13Cine

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vendredi 28 juin 2013

World War Z

"World War Z" de Marc Forster
genre: Pas Z mais franchement raté.
Sortie le 03 juillet 2013

Ce qui est bien avec WWZ, c'est qu'il est un parfait exemple de film dont la production et les emmerdes à répétition durant celle ci son franchement plus passionnantes que le film en lui même, daube inoffensive au demeurant. Aussi je vous propose ce petit dossier, que j'espère assez complet, sur WWZ, du livre jusqu'au film. 

World War Z , Le livre
Au commencement, WWZ est un livre, écrit par Max Brooks. Ce n'est pas un roman, mais un recueil de témoignages de survivants de la World War Z, sorte de 3ème guerre mondiale, opposant humains et zombies. Le narrateur se balade aux quatre coins du globe pour recueillir ces récits, de l'Afrique à New York, en passant par la Chine et la Corée du sud. Soyons honnête, ce  livre n'est pas l'oeuvre la mieux écrite du siècle, l'auteur ayant tendance à s'auto-citer toutes les 100 pages, en faisant référence à son " guide de survie en territoire zombie" via ses protagonistes, et surtout le rythme accusant de sérieuses baisses de régime, s'engluant parfois dans des digressions politico-philosophico-nazes. Mais c'est aussi une mine à bonnes idées. Le concept en soi est plutôt original, l'Humanité face à une armée de zombies, et certains chapitres sont plutôt efficaces. Pourquoi je vous en parle, parce que ces passages clés et importants, vous ne les verrez pas dans le film. Citons, dans le désordre, le Projet Afrikaneer, qui nous présente les riches africains se servant des plus pauvres comme appât à zombie, le concept du quisling, ou comment des humains devenus fous sont persuadés d'être des zombies, une fuite dans les égouts parisiens, un exode des américains en territoire canadien, et surtout la bataille de Yonkers, la plus grosse défaite des hommes face aux non-morts, ou comment les USA se prennent une branlée monumentale, débordés et massacrés dans un affrontement ou chaque humain tué devient un ennemi. De plus, Brooks a la bonne idée de ne pas céder aux sirènes du " zombie runner", et en revient aux bases du zombie, traînant et gémissant. L'image d'une armée gémissante et indestructible se relevant d'une attaque, vaine, au napalm est assez marquante. 

                                         un fan-art sympathique sur la bataille de Yonkers

Voilà pour ce qui est du livre. 

Production hell
La suite est assez  simple à deviner, Hollywood n'a pas traîné et a entrepris une adaptation de l'oeuvre de Brooks sur le grand écran (bien qu'à mon avis, une série aurait mieux convenu...) avec Brad Pitt en personnage principal. Et là première galère, La production et Pitt choisissent comme réalisateur Marc Forster. Ce nom ne vous dit rien? Voici sa filmo: Neverland, à l'ombre de la haine, le cerf volant de kaboul et surtout son coup d'éclat, Quantum of solace. Oui il a mis en scène le plus somnifère des derniers James Bond, avec sa pub Audi en guise d'intro et son climax tout pourri dans le désert. Un mec sans talent particulier, assez servile et pas trop chiant pour les producteurs. Mais voilà, quitte à choisir un réalisateur, autant s'assurer qu'il sait ce qu'il fait, et malheureusement Forster, ben, il ne sait pas. Les retards commencent, Le réalisateur ne sachant pas quel look donner à ses zombies ( ça se voit à l'écran, ça part dans tous les sens), hésitant entre le coureur ou le lent gémissant.  Une fois ce problème résolu, reste à gérer cette grosse machine en devenir qu'est WWZ. Et c'est reparti pour un enchaînement d'emmerdes comme seul Hollywood en a le secret. Le film étant rempli de militaires, ces gens ont besoin de costumes, mais aussi de fusils. Pas de bol, les fusils utilisés pour le film étaient juste entrés illégalement en Hongrie. Retard à nouveau.
Le film a besoin de figurants? Pas grave, il y en a plein, parfois jusqu'à 700 à l'image. Le souci c'est qu'on pas forcément prévu de quoi tous les maquiller...quand ça veut pas...Entre ce genre de galère et les embrouilles entre le réalisateur et Pitt, vous commencez à comprendre le chaos qu'a été la production de ce film pendant 2 ans. Mais le plus drôle reste à venir.
World War Z a connu quelques déboires, niveau scénario, surtout concernant la deuxième partie du film. Dans une des premières versions, qui a semble t-il été tournée, du moins en partie, le personnage de Pitt se retrouvait en Russie et livrait bataille contre des zombies. Toujours est-il que ça n'a pas convaincu. La Production a donc fait appel à Damon Lindelof. La Fin pourrie de Lost, c'est lui. Les envolées religion/SF de Prometheus, c'est lui. Il a donc réécrit le deuxième acte. Vu le résultat final, je ne vous remercie pas Damon.  Souci de taille, Lindelof est un homme très demandé, et il quitte le navire, laissant sa place à Drew Goddard, réalisateur de la cabane dans les bois, qui vient poser sa pierre à cet édifice branlant. Pas de bol, Goddard est sollicicité par Spielberg pour plancher sur Robopocalypse, son prochain film. Dernière bouée à la rescousse, Christopher McQuarrie, qui a pu (du?) sauver les meubles.  
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce côté bordélique se ressent à chaque instant dans le film, que ce soit dans la mise en scène, impersonnelle et sans talent, et dans l'écriture, complètement à la rue, sans suite logique et particulièrement foirée dans le dernier acte du film , avec une fin fini à la truelle. 
Pour vous donner une idée du désastre, un calcul effectué par nos compères de Vanity fair nous apprend que pour rembourser toutes ces conneries, le film devra faire au moins 400 millions de dollars de bénéfices..
mais bon, trêve de blagues, le film en soi, il vaut quoi?

D'un Z qui veut dire...d'ailleurs qui veut dire quoi, exactement? 
Comme je vous le disait, le film ayant connu quelques soucis en production, le résultat se regarde entre déception, interrogation et consternation. 
Je vous avouerais que je suis un grand fan de films de zombie. De  white zombie à Dawn of the dead, en passant par Shaun of the dead et dead of night, je trouve le thème du zombie fascinant. J'avais été traumatisé par le curé dans le film de Romero, avec son " quand il n'y a plus de place en enfer, les morts reviennent sur terre", et agréablement surpris par le remake de Snyder et ses zombies coureurs. J'avais beau avoir grandi avec le cliché du non-mort traînassant, le film m'avait marqué. Et bien quand je vois WWZ, ça me fait vraiment ch**r

Dèjà le film commence assez brutalement, avec une scène d'exposition très Ricoré, pour nous présenter Gerry, interprété par Pitt, agent de l'ONU rangé des voitures et maintenant homme au foyer; badass!!!
Bref, la suite, ben vous l'avez dans la bande-annonce, l'horreur arrive en ville. avec ses légions de Z bondissants ( WTF?) et coureurs de fond. S'ensuit une fuite de la ville en camping car, et déjà là on sent qu'on va prendre cher niveau crédibilité. Tout le monde se fait boulotter sauf Pitt et ses gosses, et il se casse de la ville en 1 minute, montre en main. Sans déconner: Plan 1 camping car se dirigeant vers un pont bondé. Plan 2, camping-car en cambrousse. Normal quoi. La scène de fuite de la guerre des mondes de spielberg c'est virtuose à côté de ça.
La mise en scène de Forster est déjà à l'image du scénar, en roue libre. Aucune tension, on ne voit jamais les zombies ( mais ça on sait pourquoi, voir plus haut), et il ne sait toujours pas filmer des scènes d'action ( 9 plans pour un camion qui se couche, bien joué Marc). Alors je ne vous raconte pas quand il y a des zombies ET de l'action. La suite, et bien les chefs de Gerry font appel à lui pour élucider le mystère. Direction la Corée du sud et Jérusalem. Et c'est d'un chiant... Gerry qui fait du vélo pour pas attirer les Z, Gerry qui se fait remarquer par les Z parce que sa femme l'appelle sur son téléphone qui sonne ( GAG!)...et après on file à Jérusalem pour le morceau de bravoure du film, une course poursuite dans les rue de la ville, où encore une fois on verra qu'une masse de Z se faire péter à la grenade et défoncer des portes. 
Petite parenthèse pour souligner que Forster use et abuse du CGI pour nous montrer les Z, les rendant limite trop rapides à l'image, ce qui tranche radicalement avec le coté larve qu'il leur donne en deuxième partie de métrage.

                                                       un petit côté lemming non mort

S'ensuit une fuite en avion assez cocasse. Je ne vais pas vous spoiler le film, mais sachez que ça part en sucette assez rapidement. Là, le film rétrograde en seconde, voire première, puisque Gerry, surhomme en puissance, se retrouve en Ecosse, coincé dans un complexe de l'OMS. Et là c'est le drame. En effet, Je vous disait plus haut que dans une des première versions du film, on avait droit à une bataille rangée en Russie. Au final dans la version réécrite de Lindelof, vous aurez droit...à un film de couloirs, un vrai. Et ça papote en regardant un PC, et j'ouvre une porte, et je la referme, sous le regard absent des zombies qui ne bougent plus. Et en 3D s'il vous plait. 
Mais comment la Production a t-elle pu valider cette idée à la con de faire errer Pitt dans un laboratoire? plus d'argent du tout? On s'ennuie copieux pendant une bonne demi heure. La résolution de la pandémie nous vaut encore un instant tout mignon tout choupinou, avec plein de dialogues pour nous expliquer ce qu'on avait déjà compris depuis 5 minutes. Affligeant de bêtise.

                                          la partie de cache-cache la plus molle du monde

Apocalypse pour les touts-petits
Un des gros points noirs du film c'est son absence totale de tripes. Au sens propre comme au figuré. Le livre original était parfois courageux dans ses idées (sacrifice des pauvres, mutilation de gamins, massacres en series), mais à aucun moment le film n'en suit une. Ca reste mainstream, lisse et propret. Pire encore, les Z en question sont sensés dévorer les vivants, c'est dit à plusieurs reprises d'ailleurs, et on se retrouve avec un film de zombie PG-13 ( équivalent US du tout public français), sans effusion de sang ni violence graphique. ou si elle est à l'écran, on ne la voit pas, Forster ayant recours à la shakycam pour ses plans serrés et de baston ( la scène de l'avion)
"j'ai voulu faire un film de zombie que mes gamins puissent regarder" Brad Pitt
quel age ont ses gamins déjà??..Merci Mr Pitt.

Pour conclure, on peut définitivement qualifier World war Z d'énorme gâchis, beaucoup d'attente et finalement un pétard mouillé à l'arrivée. Vous voulez voir une vraie scène de panique en ville, revoyez l'intro de L'armée des morts, et puis je vous conseille de jeter un œil au film the dead des Ford Bros. 200 fois moins de budget, 1000 fois plus de tripes. dans tous les sens du terme



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