13Cine

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dimanche 13 juillet 2014

Blue Ruin

Blue Ruin de Jeremy Saulnier
Genre : Drame
Durée : 1 h 30
Sortie le 9 juillet 2014


Dwight, vagabond vivant dans sa voiture, découvre un jour que l'assassin de ses parents va être libéré de prison. Il entreprend alors de se venger de celui qui a détruit sa vie.

On ne peut pas faire plus concis et plus clair concernant l'histoire de Blue ruin, drame d'une simplicité surprenante et pourtant riche en rebondissement qui ose s'aventurer sur des terrains peu explorés dans d'autres revenge movies. 
Les première images du film laissent croire que l'on va avoir droit à un drame naturaliste sur un SDF vivant de vol et d'intrusions dans des résidences cossues.  Et même lorsqu'il se fait arrêter par l'agent de police qui semble pleine de compassion pour lui, on se demande vers quel genre de  film on va se diriger. A ce moment, on découvre la première révélation du film, qui va permettre de mettre en marche le premier arc narratif du film :  la vengeance de Dwight et sa détermination à tuer celui qui a brisé sa vie. La première partie pourrait durer pendant tout un film, le thème de la victime cherchant à se venger de son bourreau est assez riche pour pouvoir occuper le spectateur pendant 1h30.  Pour autant, Saulnier traite assez rapidement cette vengeance expéditive, avec toute la violence et la crudité que cela sous entend et nous montre un Dwight apaisé, blessé mais plus serein et humainement plus présentable qui se rend chez sa sœur pour lui avouer ses crimes. Et là le film bascule dans un engrenage vicieux, version paysanne et impitoyable de la Loi du Talion, car dans sa fuite après le meurtre de sa némésis, Dwight a laissé des traces, faciles à suivre pour remonter jusqu'à lui, le meurtrier ayant lui aussi une famille vindicative. On découvre une bande de psychopathes, cachant de sombre secrets qui unissent étroitement Dwight et leur tribu. 


Le deuxième arc du film est plus développé que le premier qui au final ne servait que d'élément déclencheur à l'escalade de violence qui s'ensuit. Escalade qui ne trouvera sa conclusion que dans un dernier acte saignant et vindicatif, sans remords ni compassion, ou si peu. Avant cela on suit les mésaventures de Dwight qui aura subi un premier assaut de la Famille et qui se sera rapproché d'un ami de lycée, expert en armes à feu. La grande qualité du film, c'est sa capacité à savoir gérer cette montée en puissance de la tension et du stress que subit Dwight, qui semble complètement perdu et déstabilisé par ce qui lui arrive. Droopy perdu dans une guerre qu'il ne comprend pas, il découvre les joies de la chasse à l'homme, apprend à barricader une maison prise d'assaut et s'entraîne à tirer à la chevrotine. Chose assez surprenante, le film épousera assez fréquemment le point de vue de Dwight face aux événements. Que ce soit lors d'un assaut nocturne dont on ne verra jamais les assaillants ou lors de dialogues entre personnages dont nous n'entendrons rien, comme Dwight, ce coté ultra réaliste renforce l'empathie envers le personnage principal, perdu et ne sachant plus qui croire. D'ailleurs tout n'est que manipulation et mensonges, comme le fait très justement remarquer un membre de la Famille pris en otage par Dwight en lui affirmant, au détour d'une séquence clé et renversant la vapeur d'un point de vue narratif, que c'est toujours celui qui tient le flingue qui dit la vérité. Reste à savoir qui tient le flingue. C'est ce genre de dialogue qui permet de remettre en perspective les événements qui ont précédé, leur faisant prendre une importance tout relative et insistant sur la tendance qu'a l'homme a agir sur impulsion, sans réflexion ni jugement. Si la vengeance de Dwight est compréhensible moralement mais irresponsable d'un point de légal, comme lui fait remarquer son pote avant quand même de lui fourguer un berreta et un fusil a chevrotine, elle range Dwight au même niveau que la Famille, motivée uniquement par la vengeance et l'envie d'en découdre avec celui qui a tué l'un des leurs, chacun s'estimant dans son bon droit.
Pour parler brièvement de la mise en scène, on retrouve Saulnier à (presque) tous les postes, réalisation, photographie et scénario. Si celui ci est remarquable et rempli de surprises, il est important de saluer la qualité de la réalisation, qui s'adapte au scénario, entre instants de suspense dignes de Carpenter (l'assaut nocturne sur la maison) et séquences choc où Saulnier ose montrer des meurtres et des mises à mort dans toute leur horreur (armes blanches, flèches et fusils d'assaut font vraiment mal). Gros travail aussi sur la photo, solaire et éblouissante, magnifiant les paysages campagnards de la Virginie, théâtre de ces événements sanglants.


Bref : Deuxième film de Jeremy Saulnier et prometteur sur tous les plans, Blue ruin est un drame à échelle humaine, entre revenge movie et tragédie campagnarde entre deux familles vengeresse. Excellent (petit mais grand) film à voir cet été, entre deux gros blockbusters. 

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