13Cine

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mercredi 29 mai 2013

Gatsby le Magnifique

Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann
Genre: drame, long drame.
Sortie le 15 mai





Je l'avoue j'étais curieux de voir à quoi allait ressembler le remake de Gatsby par Luhrmann. Non pas que je sois un fan absolu de l'oeuvre du monsieur, mais Romeo + Juliette m'avait marqué, étant ado (surtout sa BO, en fait, avec les cardigans, Garbage..etc..) et Moulin rouge avait le mérite d'offrir quelques bons instants d'euphorie, avec, comme Romeo...une BO qui tournait en boucle avec Massive Attack, Bowie etc...Après j'avais eu le malheur de voir Australia, film chiantissime qui avait le mérite d'avoir réussi à me faire dormir au cinéma. C'est rare, il faut le signaler. 
Alors quand j'ai vu la 1ère bande annonce du film, avec DiCaprio (qui retrouve ici Luhrmann 18 ans après Romeo + Juliette), et une promesse de fêtes de fous, pleines d'euphorie et de fureur, je me suis dit que je n'étais pas à l'abri d'une bonne surprise. Et bien que nenni. C'est encore raté. Et dans les grandes largeurs.
Je l'avoue, je n'ai jamais vu l'original, avec Redford, et encore moins lu le livre dont c'est tiré. Je ne me risquerais donc pas à argumenter et à comparer l'original et le remake. Il y a assez matière à critiquer sur le film en lui même.

Pour commencer, un des principaux défauts de ce film, c'est la mise en scène. Luhrmann a un style, c'est indéniable. Un style qui malheureusement, donne un cachet à la fois à la fois old school et ultra moderne au film. 
Je m'explique. 
Gatsby est un fêtard, qui organise des grosse soirées chez lui, ça tourne dans tous les sens, et Lhurmann filme ça comme un clip géant, musique à l'appui. L'action se passe en 1922, entre deux guerres, c'est l'époque du Charleston; eh bien Baz (Luhrmann c'est chiant à écrire), il vous balance du Will.i.am, du Beyoncé (tout du moins une reprise) et de la bonne vieille house. On a l'impression de regarder un clip de promo pour la BO du film (pas un plan ne dure plus de 2 sec). Et puis Baz, pour passer d'un lieu à un autre (disons d'une rive du lac à l'autre), il use et abuse du zoom accéléré : plaisir des yeux. 
Ça c'est pour la partie " grosses fêtes de malades", euphorie, mise en scène contemporaine  etc. Autant vous le dire tout de suite, ce côté jouasse et coloré ne dure pas longtemps, le rythme, excusez moi du terme, se casse la gueule dès que Gatsby entre en scène.

Une fois que le personnage est présenté, ainsi que ses fourbes desseins (à base de reconquête d'une femme mariée), le rythme repasse en 2ème et devient d'un classique....
Vous aimez la 3D ? Et bien sachez que vous allez en bouffer du champ-contrechamp en relief. Dans une chambre, dans un salon, autour d'une table...ça n'arrête pas. Vous allez aussi avoir droit à une bonne dose de surimpressions de plans, pour tout et rien d'ailleurs (Tobey Maguire écrit sur une feuille: vous verrez ce qu'il écrit en fond ; Gatsby et sa copine fricotent dans un lit : vous aurez le mari cocu en fond). Ça n'arrête pas. Jusqu'au bout. Il me semble même que la dernière image, ce sont les mots de Maguire qui s'inscrivent sur l'écran, sur fond d'image de la jetée de Gatsby.

Le film souffre également d'un rythme en decrescendo, à l'image du personnage narrateur, interprété par Maguire. Comme si on passait des fêtes fun à un espèce de triangle amoureux dont on serait exclu. Et comme lui, au bout d'un moment on se dit " ras le bol" (lui il dira " j'en ai soupé de vos conneries") .

Il faut aussi préciser que la conviction et l'implication avec lesquels sont interprétés les différents personnages n'aide pas à s'intéresser à leur (pas si folles) aventures. Faire de Maguire un personnage soit disant alcoolique,  rendu à moitié fou par la perte de son ami Gatsby, ce n’était pas la meilleure idée du monde. Carey Mulligan, en personnage féminin principal arbore toujours le même regard triste/ontente mais triste au fond quand même. Son jeu limité décrédibilise un grand nombre de scènes dramatiques. Pour  Di Caprio, c'est autre chose, il n'est ni bon ni mauvais. C'est juste qu'après avoir vu Django et redécouvert la palette de jeu qu'il possède, le voir coincé dans un costume à jouer les amoureux éconduits, c'est frustrant.
Le seul à surnager dans ce film, niveau interprétation, c'est Joel Edgerton. (vu dans le remake de The thing et surtout dans Warrior, où il tenait tête a Tom Hardy). Parfait dans son rôle de mari aimant mais volage, il arrive le temps de quelques scènes à faire transparaître toute la violence, la jalousie et la rancœur avec juste un regard. Gatsby fait fadasse à côté

           Enlevez Maguire, et vous aurez Jason Isaac et Edgerton, les deux acteurs mémorables de ce film

Plus le film avance et plus on est pressé de savoir comment ça va se finir (pressé aussi que ça se  finisse d'ailleurs), même si, quand bien même on n'a pas vu l'original, la trame reste quand même prévisible. 
Le souci c'est que, bien que le film ne soit pas un film d'action (loin de là même), à aucun moment l'intérêt et le rythme ne reprennent le dessus. Dans Moulin rouge, dernière partie, même quand on savait Satine mourante, on avait droit à un dernier tour de piste avec Hindi Sad Diamond, mélange de Bollywood et de Kidman sous acide. Là rien. On attend la confrontation  mari/amant, mari/femme, dernière roucoulade entre amants...Le dernier acte met 3 plombes à se mettre en place, sous le regard torve de Maguire.

Au final, on se surprend à regarder sa montre toutes les 10 minutes, le film en durant 140. Ennui, désintérêt, ou douce impression de s'être fait enfler par le mec qui vous avait faire taper du pied avec Young hearts run free, et avait réussi à vous filer le tournis avec du french cancan sur du Fatboy slim...

Je me suis dit, je vais vous laisser un extrait de la BO. Mais je ne voulais quand même pas vous flinguer les oreilles avec Will.i.am ou Beyoncé. Donc voici un autre extrait. Enjoie! ou pas...


dimanche 26 mai 2013

Only God Forgives

Only God Forgives de Nicolas Winding Refn
Genre: Exercice de style à Bangkok
Sortie le 22 Mai 2013



Deuxième collaboration NWR/Gosling, "OGF" (ce sera plus simple à écrire) est une déception. En soi , Drive en était déjà une (ça n'engage que l'auteur de ces lignes), la mise en scène rattrapant un scénario indigent, bien qu'adapté d'un livre, avec un Gosling mutique, ange de la mort au volant de son bolide. Mais là, on atteint une sorte de limite, où on assiste pendant 1h30 à une sorte de bande contemplative, parsemée de quelques fulgurances ultra violentes. Personnellement, j'aime assez le style de Refn. Sa trilogie Pusher m'avait permis de le découvrir, son Valhalla Rising était remarquable, et j'avais été marqué par Bronson, à mon avis sa plus grande réussite. Mais là je suis ressorti déçu, en essayant de tirer quelque chose de positif de ce que je venais de voir.

Bangkok Dangerous
Déjà le scénario, simple (simpliste), prétexte à une histoire de spirale infernale sur fond de vengeance, de prostitution et de corruption. Julian est un dealer à Bangkok, avec son frère Billy. Celui-ci tue une prostituée mineure, et se faire déglinguer par le père de celle-ci. La mère des garçons arrive et demande à Julian d’éliminer l’assassin de son fils. C'est sans compter le chef corrompu de la police local, fan de karaoké. Voilà dans les grandes lignes l'histoire. Peu ou pas de dialogues, Gosling doit avoir 5 lignes de texte, et une tendance à offrir une scène de meurtre/torture toutes les 15 minutes.
Le principal problème, concernant le script, c'est qu'à aucun moment, on ne s'attache aux personnages, tous plus antipathiques les uns que les autres. Julian (mollement interprété par Gosling) est un dealer, qui fréquente, à intervalle régulier, des prostituées et son frère une ordure. Le chef de la police est un tordu, adepte de la machette et surtout, ça vaut le déplacement, dingue de karaoké. Il faut le voir chanter des chansons de lover thaïlandais devant sa brigade, entourée de putes.
Mais la Palme revient au personnage de la mère, chef d'un réseau de trafiquant de drogue, castratrice et aux tendance légèrement incestueuses, faut la voir caresser son fils, et qui écope des dialogues les plus..."autres" du film.
Dans Drive, il y avait quand même une histoire d'amour, d'amitié, de rivalité, et même un peu de film de braquage. On ne s'ennuyait pas, ça restait quand même une honnête série B. Alors que là, on navigue entre vengeance, déprime, violence gratuite, le tout dans une ambiance moite, bien cliché quand même, émanant des bordels de Bangkok. Peu ou pas de fascination, pas d'empathie pour les personnages (à qui s'attacher? au héros dealer et tristounet ou au flic froid et mécanique?) et un ennui qui s'installe lentement mais sûrement.

                                  La scène du dîner, prétexte aux dialogues les plus fins de l'année

Le film s'achève dans une espèce de non-climax, achevant de manière bancale cette espèce de long trip à Bangkok. On attendait une ambiance fiévreuse et emplie de violence sourde, on a une espèce de spleen et déprime à la lumière des bordels de la ville.

La NWR's touch
Je vous disais plus haut que le principal problème de Drive, c'était son fond, que la forme stylée et travaillée arrivait à sublimer. Même chose ici, le talent de Refn à la mise en scène arrivant quand même à sauver l'ensemble du complet foirage. On retrouve cette capacité à créer de vraies ambiances à la fois poétiques et glauques, avec de longs plans fixes, ou de tout aussi longs travellings. Des explosions de violence qui sortent le spectateur de sa torpeur, à l'image de cette scène d'interrogatoire qui vire à la torture, en pleine soirée cosy/canapés, petite musique de fond, bientôt couverte par les hurlements du mec à qui on crève les yeux...
Et il y a ce fétichisme de Refn pour la violence et le sexe. La violence déjà, avec ces scènes d’exécution. Je vous disais que le Flic était adepte de la machette. en tant que bourreau, il se balade toujours avec, et chaque mise à mort est prétexte à une stylisation à l’extrême, avec le flic qui sort son engin de mort, comme un ninja sort son katana, et met à genou ses victimes et les exécute, froid comme la mort. Le vrai héros, ne cherchez pas, c'est lui.

                                                         La vraie révélation du film

Le sexe ensuite, Refn nous montrant tous ses personnages, tous plus frustrés les uns que les autres, soit dans des chambres avec des prostituées, mais ne faisant absolument rien (la fille si, par contre, Gosling n'étant que spectateur, on va dire), soit dans des salons à hôtesse pour se rincer l’œil, à l'image de la mère, clope au bec, en train de contempler des culturistes en string....toujours ce voyeurisme stylé...

La photo est également remarquable, éclairant les horreurs à la lumière des néons des bordels, bleus ou rouges prédominants, ou dans une lumière naturelle, pour les rares scènes de jour. Car oui, les 4/5èmes du film se passent de nuit. C'est limite si les scènes de jour ne réveillent pas entre deux balades nocturnes...

                                     Une ambiance à forte tendance " néon rouge dans la nuit"

Un mot sur le score, à la fois minimaliste et super travaillé, à base de vrombissements et de sons distordus, que viennent interrompre quelques plages plus "musicales".

Passons sur le casting, avec en tête Ryan Gosling. Alors je n'ai rien contre ce monsieur, mais j'ai vraiment du mal avec ce non-jeu, cette mono-expressivité permanente, il n'arrive même pas à retranscrire cette violence sourde qu'est censé ressentir son personnage. Kristin Scott Thomas, second rôle mais mémorable, maquillée comme une voiture volée et parfaite dans son rôle de mère monstrueuse...
Enfin , le meilleur pour la fin, Vithaya Pansringarm, qui tient ici le rôle du flic corrompu, machine à tuer des trottoirs de Bangkok. Il illumine de sa nonchalance et de sa force tranquille toutes les scènes ou il apparaît...

Pour conclure, j'en suis ressorti complètement indifférent, je m'attendais à une belle claque, pas de bol, le rythme ne décolle jamais. Le film donne l'impression de durer 3 plombes alors qu'in doit pas dépasser 1h25, on se fout de ce qu'il va arriver au "héros", si tant est qu'il y en ait un, et il y a cette impression de rendez-vous manqué, une fois le générique (en thaïlandais) terminé...

Cadeau du dimanche :


lundi 20 mai 2013

Trance

Trance de Danny Boyle
Genre : Thriller londonien sous hypnose
Sortie le 8 mai 2013



Ce qui est bien avec Boyle, c'est qu'on est toujours étonné de voir comment il arrive à passer d'un genre à l'autre avec une facilité déconcertante. Qu'il donne dans le film d'épouvante avec 28 jours plus tard, la comédie avec Millions, ou la sf avec Sunshine, il livre toujours des œuvres originales et maîtrisées.
De retour, après 127 heures, avec Trance, récit à tiroirs sur fond de manipulation et d'hypnose, et même d'amour tien !
Le film nous narre les (més)aventures de Simon, commissaire-priseur, qui lors d'un vol de tableau, se fait assommer par son complice. Pas de chance, il devient amnésique, et oublie où est caché le tableau. Franck, ledit complice, sollicite donc Elizabeth, hypno thérapeute de son état, pour fouiller le cerveau de son complice. Début des ennuis.

Le principal défaut du film, et également sa qualité première, c'est qu'il incite le spectateur à ne pas chercher plus d'explications et de pistes qu'il ne lui en donne... Oui, c'est un film de petit malin, partant dans tous les sens dans sa deuxième partie, grosso modo dès que les souvenirs commencent à revenir, mais c'est un film de petit malin maîtrisé. On devra passer outre certaines facilités scénaristiques, à l'image de ces sessions d'hypnose express (le patient s'assoit, on lui dit de fermer les yeux et hop c'est parti !) et une tendance à sombrer très facilement dans le concept du triangle amoureux, jamais vraiment exploité, pour finalement se laisser entraîner dans un histoire à la fois triste et ludique. Plus le film avance plus on prend plaisir à se demander où et comment cela va finir...SPOILER : bien et mal.

Tout le film repose sur le concept de manipulation, ou plutôt qui manipule qui, et qui se sert de qui. Franck utilisant  Elizabeth, Simon se servant d'Elizabeth, ou, petit twist, Elizabeth promenant tout ce petit monde... Autant le dire tout de suite, le vol de tableau est assez rapidement relégué au second plan, les relations entre les personnages prenant très vite le dessus et relançant le film vers une sorte de drame relationnel doublé d'un triangle amoureux;
Chaque séance d 'hypnose apporte son lot de révélations, et à l'image du personnage de McAvoy, on recolle les morceaux, parfois très (trop) rapidement, et on est à la fois touché par son personnage, avant que la vapeur ne s'inverse dès qu'Elizabeth est mise en avant lors du dernier acte, flash-back explicatif inclus...

Parlons maintenant de la mise en scène. Plutôt sobre, il faut le dire, Boyle mettant de côté ses petits tics de mise en scène qui parasitaient son dernier film dès qu'un personnage était dans un état second (Dans 127 heures, Franco se faisait un trip à base de scoubidous gonflables). Ici ça reste simple, sans excès, osant même le regard caméra en début de métrage, et offrant de temps à autre des petites plages de calme, hors du temps, tranchant radicalement avec le côté oppressant et tendu dans lequel baigne l'ensemble du métrage. Chaque plan est important, et même la pourtant lourdingue scène de "toutéliage" finale passe plutôt bien, Boyle évitant le classique champs " je parle et t'explique tout" / contre champs " ahh ouais..tout s'explique", et remettant en cause toute l'intrigue du film qu'on vient de regarder (redistribuant les rôles pourtant bien clairs en début de métrage, toujours ce jeu de manipulation..).

Je vous parlais des petites plages de calme qu'offrait parfois le film, elle sont soit dit en passant joliment accompagnées d'un score assez planant et euphorique, à l'image des sessions d'hypnose que prodigue le personnage central de l'histoire, Elizabeth. Vous trouverez le thème musical qui clôt le film en cadeau ci dessous. Illuminons ce lundi férié...

         
                                               Je pense que ce plan résume bien le film.

Il est maintenant temps d'aborder le point noir du film: Vincent Cassel. Autant McAvoy est plutôt bon dans son rôle de looser amnésique, et Rosario Dawson, pivot du récit est convaincante dans son rôle de victime et maîtresse du jeu, autant Cassel, y a rien à faire, il est mauvais. Mais quand je dis mauvais c'est inexpressif. Rien ne transparaît dans son jeu, son attitude... En plus il a un accent anglais à couper au couteau, et encore il parle une fois en français et c'est pour commenter un match de foot à la télé. Et là on pense à tous les acteurs qui auraient pu faire l'affaire, genre Clive Owen, Johnny Lee Miller... Ça regorge de talent outre manche...et bien non, ils ont choisi le pire ici bas...c'est dommage, il est un des moteurs principaux de l'intrigue lors des révélations à la fin du film...


                                   Cassel et ses copains. Tous aussi mauvais les uns que les autres.

Le film est donc en soi plutôt fun à regarder, le rythme ne faiblissant jamais grâce à une intrigue relancée assez fréquemment, sans rajout d'information inutile, des acteurs concernés (ou pas...) et à la mise en scène enlevée de Danny Boyle, qui retrouve ici l'esprit de ses premières œuvres, le polar UK pessimiste mais parsemé d'instants de grâce, et livre ici une bonne surprise cinématographique printanière.

C'est rien c'est cadeau. Profitez:

mercredi 15 mai 2013

Mama


Mama de Andres Muschietti
genre : recyclage


Voici Donc Mama, dernière production Del toro, grand vainqueur du dernier festival de Gerardmer. 
Pour info, le film est une version étiré et développée d'un court métrage. Et on se dit qu'au final, certains courts metrages devraient le rester.


Dans le court métrage, on découvrait 2 fillettes, terrorisées par une entité dans une maison. Tour de force tant sur le plan de la mise en scène, ledit métrage est un plan séquence de toute beauté, que sur l’atmosphère  l'apparition de Mama à la fin étant particulièrement efficace. 

Del toro, remarquant le potentiel du réalisateur, lui a proposé d'en faire un film; "mama". Restait à créer une histoire valable; la voici.
"deux fillettes sont retrouvées dans les bois , 3 ans après un drame familial. reccueillesi par leur oncle et sa compagne, elles vont tenter de retrouver une vie normale. le souci  c'est qu'une entité, mama, ne semble pas prete à les laisser partir."


En soi, l'idée n'est pas mauvaise, combiner drame, esprit maléfique, reconstruction d'une cellule familiale, développement de l'instinct maternel et enquête, c'est faisable; Mais le plus gros défaut de ce film , c'est d'arriver après une décennie de films de trouille, et d'en emprunter les pires idées et clichés.



jeu de fausses pistes

Le métrage a pourtant quelques idées originales, mais soit elles ne sont jamais exploitées, soit elle sont complètement gratuites et ne servent qu'à faire avancer l'intrigue. Parmi celles qui ne sont pas exploitées comme il faut, il y a cette réflexion que fait le personnage du médecin, que Mama ne serait qu'une création de la plus âgée des gamines, victime de trouble identitaires. C'est con, le  scénario ne reviendra jamais dessus après. 
Ou bien encore cette idée de portail dimensionnel entre la cabane et la maison, à quoi sert il? Nul ne le sait; et de toute manière on passe très vite à autre chose.


Au rayon facilités, on notera cette tendance à faire rêver les personnages, et oh! chose étrange, les personnages rêvent soit du passé de la Mama en question ( bien pratique: comme ça on sait tout de suite où chercher les gosses) soit pour ramener très maladroitement les personnages mis hors services depuis 2 bobines dans le feu de l'action. Et puis je termine sur le comportement parfois étrange des personnages: lorsque le toubib fait la " connaissance" de mama, dans la maison, avant de partir, il croise Chastain, qui lui demande si ça va et lui, très naturellement.." ouais faut que j'y aille".  ( oO?) 



Après , il faut reconnaître que c'est dans les scènes les moins spectaculaires que le film marche le mieux, niveau scénario; Et surtout dans les scène qu'on qualifiera de familiales. la relation Oncle-fillettes-Annabelle bénéficie des scènes où une émotion est palpable, parce que jusetment ancrées dans une réalité sans aucun apport surnaturel ou fantastique ( les retrouvailles au début, et la scène où Annabelle retrouve Lilly, sans effet mais très touchante, Annabelle se révélant être une mère de substitution parfaite, ce qui d'ailleurs va énerver mama) .



Du recyclage et du JumpScare

Le deuxième point qui fâche , c'est la mise en scène; Et c'est là que me vient une réflexion:  on sent comme une bipolarité dans la mise en scène. Je m'explique: le film est un film vendu comme angoissant, flippant etc...mais ce qui surprend le plus, c'est cette tendance à avoir recours à des effets vus et revus dans toutes les productions  horrifiques des 10 dernières années, toutes catégories confondues. Tous les clichés du sursaut gratos sont là, et pire , il y a même quelques emprunts, oserais-je dire plagiats. Des sursauts gratos donc, à base de violons stridents, dès que mama jaillit en gros plan, ou alors dès qu'une silhouette passe dans le cadre ( le même que dans " Halloween " premier du nom, quand Laurie se tient devant la baraque des myers et que Michael la mate depuis l’intérieur, ou alors des effets pompés ailleurs, comme l'apparition de mama derrière Annabelle, ( copie troublante de la traumatisante vision du démon derrière Patrick Wilson dans " Insidious") . Dans des cas comme ça, j'opterais pour l'idée suivante, y-aurait il eu une pression de la part de la Production pour rendre le film, disons plus mainstream dans l'effroi?  Ce qui me conforte dans cette idée, c'est qu'on a droit, à deux ou trois reprises, à de vrais moments de flippe, que je mettrais au crédit du réalisateur, tellement ils sont originaux et font limite tâche au milieu de ce recyclage. Ces scènes flippantes sont sans effets particuliers (  un plan fixe nous montre Annabelle dans le couloir a gauche, à droite, dans l'embrasure de la porte de chambre, la fille en train de jouer au tir a la corde avec quelqu'un, et d'un seul coup, la deuxième gamine arrive...a coté d'Annabelle...) ou alors juste basés sur un simple mouvement de caméra, et sur une belle gestion du hors-champs ( c'est simple , dès que la cadette sourit, on sent que ça va partir en vrille)


                                         

Je vous parlais de recyclage, il est malheureusement présent aussi dans le design de la Mama en question. Plutôt que de la limiter à une apparition fantomatique, lorsqu'elle se déchaîne en deuxième partie de métrage, elle est montrée sous toutes les coutures et pas de bol, elle ressemble à une version crade de Sadako mélangée au démon de Ju-On. 



Un petit mot quand même sur le casting, menée par Chastain, toujours impeccable, et par les gamines, qui n'en font pas des tonnes, ça fait plaisir. Le reste du casting..ben ils ne restent pas longtemps à l'écran si vous voyez ce que je veux dire, donc rien de remarquable...




Donc pour conclure, Ce n'est encore pas avec "Mama" qu'on va avoir un vrai film de trouille original, mais au vu du talent du monsieur, ( le film a beau être rempli de défauts, ça reste quand même plus que regardable que la moyenne, le cachet" film européen  de l'ensemble faisant baigner le film dans une ambiance particulière), il lui reste juste à trouver un sujet ( et le traitement qui va avec) original.




Et le petit cadeau bonus qui va bien, le court métrage à l'origine du projet. présenté par Del toro. Pour info le plan sequence est à nouveau dans le film. 



samedi 11 mai 2013

Stoker de Park Chan-Wook

Stoker de Park Chan-Wook
Genre : Drame
Sortie le 1er mai 2013



Première incursion outre atlantique pour Park Chan-Wook.
Après Kim Jee Woon et son foutraque Dernier rempart et avant Bong Joon Ho et Transperceneige, Stoker était attendu au tournant, l'association Chan-Wook avec un studio comme la Fox pouvant laisser craindre une retenue et un frein quant aux capacités du monsieur derrière la caméra.
Au final, un constat: Stoker n'est pas un mauvais film, loin de là. Il arrive même des fois à inspirer une sorte de malaise et de tension, Chan-Wook restant quand même un excellent metteur en scène, mais malheureusement, au final, on a l'impression d'avoir vu un film bancal, où le fond (maladroit bien que sincère) n'arrive jamais au niveau de la forme (élégante et chiadée).

Le scénario est de Wentworth Miller. Oui, lui même. Il livre ici son premier écrit, aux fortes influences hitchcockiennes dont il se revendique lui-même comme étant le plus grand fan. L'ombre d'un doute est ici largement pompé cité, Wentworth Miller lui empruntant ainsi le schéma, le triangle tante-nièce-oncle chelou, et y ajoute sa touche perso, développant une sorte de paranoïa en huis clos. En soi, ce n'est pas une mauvaise idée, et force est de reconnaître que certaines scènes sont plutôt bien écrites (le dîner et ses "No....No thank you") et la leçon de piano, mais là encore Chan-Wook rehausse tout cela. On y reviendra.
Le problème principal, c'est qu'à trop vouloir en raconter, le scénario grille une de ses cartouches après 1h de métrage, avec la révélation sur le tonton, et on se retrouve avec un ventre mou et une descente tranquille pépère vers la fin du métrage, flashback explicatif inclus.
De plus, tous les personnages n'ont pas droit au même traitement, niveau écriture, Miller développant à fond la relation India-Charlie, laissant de côté le personnage de Nicole Kidman, qui est étonnamment celui qui aurait gagné à être davantage mis en avant et n'est réduit ici qu'à une veuve éplorée et mal aimée, simple spectatrice des conneries de sa famille. Même chose pour les autres membres de la famille qui gravitent autour d'India, n'existant que pour semer quelques pistes quant aux motivation de Charlie. Et puis hop : exit.
Pour autant, le script marque des points quant à l’évolution du personnage d'India, passant d'adolescente coincée à jeune femme manipulatrice, au contact de son oncle. La transmission du Mal étant plutôt bien retranscrite à l'écran (l'agression au crayon).

Ensuite, quitte à parler du scénario et des personnages, autant dire un mot sur le casting. En tête d'affiche, Mia Wasikowska, parfaite dans son rôle de petite fille à papa pervertie par son oncle, et surtout Matthew Goode, au regard de serpent charmeur. Je vous parlais de Kidman, elle est finalement peu présente à l'écran, passant la plupart de son temps à déambuler en chemise de nuit ou en train de dîner...

                                                                  L'oncle en question

Enfin, pour info, sachez, si vous êtes fans de cette "actrice" (et je me doute que vous êtes nombreux, elle arrive à mal jouer dans une prestation éclair... Respect), vous aurez droit à 1"30 de Judith Godrèche.
Ou comment avoir le réal de Old boy sur son cv....

Si le point faible de ce film est effectivement son scénario, eh bien sa principale qualité, c'est à Chan-Wook qu'on la doit. Si vous connaissez un peu la filmo du monsieur (et si ce n'est pas le cas, profitez-en, ses œuvres au pays du matin calme sont... plus abouties dirons nous), vous reconnaîtrez la patte, le style.
Une photo chiadée, des cadrages travaillés, une petite tendance à montrer à l'écran ce qui se dit dans les dialogues (un mec dans l'entrée d'une porte, il dit " parfois des gens disparaissent" ; et paf, plus personne dans l'embrasure de la porte) et une stylisation de la violence comme personne d'autre. La deuxième partie du film justifie d'ailleurs à elle seule l'interdiction aux moins de 12 ans. Chez Chan-Wook on meurt rarement d'une crise cardiaque. Il nous offre ainsi deux scènes de meurtres assez graphiques, servant encore une fois à amplifier le propos du film (le sang de la mort qui vient éclabousser la belle fleur blanche).

Comme je l'expliquais plus haut, Miller a quand même réussi à écrire des scènes de tension, notamment deux, une de dîner et une autre de concert de piano. Chan-Wook leur confère, via sa mise en scène, une ambiance glaciale et oppressante. Ainsi, la scène dudit repas enchaîne les regards de tueurs et les cadres serrés et le malaise dans la scène du piano à quatre main va crescendo grâce à une mise en scène au cordeau.
Le générique d'ouverture vaut de toute façon à lui tout seul le déplacement.

                                  Funeste destin d'un des personnages secondaires. Et un peu inutile.

On retrouve au final quelques thèmes de prédilection de Chan-Wook comme la vengeance (surtout après la révélation de milieu de métrage) mais même avec tout le talent du monsieur à la caméra, on a souvent l'impression de regarder un beau livre d'images tantôt froides, tantôt chaudes (dès que India se rapproche de son oncle, le film en devient plus lumineux) mais parfois étrangement désincarnées, le côté sous-développé de l'intrigue n'arrivant pas à maintenir l'attention pendant 1h40.

                                                                  Je vous attends...
                                                         

mercredi 1 mai 2013

Evil Dead

" Evil Dead"
Genre : Horreur/ Boucherie
Sortie le : 1er mai 2013



Le projet avait de quoi faire peur. Passer à la moulinette du remake une des œuvres fondatrices du Cinéma fantastique ne s'imposait pas comme une nécessite absolue. D'autres l'ont déjà fait avec plus ( "Massacre à la tronçonneuse", "L'armée des morts", "Halloween" ) ou moins ("Vendredi 13", "Total recall".) de talent.
Soyons honnêtes, malgré quelques défauts et facilités, cette dernière production "Ghost House", tient toutes ses promesses et vient se ranger à coté des réussites citées ci-dessus.

Ce qui marque le plus, après avoir vu ce film, c'est : passion, générosité et respect de l'original.
Là où des sagouins comme Wiseman massacrent un univers et un film ( "Total recall" ), Fede Alvarez, lui, en fan du film original, la joue modeste et plutôt que de singer son modèle et aligner les séquences et codes de l'original (tronçonneuse, possessions, cave...), et sachant que dépasser le film de Raimi est à la limite de l'impossible, ne cherche jamais à péter plus haut que tout le monde et réalise son film avec une certaine classe et une sacrée efficacité.

Déjà, le scénario ne s'écarte que très peu du Raimi ; ici, on suit un groupe d'amis, isolés en pleine forêt pour sevrer l'une d'entre eux, accro à la drogue. Malheureusement, l'un d'entre eux va mettre la main sur LE livre, et réveiller les démons de la forêt...
L'idée de la désintox n'est en soi pas indispensable, servant uniquement à justifier le coté bordeline de l’héroïne au début du récit (elle voit les "gens" dehors et gueule comme c'est pas permis. Normal, elle est en train de guérir, c'est que la désintox fonctionne...mouiiiii.....), et par la suite on revient sur les sentiers battus originels, à savoir une possession de plusieurs des personnages. Le suspens est d'ailleurs à ce sujet assez limité, étant donné qu'un des mecs (le prof, soit dit en passant le plus tête à claque de tous) balance que pour que la malédiction s’abatte, il faudra au démon posséder 5 âmes. II y a 6 personnages. Vous avez vu le trailer ? Vous avez vu les photos promo ? Ben vous savez qui y passe alors.
Un des principaux points forts du récit, c'est que le film est court. Il doit durer 1h20 à tout péter. Pas de temps mort donc, le rythme ne faiblit jamais, car même lors des scènes de non boucherie, la tension est présente, les survivants passant souvent leur temps à se demander comment buter leurs potes possédés.
Certes on pourra toujours râler contre certaines ficelles et incohérences niveau scénar (ma copine possédée dans la cave m'appelle ? Humm je suis seule...tiens je vais la rejoindre...dans le noir), mais la plupart sont prétextes à de grandes envolées gores.

Le Red Band Trailer ne mentait pas. Ça promettait du rouge qui tâche, vous aimez ça ? Vous en aurez pour votre argent. Chaque personnage a droit à sa mort la plus dégueulasse possible. Pied de biche, couteau a rôti électrique, marteau, vitre, pistolet à clous et surtout tronçonneuse. Le pire c'est que c'est vraiment dur à regarder, les sfx étant plus que réussis et...très réalistes dirons nous.

                                 Le rôti en question. Spoiler: elle va perdre le deuxième bras aussi.

Petite parenthèse concernant les sévices subis par ces jeunes gens. La suspension d'incrédulité devra être de rigueur quant à la capacité de ces pauvres bougres à s'en prendre plein la gueule (et ailleurs) et être capable, à l'article de la mort, de faire des headshots parfaits au fusil à pompe à 10 mètres de la cible.
Fin de la parenthèse.

Deuxième point fort du film, la mise en scène. Totalement inconnu du public (son court métrage, " Ataque de panico" est dispo sur le net. Je suis gentil aujourd'hui, c'est 1er mai,  je vous le mets en lien en bas), Fede assure derrière la caméra. Le film ne verse jamais dans le grand guignol, ce qui aurait pu arriver au vu des aventures et horreurs à l'écran, arrivant à raconter son histoire de manière sérieuse et respectueuse, et s'autorisant de vrais moments d'émotion en fin de récit, (le défibrilateur) et surtout en mettant en scène un climax dantesque sous une pluie de sang, avec un affrontement à la tronçonneuse, doublé d'un hommage à l'affiche du film de Raimi, qui s'achèvera avec un plan iconique de l’héroïne guérie (?) et apaisée, venant à bout de ses démons, dans tous les sens du terme.

Je vous parlais des SFX, bien gores, il est important de mentionner aussi la photo du film. Aaron Morton, retenez ce nom. Il est pour beaucoup dans la réussite de ce film, faisant baigner celui-ci dans des couleurs ternes et sales, ne cédant pas, dans la dernière partie au piège de "la nuit sombre dans les bois mais éclairée par la lune/projecteur." Sa photo rouge sang dans les 10 dernières minutes et le plan final sont à tomber.

                                     Classe. Une photo comme on aimerait en voir plus souvent.

Un dernier mot sur le casting. Totalement inconnus, (j'ai cherché sur imdb, rien dans leur cv ne saute aux yeux mais plus facile de s'identifier à de parfaits inconnus qu'à Brad Pitt), ils sont tous convaincants dans leur rôle de chair à démon, et on saluera la bonne idée d'avoir fait de la sœur le seul personnage fort du récit au final. Le frère hésite quand même 5 min avant de se décider à buter sa sœur sur les conseil de son pote, sosie yankee de Julien Doré, dans ses moments d'effroi...

                                        

Donc, au final, si vous aimez les films gores, les vrais films d'horreur à l'ancienne, sans prétention, avec juste ce qu'il faut de jumpscares et de violons stridents, avec un tant soit peu d'originalité (même si la J-horror pointe quelquefois son vilain nez), foncez-y.


Et comme promis: