13Cine

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lundi 23 septembre 2013

Riddick

Riddick de David Towhy
Genre: Vin Diesel présente
Sortie le 18 septembre 2013


Avant de se lancer dans la critique de ce film, replaçons le dans la chronologie de l'univers du solitaire Riddick. Il prend place 10 ans après le premier épisode, Pitch black, et quelques années après Les chroniques de Riddick. II est d'ailleurs intéressant de constater que ce 3ème film n'entretient qu'un vague rapport avec les chroniques, tant l'arc le plus intéressant du métrage fait directement référence aux événements de Pitch Black. On y reviendra. 

Pour ceux qui ne connaîtraient pas la saga Riddick, un petit résumé s'impose. Tout commence en 2000 avec un petit film de Science-fiction, Pitch black, qui nous présente un anti-héros charismatique, Riddick, interprété par Vin Diesel, pas encore mégalomane, aux prises avec des créatures nocturnes sur une planète hostile. Série B plutôt bien foutue, avec déjà David Twohy aux commandes, le film cartonne notamment grâce au marché de la vidéo. Quatre ans plus tard, fort de leur succès, Twohy et Diesel tente de renouveler l'exploit avec les chroniques de Riddick. Malheureusement, est-ce par ambition (le film se rêve en péplum mâtiné de Science-fiction mais ne s'en donne jamais les moyens) ou par manque, justement, d'ambition, le film se prend un bide monumental. Entre temps, Diesel ira faire le couillon du côté de la saga Fast & Furious, et Twohy réalisera Abîmes, excellent film de sous marin hanté. Il aura donc fallu attendre 2012, et donc que Diesel soit devenu une méga star, pour pouvoir mettre en chantier une suite aux aventures de Riddick. Le résultat est sans appel, c'est un beau ratage. A cela plusieurs raisons.

Pour commencer, l'indigence du scénario est à limite de l'affront, compte tenu de l'attente des fans et du matériel à disposition. Le film dure deux heures et on peut le scinder en deux partie bien distinctes, mais tout aussi ratées. La première nous montre Riddick en train d'errer, tout du moins de survivre dans le désert d'une planète hostile. Pourquoi? Un flashback se chargera de l'expliquer, histoire de raccorder le tout aux chroniques de Riddick. Bref, devenu un vagabond dont la tête a été mise à prix (pourquoi exactement ?), Riddick affronte hyènes mutantes, monstres aquatiques, et dresse un chiot (une chiotte?) hyène. Ensemble ils arpentent des terres désolées et jaunes orangées, couleur prédominante sur cette planète. Le tout avec de temps en temps des petites pensées qui nous sont dispensées en OFF par Diesel, du style " you have bad days...and fucked up days...today's really not my day". Sans exagérer, ça dure au moins 45 minutes, jusqu'à ce qu'arrivent les chasseurs de prime, ainsi qu'une mini armée de bidasses, avec à leur tête un homme venu régler ses comptes avec Riddick, suite à un incident survenu dans Pitch black. Qui l'attrapera le premier?


Et là commence la deuxième partie du  film, que la chasse commence! Ou pas. En effet, Il semblerait que le scénario n'ait pas prévu de grandes batailles ou de scène de chasse vu que la plupart des scènes se passent soit dans une grotte (Riddick se cache beaucoup dans UNE grotte) soit dans le cabanon des chasseurs. C'est bien pratique, vu que les 3/4 du temps, Riddick vient aux chasseurs pour les dérouiller par surprise. Et je sors du cabanon, et je rentre dans le cabanon...Si même la SF se met au film de couloir...
Le film se traîne mollement jusqu'à un climax tout ramollo et pas aussi épique qu'on pouvait l'espérer, avec une morale bien pensante complètement en décalage avec l'esprit badass qu'on attend mais qui n'arrive jamais.
En parlant de badass, c'est le moment de parler des dialogues et des personnages. Je n'ai absolument rien contre le bourrin à tendance pas finaude. Un de mes films de Science-fiction de chevet, c'est Predator de McTiernan, et ses héros sont des militaires purs et durs que rien n'effraie et qui usent plus leur gatling que leurs neurones. Mais McTiernan savait les rendre attachants car très humains dans leurs réactions. Mais là on navigue de cliché en cliché, avec des dialogues tellement mauvais que ça en devient gênant. Il y a une femme dans l'équipe, interprétée par Katee Sackhoff (La Starbuck de Battlestar galactica. Si vous voulez la voir dans un costume normal, regardez la saison 8 de 24, elle y joue 10 fois mieux que dans ce film, et évidemment, vu qu'elle est entourée de mecs et qu'elle fait masculine...elle est lesbienne, avec tous les dialogues bien finauds que ça entraîne (I don't fuck men, but i can fuck'em up). Tous les acteurs sont mauvais, mention à Dave Bautista, catcheur de profession, 3 lignes de texte, autant de conviction que pendant un interlude entre deux matchs sur NT1. Diesel a beau ne pas être le mec le plus expressif de la planète, il est le seul à quelquefois exprimer un début de regret, de crainte et de cynisme. C'est dire s'il y a du niveau...

                                              Le doute. La colère. On sait pas trop en fait...

Passons maintenant à la réalisation. Twohy n'est pas mauvais à la caméra. Mais vu ce qu'on lui donne à filmer, on peut dire que le fond est raccord avec la forme. Entre effets qu'on croyait disparus depuis Pitch black (la vision infrarouge de Riddick) et incapacité à cadrer une scène de baston correctement (à quoi ça sert d'embaucher un catcheur si quand il se bat ça dure 1'30 ?), Twohy laisse entrevoir de vraies idées de mise en scène en fin de métrage, avec Diesel gravissant une montagne assiégée par les monstres, uniquement éclairé par un orage et les projecteurs d'un vaisseau. Sinon, chaque scène susceptible d'apporter un peu de tension est flinguée soit par une absence de mise en scène,  soit par sa courte durée (l'assaut des monstres sur le cabanon). 
Mais ce qui marque le plus, une fois le film terminé, c'est qu'au delà du ratage (collectif ), on en ressort avec l'idée que Diesel s'est fait plaisir. Un film pour Diesel, produit par Diesel, avec Vin Diesel dedans. C'est simple, le film commence et la première chose que vous voyez, juste avant le titre, c'est VIN DIESEL écrit en gros. Et ça tape la pose comme dans une pub Kouros, et je marche au ralenti avec du score bien bourrin derrière. Ce n'est plus un film, c'est un caprice de star. Dans les Fast & furious, il doit partager l'affiche, Dans les Riddick, c'est lui la star. Point barre. Toujours bien filmé et iconisé à l’extrême, ça en devient pénible sur la fin. 
Un petit mot sur le score de Revell, qui oscille entre le symphonique pompeux et l'electro qui fait mal aux oreilles.
Pour faire simple et pour finir, le film doit être vu pour ce qu'il est, à savoir un film promis par Vin Diesel à ses fans, et une conclusion anti-spectaculaire à la trilogie Pitch black. Ce n'est certainement pas un grand film de SF en tout cas.


samedi 21 septembre 2013

You're next

You're next de Adam Wingard
Genre: home invasion
Sortie le 4 septembre 2013

Le film dont je vais vous parler aura mis deux ans avant de débouler sur nos écrans. Bête de festival, remarqué par le public et la critique, il arrive par chez nous 2 mois après The purge, autre home invasion dont je vous disais tout le mal que j'en pense par ici. Alors si le film de Wingard est beaucoup plus recommandable, il partage quelques défauts avec The purge, défauts inhérents au genre, semble t-il...

Mais avant de commencer à critiquer le film, je voudrais juste pousser un petit coup de gueule contre la campagne promotionnelle du film.,à commencer par l'affiche française du film.


Là vous avez la version française de l'affiche du film. Et encore je ne vous ai pas mis celle avec les avis presse, qui redoublent de connerie pour vendre le film. Déjà ça tente de grappiller les restes de American nightmare avec des agresseurs masqués en tête d'affiche, et ensuite, les avis du style "dans la lignée de Scream" me font hurler. Je ne vois pas en quoi ce film est dans la lignée de Scream. En soi ça n'a aucun sens, le film de Craven est un slasher avec un tueur masqué., dans You're next il y a des masques et des meurtres, mais les deux films ne jouent pas du tout dans la même catégorie. Mais le problème est ailleurs. Sous prétexte que le film de Craven jonglait entre humour noir, suspense et meurtres à l'arme blanche, dès qu'un film est susceptible de vous arracher un sourire ou afficher un tant soit peu de cynisme et de roublardise, et c'est encore mieux si le bodycount grimpe toutes les 10 minutes, on ressort la référence Scream. Comment être original après ça...voilà un concept d'affiche beaucoup plus proche de l'esprit du film.


D'ailleurs si vous n'avez pas vu le film je vous conseille de ne pas regarder les trailers qui traînent sur le net. Ils vous spoilent les 3/4 des meurtres du film.

Pour conclure ce petit aparté, le film est interdit aux moins de 16 ans. Je ne vois pas trop pourquoi. Le film était certes violent, mais des bouses atomiques comme texas chainsaw 3D étaient 10 fois plus gorasses et là, la mise en scène des meurtres dans You're next a une nette préférence pour le hors champs.

Ceci étant, que vaut le film? 
Comme je vous le disais, le film est un home invasion movie, qui met en scène une famille de bourgeois, réunis pour les 35 ans de mariage des parents. Durant le dîner, ils sont attaqués par un commando d'hommes armés d'arbalètes et de machette. Mais ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'est qu'une des invitées va leur donner du fil à retordre. 
Le principal défaut du film c'est que le fond est beaucoup plus intéressant que la forme. Même si le concept de la victime qui se révèle plus vicelarde que ses bourreaux n'est pas nouveau (à l'occasion, regardez le Master of horror de Coscarelli, où déjà une demoiselle, rompue aux technique de survie, était aux prises avec un maniaque en forêt), le film reste agréable à regarder. Jamais cynique, contrairement à ce qu'on a pu lire dans les critiques du film, pas si drôle et ricanant, et jamais too much dans les réactions de ses personnages (les capacités hors du commun de l’héroïne sont justifiées assez rapidement dans le récit), il réserve quelques twists qui relancent le récit à intervalle régulier et s'achève sur une scène assez fun.

Le problème vient surtout de la mise en scène. Wingard a opté pour un style de mise en scène qu'on peut rapprocher du mumblecore, mouvement cinématographique privilégiant une mise en scène majoritairement en caméra portée, avec des dialogues à la limite de l'impro. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il aurait peut être mieux fallu opter pur une mise en scène plus classique pour illustrer cette boucherie familiale.
C'est simple, dès que les hostilités commencent, la caméra bouge dans tous les sens, on ne comprend plus rien, on en sait plus où se trouve qui. Wingard, qui plus est, n'a aucune notion de gestion de l'espace. Le même problème plombait déjà le American nightmare de DeMonaco. Une baraque gigantesque, et une impression que les pièces sont disposées n'importe comment, en fonction du scénario. On passe aléatoirement du salon à la cuisine, ou à la cave, sans trop de logique spatiale.

Autre problème, Wingard se fourvoie aussi dans les pires clichés du film d'angoisse, à base d'ombre dans le fond, de plans subjectifs des assaillants ; il aurait peut-être mieux valu se concentrer uniquement sur les victimes plutôt que sur les mec qui leur tombe dessus. 
Je vous disais que le film avait été gratifié d'une interdiction aux moins de 16 ans. Chose assez surprenante, vu que les scènes de meurtres, à un ou deux égorgements près, sont soit hors champs (les meurtres de l'intro et la mère) soit tellement too much qu'ils en perdent tout impact (le mixeur). Et puis l'état d'esprit général du film tend à amoindrir l'effet des meurtres, vu que les victimes sont soit des gros cons comme le frère, soit les mecs qui tentent de buter l’héroïne. On en vient à attendre les exploits de la demoiselle. Pire, le scénario les fait vraiment passer pour des crétins sans cerveau, à l'image de la scène dans la cave avec l'appareil photo, où comment se faire avoir connement, histoire de faire grimper le bodycount.


Au rayon des bons points, notons une photo plus travaillée qu'à l'accoutumée dans ce genre de production, éclairant le salon rustique de bien belle manière, et une actrice principale assez convaincante, passant de victime à bourreau en un coup de pied dans les burnes.

Le film aurait pu être "une vraie déflagration" et un vrai uppercut, pour reprendre les termes de la promo sur l'affiche française. Mais ce qui lui manque, c'est une vraie mise en place du suspens, une réelle impression de menace permanente (on a beau savoir qu'un mec est à l’intérieur avec une machette, ça n'empêche pas nos amis de continuer à errer, souvent seuls, aux quatre coins de la maison), une écriture de personnages secondaires un peu plus poussée et une maîtrise parfaite de l'espace.
Carpenter tu peux dormir tranquille...

vendredi 20 septembre 2013

The X Files 20ème anniversaire 20 épisodes


 Et oui les amis, ça va faire 20 ans. 20 ans qu'a débuté the X-files, alias Aux frontières du réel en France. Il y a deux décennies, déjà, qu'une agent du FBI nommée Scully faisait la rencontre de Mulder dans le sous sol du FBI. Ensemble ils ont enquêté, elle la sceptique et lui le croyant, pendant 9 ans, aux quatre coins des Etats-unis, poursuivant vampires, fantômes, mutants et surtout les extra-terrestres, invités récurrents du show.  Petit récapitulatif, pour ceux qui voudraient (re)découvrir la série. La série était divisée en deux catégories: les loners, épisodes sans rapport avec la mythologie conspirationniste, qu'on pourrait appeler les épisodes "monstre de la semaine", où en intro on découvrait le monstre, les deux agents arrivaient, enquêtaient et hop, fin en queue de poisson, et les épisodes dits mythologiques, clairement orientés UFO, enlèvements et conspiration. En tout, la série a compté 200 épisodes, certains très bons, d'autres excellents (à ce sujet, je pense que la saison 6 est la meilleure de la série, aucun épisode n'est à jeter) et d'autres vraiment mauvais (le "underneath" de la saison 9 fait office de dernier bousin avant la fin du show). Le but de ce billet n'est pas de vous faire une analyse de la série, d'autres l'ont fait avant moi et mieux (et en plus il y en a des choses à dire et à analyser avec X Files) mais plutôt de vous présenter les 20 épisodes les plus marquants de la série. 
J'ajoute que lesdits épisodes ne sont pas classés par ordre croissant, ou décroissant, d'un point de vue qualitatif et que libre à vous de ne pas être d'accord. Personnellement je n'étais pas fan des épisodes mythologiques, vous n'en trouverez donc pas trop ici. Sur ce, c'est parti. 

1x03 Squeeze
Les deux premiers épisodes de la série étaient centrés sur le thème des ovnis, Chris Carter met en scène dès le 3ème épisode de la série son premier monstre, et pas des moindres, puisqu'il s'agit de Tooms. Eugene tooms. Mutant élastique de son état et dévoreur de foie humain, qu'il est obligé de consommer pour pouvoir hiberner et ne pas vieillir. Figure emblématique de l’Univers X-files, il est le premier monstre à visage humain que rencontre Scully, après son affectation aux affaires non classées, et le premier qui essaiera de la bouffer. Tooms est d'ailleurs responsable de nombreux cauchemars puisque son Mode opératoire consistait à se faufiler dans les conduits d'aération pour ensuite sévir. Maitrisé et emprisonné, il sera relâché pour bonne conduite dans le 1x21, et à nouveau pourchassé par les deux agents qui s'en débarrasseront de manière fort sympathique.



2x13 Irresistible
C'est dans cet épisode qu'on découvre une autre figure célèbre de X files, Donnie Pfaster. Personnage détraqué et fétichiste, il voue une fascination morbide au corps des femmes, les cheveux et les ongles en particulier, réduisant ses victimes à de simples trophées. C'est ce coté totalement inhumain qui ébranlera pour la première fois le personnage de Scully, qui avait jusque là enquêté sur des monstres ou assimilés, et qui se retrouve ici face à un monstre inhumain, qui lui tournera d'ailleurs autour d'un peu trop près, ce qui lui fera comprendre que les pires abominations ne sont pas à chercher chez les mutants ou les ovnis. 


2x20 Humbug
Hommage à freaks de Browning avec une affaire qui conduit les deux agents à enquêter dans une troupe de Freaks, après le meurtre sauvage de l'homme-crocodile. Dès le début de l'épisode on sent l'influence du chef d'oeuvre de Browning avec cette empathie pour les gens différents mais toujours plus humains que quiconque, entre les nains, les avaleurs de..tout en fait, et le coupable, sorte de version dégénérée de basket case de Helenlotter. L'épisode se conclut d'ailleurs sur une constatation désenchantée de l'avaleur de sabre qui regarde Mulder et fait part de sa tristesse à Scully, à l'idée que demain, tout le monde lui ressemblera.


3x04  Clyde Bruckman's final repose
Premier gros chef d'oeuvre de la série, avec en guest star Peter Boyle. Enquête sur des meurtres, perpétrés par un détraqué sur des voyantes dont il doute des capacités à voir le futur, puisqu'elles ne voient pas leur mort. Parfait équilibre entre comédie pure, avec le cultissime Yappi le stupéfiant voyant, horreur avec les meurtres bien craspecs, et drame existentiel avec le personnage de Bruckman, vrai médium désespéré de la Nature Humaine qui attend sa mort comme une libération. L'épisode use des clichés sur la voyance et de la crédulité de ceux qui y voient toutes les solutions à leur problèmes, et le côté affectif et empathique de Scully est ici développé de maière assez subtile. 


3x08 Oubliettes
Episode plus connu pour son aura polémique que pour ses qualités d'écriture. En effet, il  n'avait tout simplement pas été diffusé en France suite à une affaire de pédophilie à l'époque. L'épisode parle d'enlèvement de mineurs et de séquestration. une enfant est kidnappée et à l'autre bout du pays, une jeune femme, ayant survécu aux assauts du même kidnappeur, ressent en temps réel les outrages que fait subir le malade à sa nouvelle proie. Superbe variation sur le thème du sacrifice et de l'empathie poussée dans ses derniers retranchements, l'épisode mérite d'être revu à la hausse, ne serait ce que pour sa fin déprimante et noire.



3x20 Jose Chung's " from outer space"
la grande réussite de cet épisode tient au fait qu'il s'agit du premier épisode ouvertement autoparodique, où les clichés des enlèvements extra terrestres et tout ce qui se rapporte aux ovnis (soit la base de x files) est ici passé en revue sur un ton décalé et parodique. Entre les men in blacks, la zone 51 et Scully et Mulder qui en prennent plein la tronche (" lui il était grand et pas très expressif, elle..on aurait dit un travelo, avec une perruque rousse; ça ne pouvait pas être des agents du FBI"), l'épisode est un des meilleurs de la saison.



4x02 Home
la saison 4 a pour particularité d'être la plus sombre, à tout point de vue, de la série. Et ça commence d''ailleurs très fort avec cet épisode vraiment dégueulasse, où vous trouverez pêle-mêle inceste, infanticide, massacre à la poutre, énucléation... Scully et Mulder enquêtent après la découverte d'un enfant difforme enterré vivant, et la piste va remonter jusqu'à une famille de consanguins particulièrement agressifs. Et même si la Mulder's touch vient désamorcer quelquefois la tension (" ca sent la pomme" en reniflant le bébé mort) l'épisode baigne dans un climat malsain, avec son lot de scènes choc (le massacre du sheriff et sa femme avec en fond sonore une ballade très 50's) et son final bien flippant.



4x14 Memento mori
La deuxième chose à retenir de la saison 4, c'est que le personnage de Scully y est beaucoup mieux écrit que dans les autres saisons de la série. Au début cantonnée dans son rôle d'enquêtrice sceptique, elle intègre la mythologie après son enlèvement dans la saison 2 et la plupart des épisodes qui lui sont consacrés traitent directement des conséquences dramatiques dudit enlèvement. Dans cet épisode, Scully est obligée de se faire hospitaliser pour un cancer qui s'est déclenché après qu'elle ait retiré un implant nasal greffé pendant son enlèvement. Se sachant condamnée, elle écrit un journal de mort, où elle fait part à Mulder de son intention de le laisser finir sa quête seul, n'ayant plus la force de continuer. Chargé en émotion du début à la fin, avec une Gillian Anderson magistrale, l'épisode fait de Scully une victime indirecte de la quête aveugle de Mulder pour la vérité, celui ci refusant même d'accepter la maladie de sa comparse. La série n'atteindra jamais un aussi haut niveau émotionnel, avec ce dernier plan de Scully, malade, qui puise dans son courage et ses forces pour revenir travailler avec Mulder.


4x22 Elegy
Deuxième partie des mésaventures de Scully. Mulder et elle sont contactés après qu'un homme ait été témoin d'une  apparition fantomatique d'une étudiante égorgée dans un bowling. La vérité est plus triste que l'enquête: les personnes ayant ces apparitions sont des personnes qui vont mourir. Et scully commence à en apercevoir. Deuxième volet, si je puis dire, de Memento mori, il met en avant une Scully bien obligée d'accepter le fait qu'elle va mourir, et surtout il met en avant l'égoisme prévenant de Scully, refusant d'être un boulet pour son partenaire, attitude qui énervera d'ailleurs celui ci. Et même si l'on sait qu'elle va survivre, l'épisode laissait entrevoir une fin tragique au personnage de Scully. Ben ouais, à l'époque, le spoil par internet n'existait pas encore.


5x03 Unusual supects
Dans l’univers X-files il y a Mulder et Scully. Et il y a les bandits solitaires. Véritables sociopathes paranoïaques au dernier degré, il épaulent régulièrement Mulder dans ses enquêtes, sous l’œil a la fois amusé mais surtout consterné de Scully, véritable antithèse de leur groupe. L'épisode nous raconte justement comment Mulder les a rencontré, les paranos finissant toujours par se rencontrer autour des mêmes contres d'intérêt, et se permet même de faire douter le spectateur de la bonne santé mentale de Mulder, qui a été exposé à un gaz neuro toxique favorisant une hyper activité du cerveau, qui entraîne une paranoia avec des effets irréversibles.



5x05 Post modern prometheus
Deuxième classique instantané de la série. Hommage au Frankenstein de Whale, avec une transposition du mythe dans le fin fond du midwest, où une ville de bouseux est terrifiée par un monstre à deux têtes: le grand mutato. Plusieurs bonnes raisons qui ont fait de cet épisode un classique. Déja l'épisode est tourné dans un noir et blanc classieux, ce qui change des tonalités noires et tristounettes qui ont fait la renommée de la série. Ensuite, l'ambiance de l'épisode jongle habilement entre comédie pure, intermède musical (l'épisode est une déclaration d'amour à Cher) et émotion, surtout dans sa dernière partie, relecture du classique de Shelley, Angry mob incluse. Le duo Scully/Mulder est maintenant connu dans tout le pays (" i'm gonna create a hotline, scully..") et le score de l'épisode est une des meilleures partitions de Mark snow.
Pour info, Cher, à qui Carter avait proposé d'apparaitre à la fin de l'épisode, avait refusé; après avoir vu l'épisode  elle s'en est mordu les doigts.



5x06 Bad blood
Hommage à rashomon dans cet épisode où suite à une plainte déposée contre le FBI pour homicide, Scully et Mulder sont obligés de raconter, chacun leur tour, leur version des faits qui se sont déroulés alors qu'ils enquêtaient sur un cas de vampirisme en campagne américaine. Jouissif du début à la fin, il redéfinit la dynamique du duo, chacun ayant sa propre vision des événements, froide et clinique pour Scully, pleine de fougue et d'entrain pour Mulder. Entre une scène d'autopsie ou les intestins degoulinent de partout et une poursuite en camping car sur fond de chevauchée des walkyries, un des sommets comiques de la série.


6x02 Drive
Restituons le contexte. les affaires non classées ont été fermées, Scully et Mulder ont été réassignés à des taches plus ingrates par le nouveau boss: Alvin Kersch. Parmi celles ci, vérifier la compta des producteurs de purin de l'Idaho. Et c'est au cours d'une de ces missions que le paranormal va revenir vers nos deux compères. Episode sans temps mort, où l'on découvre un Bryan Cranston pas encore " breaking bad", obligé de prendre en otage Mulder pour ne pas avoir la tête explosée, suite à une exposition prolongée à du matériel militaire. S''ensuit une course poursuite a travers les Etats unis, se concluant de manière dramatique et amère, avec un Mulder dépité et une Scully préférant le fumier de l'Idaho plutôt que d'obéir a son boss.


6x03 Triangle
Tour de force de 45 minutes, cet épisode écrit par Chris Carter fait voyager Mulder qui, suite à un naufrage près d'un vaisseau fantôme se retrouve en pleine seconde guerre mondiale, sur un bateau attaqué par les nazis; chose étonnante: il y retrouve Scully, Skinner...Episode tourné en 5 plan séquences, l'épisode suit les aventures de Mulder ne voulant qu'une chose, rentrer chez lui, avec l'aide de "Scully alternative", et d'un autre côté Scully, la vraie, obligée de tenter l'impossible pour retrouver son coéquipier. Souvent filmé à hauteur de Scully, le rythme ne faiblit jamais et se permet même des idées complètement barrées, à l'image ce plan où Scully 1945 et Scully 2000 se croisent au même endroit mais à des époques différentes, entrainant un déjà vu commun aux deux époques. Fantaisiste mais toujours maitrisé, épisode de grande qualité.


6x04 et 6x05 Dreamland
Deuxieme épisode apres Jose Chung's from outer space où la mythologie est piétinée avec tendresse et dérision par Carter. Suite à une rencontre avec des agents de la zone 51 dans le désert du nevada, Scully, Mulder et l'agent MIB Morris Fletcher sont témoins du passage d'un OVNI. malheureusement, le passage dudit ovni a pour effet d'intervertir les corps de Mulder et Fletcher. Mulder est donc emmené dans la zone 51 et Fletcher repart avec Scully. Début des emmerdes, Fletcher étant trop heureux de goûter à sa nouvelle vie. Enchainement complètement rocambolesque de situations toutes plus barrées les une que les autres (d'autres victimes d"échanges" sont présentées a Mulder, notamment une vieille apache et un militaire badass) et preuve que l'on peut parler d'OVNI sans tomber dans la paranoia et le drama, tout en respectant le cahier des charges X-files et en usant de beaucoup de dérision.



6x06 How the ghosts stole Xmas
ici c'est le thème de la maison hantée qui est traité, et de manière assez particulière. Mulder tend un piège à Scully pour la convaincre de l'accompagner dans une maison où semble t-il deux amants, il y a fort longtemps, se sont donné la mort en se jurant un amour éternel, et ce la veille de Noel. D'abord sceptique, Scully accepte. Trop tard , les portes se sont refermées. la force de l'épisode réside dans le portrait très juste qui est fait des deux agents. Les fantômes, malicieux vieillards s'emmerdant comme des rats morts, décident de monter les deux compères l'un contre l'autre, en n’oubliant pas , au passage, de leur dire leur 4 vérités. Et c'est là que l'épisode devient vraiment jouissif. Les personnages de Scully et Mulder en prennent pour leur grade, lui étant décrit comme un vrai malade accro au porno et paranoiaque et elle comme un glaçon, fermée comme une porte de prison et dont le seul plaisir dans la vie est de prouver que Mulder a tort. Deux âmes perdues dépendantes l'une de l'autre. L'épisode se finit en jeu de massacre entre deux époques, parsemé de dialogues hilarants ( " macho!" " ehhh..pouffiasse!"). une autre grande reussite.


7x07 Orison
Deuxième volet des horreurs de Donnie Pfaster, qui s'est évadé avec la complicité d'un prêtre hypnotiseur persuadé de pouvoir sauver l'âme de ce monstre. Seul souci, Donnie a une autre idée en tête avant sa rédemption: capturer celle qui lui a echappé: Scully. Episode cauchemardesque, avec une Scully terrifiée du début à la fin, obligée de revivre les horreurs qu'elles pensait avoir oublié. L'épisode vaut surtout pour ses 20 dernières minutes en mode survival en appartement et cette fin ambiguë, ou l'on voit Scully avouer qu'elle s'est sentie possédée lorsqu'elle a abattu son assaillant, mais qu'elle ne sait pas si c'est Dieu ou le Diable qu'il l'a possédé.



7x21 Je souhaite
Dernière grande farce avant le season finale de la saison où il est question de génie du tapis, et pas de la lampe, ramené à la vie par un duo de frères abrutis. Tout l'épisode baigne dans une sorte de naïveté et d'enchantement enfantin. Episode très drôle, surtout, avec les vœux de Mulder et la cultissime séance d'autopsie d'un homme invisible par Scully, obligée d'admettre l'existence du Paranormal. et de se  prendre un gros bide après avoir appelé des scientifiques pour leur montrer sa découverte...et après que l'homme invisible ait été ressuscité suite à un vœu du frère du défunt.  Les dialogues font souvent mouches (" En 2000 ans rien n'a changé, les voeux sont les mêmes: je veux de l'argent et des gros nichons") et le comique de situation est sans cesse mis en avant (le bateau géant). 



8x14 This is not happening
l'épisode est centré sur la fin de la recherche pour retrouver Mulder, enlevé par des extra-terrestres. Les victimes d'enlèvement sont rendues aux familles par des vaisseaux en rase campagne, mais dans un état cadavérique. Scully ne peut accepter que son compagnon lui soit rendu dans cet état. Seul espoir, Jeremiah Smith, guérisseur capable de ramener a la vie les "enlevés". Malheureusement, les extra terrestres lui courent aussi après...Un épisode assez triste puisque la quête de Scully prend fin, avec un Mulder qui lui est rendu, mais mort, et la dernière séquence où Scully découvre Mulder et livre une course avec le vaisseau mère pour essayer, en vain, de ramener Jeremiah vers Mulder est un grand moment de la série. L'image de Scully à genoux hurlant vers le ciel ' this is not happening" est d'un déprimant...



9x18 Sushine Days
La saison 9 a beau ne pas être géniale, il y a quand même un épisode à sauver: sunshine days. De l’aveu de Carter , c'est un hommage aux fans de la série. Le scénario déjà est plutôt sympathique. Lorsqu'un homme est retrouvé encastré dans le toit d'un pavillon après avoir pénétré par effraction dans une maison voisine, les soupçons se portent sur le propriétaire de ladite maison. Et cet occupant a la particularité de pouvoir matérialiser son esprit dans son salon. Et il est fan de serie tv .  Hommage donc aux fans de série, à travers le personnage de Monica Reyes, fan de la série Brady bunch, au point d'en connaitre chaque réplique et le générique par cœur, qui se comporte comme une gosse quand elle découvre que le salon du héros est le même que dans sa série préférée. L'épisode alterne moments de bonheur qui laissent un sourire béat (La démo des pouvoirs dans le bureau de Skinner) avec d'autres plus dramatiques (le pouvoir du héros lui détruit le cerveau). L'épisode se termine sur une note nostalgique avec un échange entre Dogget et Scully, lorsque celui dit à sa partenaire qu'il est dommage que le héros meurt, ainsi que les preuves que le Paranormal existe. Scully lui répond que des preuves , elle en a eu pendant 9 ans. 





















mardi 10 septembre 2013

V/H/S/2

V/H/S 2 de Simon Barret, Eduardo Sanchez,..
Genre:  Found footage


Je commence à en avoir vraiment marre du found footage. Pour ceux qui ne sauraient pas ce dont il s'agit, c'est un genre de film qui, comme son nom anglais l'indique, relève plus du document vidéo trouvé que de la véritable fiction mise en scène. Si vous vous intéressez un peu aux films de genre, vous avez forcément entendu parler de Cannibal holocaust, found footage qui retraçait les dernières heures d'une équipe de reporters venu emmerder une tribu cannibale d'Amazonie. Tout était filmé en mode reportage, mais absolument tout (meurtre, violence sur animaux etc...), avec un côté voyeuriste qui a bâti la réputation du film. Autre exemple de FF (pour found footage, ça ira  plus vite), Blair witch project, carton ciné narrant les aventures de 3 pélos perdus en foret hantée. 
Et depuis peu, disons depuis Rec, qui lui avait au moins une qualité, celle d'être efficacement mis en scène par Jaume Baleguero, on en bouffe à toutes les sauces. Tous les thèmes du fantastique y passent, avec dans le désordre les trolls (Troll hunter), les dinosaures (Dinosaur project), et puis les poltergeists (les Paranormal activity), bien que pour cette saga, on parlera de grosse arnaque, n'importe quel agent de surveillance de parking ayant des caméras de surveillance a techniquement la possibilité de vous faire un paranormal activity. On arrive à une sorte de saturation. Ca n'a pas empêché le créateur du site Bloody disgusting (je vous laisse aller voir de quoi il retourne) de mettre en branle un FF à sketche, et d'y convier quelques réalisateurs parmi lesquels Ti west (Innkeepers), ou Adam Wingard (You're next). Bon c'était pas génial, la faute à des histoires pas intéressantes et à un rythme tout mou. Visiblement ravi de son coup, il remet le couvert en 2013 avec la suite, V/H/S/2. Même concept, moins de réalisateurs, et une histoire qui sert de fil rouge, afin de justifier le rassemblement de toutes les histoires. Histoires qui sont malheureusement de qualité assez variable.
Avant d'ouvrir le feu, il est juste amusant de faire remarquer que ce film, found footage de son état, partage un détail assez marrant avec les autres FF: ça a beau être un rassemblement de films soit disant trouvés au hasard, pour la plupart, ça n'empêche qu'un montage a déjà été effectué pour donner du rythme auxdits films récupérés. Ca m'a toujours fait marrer ce détail, comme si quelqu'un s'était donné la peine de biffer tous les moments potentiellement inutiles, au cas où quelqu'un trouverait la vidéo après lui et la trouverait trop chiante à regarder en entier. Bref c'est parti.

Tape 49
Deux flics enquêtent sur la disparition d'un ado et déboulent dans une baraque abandonnée et trouvent des K7 vidéo sur lesquelles figurent des films (les FF). 
Fil rouge du film, réalisé par Simon Barret, scénariste de dead birds. Que dire...et bien pas grand chose. on se fout un peu de savoir ce que fabriquent nos deux agents.


Phase I clinical trials
Un jeune homme, suite à un accident, se fait greffer un oeil électronique. Il va découvrir une toute nouvelle réalité.
Segment réalisé par Adam Wingard, à qui l'on doit You're next, home invasion cynico-gorasse. Pas folichon, la faute à une interprétation un peu amateur (Wingard himself), une idée pompée sur the eye des frères Pang (une femme se faisait greffer une cornée et découvrait un monde de cauchemars), et du plan nichon gratos. Next.

                                                          I see dead people. Again

A ride in the park
Que voit un zombie lorsque les morts vivants envahissent le monde?
Retour d'Eduardo Sanchez derrière la caméra pour une histoire de zombie (oui, encore une) mais dont le traitement original rehausse grandement l'intérêt. la vue subjective offre des moments bien dégueulasses, les zombies ont souvent faim, et les seuls reproches que l'on peut émettre c'est une tendance à allonger un peu trop des plans clés (le réveil du zombie) et une durée trop courte au vu du potentiel de son histoire. 


Safe Haven 
Une équipe de journalistes tournent un reportage dans une secte dirigée par un gourou tordu. Ils ne se doutent pas qu'une Apocalypse se prépare.
Disons le d'entrée de jeu, ce segment justifie à lui seul le visionnage de V/H/S/2. Réalisé par Gareth Evans (The raid) il est d'une efficacité redoutable. Crescendo dans l'horreur, on commence avec une ambiance lourde, la secte et son gourou à tendance pédophile installant un climat malsain, et plus le récit avance, plus les masques tombent et l'horreur s'installe, jusqu'à un déchaînement de violence et d'hystérie magistralement mis en scène et terrifiant, grâce notamment à des SFX de qualité qui s'intègrent parfaitement à la caméra portée et au style documentaire (les suicides et exécutions à la chaîne). Et même si la fin peut paraître grand-guignolesque, ce segment est une totale réussite.


Slumber Party, alien abduction
Une soirée entre ados vire à l'horreur lorsque des extra terrestres débarquent et tentent d'enlever les jeunes.
Et hop on retombe dans le n'importe quoi avec Jason Eisener (Hobo with a shotgun) et une histoire d'enlèvement extraterrestre. En soi c'était pas con comme idée, c'est le traitement qui ne suit pas. Que la caméra soit tenue par des gamins au début, ça passe. Mais alors dès que les aliens débarquent on touche le fond. Pourquoi? Parce que juste avant que ces derniers n'arrivent, un des ados attache la caméra...sur le chien.
Et devinez qui filme l'invasion qui suit? Oui. C'est le chien. Et il est bien ce chien, il sait toujours où regarder et où cadrer. Contre plongée, hors champs, la grammaire ciné à hauteur de canidé. Bon, par contre, il a beau être talentueux, ça reste un chien, et vous allez en bouffer du plan brouillon où on ne distingue absolument rien (le chien se cassant la gueule dans la pelouse à intervalle régulier) et il continue de réagir comme un chien (comprenez "tourner brutalement la tête et aboyer") dès qu'un ado l'appelle. Priceless. 

                                     Notez la présence constante de la touffe de poils bord cadre

Au final, il aurait fallu laisser toute latitude à Evans et Sanchez, seuls réalisateurs à savoir raconter une histoire et surtout à savoir la filmer. Et non je ne pense pas qu'un V/H/S/3 soit nécessaire, là tout de suite. 

lundi 9 septembre 2013

Citadel

Citadel de Ciaran Foy
Sortie: Direct to video
Genre :  Enfance en danger

Profitons de l'Etrange Festival 2013 pour parler d'un film présenté l'année dernière à l'Etrange justement et qui est (enfin) disponible en DirectToVideo. Oui c'est injuste, vu la qualité du métrage, et au vu des horreurs qui nous été proposées cet été dans les salles obscures, mais au moins voyez le bon côté des choses, le film va peut être redoubler d'efficacité lorsque vous le regarderez chez vous. 

Tommy et Joanne décident de déménager, loin de leur appartement dans une tour sordide, afin de pouvoir élever leur enfant qui ne vas pas tarder à naître. Malheureusement, lors du déménagement, Joanne est agressée par des ados à cagoule, et décède. Ayant réussi à sauver le bébé, Elsa, les médecins la confie à son père. Quelques mois plus tard, Tommy, devenu agoraphobe, est cloîtré chez lui, craignant le monde du dehors. Mais les enfants cagoulés vont venir pour chercher Elsa...aidé d'une assistante sociale et d'un prêtre aux méthodes peu orthodoxes, il va devoir surmonter ses peurs.

Ce qu'il est important de préciser pour commencer, c'est que le film est basé sur une histoire vraie, le réalisateur ayant été victime d'une agression dans sa jeunesse, l'ayant lui aussi conduit à une crainte du dehors. Pas encore père mais traumatisé, il s'est servi de son expérience pour écrire Citadel, en y incorporant des éléments fantastiques (et encore, pas vraiment) et réaliser ce qu'on peut qualifier de grosse claque. 


Dans sa première séquence, le film laisse craindre une sorte de film social à forte influence Loach-ienne, avec ses portraits de personnages en galère, et à qui il arrive les pires emmerdes sociales et personnelles. Le cadre du film n'est pas non plus des plus jouasses, sorte de banlieue mancusienne avec des tours de béton délabrées et à l'abandon. Et puis plus le film avance, plus on se prend d'affection pour Tommy, (interprété par Aneurin Barnard, jeune acteur de comédie musicale en Angleterre), jeune père qui d'abord se montre distant avec Elsa, sa fille, et qui avec l'aide d'une assistante sociale va nouer un contact fort avec la petite, seul lien qui le relie à sa chère et tendre défunte. Et c'est dans cette partie de reconstruction et de traumatisme, période où le personnage de Tommy est le plus faible, que le film glisse doucement mais sûrement vers le film d'angoisse pur et dur. Comme je vous le disais, les gamins cagoulés reviennent, et ils en veulent à Elsa. Je ne vous gâcherais pas le plaisir de découvrir pourquoi ils la veulent, mais sachez que le film réserve quand même de grand moments d'angoisse. A cela plusieurs raisons. Déjà l'empathie pour Tommy fonctionne plus que jamais. chaque scène où il tente de sortir, et finit par rentrer chez lui, terrorisé, est à la fois tellement chargée en émotions contraires (heureux de le voir sortir, triste de le voir échouer) qu'on se demande quand son calvaire va finir. Ensuite, lorsque les gamins arrivent, ils s'en prennent directement au domicile de Tommy. Dans l'imagination collective, la maison est un lieu de refuge et de sécurité. C'est doublement le cas dans ce film, le héros ne trouvant la sérénité que chez lui, coupé du monde. Et on se sent aussi mal à l'aise que Tommy lorsque les gamins arrivent à pénétrer dans son espace de confort. La menace se fait de plus en plus palpable et plus aucune barrière ne sépare tommy de ses peurs.
Ensuite, Foy distille une crainte de tous les instants dès lors que le héros se sait vulnérable aux assauts des gamins, et ce en plaçant son personnage dans des situations qui, pour n'importe qui d'autres, seraient juste contraignantes, mais qui pour Tommy sont de réelles menaces de mort (le bus loupé).  Certains passages sont vraiment terrifiants, à l’image de la scène du tunnel-raccourci, violente et réaliste, et d'autres mettent vraiment mal à l'aise (la scène où les gamins retrouvent Tommy et Elsa dans le bus est vraiment flippante). 


Pourtant, malgré cette ambiance angoissante et irréelle, il est important de préciser que ce film n'est pas à caser dans la catégorie fantastique. Ou alors si c'est le cas, tout n'est qu'histoire d'interprétation. En effet, dès lors que la deuxième partie se met en place, juste après la scène du bus donc, on apprend, via le personnage du curé venu aider Tommy, que les gamins ont subi une métamorphose. Monstres à visages humains, ou humains tellement délaissés et abandonnés qu'ils ont en oublié toute humanité et sens moral. Libre à vous d'y voir ce que vous voulez, mais dans les deux cas la menace est bien réelle. 
Dès lors que le dernier acte se met en place, Tommy est obligé de se comporter en homme sans peur, poussé au train par le prêtre, impatient d'en finir avec la vermine, et d'ailleurs il n'aura pas le choix, les cagoulés ayant la faculté de sentir la peur de leur victime. Le héros devra surmonter ses propres démons pour affronter ceux du dehors, et ainsi retrouver sa fille. 
Un des derniers plans nous montre Tommy, marchant vers la sortie (la fin de son calvaire) entouré des cagoulés, scène interminable mais sacrément efficace, pour s'achever sur un plan du visage du héros, apaisé et contemplant sa victoire sur ses peurs. Et accessoirement une destruction de tour d'HLM.
Je vous disais que dans une salle de cinéma, le film fonctionne déjà très bien, mais il y a fort à parier que chez vous, tout seul, avec le casque sur les oreilles, l'effet claustrophobe de certaines scènes risque de vous causer quelques sursauts.