13Cine

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dimanche 10 août 2014

Lucy

Lucy de Luc Besson
Genre : Fantastique
Durée :  1 h 27
Sortie le 6 aout 2014


Lucy, étudiante à Taiwan, se fait embarquer malgré elle dans un trafic de drogue où elle se retrouve à jouer la mule. Suite à une altercation avec son geolier, sa cargaison lui explose dans le ventre et pénètre dans son corps. Lucy commence à utiliser son cerveau au delà de toute limite.

Le cerveau de Lucy ne connaît plus de limites. Besson non plus, semble t-il. Vous pensiez qu'il allait tenir sa promesse d'arrêter le Cinéma, bandes de gros naïfs ? Détrompez vous. Si The Lady, malgré son rythme neurasthénique et sa volonté de faire un film sérieux pouvait encore faire illusion, son film suivant, Malavita, confirmait ce qu'on pensait depuis un moment : Hors de ses talents de producteur via Europa Corp, le Besson réalisateur n'assure plus vraiment. On fait venir du beau monde (De niro, Pfeiffer...) et on tourne en France. C'est nul et ça ne marche pas vraiment. Mais Luc, ce genre de considérations, il s'en fiche. A peine avait -il fini de se faire éreinter par la critique pour Malavita qu'il était déjà en train de préparer son chef d'oeuvre : Lucy. Scarlet Johansson et Morgan Freeman devant la caméra, et un sujet en or : Une pétasse déverrouille les 90 % inutilisés de son cerveau, et elle accède à tous les secrets de l'Univers, de la Médecine, de la Vie etc...Cinéaste et producteur réputé pour être un peu l'antithèse de la finesse, ce sujet promettait de grandes choses dans les mains de ce génie de la beauferie made in France. Accrochez vous bien, le cerveau va dérouiller. Enfin, juste les 10% utilisés.


Oubliez le Besson de Leon, Nikita, le Besson qui savait à l'époque filmer et raconter correctement une histoire. Ce Besson là a laissé sa place à un nouveau Luc. Un Luc dont le dernier film est un Pourquoi permanent. Si l'histoire en soi est conne comme la lune, le traitement que lui inflige Besson atomise tout, ne respecte rien et part dans tous les sens, mais jamais le bon. Dès les premières minutes on est comme dans la montée d'un grand huit, vous savez quand on grimpe et que l'on ne voit pas quand ça va se terminer. On a déjà un aperçu de ce que va être le film. Une Johansson enlaidie, ressemblant à une pute US perdue à Taiwan, et un Freeman en prof de conf' débitant des lieux communs sur La Vie, l'Intelligence, ce genre de choses. et dès que Lucy se fait choper par Choi min Sik (le meilleur acteur du pays du matin calme venu chercher son chèque), la descente commence, le génie ouvre les vannes. 
On retrouve le Besson over the top, celui qui prend les spectateurs pour des abrutis. Lucy se fait piéger, Besson va vous montrer une antilope se faire choper par un léopard. Freeman vous parle de la nécessité de l’être vivant à se reproduire ? Vous aurez des stock shots du national Geographic avec des rhinocéros et des tortues en train de copuler. Ça c'est la mise en bouche. 
Le plat principal arrive dès que Lucy est infectée par la super drogue (composé de CPH-4, vous savez la substance que secrètent les mamans quand le bébé est dans l'utérus, et qui lui est transmis pour le fortifier...Pas de commentaires, merci), et qu'elle peut tout faire, maintenant qu'elle est devenue surpuissante. Et Bien pour Besson c'est pareil. Maintenant qu'il a bien présenté son affaire il se lâche, et il le fait au delà de toute raison et retenue. Son histoire il s'en contrefout, on sait dès le début qu'elle va y passer la Lucy, et elle ne lui sert qu'à étaler ses connaissances (ou son absence de) ainsi que ses idées sur le Cosmos, la Vie, les pouvoirs magiques. C'est un festival de tous les instants. Plutôt que de se concentrer sur des pouvoirs crédibles que pourraient apporter la drogue à Lucy (la télépathie pour rester simple), Besson lui fait faire tout et n'importe quoi, en fonction d'un scénario complètement inintéressant. Lucy peut contrôler les PC, les Tv, les smartphones, elle apprend le chinois en une heure, se prend pour Magneto quand elle fait voler les bagnoles et change de couleur de cheveux. Son seul but dans la vie, faire une sauvegarde de ce que son cerveau aura appris, et le sauvegarder sur une clé USB. Surpuissante et altruiste. Et malheur à celui qui se dressera sur sa route. La Besson touch est ici omniprésente, et toute la subtilité qui va avec. Les méchants coréens finissent cloués au plafond, les policiers français terminent éclatés dans leurs voitures, on fait des blagues moisies sur les flics (Le policier va chercher un sandwich au poulet pour son collègue. GAG ! ) et on déglingue tout Paris en voiture. De Rivoli au Panthéon en passant par Tolbiac, on casse tout. Le dernier acte est une chute sans élastique dans un gouffre métaphysique qu'on n'attendait pas, où Besson se confie, se lâche et ne se retient plus. Devenue omnipotente et quasi mystique (alors qu'elle est clouée sur une chaise office dépôt au fond d'une bibliothèque, je vous le rappelle), Lucy voyage. A travers le temps, les dimensions et des fonds d'écrans windows catégorie "voie lactée". Assise sur sa chaise, elle va rencontrer des dinosaures, des indiens d'Amérique, les années folles, le cosmos l'appelle voyez vous. Et elle va rencontrer Lucy, la première femme de l'évolution. Avouez que c'était facile comme idée, Besson l'a eu avant vous et l'a même filmé. A ce moment là on ne sait plus trop ce qu'on est en droit d'en penser. Citant aussi bien Malick que Kubrick, Besson est à ce moment comme Lucy, trop loin et perché pour nous. Ajoutez à cela la fin la plus abrupte de l'année et vous aurez une vague idée de la chose.


On en ressort assez sceptique. Oui le film est une sombre daube mais pour autant il s'en dégage une sorte de naïveté et de sincérité beauf qui intrigue. L'impression que Besson avait plein de choses à nous dire mais qu'il s'y est encore pris comme un manche. Certaines scènes sont hallucinantes, à l'image de cette Lucy l'air hébété, en pleine transe mystique en train de survoler les falaises d'Etretat, et on est vraiment gêné pour Morgan Freeman. Besson n'a pas perdu la main niveau mise en scène, mais il serait temps qu'il accepte de laisser quelqu'un d'autre que lui même lui pondre un vrai scénario et pas une adaptation du  Cosmos et la Vie pour les nuls d'1h30. Même si il y a Scarlet Johansson dedans. 


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