13Cine

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dimanche 25 mai 2014

Hannibal Saison 2

Hannibal
Créée par Bryan Fuller


Et comme on dit là bas :
previously, in Hannibal


Après avoir accepté d'aider Jack Crawford pour tenter de coincer le Chesapeake reaper, tueur en série adepte de la chasse, Will Graham, surdoué de la traque aux tueurs psychopathes mais dont la capacité à s'identifier à ces malades l'expose sans cesse à une perte totale d'identité et de clarté d'esprit, rejoint l'équipe de Crawford pour coincer d'autres tueurs. Entres deux crimes ultra violents Graham tente de se refaire une santé mentale auprès d'un docteur réputé pour ses activité annexes, Hannibal Lecter. Craignant que Graham ne lui mette le grappin dessus et découvre ses secrets, Hannibal profite d'une période de faiblesse de Will et lui fait endosser le meurtre de la fille du prétendu Chesapeake killer, cannibalisme inclus. Sans repère et sans aucun souvenir, Will est interné à la Prison d'Etat pour Sociopathes, sous la garde de Chilton et au grand désarroi de Crawford et du docteur Bloom, seuls alliés de Will. La saison se terminait avec Lecter venu rendre visite à Will derrière les barreaux. 


There will be a reckoning
On ne va pas s'éterniser face à l'évidence, La saison 2 ne réitère pas l'exploit de la première, qui avait réussi le tour de force d'explorer sous un regard neuf et intelligent un univers déjà bien fouillé et connu du grand public (trois livres et cinq films couvrent les exploits de Graham, Hannibal et Cie). Ceci dit, la deuxième saison, en dépit de quelques défauts d'écriture, reste quand même de très bonne facture et si elle est moins soutenue, d'un point de vue rythmique que la première, elle confirme tout le bien que l'on pensait de la série à la fin de la saison initiale. Les bases ont été posées et les personnages ne sont plus à présenter. On peut rentrer directement dans le vif du sujet.
Premier constat lorsqu'on regarde cette deuxième saison, les livres ne sont désormais plus qu'une source d'inspiration pour Fuller. On s'en était déjà rendu compte dans la première saison au travers de petits détails, comme les changement de sexe de deux des personnages clés du roman Dragon rouge (Bloom devient Alana Bloom et Lounds devient Freddie Lounds, rouquine fouille-merde), mais ça crève les yeux lorsqu'on regarde la deuxième saison. Fuller ne se soucie plus beaucoup du sort original des personnages de Harris. En soi c'est un choix osé, les connaisseurs des œuvres originales risquent d'être pris au dépourvu, qu'ils en soient prévenus. On y reviendra plus tard. 
La saison s'ouvre sur une scène assez déconcertante, clairement un flash forward soit dit en passant, qui nous montre Lecter et Crawford se battre violemment dans la cuisine de Lecter, avec en conclusion un Crawford frappé à la gorge par Lecter et tentant de fuir en se vidant de son sang. Forte entrée en matière et grosse attente immédiate. Elle prend immédiatement le spectateur par surprise par rapport à ce qui a conclu la première saison. On avait laissé Crawford et Lecter face à la culpabilité de Will et la scène que l'on regarde semble nous montrer un Crawford prêt à en découdre avec le cannibale. Que s'est il passé entre temps ? Nous aurons 12 épisodes pour le découvrir. 
La deuxième saison se montre beaucoup plus bavarde que sa grande sœur. Elle n'est pas du tout son complet opposé, et au final elle se montre même plutôt complémentaire. Là où la première nous montrait un tueur par épisode avec un Will plus présent sur le terrain et moins en thérapie, ici on passe une première moitié de saison dans la prison de Chilton, avec un Will qui attend patiemment sa sortie et le retour de ses souvenirs, convaincu de la culpabilité d'Hannibal mais seul contre tous. On reste sur un terrain plus psychologique avec une montée en puissance dans la tension. Hannibal craint que Will ne se souvienne, Will craint qu'Hannibal ne joue la carte de la manipulation à grande échelle pour freiner sa sortie. En attendant, pour ne pas complètement se laisser entraîner dans une routine à base de " Quand je sortirais...", nous avons quand même droit à un Will manipulateur qui tente de faire éliminer sa Némésis par tueur interposé et surtout qui officie en tant que consultant pour ses ex-collègues qui savent qu'il  possède toujours un don pour coincer les pires ordures du pays. Il tentera d'ailleurs à plusieurs reprises d'ouvrir les yeux de Bloom et Crawford sur la dangerosité d'Hannibal. Seule personne à croire Will, Beverly, légiste de son état. Mais malheureusement, il ne fait pas bon être ami avec Will.
Profitons en pour rebondir sur ce dont je vous parlais plus haut. C'est dans le sort réservé à ses personnages du livre que Fuller échoue parfois et surprend beaucoup. Constat d'échec pour commencer quand on voit la façon dont est traité le personnage d'Alana Bloom sensée être, pour info, une psychologue de renom, et qui dans cette saison passe la plupart de son temps à refuser de croire Will quand bien même les preuves contre Hannibal crèvent les yeux, et à aller geindre dans les bras d'Hannibal. Breaking Bad a eu sa Skyler, Hannibal aura sa Bloom. Autre choix scénaristique, mais plus courageux : la mort de Beverly, partie en mode solo prouver la culpabilité de Lecter et donc l'innocence de Will. Elle en paiera le prix fort, et elle termine de manière effroyable, dans une mise en scène macabre qui ébranlera Crawford et Will. Ces deux façons de traiter des personnages clés sont bien représentatifs de l'équilibre parfois bancal de la première partie de la saison. D'un côté on pourrait considérer ce genre d'initiative comme du gâchis, Will avait finalement trouvé une alliée solide en la personne de Beverly et Bloom, avant de devenir fadasse, était un vrai soutien pour Will dans la première saison, d'un autre ça renforce le côté tout puissant et déterminé de Lecter, prêt à éliminer et manipuler toute personne qui se mettra sur son chemin. Il faudra attendre que Will sorte de prison suite à un meurtre commis sur le juge (au passage on notera une représentation très graphique et gore de la Justice sans coeur ni cerveau), et donc prouvant immédiatement son innocence,  pour que la série prenne un  virage beaucoup plus vicieux et psychologique.



Will aura compris que s'il veut coincer Lecter, il faudra gagner sa confiance et jouer le jeu pour s'en rapprocher au plus près et lui porter le coup fatal. Pour cela il retourne en thérapie chez Lecter et lui parle de son éventuel plaisir à tuer, plaisir que partage Lecter, à un autre niveau. Histoire de lui faire prendre l'air, les scénaristes le renvoient aussi sur le terrain, où les tueurs ne l'ont pas attendu, notamment un homme qui se conduit comme un animal et qui finira par venir s'attaquer à Will, sous les ordres d'Hannibal. Ce qui nous vaudra d'ailleurs un échange d'anthologie glacial 

" I've sent someone to kill you. You've sent someone to kill me. Now we're even... even Steven."

C'est dans cette deuxième partie que la tension remonte d'un cran avec le retour de deux personnages aperçus dans la saison 1, l'agent spécial Miriam Lass, rendue mutique après avoir perdu un bras et être devenue folle, tellement folle qu'elle en vient à tuer celui qu'elle croit être son kidnappeur, réglant prématurément le compte de Chilton (encore une fois, la liberté prise avec le silence des agneaux est évidente, Chilton finissant semble t-il bouffé par Lecter, tout du moins c'est ce qu'on comprenait dans la scène finale du film) et Bedelia du Maurier, venue témoigner contre Lecter en échange d'une immunité. Le piège se referme donc doucement sur Lecter, avec la complicité de Crawford et Freddie Lounds.
Et c'est avec une grande impatience qu'on attend le season finale (cf la scène d'intro du Pilote) et disons le d'office, c'est un des meilleurs épisodes de la série. Non seulement il prend à contre pied le spectateur dès les premières scènes (le personnage de Cynthia Nixon vient gentiment démolir le projet de Crawford pour piéger Lecter, laissant nos deux compère du FBI sur leur faim) et il fait monter la tension jusqu'à LA fameuse scène de combat entre Crawford et Lecter, qui se conclut avec l'arrivée de Bloom et d'un autre personnage qu'on croyait perdu. Les rebondissements s'enchaînent jusqu'à un grand bain de sang final, laissant augurer le meilleur pour la saison 3, qui s'annonce riche en nouveautés, avec peut être l'arrivée de nouveaux personnages de l'univers Hannibal.


En parlant de personnage mythiques, les rumeurs annonçaient l'arrivée du personnage de Mason Verger et de sa soeur Margot. Rumeurs confirmées donc. Pour les nouveaux venus, le personnage de Mason Verger est un monstre à visage humain, pédophile et éleveur de cochons anthropophages, et très dominateur vis à vis de sa sœur Margot. Il apparaît pour relancer la dynamique Will-Lecter, Will s'éprenant assez rapidement de Margot et celle ci ayant été maltraitée par son frère, Lecter tente de repousser Will dans ses derniers retranchements et ses pulsions homicides. 
L'arrivée de Verger était très attendue, non pas pour le personnage en lui même, assez pourri gâté dans l'ensemble et tête à claque de compèt', mais plutôt pour son destin assez gore et craspec (c'est aussi pour ça qu'on regarde Hannibal, non ?). En effet, dans l'oeuvre de Thomas Harris, Lecter se "rapprochait" de Verger, et au cours d'un jeu malsain, le droguait à forte dose et brisait un miroir, le forçant à se mutiler le visage pour nourrir ses chiens. Touche finale, il le pendait pour l'exciter et lui brisait la nuque, le condamnant à une chaise roulante pour le reste de sa vie. En cela le film Hannibal de Ridley Scott était assez fidèle au livre Rassurez vous bande de viandards, on ne s'éloigne pas trop du projet initial, sauf que la scène en question fait plus office de punition après avoir humilié et blessé Margot, et que ce sont les chiens de Will qui en profitent, lors d'une scène vraiment ignoble. 

-I'm hungry !
- Well...Eat your nose, then...



Quitte à rester dans l'ignoble, sachez que les scénaristes se sont encore bien lâché sur les idées morbides et la mise en scène des morts. Cette année vous aurez :  un tueur accro à la palette chromatique qui colle ses victimes en fonction de leur couleur de peau, un homme cerisier, un homme ruche, un oiseau dans un homme dans un cheval, et des cochons carnivores. La palme revient bien évidemment au Maître, qui reçoit à dîner Gideon le tueur de la première saison interprété par Eddie Izzard, et qui lui prépare à manger sa propre jambe fraîchement amputée. Hommage est ici rendu au film Hannibal dans lequel Lecter nourrissait l'agent Paul Krendler avec sa propre cervelle.


- My compliments to the Chef


Petite parenthèse, puisqu'on parle de bouffe. Les titres des épisodes ont changé depuis l'année dernière. Nous sommes passés des plats français à des plats japonais. Je vous laisse googueuliser tout ça, ça a l'air délicieux.

1x01  Kaiseki
1x02  Sakizuke
1x03  Hassun
1x04  Takiawase
1x05  Mukōzuke
1x06  Futamono
1x07  Yakimono
1x08  Su-zakana
1x09  Shiizakana
1x10  Naka-Choko
1x11  Kō No Mono
1x12  Tome-Wan
1x13  Mizumono

Fin de la parenthèse Robuchon.

Que dire de plus sur la saison 2...Techniquement rien à redire, toujours aussi classe, bien que parfois avec la main un peu lourde sur la symbolique (le willdigo avec ses bois), une photo toujours très travaillée, on retrouve pour quelques épisodes Vincenzo Natali à la réalisation, et le japonais des titres d'épisode se retrouve dans la bande originale, à forte connotation nippone.

This is my design
La saison 2 aura été surprenante à plus d'un titre, plus bavarde et moins orientée sociopath of the week que la première, mais si l'on passe outre certains défauts (Bloom reste un personnage...vraiment con, oui c'est le mot), elle s'inscrit dans une parfaite continuité avec ce qui a précédé, faisant grandir le mythe d'Hannibal Lecter à chaque nouvel épisode. Sachant qu'une saison 3 est d'ores et déjà dans les tuyaux, et qu'au vu du dernier épisode, on est en droit de se demander qui on va bien pouvoir y retrouver (le main cast dérouille sévère et Hannibal prend la tangente) et quelles idées vont bien pouvoir trouver les scénaristes pour rapprocher tout ce petit monde, on a encore le temps de se refaire les trois tomes de la saga pour y piocher quelques idées. Moi je dirais bien Dolharydes ou Clarice, pour commencer.




La petite musique qui va bien avec cette boucherie.





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