Genre : Fantastique
Sortie le 4 juin 2014
Dans un futur pas si lointain, des extra terrestres, les mimics, affrontent les humains en Europe. Pour freiner leur progression à l'Ouest, les troupes américaines sont réquisitionnées. Cage, officier dans l'Armée, est envoyé sur la ligne de front pour les affronter. Malheureusement, à peine a t-il le temps de voir ses rangs se faire massacrer qu' il meurt en affrontant un ET. Et se réveille brutalement quelques heures avant, au moment de son réveil à la base. Prisonnier d'une boucle temporelle, il va faire la rencontre de Rita, femme soldat qui semble avoir des réponses et des explications à lui fournir.
Le projet était plutôt alléchant. Tom Cruise en tête d'affiche, le thème de la journée sans fin couplé à une invasion extra terrestre et des premiers visuels qui promettaient un spectacle bourrin digne de la quadrilogie vidéo-ludique Gears of war. Bon, à la barre on trouvait Doug Liman, faiseur pas très inspiré mais honnête, mais on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise. On attendait baucoup, et le spectacle n'est pas vraiment à la hauteur des espérances. Pas mauvais, mais bourré de défauts et perfectible.
Adaptation d'un livre écrit par Hiroshi Sakurazaka, All you need is kill, le film rejoint des films comme Un jour sans fin (93) ou plus récemment Source Code (2011), dans lesquels des individus lambda étaient contraints de revivre inlassablement la même journée ou le même événement pour pouvoir trouver une issue de sortie. C'est casse-gueule comme concept, et ce n'est pas facile de jouer le jeu jusqu'au bout. Le film de Harold Ramis y arrivait sans problème, le film de Liman se vautre dès sa deuxième partie, car oui, EoT peut se découper en deux parties bien distinctes.
La première commence pourtant plutôt bien. Le contexte nous est présenté brièvement au détour d'actualités internationales (François Hollande inside), les aliens sont partout, c'est la guerre, engagez vous etc...On fait assez rapidement la connaissance de Cage qui est envoyé malgré lui sur la ligne de front, et on découvre une légion de bidasses chair à canons qui s’apprêtent à débarquer en Normandie. Et quand ils débarquent ça pète dans tous les coins. Bon, ce n'est pas filmé comme Spielberg et son débarquement (on reviendra sur les compétences de Liman plus tard) mais ça pose les enjeux. A peine tué, Cage se réveille quelques heures plus tôt, à son réveil à l'aéroport d'Heathrow, transformé le temps d'un conflit international en base militaire. C'est pas con comme idée quand on y pense, vu que toute son escouade se fait dérouiller sur la plage normande, on se dit que Cage peut utiliser son "don" pour faire gagner son équipe. C'est d'ailleurs ce que propose Rita, en plus de l'entraîner. L'objectif paraît clair et la première partie est d'ailleurs plutôt légère d'un point de vue émotionnel, entre comique de situation (Le running gag de Cage qui se prend des camions en pleine poire) et comique de répétition (une fois que Rita a fait la connaissance de Cage, elle l'entraîne et n'accepte aucune faute de sa part, ce qui lui vaut nombre de balles dans la tête), Liman arrivant même à rendre hommage à Spielberg et Minority report à travers une scène d'infiltration tout en anticipation. Malheureusement, le film se prend les pieds dans le tapis dans sa deuxième partie après le climax de la première, chargée en émotion. Au détour d'une scène de dialogue explicative le concept de boucle temporelle prend fin et on retombe brutalement sur les chemins usés et labourés du bon gros blockbuster prévisible et plan-plan. Sans vous spoiler la dernière demi-heure, je vais simplement vous dire que si vous ne voulez pas voir la fin, allez sur youtube (ou votre site de streaming préféré bande de pirates) et tapez "Pacific Rim last scene/explosion". Mêmes enjeux, mêmes actions, mêmes conséquences. La seule différence c'est que le climax de EoT se déroule au Louvre, sous la pyramide. Sinon rien de nouveau, vous y trouverez des bidasses au grand cœur et prêts au sacrifice pour sauver l'Humanité, et une scène romantique complètement incongrue, le film ayant précautionneusement et intelligemment su éviter l'écueil de la love story entre Rita et Cage durant les 100 minutes qui ont précédé. Pire, la fin du film est incompréhensible, brassant n'importe comment téléportation, voyage dans le temps et résurrection. Ce côté fouilli de l'intrigue confirme une rumeur qui court depuis un petit moment, il existerait bon nombre de scènes coupées qui aurait dégagé pour arriver à une durée plus raisonnable de 1h53. Le film a été tournée en 2012, et aurait du sortir en 2013... Je suis prêt à parier que nombre de scènes non montées accentuaient le comportement obstiné de Cage en fin de première partie en mettant en avant le fait qu'il commençait à succomber au charme de Rita, repoussant au maximum son dernier "réveil" pour pouvoir passer plus de temps avec elle, sachant ce qui lui arrive plus tard.
Si le scénario est sans réelle surprise au final, la remarque vaut aussi pour la mise en scène et la direction artistique de Liman. Il n'est pas mauvais derrière une caméra, et fait même parfois preuve de bonnes idées avec le concept de reset à répétition, mais il n'est clairement pas le meilleur pour mettre en image cette histoire. Dans sa première demi-heure, son film se rapproche du Soldat Ryan de Spielberg et dans les deux métrages on commence avec un débarquement en Normandie. Si Spielberg collait aux basques de ses soldats avec une mise en scène nerveuse et oppressante, Liman fait tout l'inverse, usant et abusant du tout digital pour montrer son largage de soldats depuis les hélicos géants de l'US Air force, pour finir avec un affrontement sur la plage face à des Aliens. Jamais tripant et ressemblant davantage à une bande démo ILM, son débarquement rappelle les grandes heures du jeu Gears of war. C'est d'ailleurs à ce jeu que l'on pense le plus quand on voit Cruise dans son armure en train de défourailler des Aliens. Référence clairement revendiquée, ou pas...
Ceci étant, pour rebondir sur l'influence du Jeu vidéo sur le film, on peut très bien considérer la première partie du film comme une transposition plutôt fidèle sur grand écran du principe de la progression par l'échec, qui est une épine dorsale d'à peu près 3/4 de la production vidéo-ludique actuelle, et qui est au cœur d'une scène cruciale du métrage, lorsque Cage et Rita échafaudent une stratégie pour pour pouvoir traverser la plage et passer au niveau suivant, et affronter le boss final. Au moins ça fera plaisir aux gamers en manque d'action.
Ceci étant, pour rebondir sur l'influence du Jeu vidéo sur le film, on peut très bien considérer la première partie du film comme une transposition plutôt fidèle sur grand écran du principe de la progression par l'échec, qui est une épine dorsale d'à peu près 3/4 de la production vidéo-ludique actuelle, et qui est au cœur d'une scène cruciale du métrage, lorsque Cage et Rita échafaudent une stratégie pour pour pouvoir traverser la plage et passer au niveau suivant, et affronter le boss final. Au moins ça fera plaisir aux gamers en manque d'action.
En parlant d'action, force est de constater que Liman a toujours autant de mal à filmer une scène d'action de manière lisible, la preuve avec la séquence au Louvre où nos deux compères essaient de défoncer la pyramide pour accéder au noyau dur de la défense alien caché sous l'eau (comme dans Pacific...etc). Grosso modo, pour les parisiens qui liront cette critique, ils partent de la concorde pour péter le jardin des tuileries avec leur avion et finir en chute libre sur la pyramide. Il fait nuit, ça pète dans tous les coins et on ne comprend rien du tout, si ce n'est que la Seine est aussi profonde que le Loch Ness sous le musée.
Ajoutez à ça un score assez passe partout et discret ainsi que des seconds rôles sacrifiés (Bill Paxton qui donne l'impression de jouer son personnage d'Aliens qui aurait monté en grade) et vous aurez une idée assez précise du gâchis.
Ajoutez à ça un score assez passe partout et discret ainsi que des seconds rôles sacrifiés (Bill Paxton qui donne l'impression de jouer son personnage d'Aliens qui aurait monté en grade) et vous aurez une idée assez précise du gâchis.
Bref : Edge of tomorrow aurait pu être un excellent divertissement sans prétention. Il accède uniquement au statut de "Serie B sympathique vite vue vite oubliée" grâce à son acteur principal, mais ne décolle jamais vraiment, la faute à une réalisation sans éclat et à un scénario bourré d’incohérences et de questions sans réponse (pourquoi Cage est il envoyé au front, au final ? Pourquoi aucun des alliés de l'unité de Cage ne veut l'aider avec son armure ?). Vivement le director's cut.
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