Genre : Tu seras un homme (des bois) mon fils.
Sortie le 5 mai 2013
Vous vous rappelez qui est Shyamalan?
Cet homme qu'on avait découvert avec Sixième sens et son fameux twist final, qui avait reçu tout autant de louanges avec son film de super héros à lui, Incassable, et son twist. Après ça a été moins fameux, moins mémorable. Shyamalan s'était lancé dans des théories sur le hasard et la religion avec Signes, l'évolution et la Société avec Le village, et enfin les contes pour enfants avec la jeune fille de l'eau.
D'un point de vue qualitatif c'est la dégringolade, et au final tout ce qu'il y avait à sauver c'était soit la photo de Fujimoto, soit les scores de James Newton Howard.
Le point de non retour avait été franchi, tout du moins le pensions nous, avec son dernier film, Le dernier maître de l'air, tentative d'adaptation foirée dans les grandes largeurs. Rien à sauver. Ou si peu...
Et bien non! Shyamalan est donc de retour avec ce film de science-fiction, au message écolo lourdingue, doublé d'une histoire d’apprentissage de la Vie, tu seras un homme mon fils, tu ignoreras la peur...Le tout mis en scène et écrit avec la finesse d'un ouragan.
Produit par et pour toute la famille Smith (on parle de 130 millions de dollars de budget, le film familial le plus cher du monde), on en oublierait même des fois qu'il y a Shyamalan - ou quelqu'un d'autre d'ailleurs - derrière la caméra.
Ça part dans tous les sens, mais jamais dans le bon.
Copain des bois
Comme je le disais plus haut, ce film est avant tout un voyage initiatique doublé d'une belle morale sur la meilleure façon de surmonter ses peurs.
On suit les mésaventures de Kitail, jeune cadet qui rêve de devenir soldat, pour faire plaisir à son papa, Cypher, super soldat, pourfendeur de monstres. Bref, les deux générations en conflit entreprennent donc d'effectuer un voyage ensemble. Malheureusement leur navette se crashe sur terre, qui dans un futur proche, est devenue hostile (comprenez les animaux sont en liberté, des faucons, des singes...et même des sangliers!!).
Nos deux compères sont dans la tête de la navette mais la balise de détresse se trouve dans la queue du vaisseau, crashée à 100 bornes d'ici... Papa étant paralysé (Smith est dans un fauteuil pendant tout le film. Il ne bouge pas...son jeu facial est priceless. J'y reviendrai) c'est Kitail qui va partir en randonnée. Un peu comme le scénariste d'ailleurs...
Ce film est une accumulation de clichés et de situations toutes plus pourries les unes que les autres. D'entrée de jeu on nous explique la situation dans un flashback qui doit durer 2 minutes montre en main (pollution= exode des terriens= rencontre avec les aliens= guerre contre les aliens= recrutement de soldats. Voilà! c’était pas dur...) et on doit se cogner des dialogues entendus 20 000 fois ailleurs, avec tous les poncifs du conflit père-fils (déception, rancœur, culpabilité, jalousie..).
Puis, une fois que nos lascars sont en forêt, le rythme ne décolle jamais, la faute à des péripéties inintéressantes au possible. On nous dit que la terre est hostile et que la nature s'est adaptée à l'absence des humains... moi j'attendais des animaux mutants. Que nenni! Kitail se frittera avec des singes, un aigle ou bien encore une panthère et les 3/4 du temps, il prend la fuite. J'oubliais de vous préciser que dans le vaisseau était retenu un Alien, dont la particularité est de sentir la peur.
La peur est un choix...tu la vois la métaphore sur le monstre qui se nourrit de ta Peur..???
Il ne se passe rien, jusqu'à ce qu'il arrive à destination et encore, là, c'est sans surprises qu' il triomphe de ses peurs (cf. la ligne ci dessus).
Ce n'est pas avec ce film que commencera en fanfare l'été 2013 des blockbusters...
Le fiston, en pleine randonnée, avec sa combi qui change de couleur en présence du danger
Smith, père et fils
Le scénario, comme je vous le disais, brillant par sa médiocrité, on pourrait se rattraper sur le casting pour insuffler un minimum de crédibilité à l'ensemble.
Encore raté.
A l'écran vous aurez uniquement Jaden et Will Smith en conf-call pendant 1h30, et qu'est ce qu'ils sont mauvais ! Je vous le disais plus haut, le personnage de Will Smith est cloué dans un fauteuil pendant tout le film. Grosse erreur, vous aurez droit à un festival de gros plan sur Smith vous interprétant la douleur, la peur, la tristesse, la colère...Son fils se débrouille à peine mieux, assurant le minimum niveau action (en même temps c'est pas Predator non plus, hein...) et tentant de forcer la larmichette lors des faces a face par talkie-walkie avec son père. J'oubliais, y a du trauma sous-jacent dans leur relation, mais n'en disons pas plus. Ces deux là vampirisent le film, mais d'une force...et quand on pense que Smith a refusé Django pour cette daube.
Les forêts de la Perdition
Mais venons en directement à l'essentiel. Shyamalan.
Moi ça me fait mal au cœur de tirer sur cet homme. Je me dis qu'après le four de son dernier film, on l'a lâché de partout et qu'il a cru bon de s'associer avec le clan Smith pour rebooster sa carrière. C'était sans doute pas l'idée du siècle, tant le film ressemble à un super film de vacances friqué, filmé sans envie ni panache.
Il ne subsiste rien du talent de metteur en scène auquel il nous avait habitué dès ses début.
Je me rappelle de la scène émouvante dans Incassable où le fils de Willis demandait en un regard à son père si c'était lui l'homme à la capuche, et ce dernier le regardait sans rien dire. Tout était dit sans un mot. Là, à la fin, on a des retrouvailles cul-cul la praline, remplies de clichés, sans une once d'émotion. Dans les scènes d'action, c'est pas mieux, les molles péripéties n’appelant pas non plus des découpages de fou. Tout juste se réveille t-on lors du saut en chute libre face à l'aigle.
La direction artistique est également à l'ouest, proposant des décors d'une laideur pas possible (les intérieurs de vaisseaux et de maison en début de métrage sont bien pourris), ne tirant jamais profit du cadre et des possibilités des environnements, la forêt notamment.
On assiste à des trucs qu'on ne pensait plus voir sur un écran , à l'image du prologue nous balançant que ce sont les hommes qui ont détruit la terre, avec à l'image des centrales nucléaires et des cheminées d'usine. Tout en finesse le message écolo...
J'aimerais pouvoir dire que bon, le score est quand même sympa, mais non, je trouve que Howard ne s'est pas trop fait suer, et assure le minimum syndical, osant parfois de grandes envolées à la Zimmer, avec un souffle épique qu'on ne retrouve malheureusement pas à l'image.
Un face à face épique. Spoiler: il s'ensuit une partie de balle au prisonnier pas du tout équitable.
Ce film est une vraie déception, à tous les niveaux, et vu le four qu'il est en de faire au box office US, je souhaite vraiment à Shyamalan de revenir à ce qu'il faisait de mieux. Les petits films fantastiques à twist. C'était bien Sixieme sens..
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