13Cine

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samedi 30 novembre 2013

Dracula

Dracula de Dario Argento
Genre : Fin de série
Sortie le 27 novembre 2013



C'est officiel nous avons définitivement perdu Argento. C'est triste, quand même, de voir un maître de l'horreur, un chef de file du giallo transalpin des 70's finir sa carrière sur des horreurs pareilles. En même temps ça fait déjà un bon moment que sa filmographie ressemble de plus en plus à un casier judiciaire qu'à une sélection "nuit de cauchemar". Quand a t-on commencé a voir dérailler le train des épouvantes? Les moins difficiles diront avec Le sang des innocents et les moins indulgents diront Le syndrome de Stendhal. Tout le monde s'accorde cependant à dire que ce qui a suivi relève du gros foutage de gueule de la part d'Argento, entre pilonnage de l'univers qui lui a offert ses plus grands chefs d'oeuvre et hommage maladroit et mal fichu à Hitchcock. Si vous voulez vous en convaincre, faites vous un double programme, enchaînez Suspiria et The card player, c'est à se demander si c'est bien la même personne qui est derrière la caméra. Mais parlons maintenant de son dernier méfait, Dracula (3D ou 2D on s'en fout, ça reste mauvais dans les deux cas). Vous êtes un (des derniers) fervents défenseurs d'Argento? Vous êtes fan du mythe de l'empaleur des Carpathes? Envie de frissonner? Je n'ai qu'une chose à dire :



Ce film est mauvais. Mais quand je dis mauvais c'est vraiment mauvais. Même pas drôle à force de nullité ou de zèderie constante, non non, juste mauvais. L'avantage de ne rien attendre d'un film, c'est qu'on est pas déçu par ce qui se déroule sous nos yeux. Mais là ça relève d'un tel niveau de rien que ça en devient fascinant. A peine le film commence qu'on sent qu'on va avoir du lourd. les opening crédits font furieusement penser aux  DTV Asylum qui inondent les Payperview US ou les troisièmes parties de soirée sur NT1. Le métrage démarre et les horreurs débutent. Un score ignoble de Claudio Simonetti (autre naufragé du navire Argento. Cet homme aura vraiment entraîné tout le monde dans sa chute) illustre des cadres moches filmés n'importe comment. Autant vous le dire tout de suite, Argento a opté pour la Dv pour tourner son film. Pas la meilleure idée qui soit vu que son talent s'est perdu en route, ce qui nous vaut une mise en scène toute mollassonne, entre plans mal cadrés et une absence totale de mouvements. Par contre Argento a bien compris comment maintenir éveillé son spectateur, puisque le film n'est pas commencé depuis 5 minutes que vous avez déjà:

UN PLAN NICHON GRATUIT !


                  
Dario tu nous gâtes. Il vous est offert par la pire actrice du métrage. Et pourtant il y a du niveau côté interprétation, on y reviendra. On en oublierait presque l'histoire. Brièvement, elle nous narre les déambulations de Jonathan Harker, missionné en Roumanie pour archiver la bibliothèque du Comte Dracula. Et comme de bien entendu, la femme d'Harker, Mina, ressemble beaucoup à la défunte femme du Comte. Le scénario prend quelques libertés (doux euphémisme) avec l'oeuvre originale de Stoker, mais les grandes lignes sont là. Ceci dit ce n'est pas pour autant que le récit en devient plus passionnant, bien au contraire. Il ne se passe absolument rien de trépidant, on passe d'une taverne à une chambre, d'un feu de cheminée à un meurtre derrière une grange, sans aucune cohérence d'une séquence à l'autre. Par contre, quand Argento décide d'innover et d'inclure ses idées de malade à l'histoire, c'est festival. Entre Dracula capable de se métamorphoser en mouche ou en mante religieuse géante et Abraham Van Helsing directeur de l'asile des fous à Londres, c'est du grand n'importe quoi. Le scénario essaie de caser quelques phrases clé du roman de Stoker mais débitées par des acteurs aux fraises, ce qui en amoindri considérablement l'impact. Autre souci du film, le budget. 10 Millions d'euros. C'est marrant j'aurais plutôt dit des roubles. Résultat, c'est la pauvreté niveau décors. La plupart des scène se passe soit 
1-dans la chambre de Lucy
2-dans le salon de Dracula
3-dans la taverne
4-dans un cimetière
5-dans les bois (forêt de Transylvanie ressemblant beaucoup à une version plus touffue de Rambouillet)
Le roman de Stoker faisait beaucoup voyager ses héros, de la Roumanie et ses châteaux au fog londonien, pour se terminer par une poursuite à flanc de colline de retour sur les terres du col de Borgo. Ici, tous les héros se retrouvent dans un petit village avec 5 maisons.  Magie du cinéma. 
On ne va pas s'éterniser su le scénario et passons aux choses sérieuses : La mise en scène. Jusqu'à présent on pouvait, si on en avait le courage, regarder un Argento des années 2000 et y trouver un plan ou une idée de mise en scène qui nous ferait dire "ah oui il y a quand même de beaux restes". Faites une croix dessus désormais. Ce film ressemble, sans mentir, à une production RAI Uno calibrée pour une deuxième partie de soirée. Il ne subsiste absolument rien des grandes heures du Argento et de sa glorieuse époque giallo. Cadres statiques, absence totale de suspens, montage anarchique, lumières immondes et direction artistique à l'avenant. C'est simple il n'y a rien à sauver. On est consterné devant la connerie de certaines scènes (la première apparition de Dracula, très Théâtre de la Michodière dans l'esprit, "bonjour je suis Dracula !") et le manque totale d'implication d'Argento dans la mise en scène. Rassurez vous il ne rate pas une occasion de faire gicler le sang et surtout il n'oublie pas de foutre sa fille à poil. Normal quoi. Aucune gestion de l'espace, ni du temps. Ça n'aide pas à rester concentré.

                                                       Asia Argento. Rien à ajouter

Je vous parlais plus haut du manque de talent de la comédienne en début de métrage. Ce serait criminel de passer sous silence les autres quenelles de compèt' qui parcourent le métrage. Si l'on retrouve ici Asia Argento, en freestyle avec papa, elle est entourée de toute une troupe de comédiens plus ou (vraiment) moins chevronnés, entre Unax Ugalde, endive certifiée pur premium, qui interprète un Jonathan Harker mou comme c'est pas permis et un Rutger Hauer qu'on regarde d'un oeil mi-amusé mi-gêné, en train de se donner à fond mais pas trop quand même, âge oblige. Dario semble d'ailleurs conscient des limites physiques du bonhomme, chaque scène de baston avec Rutger n'excédant pas les 2 secondes, magie du montage incluse. Mention à Thomas Kretschmann, interprète du Comte Dracula, traversant le film tel un Droopy venant de se faire larguer. 

                                 Inside actor's studio. Today:  La douleur mêlée de stupéfaction

Un petit mot sur le score, délicat mélange de synthé et de theremin, qui vous pétera les tympans durant tout le film. 
Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter, l'ambulance Argento ne vaut pour ainsi dire plus le coup de se faire cartonner, mais toujours est-il que si vous voulez découvrir sa filmo, foncez sur les éditions DVD de ses chefs d'oeuvre (les 4 mouches de velours gris à ténèbres, j'en passe et des meilleurs), et au passage, regardez l'épisode de l'anthologie Masters of horror réalisé par Argento, Jennifer, qui vaut quand même largement le détour. Autant rester sur un bon souvenir du monsieur.


lundi 18 novembre 2013

Bates Motel Saison 1

Bates Motel
Genre : Tout sur ma mère
Créateur: Anthony Cipriano et Carlton Cuse
2013


Il n'y a pas si longtemps, Hollywood, à court d'idées originales pour produire des longs métrages, a décidé d'adapter sur grand écran des séries tv. C'est pratique, pas besoin de présenter des personnages, tout le monde ayant une télévision les connait déjà. Reste à leur broder une histoire et hop, vous vous retrouvez avec Chapeau melon et bottes de cuir, X files, et bien sur Mission impossible, pour ne citer qu'eux. Arriva par la suite, début des années 2000 pour vous donner un ordre d'idée, un autre phénomène, que l'on peut qualifier de régression qualitative des productions cinématographique au profit d'une augmentation de la qualité des productions télévisuelles. Les années 2000 ont vu des talents alors confinés au Cinéma délivrer des œuvres majeures, à l'instar d'Alan Ball, scénariste d'American Beauty et créateur de Six feet under. Ont suivi des séries telles que Les Sopranos, the Wire, 24 heures chrono etc...arrivant à  procurer au spectateur ce qui commençait cruellement à manquer sur grand écran. Effet intéressant de la chose, de nombreux acteurs et actrices ont ainsi cédé aux sirènes du petit écran pour booster leur carrière et devenir des mythes de la télévision américaine (Avant 24, citez moi 5 films avec Kiefer Sutherland). Seulement voilà, les séries ne sont pas éternelles, et lorsque ces chefs d'oeuvre se sont achevés, il a bien fallu les remplacer. Et plutôt que de se creuser la tête à créer de nouvelles séries (j'entends par là avec un concept et un thème original), la solution de facilité a été de pocher parmi les blockbusters récents ou les grands mythes du Cinéma pour en faire une série. Pour maintenir la pompe à fric l'attrait du public pour l'univers Marvel, la série agents of S.H.I.E.L.D fut créée. Je vous laisse juger du résultat. Et pour les grands classiques, en 2013 vous avez pu découvrir Hannibal et Bates Motel, soit deux grandes figures du cinéma d'épouvante. Si Hannibal commence plutôt mollement pour gagner en qualité au fil des épisodes, grâce notamment à son interprète, Mads Mikkelsen, et à une volonté des créateurs ne se jamais se freiner sur les thèmes et le côté malsain de l'ensemble, Bates Motel est son complet opposé, à savoir une série molle, sans enjeu, capitalisant à mort sur le côté iconique du motel Bates en haut de la colline et sur la relation perverse qu'entretient Norman avec sa mère. La première saison ne contient que 10 épisodes et a déjà son passeport pour une deuxième saison. Pas sûr qu'il faille s'en réjouir. 

                                                           Même le générique est moisi

Créée par Carlton Cuse, l'homme derrière Lost, la série est un prequel, nous racontant les mésaventures de Norman Bates et sa mère, nouveaux acquéreurs du fameux motel et qui vont très vite faire connaissance avec la ville et ses habitants au comportement suspect. Déjà pour commencer, saluons la fausse bonne idée de Cuse : situer l'action de nos jours. Pourquoi, je me le demande encore. Vous verrez donc Norman et sa mère pendus à leurs Iphone, on ne les voit pas pas mais leur sonnerie est reconnaissable, mais habitant dans une maison toute droit sortie du film original. La série baigne dans cet anachronisme constant qui n'est à aucun moment justifié. Ce qui rend encore plus dommage le fait d'avoir abandonné l'idée initiale de situer l'action avant le film de Hitchcock. C'est pas comme s'il était impossible de situer l'action d'une série à un autre moment que les années 2000, cf Mad men

Ceci étant passons à autre chose : L'histoire.
Nous apprenons en début d'épisode Pilote que Norma et son fils Norman ont fui après le décès du père de celui-ci, pour recommencer une nouvelle vie, gérants d'un motel donc. A peine arrivés ils sont accueillis par un homme qui vient réclamer son dû, les terres du motel. S'ensuit un affrontement au cours duquel Norma dérouille et finit par tuer son assaillant, sous les yeux de Norman. Une chose en entraînant une autre, les Bates vont faire la connaissance du reste de la ville, surtout les policiers en fait, sans oublier le retour du fils rejeté, Dylan. Vous avez désormais l'arc narratif de 7 des 10 épisodes de la saison 1. On pourrait légitimement penser que ce serait l'occasion de développer une ambiance paranoïaque, à base de soupçons entre voisins et de non-dits par exemple (la série est clairement sous influence lynchienne avec twin peaks), et bien non. La faute à une absence totale de rythme, une overdose de clichés et de digressions qui empoisonnent chaque épisode. Vous aurez tout et n'importe quoi pour animer les 45 minutes que durent un épisode. Norman à l'école, Norman qui enquête avec une ado malade, Norma qui fricote avec le shérif adjoint, Dylan qui surveille un champs de weeds. De temps en temps vous aurez un clash Norma/Norman, avec le frère de celui-ci qui lui conseille de se barrer au plus vite. En plus du meurtre du mec en début de saison, s'ajoute une enquête sur un réseau local de prostitution dans lequel trempe le shérif adjoint, le petit copain de Norma. Cet arc occupe facilement 6 épisodes, jusqu'à un dénouement tout pourri avec un gunfight dans le motel.
Comble du comble, on assiste à du remplissage pur et dur lorsque les 5 dernières minutes de l'épisode 5 sont INTEGRALEMENT reprises en guise d'intro de l'épisode 6. C'est vite fait et c'est toujours ça de gagné. Seul point positif, les dernières minutes de l'épisode 7 nous font remonter à la mort du père de Norman, et l'on découvre le côté dérangé du gamin. 
Les trois épisodes restants ne volent pas plus haut, entre retour d'un souteneur et bal de promo pour Norman, et s'achèvent sur le meurtre d'un personnage dont on se contrefout, mais bon, faut bien que quelqu'un y passe pour le cliffhanger, on allait pas sacrifier l'ado avec sa bonbonne d'oxygène. Zéro action et enfilade de clichés, à l'image de cette scène ou Norma se confronte à des jeunes délinquants qui fument des joints sous son porche en écoutant du reggae. 


Le problème principal de la série, contrairement à Hannibal qui arrivait à faire ressentir cette attirance/répulsion pour son personnage, c'est qu'à aucun moment on ressent un quelconque malaise à regarder ce fils à maman déambuler avec son cardigan. Pourquoi ? La faute à un amoncellement de clichés sur la relation Mère/Fils, entre les "je t'aime" à répétition de Norma et les "MOTHER!!!!" de Norman, leurs échanges sont plus ridicules qu'autre chose. D'ailleurs il est intéressant de voir que le seul qui semble se détacher de tout ça c'est le frère, Dylan, qui devient le personnage le plus intéressant à suivre, oscillant entre une volonté de se barrer loin de la famille de cinglés qui est la sienne tout en essayant de sauver Norman en essayant parfois de lui ouvrir les yeux (" Pourquoi tu ne l'appelles pas maman, Norman ??!"). 
Le ridicule est atteint lorsque Norman découvre un chien sous la maison, qu'il appellera Juno et qui se fera écraser comme une merde un épisode plus tard. Et là, LA GOLDEN IDEA de Bates Motel : Et si on se disait que c'est empaillant son clebs que Norman va développer ce goût pour la conservation des choses mortes.  Résultat : Juno 2.0. ci dessous :


Je vous parlais du côté parfois lourdingue des situations, ce n'est rien comparé aux interprètes. Si certains surnagent au dessus des autres (Max Thieriot est plutôt bon en frère un peu jmen foutiste obligé de se mêler aux affaires familiales), le casting principal est globalement raté. Commençons par Norman, interprété par Freddie 'Arthur et les Minimoys' Highmore, qui tente de nous faire gober qu'il est un psychopathe en sommeil, et que des fois il peut faire le maychant en baissant la tête et en levant les yeux. Ses crises de colère en sont d'autant plus ridicules qu'on a l'impression de voir un chiot s'exciter.  Mais ce n'est rien comparé à:
NORMA BATES

Interprétée par Vera Farmiga, comédienne plutôt douée d'ailleurs (et ailleurs), remarquée dans In the air et dernièrement en chasseuse de fantômes dans Conjuring de James Wan, son rôle a beau être le pivot de la série, il est également le plus énervant à force de mimiques et de surjeu outré.
Je soupçonne les réalisateurs de lui avoir donné comme seule direction "ton personnage est fou, et pis d'ailleurs c'est pour ça que ton fils devient fou. Vas-y fais la fofolle parano".
Résultat, elle court dans tous les sens comme un frelon fou, roule des yeux, hurle et pleure comme d'autres clignent des yeux et n'arrive pas une seule seconde à créer une empathie pour son personnage. Moment culte de la saison 1, lorsqu'elle espionne le shérif en train de tuer (surprise) sur le quai du port, et qu'au moment où le shérif se barre en hurlant " Norma tu peux rentrer chez toi", elle sort de sa cachette comme un suricate qui sort de son terrier. Je sens que ça va devenir un GIF mythique dans pas longtemps. Ce qui est hallucinant c'est qu'elle décrédibilise chaque scène de tension où elle ouvre la bouche. Le comble du n'importe quoi est atteint lors du dernier épisode lors d'une scène où Norma, assise sur le canapé avec son fils prêt à aller au bal de promo, lui annonce qu'elle s'est faite violer à plusieurs reprises par son frère lorsqu'elle était jeune. Voilà, bonne soirée mon grand amuse toi bien.


Le reste du cast n'est pas mieux loti, on retrouve Nestor Carbonell, interprète de Richard Alpert dans Lost, dans le rôle du shérif mystérieux, et deux trois seconds rôles uniquement là pour servir la soupe à notre duo vedette. 
Je ne sais pas trop vers quoi on se dirige pour la saison 2, à vue de nez je dirais encore du chantage et des hurlements de Norma, mais il serait vraiment nécessaire d'apprendre à écrire un vrai arc narratif qui développerait la folie latente de Norman (son amnésie post homicide est une bonne idée, elle est juste mal exploitée) et qui mettrait sa mère en sourdine.

Petit truc rigolo pour conclure. Si comme moi vous êtes fan d'Arrested development et de Buster, vous allez avoir de gros fous rires avec les "motheeeeeer" de Norman. 

dimanche 17 novembre 2013

Cartel

The counselor de Ridley Scott
Genre: vide pelliculé
Sortie le 13 novembre 2013



Par le réalisateur de Blade Runner et Gladiator. ou par le réalisateur de Gladiator et Prometheus. Ca dépendra de votre âge et de vos goûts en matière de cinéma. Au final une seule conclusion, c'est triste quand même de résumer, en 2013, la carrière de Scott à deux films. Alors certes sa carrière ressemble à un grand huit d'un point de vue qualitatif, avec du classique comme Blade Runner, Thelma et Louise ou bien encore Alien le 8eme passager, et des choses plus embarrassantes comme GI Jane, Une grande année ou Lame de fond, mais désolé de vous le dire, sa dernière réalisation va tranquillement aller rejoindre les horreurs sus-citées, tant elle est indigne du Sir Scott.

Le problème avec Scott, c'est que même dans ses pires œuvres, on essaie d'être indulgent. L'histoire est à chier ? C'est pas grave, il y a une belle photo. Le cast est mal dirigé ? Y a une belle musique. Alors Cartel (mais quel titre français pourri, soit dit en passant) est une première pour Scott. Il n'y a rien à sauver. Je ne sais même pas par où commencer. Lançons nous. Je n'ai absolument rien compris à l'histoire. Le scénario serait complexe, à tiroirs et twists à gogo je comprendrais, mais là on à l'impression de se faire raconter une histoire moisie et inutilement rallongée pour en faire oublier la vacuité. Je vous résume le topo : The counselor, avocat friqué avec des amis friqués vit avec sa femme une existence sans excès, entre martinis et voyages d'affaires. Il est par la suite mêlé à un trafic de drogue et de blanchiment d'argent. Voilà, je vous épargne les méandres du scénario qui compliquent inutilement l'intrigue, mais sachez que même à la fin du film on ne comprend toujours pas les motivations, du personnage de Cameron Diaz par exemple. Tout le monde à l'air se s'entuber par téléphone interposé. Il règne une sorte de non-action permanente, avec une poursuite en 4x4 qui dure quoi, 2 minutes, et se termine par la mort d'un des protagonistes. Pourquoi ? Nul ne le saura. 


L'histoire est naze, mais les dialogues sont du même niveau. Écrits par Cormac mcCarthy (scénariste du No country for old men des Coen bros, soit dit en passant on retombe encore dans ce qui me fait gerber dans la promo, à savoir faire croire au spectateur que ce film sera du même niveau que le Coen. je rigole doucement), ils sont pour beaucoup dans l'échec de l'entreprise. Déjà qu'on ne comprend absolument rien à ce qui se passe lorsque les protagonistes s'exposent leur plan (j'ai rarement vu aussi flou depuis le dialogue culte de Flic ou Ninja), mais McCarthy se sent obligé de les faire disserter sur la Vie, l'Amour les vaches et les panthères, et quand ils le font ça pue le verbeux et l'envie de caser une pensée de comptoir qui amuse au début et puis consterne en fin de parcours. Exemple: 

-Il te manque?
-Non. Le manque sous entendrait une possibilité de retour.
- C'est froid comme raisonnement
-L'oubli n'a pas de température.


Il n'y a pas que l'amour et les vaches. Il y aussi le sexe. Et McCarthy il doit bien aimer choquer le bourgeois avec des scènes orientées XXX pour maintenir l'intérêt. Et quitte à le faire autant y aller à fond, sans peur du ridicule. Chers amis, si vous voulez voir Cameron Diaz se frotter sans string sur un pare-brise de ferrari sous le regard, autre dirons nous, de Bardem, allez y c'est priceless. Et puis comme on est pas venu pour voir que du sexe, CcCarthy se lâche sur le dirty talk. Et ça parle de sexe pour tout et rien, comme ça, au hasard, juste pour le plaisir de faire dire "Baiser", " nichons" à Fassbender ou Diaz. Morceau choisi :

- Ca me manque de voir nos deux panthères attraper ces lapins des plaines à 100km/h.
- ca te plaisait?
-Oui
-c'est sexuel n'est ce pas?
-OUIIIII

Je n'invente rien.

Enchaînons avec les acteurs justement. Un casting 5 étoiles pour un film pareil c'est du gâchis.Ils sont tous tellement mal dirigés qu'ils font de la peine. La seule à tirer un tant soit peu son épingle du jeu, c'est Cameron Diaz, en veuve noire, mais son rôle est tellement mal écrit qu'il rend impossible toute sympathie envers son personnage. Pitt cachetonne, Bardem fait le foufou et Fassbender semble traverser le film complètement aux fraises. 

Venons-en maintenant au sujet qui fâche: La réalisation. Je ne sais pas si ce film a été réalisé par Scott pour qu'il puisse faire Prometheus 2 sans être emmerdé par la Fox, mais côté mise en scène, c'est hallucinant de platitude. Pas de rythme, pas de suspens. Mais quand on fait un film bavard comme Cartel, on essaie de rendre ça vivant, trépidant! Pourquoi toutes les discussions se font sur un canapé, une chaise longue, une banquette de bar, et toutes sont filmées en champs/contre-champs de base ? Je vous parlais de la poursuite en jeep, elle est filmée avec les pieds. A coté, le gunfight du marché aux poissons d'Hannibal, c'est Michael Mann. Pas un plan, pas une image pour se rincer les yeux. Reste une photo pas trop moche, et quelques envolées saignantes pour réveiller l'attention.  
C'est triste à dire, mais Scott ne s'est pas trop fait suer pour ce film, et sans vouloir faire du sale esprit, je me suis dit à un moment, vu le sujet et le côté parfois surréaliste de certaines scènes, j'aurais adoré voir Tony Scott se coller à la mise en scène. Au moins son style parfois outrageusement tape à l'oeil aurait convenu à ce scénario inepte et faussement subversif, à base de trafic chez les gros riches du monde. 
Et pour finir un petit dernier pour la route

- Vous me devez 400 dollars
- Et si je vous suce?
-Alors vous ne me devrez que 380 dollars.

mercredi 13 novembre 2013

Snowpiercer, le transperceneige

Snowpiercer de Bong Joon Ho
Genre: polar express 2.0
Sortie le 30 octobre 2013



Adaptation de la bande dessinée de Jean Marc Rochette, Benjamin Legrand et Jacques Lob, Snowpiercer marque également le passage au blockbuster US (ou plutôt hors Corée du sud pour être plus exact, le film étant franco-américano-Sud coréen de par son équipe aux couleurs internationales) de Bong Joon Ho, après Park Chan Wook avec Stoker et Kim Jee-Woon et le dernier rempart. Et à titre de comparaison, on se rapprochera beaucoup de Stoker dans le ressenti post-visionnage dans la mesure où l'on se retrouve avec un film qui bien qu'étant parfaitement maîtrisé sur la forme, accuse quelques faiblesses sur le fond. Le film de Wook était beau, classieux et on y retrouvait les thèmes chers au réalisateur (vengeance etc...je vous laisse le découvrir) mais le rythme en demi molle et une impression générale de froideur rendaient la chose assez hermétique, au final. Alors quid de Snowpiercer ?

Petit rappel de l'histoire avant de commencer, celle-ci se passe en 2031, après que les hommes, dans leur grand projet de refroidissement de la planète, aient forcé la dose sur leur gaz refroidissant et aient plongé la planète dans un froid éternel. Seules 1000 personnes ont survécu, et elles ont trouvé refuge dans un train qui roule tout autour du monde sans s'arrêter. Particularité du train, les pauvres sont à l'arrière et les riches en tête de train. C'est dans ce contexte pas jouasse que Curtis, un queutard (il est appelé comme ça dans le film, je n'invente rien) décide de rallier la tête du train en provoquant un soulèvement des pauvres.
Voilà pour le contexte. Pour commencer, il est évident que le sujet ne va pas chercher trop loin dans la problématique et ne sortira jamais des sentiers déjà bien labourés de la lutte des classes. C'est même là que se terre la plus grosse épine du film. Certes Snowpiercer n'est pas le premier à traiter de ce sujet, que ce soit dans un train, une ville ou un bateau le thème reste le même. C'est le traitement qui fera la différence. Et justement ici on avance, lentement, en terrain trop connu, avec juste ce qu'il faut de rebondissements et de révélations pour faire avancer le récit. Et cette scorie entraîne un autre problème, on en arrive à se poser beaucoup de questions. Beaucoup de "pourquoi ?" et surtout de "comment ?". Le film serait moins bavard et ne lancerait pas autant de pistes, on serait moins tenté de se poser des questions sur la logique de certaines situations et événements. Plus les personnages avancent vers la tête de train et plus on se pose de questions sur ce fameux train. Dans le désordre : Comment les riches trouvent-ils la viande stockée à bord ? Pourquoi les pauvres ont-ils été ramassés pour embarquer dans le train ? D'où provient la nourriture des pauvres ? Pourquoi un homme qui avouera avoir eu recours au cannibalisme fait son écoeuré dès qu'il découvre ce que mange ses confrères ? Pourquoi un wagon boite de nuit et pourquoi les clubbers se révoltent à la fin...?


Le scénario se garde bien d'expliquer le pourquoi du comment et se consacre à la progression du petit groupe, quand bien même certaines aberrations décrédibilisent pas mal de situations (SPOILERS: Comment Curtis sait-il que deux wagons après le sien se trouve la prison? Est-ce son pote joué par Hurt qui le lui a dit? Et si oui, Curtis ne se pose jamais la question de savoir comment il est au courant). Le bodycount augmente au fur et à mesure de l'avancée du groupe pour s'achever en tête de train avec 10 minutes de parlotte entrecoupée de baston.

Comme je vous le disais plus haut, si le scénario ne brille pas par son originalité, la mise en scène par contre est de grande qualité, et ce malgré quelques SFX un peu moches (la neige dehors, tout ça...). Ce n'est pas une surprise, BJH est un des meilleurs metteurs en scène sud-coréens. Regardez Memories of murders ou  The host, vous verrez de quoi il est capable dans les registres du thriller et du film de gloumoute. Et dans un genre plus léger vous trouverez aussi Barking dogs never bite et son segment du film à sketchs Tokyo.
Pour Snowpiercer il arrive à illustrer un scénario plan plan par une succession de scènes magistralement filmées, même si parfois un peu lourdingues dans la symbolique (on sait que les héros vont morfler face à des mecs armés de haches, pas besoin de montrer l'un d'entre eux en train d'éviscérer une truite. D'ailleurs, sur le coup on se demande : d'où elle sort cette truite ?). Jamais sur-découpées, les scènes d'affrontement sont bien cadrées et assez lisibles, éclairées par une photo chiadée. La caméra est toujours en mouvement à l'arrière du train et plus les personnages avancent et plus les cadres commencent à être plus travaillés, plus posés.  Conscient des limites et des possibilités que lui offre le cadre du train, Ho redouble d'inventivité pour casser le rythme de la progression wagon après wagon. En résulte une fusillade lors d'un virage en montagne, et une baston qui vire à la boucherie dans le noir complet d'un tunnel, en mode vision nocturne. Certaines scènes sont d'une efficacité redoutable (le wagon école et la baston qui s'ensuit) et Ho offre parfois des moments de calme et de sérénité avec par exemple le wagon aquarium-restau Yakitori ou le jardin. Et même si parfois on sent l'influence de ses compères coréens (c'est dur ne de pas penser à Old Boy quand on voit un mec se fighter dans un couloir), Ho arrive quand même à apporter sa touche perso en faisant de ses acteurs fétiches (les coréens) les héros du film. D'ailleurs parlons brièvement du casting, hétéroclite et international, Chris Evans en tête, loin de Marvel et plutôt sobre dans son rôle, Jamie Bell en second rôle débordant d'énergie et surtout Tilda Swinton, complètement hallucinée dans un rôle assez ingrat de chef de train. Vous y retrouverez également John Hurt, deux trois acteurs vus un peu partout, que ce soit un ado de la série Skins ou le sosie du chanteur de Midnight Oil, l'acteur de Noi albinoi. Mention spéciale à Alison Pills, échappée de Newsroom en prof de classe portée sur les armes à feu et Ed Harris, qui écope ici d'un rôle très deus ex machina, du même niveau que celui qu'il interprétait dans The Truman show, à la fois figure bienveillante et créateur du chaos.


Snowpiercer ne restera définitivement pas comme un chef d'oeuvre de la science fiction, la faute à un script pas assez jusqu'auboutiste (était-ce faisable au moins ?) mais en tout cas c'est un métrage qui ne fait que confirmer tout le bien que l'on pensait de BJH, deux minutes de Snowpiercer mettant à l'amende la plupart des productions SF proposées cette année.

mardi 12 novembre 2013

Prisoners

Prisoners de Denis Villeneuve
genre: drame
Sortie le 09 octobre 2013


Remarqué en 2010 avec son film Incendies, où il dressait déjà un portrait peu reluisant de l'être humain, Villeneuve revient cette année avec un film noir et désespéré comme on en voit que très rarement. Avant de de vous donner mon avis sur ce chef d'oeuvre, je vous conseille de ne pas tenir compte des arguments de la promo, que ce soit par ce cher William Friedkin, qui rapproche ce film à Seven (oui, pourquoi pas...) et des similitudes que le film peut entretenir avec Mystic river, dont le sujet est assez proche, mais dont le traitement diffère en beaucoup de points. Voilà, ça, c'est fait.

Le film raconte le calvaire enduré par deux familles de province américaine dont les cadettes se font enlever le jour de thanksgiving. D'abord inquiet, le père d'une des fillettes, Keller, décide que face à l'impuissance de la police, il va devoir enquêter lui même, quitte à franchir certaines limites morales. Voilà pour le postulat de base. A partir de ce matériau, le scénariste Aaron Guzikowski et Denis Villeneuve mettent en place une enquête vertigineuse remplie de faux semblants, de mensonges, de manipulation et d'empathie. C'est d'ailleurs une des forces du métrage, cette empathie variable qui confine parfois au malaise. Explications. Le film commence et très rapidement les gamines disparaissent (je spoile pas, rassurez vous), nous laissant aux côtés de deux familles dévastées par la perte d'une des leurs. Jamais complaisante, la caméra de Villeneuve nous fait partager par bribes la détresse des parents, entre attentes de nouvelles de la police et veillée de soutien aux enfants. Et dès lors que l'enquête est lancée avec la première arrestation et ce qui s'en suit (la libération du suspect, Alex, jeune ado mentalement attardé, et la traque de Keller), la sympathie commence à dériver lentement vers le suspect principal, victime de la vengeance de Keller, perdant tout sens moral pour arriver à ses fins, quitte à réduire à l'état animal sa victime, à le déshumaniser. On hésite à approuver les gestes borderline de Keller sur le coupable (est il seulement coupable au moins? Si ce n'est pas le cas, Keller passe pour un psychopathe qui aura eu toute notre empathie) et on se prend à souffrir avec Alex, victime lui aussi d'une machination qui semble tous les dépasser. On se retrouve dans la position désagréable du complice, à l'image de la femme du personnage interprété par Terrence Howard, qui est au courant des agissement de Keller mais qui préfère se taire, si cela doit lui ramener sa fille. 


Le film est également une excellente enquête policière, longue certes, mais toujours maintenue sur le fil du rasoir, avec régulièrement un rebondissement ou une avancée dans l'enquête menée par Loki, brillamment interprété par Jake Gyllenhall, flic aux méthodes parfois limite mais efficace dans son travail. On découvre avec son personnage les ramifications d'une affaire commencée 15 ans plus tôt, et dont chaque élément se remet à sa place dans le dernier acte. Et si parfois quelques ficelles paraissent un peu grosses, on est toujours dans cette empathie, cette fois avec Gyllenhall, prêt à tout pour sauver les fillettes, puisqu'il l'a promis aux parents. Un mot pour vous dire que pour une fois, le tueur ne se laisse pas deviner facilement, et lorsque le twist arrive, on découvre une parfaite raclure, monstre sans coeur qui transpire la haine du genre humain. Le film réserve même quelques scènes de tension bien flippantes (les intrusions dans les domiciles des victimes) et une poursuite en forêt haletante, qui a d'abord le mérite de faire passer la seconde niveau rythme, et ensuite d'amener de nouvelles pistes quant à l'identité du coupable. 
Je vous parlais de la comparaison qui est assez régulièrement faite avec Mystic River d' Eastwood. Le film n'est pas mauvais en soi, c'est Eastwood, mais comparé à Prisoners, il est d'un classicisme qui le laisse un peu sur le bord de la route. Villeneuve sait construire son film. Jamais complaisant dans ses choix de mise en scène, et pourtant il serait facile de se vautrer dans le voyeurisme notamment dans les scènes de torture, il préférera toujours le cadre parfait, le contrechamps efficace qui marquera profondément l'esprit du spectateur (l'image du visage d'Alex en bouillie, ses mains attaché au lavabo, est particulièrement dur à supporter). Villeneuve fait baigner son récit dans une lumière hivernale et triste, pas un rayon de soleil ne viendra réchauffer l'atmosphère, où les seules lumières chaudes sont celles des bougies de la veillée de soutien, ressemblant dramatiquement à une veillée funèbre. Et pour en revenir à ce que disait William Friedkin, ce n'est pas parce qu'un film a une ambiance poisseuse et glauque qu'il faut obligatoirement ressortir la carte Seven. Celui ci se passait à New York, métropole grouillante et pluvieuse où se tapissait un psychopathe, ici le drame prend place dans une petite ville dans la banlieue de Boston, où comme le croyait la femme de Keller, de telles horreurs ne peuvent pas et ne doivent pas arriver.


Petit mot sur le casting, à commencer par Jackman qui, loin de ses conneries chez Marvel, prouve que bien dirigé il est capable du meilleur. Gyllenhall s'en tire bien, avec un rôle plus effacé, à la fois enquêteur mais surtout témoin de ce qui se passe dans sa ville. Par contre Terrence Howard joue toujours aussi mal. 
Pour conclure, les 2h30 du récit passent à une vitesse folle, mais je vous préviens, aussi grand et puissant que soit le film, je vous déconseille de le voir si vous êtes déprimé.