13Cine

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vendredi 25 juillet 2014

American nightmare 2 : Anarchy

The Purge 2 : Anarchy de James DeMonaco
Genre : Action
Durée : 1h45
Sortie le 23 Juillet


Aux Etats-Unis, une nuit par an, le crime est autorisé. Viol, meurtre et autres délits sont possibles et sans limite pendant douze heures. Et c'est pendant cette nuit d'horreur que vont se croiser, s'allier ou s'affronter Léo, père endeuillé et revanchard, Eva et Cali, victimes de leur manque de moyens de défense et Shane et Liz, victimes d'un sabotage de leur voiture à 5 minutes du début la Purge.

Sorti l'année dernière, le film American nightmare (titres français inutiles ed. 2013) affichait déjà la couleur. Promesse d'un spectacle ultra violent et racoleur (tout est permis, on peut buter qui on veut où on veut) et louchant vers le survival en huis clos avec sa famille dont la baraque est prise d'assaut par des tarés accro de la machette, le film était hélas un gros pétard mouillé. La faute à un script faussement subversif qui n'exploitait jamais vraiment son concept déjà bien con à la base (l'Amérique est à feu et à sang, on va aller s'enfermer dans une baraque pendant 1h45), une hypocrisie permanente dans le discours tenu (cf : la mère qui défonce la tête à sa voisine avant de claironner que la violence, c'est mal) et une mise en scène qui se voudrait du niveau d'un Assaut sur central 13 mais qui échouait à tous les niveaux, entre incohérences géographiques (je rentre par la cuisine et je ressors par le salon pour faire demi-tour et atterrir dans la chambre) et purs instants de non-sens (si les purgeurs arrivent à péter la porte blindée de l'entrée, comment arrivent-ils à entrer par la fenêtre du premier étage ? Mystère...). Seule chose à sauver, l'évocation en fin de métrage du chaos citadin, au détour d'un reportage radio où le reporter évoque 300 personnes en train de s’entre tuer en plein centre-ville. Il faut croire que le film a bien marché puisque voilà sa suite, et joie ! Vous allez assister au fameux pendant ce temps-là,, en ville que le premier film ne faisait qu'évoquer. Le chaos urbain pendant que Ethan Hawke et sa femme jouent à cache cache dans le salon. Enfin, le chaos...non. Pas tout à fait. DeMonaco a encore frappé.

C'est dommage car pour sa deuxième incursion dans le L.A futuriste en pleine Purge, DeMonaco se prend encore les pieds dans le tapis et fait n'importe quoi. Pourtant il y avait moyen cette fois-ci de faire mieux que le premier film. On restait dans le même esprit, le même contexte très con mais à fort potentiel hard boiled (on parle quand même d'une ville à feu et à sang de 19h à 7h) et on y allait à fond.  Ça ne semble pas être la priorité de DeMonaco. Le film commence de la même façon que le premier, on nous montres des gens se barricader et se souhaiter "Bonne Purge" ou "restez en sécurité", et les personnages principaux nous sont présentés. Et là déjà ça sent le moisi. Trois récits vont se croiser (cf le résumé) et un seul vaut le coup, c'est celui du flic vengeur et meurtri. Les deux autres sont inintéressants au  possible (un couple en pleine rupture et une famille latino dans la dèche. Ça donne envie) et n'auront de cesse de parasiter Leo. D'ailleurs plus le film avance et plus on se prend à rêver d'un film qu'on ne verra jamais, un Purge 2 nihiliste et violent où l'on suivrait la descente aux enfers d'un ex-flic à qui la Loi autorise de se venger sans scrupule de l’assassin de son fils, dans un L.A en pleine implosion. Un film où le flic ne serait pas systématiquement mis dans les pires emmerdes à cause des boulets qu'il a voulu aider. C'est simple ils n'en ratent pas une. Ils doivent rester silencieux ? un rat qui passe et la fille hurle. Il se font courser dans le métro, la maman du groupe ne sait pas courir sans se rétamer tous les deux mètres. Il a vraiment pas de chance le Léo. Trop bon trop con.

                                 Léo (Frank Grillo), bête de charisme entouré d'endives assistées.
                                 Vous noterez au second plan la présence d'un mec déjà bien lourdingue
                                 dans the baby sorti il y a 2 mois

Pour rester dans les reproches à faire sur le scénario, on pourra aussi reprocher cette absence totale de risque et de tentative de point de vue. Le thème du film reste quand même "une boucherie générale sans lois", et DeMonaco et son scénariste, plutôt que d'en profiter pour innover un peu, préfèrent aller tranquillement pomper du côté de Hostel 2 et sa scène d'enchères sur victimes (de riches costard-cravates se battaient à coup d'enchères pour savoir qui ils pourraient torturer) et nous refait la même scène sauf qu'ici ce sont des vieux en tenue de gala qui lancent les enchères pour se livrer à une chasse à l'homme en milieu fermé.
Même remarque sur la mise en scène et les choix de DeMonaco. Comme je vous le disais plus haut, L'histoire de ce deuxième volet se passe ailleurs que dans un 24 pièces cuisine. L'occasion était trop belle, on aurait pu avoir en vrai des scènes de guérilla et de tuerie de masse dans le centre-ville. Encore raté. Même là c'est mou et inoffensif. N'attendez pas des rues remplies de gens qui s’entre tuent sans vergogne, nos compères se promènent très souvent dans des rues désertes où surgissent de temps à autre des camions loués par de riches chasseurs. De temps à autre un coup de feu, mais vous n'en verrez pas plus. Pire, dès qu'il en a l'occasion, DeMonaco envoie ses héros dans des halls d'immeubles, des tunnels de métro, des caves...Si le premier épisode jouait maladroitement avec son décor unique, ici on se demande si le budget n'a pas été trop faible comparé au projet initial. Niveau violence c'est très light. On a beau claironner pendant dix minutes au début que ça va être l'enfer sur terre pendant  douze heures, on ne verra finalement pas grand chose de ce qu'est la vraie Purge en centre-ville, où selon les dires d'un des boulets, se trouve la plus grosse concentration de meurtres. Alors on pourra toujours dire que DeMonaco a choisi la violence psychologique plutôt que la physique, mais comme dans les deux cas c'est foiré...Même le premier film, aussi raté soit il, offrait quelques sursauts de violence froide et sèche, alors que son successeur, pourtant plus à même d'offrir du mass murder unlimited, se montre assez chiche là dessus. Aucun progrès de la part de DeMonaco derrière la caméra.
Il avait déjà du mal avec une maison et un jardin à installer un semblant de tension et de suspens,  il galère encore plus ici lorsqu'il s'agit de retranscrire une peur de tous les instants, dans cette ville déserte où chaque pas peut être vu à travers la visée d'un sniper. La direction artistique ne vaut pas mieux, entre costumes qui voudraient faire peur mais qui évoquent plus un cosplay goth-rap qu'un hommage aux guerriers de la Nuit de Walter Hill, et décors d'une pauvreté effarante (c'est simple on a l'impression que toute les scènes se passant dans une ruelle ont toutes été tournés dans la même)

                                            L'enfer sur terre. Mais pas ici visiblement

Et c'est enfin là que revient le même reproche que j'avais déjà formulé lors de la sortie du premier épisode par ici. C'est ce côté ultra racoleur et hypocrite qui pèse un peu plus dans la balance. Pourquoi promettre un spectacle basé sur le meurtre sans complexe à grand échelle et donc une volonté affichée d'étaler de la violence exacerbée si c'est pour finalement faire à peine mieux, niveau violence, que n'importe quel téléfilm de deuxième partie de soirée sur W9 ? Au moins des films comme Hostel 1 & 2 osaient exploiter leur idée à fond (vous vouliez de la torture, vous en aurez, et ne venez pas dire que l'on ne vous aura pas prévenu). Ensuite on retrouve encore cette vieille morale à deux francs six sous qui nous est assénée de manière fort subtile : La violence c'est mal, la vengeance c'est pas bien. mais bon si on bute mon mari..oui si il y a un AK47 qui traîne je dis pas non. Et puis c'est la force du pardon qui nous sauvera. Bon, le personnage de Léo dérouille copieusement mais au moins il est ok avec sa conscience. Ces petites touches de sensiblerie à deux balles font tellement tâche dans le contexte du film, qui relève plus de la guerre civile sans réflexion ni pitié que de l'étude comportementale en milieu hostile.

Film ne basant son succès que sur une prétendue débauche de violence qui n'arrivera jamais, American Nightmare 2 est le parfait exemple de film raté. Scénario sans surprise, violence sans impact et acteurs en free style, une parfaite combinaison pour un film qui ressemble plus à un DTV Action de luxe qu'à un véritable film d'anticipation énervé et revendicatif.

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