Entre deux critiques de films ou de séries, je me suis aventuré dans une salle obscure pour aller voir The baby. Ce n'était pas l'idée du siècle, je vous explique pourquoi par ici. Passée la première impression d'avoir quelque peu perdu mon temps, je me suis dit que franchement, n'importe qui aurait pu la faire, cette chose. Pas besoin de sortir de la Femis pour filmer ce genre de truc. Tout ce qu'il faut, c'est du matos, quelques bonnes idées et une bonne histoire. Voici donc quelques bons conseils pour vous initier à la mise en scène du found footage a.k.a le FF.
1. Le matériel
Le principe du found footage, c'est de filmer avec un minimum d'équipement. Regardez les films appartenant au genre FF, vous voyez rarement les personnages manipuler des grosses caméras pro. Pensez pratique et économique. Déjà parce que les caméras pro ça coûte un bras et puis s'il faut courir derrière vos acteurs, c'est plus simple. Si j'en crois les plans furtifs de The baby, une petite caméra Sony fait très bien l'affaire. Simple, ergonomique et surtout si elle est équipée d'une vision nuit, c'est encore mieux. Les jump scare c'est super efficace quand ça vous chope par surprise en vision nuit noir et vert. Assurez vous d'avoir une bonne qualité de son, aussi. Évitez les perches micro, déjà parce que si on les voit ça décrédibilise le côté impromptu du film et ensuite ça sous entend que vous vous baladez en permanence avec un mec qui vous suit avec une perche.
Prévoyez une lampe torche aussi. Des fois que...
2. Les acteurs
Une règle d'or, prenez des comédiens amateurs. Mieux, choisissez des gens qui n'ont jamais été comédiens. Une des règles du FF, c'est d'éviter les grosses stars ou comédiens facilement reconnaissables. Vous remarquerez que depuis que la vague FF a commencé, peu de grands noms de la comédie s'y sont fourvoyé. Ce n'est pas plus mal, déjà pour eux, et ensuite ça ajoute un côté authentique et crédible à l'histoire, si vous voyez Ryan Gosling et Jennifer Lawrence dans un FF qui traite de possession démoniaque dans un barrio mexicano à L.A ( ne riez pas ça existe et ça s'appelle Paranormal activity : the marked ones), on n'y croira pas une seule seconde. Le coté "ça peut vous arriver" c'est un élément clé de la réussite. Les chances d'être menacé par un démon poulet sont certes assez minimes mais bon...
3. Le décor
Deux possibilités s'offrent à vous. Soit vous la jouez feignasse et vous faites comme Peli depuis 5 ans, vous ne bougez pas de chez vous, toute l"histoire se déroule dans une maison et vous n'irez jamais plus loin que le fond du jardin, soit vous vous montrez audacieux et vous explorez d'autres endroits. L'avantage de la maison c'est que vous pouvez avoir recours à d'autres caméras que la vôtre, la webcam a fait ses preuves, ça permet de changer de point de vue à un moment de l'histoire. Si vous sortez, préférez les endroits déserts, évitez les cimetières, c'est glauque et cliché, et évitez de filmer vos scènes de hurlements ou d’hystérie dans des endroits bondés, sauf à ce que vous souhaitiez vraiment créer un mouvement de panique générale et le filmer. Rien ne se perd les amis... Les institutions désaffectées ont toujours la cote (cf : Grave encounters, 2012) mais si vous vous vautrez, pour le coup personne ne viendra vous chercher.
Et hop ! un p'tit plan trouille à la webcam. Frisson fastoche
4. L'histoire.
C'est la partie la plus amusante. Plutôt que de refaire ce qui a déjà été fait 2039484 fois avant vous, c'est à dire filmer des gens possédés se tenant droit dans un couloir ou une chambre, dans le noir, à proférer des blasphèmes et gribouillant sur les murs, faites vous plaisir. N'importe quel sujet peut servir ! Regardez ce qui a déjà été fait si vous manquez d'idées : les fusillades à l'école (Zero day, 2003), les enlèvements extra terrestre (Alien Abduction, 98) ou même les enlèvements d'enfants (Amber Alert, 2012). Un petit conseil cependant, pensez à un sujet qui pourrait être récupéré pour un éventuel remake à l'étranger (Paranormal activity : Tokyo Night, ou Rec version US, rebaptisé Quarantaine). Un FF à la tour Eiffel, c'est mort. Veillez à garder le coté "ça peut vous arriver" pour votre histoire, ça doit rester un minimum crédible, toutes les situations doivent être susceptibles d'être filmées par une caméra portable perso (un débarquement en Normandie en FF serait totalement improbable). Si un sujet vous tente et que vous ne savez pas trop quoi écrire dessus, faites comme tout le monde, allez sur Wikipédia. Tapez par exemple "culte satanique", Ça vous donnera de l'inspiration. Si vous voulez rester simple, partez d'un événement lambda, voire chiant (un fait divers, un mariage, un baptême, une première communion, ou une kermesse de fin d'année scolaire) et de broder sans complexe.
Zero day, un FF subtil comme un char sur le massacre à Columbine
Maintenant que vous avez toutes les cartes en main, c'est le moment de passer aux choses sérieuses.
6. La mise en scène
C'est là que ça devient un peu délicat. De par sa définition, le FF est un montage d'éléments filmés par des gens dont le métier n'est pas cadreur pro. Ce qui amène souvent le spectateur à devoir se gaufrer des scènes filmées comme lorsqu'on oublie de couper la caméra quand on marche. Deux solutions s'offrent à vous : Soit vous assumez le coté rough de votre métrage et vous y allez à fond, vous gardez tout, les montées d'escaliers tremblotantes, les zooms qui foutent la gerbe et les courses à pied caméra devant vous ou filmant vos pieds, soit vous pensez aux gens qui vont regarder votre film, et dont vous espérez que la première chose qu'ils diront en sortant ne sera pas "faut que je gerbe". Auquel cas vous faites comme Jaume Baleguero, vous cadrez un minimum et vous vous stabilisez aussi souvent que possible.
Deuxième chose : Par souci d'authenticité, contentez vous d'utiliser une seule caméra et d'exploiter uniquement ce que votre caméra aura enregistré. Une des facilités récurrentes du FF c'est d'insérer, entre deux plans de caméra perso, des images de caméra publiques (Les caméras du rayon frais de Texaco pour The baby, ou les caméras de la TV dans Chronicles). Qui va aller à Carrefour Market demander les caméras de surveillance du Parking, histoire de meubler son film ? Au pire des cas, optez pour le smartphone, ça fera d'excellents plans d'insert.
Et allez y mollo sur les zooms.
V.H.S 2 et son chien cadreur. Pourquoi pas...
7. La BO
A moins que vous souhaitiez faire basculer votre film dans la vraie" fiction", évitez le score. Le dernier exorcisme l'a fait, ça casse un peu le délire. Au pire, faites jouer une chaîne hi-fi dans la pièce où vous filmez, une vraie chanson bien choisie collera toujours mieux à votre film.
8. Le montage
C'est le grand paradoxe du FF. on a beau avoir affaire à du film brut de chez brut, il n'empêche qu'au final on regarde un film monté à l'ancienne, avec intro-milieu-climax. A vous de rythmer le film à votre convenance. Pas besoin de matos pro, un bon vieux logiciel gratos sur JeTelecharge fera très bien l'affaire. N'oubliez le petit classique mais efficace
N'oubliez pas. Ça peut vous arriver.
9. La diffusion
Voilà, votre bébé est prêt à venir au monde, reste à lui trouver un bel écrin. Pour cela rien ne vaut ce fantastique openSpace qu'est Internet. Vous avez l'embarras du choix : Youtube, Viméo, Dailymotion. répandez, likez, partagez, poucez ! Aujourd'hui, aussi étrange que cela puisse paraître, même si vous avez tourné votre film à Givors ou Saint Romain Lachalm, même un parfait inconnu à Tokyo pourra découvrir votre film ! Le nombre de "vues" est devenu un critère qualitatif.
N'hésitez pas à glisser quelques "Dans la lignée de", ou bien "Au croisement de", ça marche toujours ce genre de petite combine.
Voilà, dans l'attente de vos résultats et de vos exploits, je retourne revoir le trailer de Rec 3: Apocalypse.
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