13Cine

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samedi 1 mars 2014

The Grand Budapest Hotel

The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson
Genre : Hotel 4 étoiles
Sortie le 26 février 2014


C'est toujours la même chose quand on découvre un nouveau film de Wes Anderson. On a l'impression d'ouvrir un gros paquet cadeau emballé avec soin, attention et délicatesse, et rempli de surprises. Quand bien même on serait déjà admirateur du travail du monsieur après avoir vu ses précédents films, on ne peut qu'être à nouveau surpris de la façon qu'a Anderson de refaire ce qu'il fait si bien depuis ses débuts, tant au niveau de la mise en scène que la mise en place d'un univers qui n’appartient qu'à lui, et d'être encore capable de surprendre son public, en proposant cette fois-ci un voyage coloré et euphorisant, avec un casting 4 étoiles. 

Direction la république de Zubrowka, où Anderson plante son décor, le Grand Budapest Hotel. D'entrée de jeu, Anderson brouille les cartes en éparpillant son récit sur plusieurs époques, quatre pour être exact, obligeant ainsi le spectateur à lui faire confiance et à se laisser guider par ses allers et retours entre les années. Tout le film est un flashback, basé sur les souvenirs  du lobby Boy Zero Mustapha, embauché par Mr Gustave, Concierge de l'Hotel et amateur de femmes âgées. Embarqué malgré lui dans une sombre histoire de meurtre et d'héritage, Zero va rencontrer une galerie de personnages hauts en couleur, dont sa femme et des moines montagnards.
Si le sujet du film pourrait prêter à la mélancolie et à la tristesse (tout le film n'est que le souvenir de Zero, errant seul dans l'Hotel, se remémorant ses aventures passées), la mise en scène d'Anderson prend une tonalité complètement opposée et propose un livre d'images coloré, où règne quand même une tristesse et une mélancolie sous-jacente, mais son histoire repose quand même sur une grande histoire d'amitié (entre Gustave et Zero) et une histoire d'amour (entre Zero et Agatha la pâtissière), rendant le tout immédiatement sympathique. Le récit a beau contenir des meurtres, des trahisons, le tout dans un contexte proche de la guerre, on a plus souvent l'impression de suivre les mésaventures colorées de deux pieds nickelés, embarqués dans des galères tellement énormes qu'elles en deviennent comiques. 
Une des grands qualités de ce film, c'est son casting. On savait Anderson doué pour choisir ses comédiens (Bill Murray en tête), mais le moins que l'on puisse dire c'est que pour ce film, il s'est fait plaisir. Des premiers rôles (Ralph Fiennes au petit nouveau Tony Revolori)  aux seconds rôles, c'est un défilé permanent. On y croise le trop rare Harvey Keitel, Léa Seydoux, et of course Bill Murray. Certains personnages pourraient paraître anecdotiques, mais tous ont une importance dans la grande aventure de Zero et Gustave. 


L'autre grande force de ce film, c'est bien évidemment la mise en scène d'Anderson. Si il n'a pas encore cessé ses travellings vertigineux, qui font ici merveille dans les grands couloirs du Budapest Hotel, il atteint ici une sorte de perfection visuelle qui fait plaisir. Rares sont les réalisateurs à composer des cadres aussi travaillés et maîtrisés. Dès les premiers plans du film dans l'Hotel, on sent la recherche du cadre parfait, où tout est dit dans un plan (Gustave et l'écrivain face à face à table, deux époques qui se rencontrent dans un même plan), sans sur-découpage. On pourrait facilement taxer Anderson de maniérisme et d'excès dans sa mise en scène, ce serait éluder complètement cette louable intention de proposer un film à la fois beau et bien filmé, faisant parfois ressembler son métrage à un somptueux livre d'images, remplies de détails aux quatre coins de l'écran, parfois jusqu'à la surcharge, ce qui pousserait à un second visionnage du film pour en saisir toute la richesse. Je vous parlais plus haut du comique de certaines situations, et bien sachez que la mise en scène de Anderson y est pour beaucoup, rappelant beaucoup les grandes heures du cinéma muet, Buster Keaton en premier lieu. Plutôt que que de surdécouper son film, Anderson se repose beaucoup sur la technique du plan fixe, du dialogue qui fait mouche et du cadre parfait, dans lequel les éléments, ou plutôt les acteurs, vont évoluer et mettre en avant un comique avant tout visuel (le lancer de chat de Dafoe vaut son pesant d'or). Même le traditionnel champs / contre champs, pourtant solution de facilité pour qui  souhaite filmer des dialogues sans trop se fouler, est ici brillamment utilisé par Anderson comme élément principal du comique de situation (la série de poings dans la figure aux funérailles). 
La trame principale du film prenant place dans la vieille Europe, Anderson a recours à certains effets de style old school qui s'adaptent à merveille à son récit. Entre une course poursuite à ski filmée en accéléré et des plans larges de décors qui semblent tout droit tirés d'un vieux livre à tirettes, Le sens du détail du réalisateur explose dans chaque séquence. Grand soin est également apporté aux dialogues, entre grandes envolées lyriques et petits échanges plus intimes, ils sont également pour beaucoup dans la tonalité tragi-comique de l'ensemble, entre conneries débitées par Brody avec un sérieux papal (Vous êtes..bisexuel !!!!) et froides constatations sur la vie et la mort (le destin d'Agatha résolu en mode "bah..c'est la vie"). 


En bref : Excellente comédie doublé d’une sacrée leçon de mise en scène, portée par un casting de fou et baignant dans une euphorie de tous les instants, le dernier film de Wes Anderson est une vraie réussite, un vrai chef d'oeuvre pour ce début d'année.

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