Genre : Thriller londonien sous hypnose
Sortie le 8 mai 2013
Ce qui est bien avec Boyle, c'est qu'on est toujours étonné de voir comment il arrive à passer d'un genre à l'autre avec une facilité déconcertante. Qu'il donne dans le film d'épouvante avec 28 jours plus tard, la comédie avec Millions, ou la sf avec Sunshine, il livre toujours des œuvres originales et maîtrisées.
De retour, après 127 heures, avec Trance, récit à tiroirs sur fond de manipulation et d'hypnose, et même d'amour tien !
Le film nous narre les (més)aventures de Simon, commissaire-priseur, qui lors d'un vol de tableau, se fait assommer par son complice. Pas de chance, il devient amnésique, et oublie où est caché le tableau. Franck, ledit complice, sollicite donc Elizabeth, hypno thérapeute de son état, pour fouiller le cerveau de son complice. Début des ennuis.
Le principal défaut du film, et également sa qualité première, c'est qu'il incite le spectateur à ne pas chercher plus d'explications et de pistes qu'il ne lui en donne... Oui, c'est un film de petit malin, partant dans tous les sens dans sa deuxième partie, grosso modo dès que les souvenirs commencent à revenir, mais c'est un film de petit malin maîtrisé. On devra passer outre certaines facilités scénaristiques, à l'image de ces sessions d'hypnose express (le patient s'assoit, on lui dit de fermer les yeux et hop c'est parti !) et une tendance à sombrer très facilement dans le concept du triangle amoureux, jamais vraiment exploité, pour finalement se laisser entraîner dans un histoire à la fois triste et ludique. Plus le film avance plus on prend plaisir à se demander où et comment cela va finir...SPOILER : bien et mal.
Tout le film repose sur le concept de manipulation, ou plutôt qui manipule qui, et qui se sert de qui. Franck utilisant Elizabeth, Simon se servant d'Elizabeth, ou, petit twist, Elizabeth promenant tout ce petit monde... Autant le dire tout de suite, le vol de tableau est assez rapidement relégué au second plan, les relations entre les personnages prenant très vite le dessus et relançant le film vers une sorte de drame relationnel doublé d'un triangle amoureux;
Chaque séance d 'hypnose apporte son lot de révélations, et à l'image du personnage de McAvoy, on recolle les morceaux, parfois très (trop) rapidement, et on est à la fois touché par son personnage, avant que la vapeur ne s'inverse dès qu'Elizabeth est mise en avant lors du dernier acte, flash-back explicatif inclus...
Parlons maintenant de la mise en scène. Plutôt sobre, il faut le dire, Boyle mettant de côté ses petits tics de mise en scène qui parasitaient son dernier film dès qu'un personnage était dans un état second (Dans 127 heures, Franco se faisait un trip à base de scoubidous gonflables). Ici ça reste simple, sans excès, osant même le regard caméra en début de métrage, et offrant de temps à autre des petites plages de calme, hors du temps, tranchant radicalement avec le côté oppressant et tendu dans lequel baigne l'ensemble du métrage. Chaque plan est important, et même la pourtant lourdingue scène de "toutéliage" finale passe plutôt bien, Boyle évitant le classique champs " je parle et t'explique tout" / contre champs " ahh ouais..tout s'explique", et remettant en cause toute l'intrigue du film qu'on vient de regarder (redistribuant les rôles pourtant bien clairs en début de métrage, toujours ce jeu de manipulation..).
Je vous parlais des petites plages de calme qu'offrait parfois le film, elle sont soit dit en passant joliment accompagnées d'un score assez planant et euphorique, à l'image des sessions d'hypnose que prodigue le personnage central de l'histoire, Elizabeth. Vous trouverez le thème musical qui clôt le film en cadeau ci dessous. Illuminons ce lundi férié...
Je pense que ce plan résume bien le film.
Il est maintenant temps d'aborder le point noir du film: Vincent Cassel. Autant McAvoy est plutôt bon dans son rôle de looser amnésique, et Rosario Dawson, pivot du récit est convaincante dans son rôle de victime et maîtresse du jeu, autant Cassel, y a rien à faire, il est mauvais. Mais quand je dis mauvais c'est inexpressif. Rien ne transparaît dans son jeu, son attitude... En plus il a un accent anglais à couper au couteau, et encore il parle une fois en français et c'est pour commenter un match de foot à la télé. Et là on pense à tous les acteurs qui auraient pu faire l'affaire, genre Clive Owen, Johnny Lee Miller... Ça regorge de talent outre manche...et bien non, ils ont choisi le pire ici bas...c'est dommage, il est un des moteurs principaux de l'intrigue lors des révélations à la fin du film...
Cassel et ses copains. Tous aussi mauvais les uns que les autres.
Le film est donc en soi plutôt fun à regarder, le rythme ne faiblissant jamais grâce à une intrigue relancée assez fréquemment, sans rajout d'information inutile, des acteurs concernés (ou pas...) et à la mise en scène enlevée de Danny Boyle, qui retrouve ici l'esprit de ses premières œuvres, le polar UK pessimiste mais parsemé d'instants de grâce, et livre ici une bonne surprise cinématographique printanière.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire