13Cine

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jeudi 27 mars 2014

Dark Touch

Dark Touch de Marina de Van
Genre : Carrie irlandaise
Sortie le 19 mars 2014



Le film de Marina de Van, troisième en tant que réalisatrice après Dans ma peau et Ne te retourne pas, tourne depuis un bon moment dans les festivals de film de genre, pour faire simple, notamment à Gerardmer. ou au NIFFF ou il a reçu le Grand Prix et le Prix du jury jeune. Cela suffit à attiser la curiosité quant au film en lui même. Et la déception est à la hauteur de l'attente. 

Le film raconte comment Neve, seule survivante d'un incendie et d'une manifestation d’événements surnaturels ayant coûté la vie à ses parents et son frère, est recueillie par des amis de la famille. Malheureusement, les manifestations surnaturelles reprennent de plus belle. Et si Neve n'y était pas étrangère?

le film s'annonçait pourtant intéressant, avec son histoire d'enfant télékinésique en milieu rural, trou perdu au fond de l'Irlande. Il aurait même pu arriver à faire oublier le remake de Carrie sorti il y a peu de temps. Aurait pu, car le film accumule les défauts et se révèle un beau pétard mouillé. Ca commence pourtant bien avec cette scène où Neve arrive, par une nuit d'orage, en hurlant chez ses voisins, suivie par ses parents qui la croit terrifiée et stressée par leur nouvelle arrivée en milieu rural. On découvre par la suite ce qui fait vraiment peur à Neve et ce qui la pousse à fuir son domicile, théâtre de phénomènes paranormaux.  
Et là, le film s'écroule en deux temps trois mouvements. A trop vouloir tout justifier et tout expliquer, De Van s'embourbe dans des chemins sinueux et pas très finaud (les enfants abusés sont des tueurs potentiels, surtout quand ils sont doués de télékinésie) et transforme sans trop d'explication sa victime initiale, Neve donc, en psychopathe froide comme un légiste. Jamais avare en clichés et lieux communs sur la Famille recomposée, le film lance nombre de pistes et histoires qui ne sont jamais développées ou expliquées, à l'image de ces deux enfants battus qui se rallient à la cause de Neve. Pourquoi ? Que veulent -ils ? Pourquoi Neve semble t-elle fascinée par le bébé dans le ventre de l'assistante sociale ? Assistante sociale dont on attend toujours des nouvelles en fin de métrage, soit dit en passant.  Le scénario prend parfois des directions complètement incompréhensibles, à l'image de ce massacre de masse des enfants de la ville dans l'école désaffectée, jamais clairement justifié ou cette scène où Neve tue à distance la mère abusive des deux enfants, conférant à la gamine un statut un peu nauséabond de vigilante " SOS enfants battus ". Même la dernière scène du film est incompréhensible, avec une Neve qui semble complètement à l'Ouest, suivie de près par ses deux acolytes à l'air aussi paumé et illuminé que leur meneuse. Et concernant les abus parentaux dont a été victime Neve, on ne comprend pas l'aveuglement général dont semblent être victime TOUS les personnages adultes, le pire étant la psychologue de l'école, assez peu douée dans son champ d'activité dirons nous (la gamine a des bleus partout, des brûlures de cigarette et est terrifiée dès qu'un adulte la touche. Qu'est ce que cela vous inspire ?) 


Si le scénario est bancal et maladroit à vouloir trop en dire et justifier parfois l'injustifiable, la mise en scène de De Van n'est pas plus remarquable. Première incursion de De Van dans le fantastique pur et dur, le film souffre d'un manque de rythme et de rigueur dans sa mise en scène, ce qui atténue grandement l'effet spectaculaire que pourrait avoir certaines scènes, notamment les manifestations paranormales. Ca pèche au niveau des scènes de télékinésie, où si l'on voit des meubles bouger tout seuls, ça fonctionne un minimum, à l'opposé l'effet horrifique est complètement nul dès lors que dans un plan on voit une paire de ciseau trembler et dans le plan suivant on le retrouve directement planté dans le pied d'un personnage. Pour prendre un exemple, dans le Carrie de De Palma, la crucifixion de la mère de Carrie était impressionnante car on souffrait avec elle quand elle se faisait épingler comme un papillon à coups de couteaux volants. C'est tout l'inverse ici. Gros souci également au niveau de l'interprétation molle des acteurs adultes, qui s'effacent devant le personnage de Neve, dont la jeune interprète est beaucoup plus convaincante dans son rôle de victime ignorante de ses pouvoirs que dans ses envolées psychopathes, clope au bec, en fin de métrage. 
Même le cadre rural du film n'est jamais exploité ou mis en valeur, pas aidé il faut le dire par une photo inégale, oscillant entre le moche (pourquoi ces effets verdâtres dans le couloir à l'école ? ) et le travaillé (la sortie en catastrophe de la mère après la fête d'anniversaire est superbe). 

Bref : Si l'on peut saluer l'initiative de De Van de vouloir proposer un film de genre français libre de toute influence, la maladresse et le manque de finesse dans l'écriture finissent par plomber l'ensemble du film, pas aidé par un rythme mou et sans suspens (on comprend très vite d'où viennent les manifestations paranormales). Aurait pu mieux faire. Beaucoup mieux même.

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