Genre: VDM spatiale
Sortie le 23 octobre 2013.
Début 2013, en regardant ce qui allait sortir dans les salles cette année, il y a deux films qui m'avaient particulièrement alléché. Le premier c'était Pacific Rim de Del Toro et Gravity de Cuaron. Pourquoi? Parce que Del toro me promettait de coucher sur pellicule des rêves de gosse remplis de monstres, de gros robots, et de bastons homériques qui démoliraient des villes entières. Ensuite, pour Gravity, je l'attendais pour plusieurs raisons. La première c'est que Cuaron est un des meilleurs metteurs en scène en activité, et que connaissant son talent, le savoir aux commandes d'un drame de science fiction en apesanteur me procurait une joie doublée d'une attente insoutenable jusqu'en octobre. Pacific Rim est sorti, fidèle à mes attentes et aux promesses de Del toro. Restait à guetter la sortie de Gravity. le film est désormais sorti et n'y allons pas par quatre chemins, c'est un putain de film.
Avant de vous parler de Gravity, parlons de Cuaron, car derrière le tour de force qu'est le film, il y a cet homme. Le grand public (terme à mes yeux qui n'est absolument pas péjoratif) le connait pour avoir réalisé quatre films mémorables. Y tu mama tambien, portrait touchant de deux ados embarqués dans un road trip avec une prostituée à la découverte d'une plage. Un sujet simple mais déjà la Cuaron's touch est bien présente, entre caméra portée et longs plans séquence, sa marque de fabrique. Le deuxième film, et celui d'ailleurs qui le fera connaître à un plus large public, ce sera Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban. Petit rappel du contexte: Après deux films bien niaiseux, La Warner décide d'embaucher Cuaron pour réaliser le troisième épisode des aventures de Potter. Défi à relever, la saga étant surveillée de très près par Rowling et les producteurs, soucieux de ne pas se mettre à dos les fans de la saga qui ont fait cartonner les deux premiers volets. Et là, c'est la grosse surprise, Cuaron offre deux heures de spectacle grandiose, un divertissement à la fois drôle et sombre, léger dans son humour et grave dans ses instants dramatiques, se permet même quelques sous entendus graveleux qui passent (plus ou moins) inaperçus, à l'image de la scène d'intro voyant Potter, ado, s'amusant avec sa baguette sous la couette (sic), arrivant à insuffler une magie désespérément absente des deux premiers volets réalisés par Colombus, et tranchant, d'un point de vue technique avec l'inanité des deux premiers Potter. Photo magnifique, plans séquence discrets mais efficaces, et une multitude de plans qu'on croirait tout droit sortis d'un Zemeckis de la grande époque. Ajoutez à cela un score magistral de Williams et vous obtenez le meilleur épisode de la saga. Les films suivants ne seront jamais de ce niveau, réduisant la saga à une succession de Films BBC de luxe.
Arrive enfin son chef d'oeuvre, les fils de l'homme, adaptation d'un roman de P.D James, film d'anticipation se déroulant dans un futur proche, dans une Angleterre fermée aux immigrés et dans un monde où aucun enfant n'est né depuis longtemps. Echec à sa sortie, le film se taille au fil du temps une réputation grandissante. Et pour cause, le film est un choc à la fois visuel et narratif, une leçon de mise en scène doublée d'un discours sur la perte d'humanité et d'une vision noire et sans espoir du monde de demain. Tout le talent de Cuaron s'exprime dans chaque plan. entre séquences à s'en décrocher la mâchoire (la poursuite en voiture), explosion subite de violence et vrais moments d'émotion, le film laisse sur les rotules et on découvre de nouveaux détails à chaque visionnage. Le métrage offre d'ailleurs leurs meilleurs rôles à Clive Owen et Michael Caine.
Après ce film, plus de nouvelles, à part un petit crochet récréatif dans le film "Paris je t'aime", avec le segment "Parc monceau". Voici donc le retour tant attendu de Cuaron derrière la caméra, et franchement ça valait le coup d'attendre.
On nous avait promis du grand spectacle, de l'inédit et du jamais vu. Promesse tenue serait on tenté de dire. Effectivement c'est du jamais vu. Oubliez les films d'astronautes qui ont précédé, 2001 en tête,vu que Gravity, dans sa forme et dans son fond n'entretient que de très lointains rapports avec ces films. Disons le franchement, le film est impressionnant et spectaculaire, mais ce n'est pas son objectif premier. Le film est avant tout un drame, le récit de deux astronautes qui, suite à un accident lors d'une sortie dans l'espace, sont condamnés à errer dans le cosmos. Les accidents ne sont là que pour développer l'arc dramatique du film, ils interviennent d'ailleurs à intervalle assez régulier dans le film pour relancer l'action et motiver le personnage principal dans ses actions et ses choix. Et elle va en prendre plein la poire Sandra Bullock.
Le film est assez court, il ne doit pas dépasser les 90 minutes, mais comme on dit, mieux vaut que ce soit court mais intense que long et chiant. A peine le film est commencé que déjà on en prend plein les yeux. Jamais l'espace n'avait semblé aussi près et aussi bien filmé. Au son des échanges radio et des appareils de navigation, on découvre nos héros Kowalski, interprété par un Clooney à la cool, et Stone, interprétée par Sandra Bullock qui prouve encore une fois que bien dirigée, elle est une formidable comédienne (valait mieux pour nous, elle est de tous les plans). Cuaron laisse sa caméra flotter en apesanteur, joue avec la 3D et offre déjà des plans de toute beauté. Et après, tout s'emballe, le premier accident arrive. et ce qui suit est difficilement descriptible. On est littéralement happé par l'action, le rythme et le découpage de la séquence. Cuaron met en scène un accident de navette spatiale en plan séquence, faisant bouger sa caméra dans toutes les directions mais en gardant une fluidité dans l'image qui ne nous fait perdre aucune miette et ne laisse pas le temps de souffler. Et oui, vous avez vu un plan séquence spatial en apesanteur de 17 minutes qui se conclue par une dérive de Stone dans le cosmos qui vous filera le vertige. Chapeau très bas. Je ne vais pas vous spoiler le reste des emmerdes de nos deux compères, mais ils vont devoir rivaliser d'ingéniosité pour sauver leur vies.
Petite parenthèse pour vous dire que pour une fois, le trailer ne vous a pas tout montré. Il s'en passe des choses pendant 1h30...
Je vous disais que le film marquait une étape dans la définition du film à grand spectacle. Pourquoi le film impressionne? Une des raisons tient au fait que bien que spectaculaire, le film s'inscrit dans un contexte assez réaliste. Pas d'explosion impossible dans l'espace, pas de capharnaüm sonore. On sent que Cuaron veut inscrire son récit dans un contexte à la fois crédible et spectaculaire. Lors du premier accident, les deux astronautes se font projeter dans tous les sens, et par leurs appareils devenus hors de contrôle. C'est d'ailleurs les appareils de vol qui ont raison d'un de leur collègues. Autre raison de la réussite du métrage.:La mise en scène de Cuaron. Je vous parlais plus haut de la tendance du monsieur à utiliser le plan séquence. Je vous rassure il ne s'est pas freiné à ce sujet, la séquence d'introduction est déjà anthologique, mais Cuaron se permet parfois des idées de mise en scène qui dans n'importe quel autre métrage serait complètement déplacée. Par exemple, dès lors que Stone erre dans l'espace, Cuaron passe du gros plan au plan subjectif, le temps d'un léger mouvement de caméra. Et l'on découvre ce que voit Stone, une immensité de vide, avec un point clignotant, seul repère pour se sortir de son enfer pressurisé. Même dans les scènes les plus spectaculaires, il jongle avec les valeurs de plans en faisant bouger sa caméra en fonction de l'action, à l'image de la scène ou Bullock, en plan large, se fait promener et maltraiter au bout d'un bras géant qui tourne sans fin, pour finalement se détacher et atterrir en gros plan face à la caméra, qui va la suivre de près pour mieux s'éloigner d'elle dès qu'un autre élément ou personnage entrera en interaction avec elle.
Même dans les scènes d’intérieur, dirons nous, Cuaron continue à suivre sans coupure Stone, dans les couloirs de Soyouz, offrant à mi parcours un plan magnifique de Stone apaisée. D'aucun y verront une symbolique un peu lourdingue sur la renaissance d'un être humain...moui pourquoi pas...
Je vous parlais du réalisme du film. Vous le savez, dans l'espace personne ne vous entend crier. Et bien ici pas de bruit lors des crashs, a part les hurlements des héros dans leur combis, vous n'aurez rien. Occasion pour moi de vous parler du score, qui contribue largement à la réussite de l'ensemble. Mélange de battements de coeur, de sons provenant de la navette et d'orchestration minimale avec un thème en deux notes, il confère à l'ensemble un côté anxiogène lors des accidents dans l'espace. Je vous mets un extrait en bas, intitulé "débris"; je vous laisse découvrir de quelle scène il s'agit.
Le film ne laisse que très peu de moments de répit pour reprendre son souffle, et vous filera des frissons pendant le climax, mélange de plans de l'espace en feu et de Sandra Bullock en état de grâce, revenue de tout et prête à affronter la pire expérience de sa vie d'astronaute.
Avant de conclure, juste un petit bémol sur le scénario, qui dans ses dialogues et quelques une de ses situations n'est pas d'une originalité folle et a tendance à sortir la grosse ficelle du trauma (le background de Stone).
Spectaculaire et immersif, audacieux et maîtrisé, magistralement mis en scène et avec une 3D rarement aussi bien utilisée, je vous conseille de le voir dans les meilleures conditions possibles, avec gros son et en Imax, le spectacle doit effectivement être hallucinant.
Et comme promis le petit cadeau pour vous aider a déstresser en voiture ou en avion
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