sur son cv....

Si le point faible de ce film est effectivement son scénario, eh bien sa principale qualité, c'est à Chan-Wook qu'on la doit. Si vous connaissez un peu la filmo du monsieur (et si ce n'est pas le cas, profitez-en, ses œuvres au pays du matin calme sont... plus abouties dirons nous), vous reconnaîtrez la patte, le style.
Une photo chiadée, des cadrages travaillés, une petite tendance à montrer à l'écran ce qui se dit dans les dialogues (un mec dans l'entrée d'une porte, il dit " parfois des gens disparaissent" ; et paf, plus personne dans l'embrasure de la porte) et une stylisation de la violence comme personne d'autre. La deuxième partie du film justifie d'ailleurs à elle seule l'interdiction aux moins de 12 ans. Chez Chan-Wook on meurt rarement d'une crise cardiaque. Il nous offre ainsi deux scènes de meurtres assez graphiques, servant encore une fois à amplifier le propos du film (le sang de la mort qui vient éclabousser la belle fleur blanche).

Comme je l'expliquais plus haut, Miller a quand même réussi à écrire des scènes de tension, notamment deux, une de dîner et une autre de concert de piano. Chan-Wook leur confère, via sa mise en scène, une ambiance glaciale et oppressante. Ainsi, la scène dudit repas enchaîne les regards de tueurs et les cadres serrés et le malaise dans la scène du piano à quatre main va crescendo grâce à une mise en scène au cordeau.
Le générique d'ouverture vaut de toute façon à lui tout seul le déplacement.

                                  Funeste destin d'un des personnages secondaires. Et un peu inutile.

On retrouve au final quelques thèmes de prédilection de Chan-Wook comme la vengeance (surtout après la révélation de milieu de métrage) mais même avec tout le talent du monsieur à la caméra, on a souvent l'impression de regarder un beau livre d'images tantôt froides, tantôt chaudes (dès que India se rapproche de son oncle, le film en devient plus lumineux) mais parfois étrangement désincarnées, le côté sous-développé de l'intrigue n'arrivant pas à maintenir l'attention pendant 1h40.

                                                                  Je vous attends...
                                                         

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