13Cine

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dimanche 27 juillet 2014

The raid 2 : Berandal

The Raid 2 de Gareth Evans
Genre : Action
Durée : 2h27
Sortie le 23 juillet 2014


Quelques heures après avoir nettoyé un immeuble de la racaille qui l'occupait et éliminé le big boss au dernier étage, Rama n'a même pas le temps de souffler que la Police lui propose une ultime mission : Intégrer la mafia Indonésienne en se rapprochant du fils d'un des parrains pour le faire tomber ainsi que leurs ennemis, la mafia japonaise qui leur dispute les quartier chauds de la Ville. 

Sorti en 2011, le premier épisode avait cloué pas mal de monde sur son siège. Sorti de nulle part, quasi inconnu (seul fait d'arme avant ce film, Merantau), Gareth Evans, exilé gallois en Indonésie avait su réaliser un film au scénario simpliste, à peine plus développé qu'un script pour beat'em all à la Fatal Fury ou Street of rage, mais qui compensait son indigence scénaristique par une succession de scènes de baston hallucinantes où son héros Rama, interprété par le félin Iko Uwais démolissait tout et surtout tout le monde, dans des chorégraphies réglées au millimètre près et dont le réalisme parfois troublant faisait parfois très mal. Empruntant autant à l'actioner bourrin des 80's qu'à la culture du jeu vidéo (l'immeuble dont chaque étage ressemble à un niveau avec le boss de fin caché au dernier étage), le film avait fini par se tailler une bonne réputation de film culte rayon action. Après ce coup d'éclat, Evans était parti faire un petit crochet par l'anthologie V/H/S 2, dont il réalise d’ailleurs le meilleur segment (Safe heaven, avec son histoire de secte indonésienne vouant un culte à un démon) tout en préparant une suite à son bébé. Objectif avoué, faire du bigger and louder, pourquoi se contenter d'un immeuble quand on peut détruire une ville ? Alors, pari relevé ?



Soyons aussi courts que le scénario, la réponse est non. Pas que le film soit dénué de qualités bien au contraire, mais là où le premier film avait surpris par son coté low budget efficace, sa suite nous laisse penser que Evans a eu les yeux plus gros que le ventre, et à vouloir en proposer toujours plus il y en a parfois trop. Déjà par sa durée, le film dure quand même 150 minutes. Au vu des intentions et du premier épisode, n'importe quel amateur d'action jubilerait à l'idée de se prendre un uppercut sur pellicule pendant 2h30. Malheureusement c'est là que le bât blesse. The raid 2, ce n'est pas QUE de l'action, c'est aussi une histoire. Une histoire assez classique ma foi, où s'entrechoquent rivalités entre mafias, fiston en colère contre son père parrain, flics undercover et j'en passe. Remplie de clichés et pas toujours bien interprétée, cette trame scénaristique, à défaut d'être passionnante, elle va au final beaucoup servir à faire respirer le spectateur entre deux scènes de pétage de rotule. Car oui, le film se découpe ainsi : Dialogue / baston / dialogue / baston. On n'en viendrait presque à se contrefoutre de ce qui peut arriver aux personnages qui rencontrent Rama, tant l'attraction principale du film c'est lui. Et c'est dans sa forme que le film de Evans ressemble, excusez moi de la comparaison, à un porno de la baffe. Remplacez les scènes de fesse par des tartes et des clés de bras et vous obtiendrez The Raid 2. Un scénario timbre poste qui ne prend jamais le temps de développer convenablement ses personnages, chair a canon potentielle pour son héros. Deux exemples. Le premier, c'est le personnage de Mad Dog, survivant du premier épisode, méchant de son état mais qu'on redécouvre dans ce deuxième volet sous les traits d'un homme attachant, très simple mais prêt à tuer pour sauver sa famille de la pauvreté. Son temps d'écran est malheureusement écourté pour servir de déclencheur à la guerre des triades. Du gâchis. Autre exemple, hammer girl et son pote à la batte. Deux personnages hauts en couleur qui nous sont présentés au cours d'une séquence en montage alterné durant laquelle la première défonce une escouade de gardes du corps dans une rame de métro avec ses marteaux et le deuxième joue de la batte et de la balle dans un squat. Il seront finalement peu développés au delà de leur rôle de semi-boss de fin et finissent éclatés par Rama. Ça voudrait ressembler au Parrain mais ça dépasse rarement le statut de Serie B qui pète plus haut que ses ambitions. Même le fait que Rama soit un flic infiltré risquant à tout moment d'être grillé par un des deux camps n'est jamais développé et la tension susceptible d'être générée par cette situation est totalement inexistante.


Heureusement que côté action, le spectacle tient ses promesse. Encore heureux me direz vous, c'est un peu pour ça qu'on est venu. Depuis le premier épisode, trois ans se sont écoulés et Evans a eu le temps d'apprendre et de perfectionner sa mise en scène. Il avait promis du bigger et louder, c'est réussi. Chaque scène de castagne vaut son pesant de cacahuètes. Entre une mêlée boueuse entre CRS et taulards, une descente dans un entrepôt de dealers, et une dernière demi heure ininterrompue de coups et de destruction, le spectacle est étourdissant et épuisant. En plus, (gardez bien cette analogie du porno en tête) ce genre de séquence arrive toutes les dix minutes. Reposez vous pendant les discussions autour d'une table, ça vous reposera la tête. Chorégraphiées à la seconde près et toujours claires, les bastons font toujours aussi mal. Evans a aussi eu la bonne idée d’utiliser à bon escient la ville comme terrain d’expérimentation. En résulte une poursuite en voiture où l'on se casse la gueule dans un habitacle de 2m carré, on s'étrangle à coup de ceinture de sécurité et on finit à travers le pare-brise. la construction du dernier acte reprend à peu de choses près celui du premier film, avec son boss final et sa bagarre qui dure pas loin de 15 minutes. 15 minutes de virtuosité dans l'affrontement. Evidemment le climax qui s'ensuit paraît tellement fade par rapport à ce qui a précédé. Mais c'est le problème de tout le film, à trop vouloir chiader ses chorégraphies et ses distributions de mandales, Evans en oublie son histoire. C'est dommage, il y avait la possibilité de faire un grand film de mafia et de complots survitaminé, on se retrouve au final avec une excellente succession de combats époustouflants, avec un acteur charismatique (Iko Uwais n'est plus aussi mono expressif que dans le premier épisode) et une mise en scène soignée et parfois très classe (le cadre du massacre final rappelle parfois les grandes heures du John Woo période Syndicat du Crime), mais avec un scénario aux limites du remplissage. Soyons optimistes et patients, la dernière scène du film laisse entrevoir une piste intéressante pour un éventuel troisième volet avec un Rama qui basculerait du côté obscur. 

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