13Cine

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vendredi 16 mai 2014

The baby

Devil's due de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett
Genre : fantastique périmé
Sortie le 7 Mai 2014


N'y allons pas par quatre chemins, ce film est une merde. Voilà, au moins vous n'aurez aucun regret d'avoir loupé quelque chose. Énième variation du thème "possession démoniaque / Culte religieux alternatif / antéchrist", le film enchaîne sans aucun temps mort les pires clichés inhérents au genre et les fait passer à la moulinette du Found footage, genre décidément increvable. Vous savez, ce genre de film tourné à la caméra portable, les morceaux de pelloche soit disant abandonnés après "les incidents" et qui miraculeusement ont été trouvés (d'où le found du found footage) et remontés pour être exploités. On peut considérer que le premier du genre est le Projet blair witch avec ses trois copains piégés dans une forêt hantée, et déjà on avait affaire à film qui avait coûté trois dollars et en avait rapporté à peu près 250 fois plus. Après une petite accalmie, le genre est revenu à la vie tel un mort vivant, avec des films comme Rec de Jaume baleguero, ou bien encore Cloverfield de Matt Reeves. Malheureusement, ces deux films font figure d'exception. Si Baleguero et Reeves ont des notions de mise en scène (Rec est quand même vachement efficace et Cloverfield reste un film de monstre relativement bien foutu), le genre s'est trouvé un nouveau fossoyeur : Oren Peli. Si vous cherchez un coupable, c'est lui. Son nom ne vous dit rien mais son principal méfait est inoubliable :  Paranormal Activity. Mètre étalon du néant sur grand écran et accessoirement gros carton au box office. Pour ceux qui ne l'auraient pas vu, Oren Peli maltraite le film de Possession démoniaque pendant 1h30 en nous montrant un couple d'abrutis qui a bien des soucis, ils sont emmerdés chaque nuit par un démon (un poulet géant, à en juger par les traces laissées dans la farine de la cuisine) qui en veut particulièrement à la femme rondouillarde du couple. Regarder ce film prototype, c'est regarder tous les dérivés qui vont envahir par la suite les grands et petits écrans.  Absence totale de mise en scène, toutes les caméras sont susceptibles de filmer l'action, web cam, goPro, caméra de surveillance du jardin et surtout la caméra du mari qui filme absolument tout et tout le temps, quand bien même il est en train de se faire défoncer la poire. Au final, gros carton international et lancement de la vague found footage. Et tout le monde veut sa part du gâteau, tellement ça a l'air simple à faire. Pas besoin d'être Spielberg pour filmer des portes qui claquent dans le noir. D'ailleurs je vous explique comment faire votre propre found footage dans un autre billet, y a pas de raison que vous ne vous y mettiez pas. Le mort vivant qu'est le FF (c'est plus rapide à,écrire) est toujours en train de laborieusement avancer, et le dernier film de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett lui envoie un bon gros coup dans les rotules. 

                                     Quand ma femme se vide de son sang, moi, je la filme

Si leurs noms ne ne vous disent rien, Bettinelli-Olpin s'est récemment fait connaître suite à sa participation au projet V/H/S, film FF à segment. Le film est moyen et son segment est le moins pire, mais ça a suffit semble t-il à le parachuter avec son pote à la tête de ce projet, Devil 's due, et y a pas à dire, ces gens sont des experts du néant. En deux mots le pitch : un couple de bourgeois fraîchement mariés part en République Dominicaine pour leur lune de miel. L'espace d'une soirée ils sont entraînés dans un squat louche par un chauffeur de taxi qui ne l'est pas moins (paye ton cliché sur les pays étrangers). Ils boivent, font les fous et de retour au pays, Sam la femme découvre qu'elle est enceinte de 7 semaines. Mais les ennuis vont commencer, sous la surveillance étroite d'une secte qui attend l'avènement d'une armée d'antéchrists (oui, il y en aura plusieurs).

Rien à sauver de ce film, qui enchaînent les casseroles à la vitesse d'un cheval de l'Apocalypse au galop. Les comédiens ? Tous mauvais comme des cochons. Le scénario ? Prévisible au dernier degré et prenant vraiment ses héros pour des abrutis. Pire le côté FF prend parfois des chemins vicinaux complètement incohérents, à l'image de cette scène nous montrant des personnages complètement extérieurs à l'histoire qui filment la femme du couple en pleine forêt en train de bouffer une biche. Ils finissent massacrés par Sam et leur film est intégré au reste du métrage. Normal quoi. Je vous passe la scène grotesque du curé à l'hosto (même dit comme ça on dirait une blague) qui est talonnée niveau ridicule par cette séquence complètement WTF où la femme, végétarienne, est littéralement fascinée par un steak haché et le dévore fissa au rayon frais.

La dernière partie du film a réussi à me coller la gerbe. Pourquoi ? Parce qu'à la fin notre héros, après avoir découvert le squat des adeptes, découvre qu'ils ont truffé sa baraque de caméras (faut bien justifier les multiple point de vue du film et de la baraque) et  file chez lui pour secourir sa femme. Là c'est l'Apocalypse, la vaisselle vole, les cadres tombent et il n' y a plus de courant. Pendant 10 minutes notre héros court, caméra et lampe torche allumées, et se vautre à intervalles réguliers dans la baraque et les escaliers. Le tout à la caméra portée. J'ai adoré, mon estomac beaucoup moins.

                                 Je ne comprends toujours pas l’intérêt dramatique de cette scène

La scène finale enfonce le clou de la connerie. Je spoile mais bon si vous voulez voir ce film c'est votre problème. La femme se fait piquer son bébé démon par la secte et hop, on file à Paris au pied de la tour Eiffel, où l'on rencontre deux touristes US qui finissent leur lune de miel et qui hèlent un taxi pour rentrer à l'hôtel. Ca tombe bien, y a un black avec un accent chelou qui veut les emmener dans une soirée hors de Paris. Ne faites pas confiance aux blacks qui conduisent les Taxi G7, ils sont susceptibles de vous entraîner dans des endroits interlopes dans le grand Paris pour vous faire féconder par des adorateurs de Satan.

                                Le champs de Mars by night. Le terrain de chasse de G7 Corp.

Pas besoin de s'éterniser trois plombes sur ce film, c'est juste mauvais et inutile. Mais bon, à en juger par les réactions de mes jeunes voisins qui sursautent dès qu'une porte claque ou à chaque jump scare périmé, plus c'est con et plus ça marche. Vivement le prochain. 

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