13Cine

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jeudi 31 juillet 2014

La Planète des singes : L'affrontement

Dawn of the Planet of the apes de Matt Reeves
Genre : Fantastique
Durée : 2h11
Sortie le 30 juillet 2014



Dix ans après les événements survenus à San Francisco qui ont vu la rébellion naître chez les singes et la grippe se répandre à l'échelle mondiale, exterminant la quasi-totalité de la race humaine, le chimpanzé César est désormais leader de la communauté des singes, habitants dans les bois loin des rares survivants de l’espèce humaine. Mais un jour un homme, Malcolm, va s'aventurer en territoire ennemi à la recherche d'une solution pour réparer une installation électrique. Il va malgré lui relancer la guerre entre les hommes et les singes.

L'avantage, ou l'inconvénient c'est selon, d'une saga comme celle des PoTa begins (c'est plus court que Planet of the apes), c'est que l'on sait déjà comment ça va se finir. Ça se termine avec la race humaine réduite en esclavage, la statue de la Liberté, ce genre de choses. Mine de rien ça laisse le champs libre à une foultitude de récits qui verseront dans le "comment en est-on arrivés là". Le premier film de la saga prequel, rise of PoTa, sorti en 2011, avait été une bonne surprise. Exemple parfait du blockbuster avec plus de cerveau et d'émotions que la moyenne, jamais surchargé en action inutile et usant avec talent de la motion capture pour le personnage de César, interprété par Andy Serkis, le film ancrait les bases d'une apocalypse humaine dans un contexte contemporain et crédible, avec des humains victimes de leurs ambitions et de leurs rêves qui finissaient par se rebeller contre eux, rébellion qui prenait les traits de singes de laboratoires devenus supérieurement intelligents suites aux expérimentations. A leur tête César, singe capable de signer et de parler. Le film se terminait sur une propagation mondiale de la Grande Grippe Simienne. 
Le deuxième volet, Dawn of PoTa, débute donc dix ans après la propagation. On retrouve le personnage phare de la saga, César. Et à peine le film commencé, la différence avec le premier film saute immédiatement aux yeux et le message est clair. Les vrais personnages, les vrais héros, ce seront les singes. Dans une ambiance grise et tendue, on découvre un César transformé, tatoué de peinture de guerre, en pleine chasse au cerf. Et le temps d'une séquence aussi violente que rythmée, on découvre toute une nouvelle génération de singes, beaucoup plus évolués que dans le précédent volet. Qui plus est, Matt Reeves ose réaliser une séquence uniquement en langue des signes, chose assez rare pour être soulignée. C'est d'ailleurs la chose essentielle qu'il faudra retenir du film, cette véritable envie de proposer une nouvelle direction pour les blockbusters, faire des choix risqués. Le premier, et d'ailleurs c'est un point commun avec le premier épisode, c'est de refuser l'action gratuite, celle qui épuise et qui étouffe toute velléité d'écriture plus poussée. Ce volet est aussi  avare en action que son aîné, qui à part quelques échauffourées dans le zoo et le climax au Golden Gate bridge se concentrait surtout sur le côté humain de ses personnages, qu'ils soient hommes ou singes. Même chose ici, les rares scène de violence qui parsèment le film ne sont là que pour faire monter la tension qui explosera lors d'un affrontement hommes-singes puis singes-singes. En cela, le film de Reeves est un peu l'antithèse d'un film comme Transformers 4, explosion sans but de 2h45. Peu ou pas de dialogues, et les échanges entre les singes seront souvent en langue des signes. 


Ensuite, là où le film ose vraiment prendre des risques, c'est dans sa volonté affichée de mettre au second plan les humains, supposés être les repères d'un point de vue émotionnel avec le spectateur. Pire, même dans leurs bonnes intentions pacifiques, ils restent les profanateurs d'une civilisation en construction et dominante. Ils ne font plus partie des espèces qui comptent sur la Planète et sont à la merci des singes. L'écriture plutôt faiblarde au niveau des personnages humains passe assez bien d'ailleurs, tant on se prend très vite d'affection pour les compatriotes de César, civilisation tentant d'imiter de manière symbolique ceux qui les ont maltraités mais en y injectant plus de respect et de dignité. Les hommes passent très vite au second plan. C'est simple, on aurait très bien pu faire un film entier sur César et ses mésaventures avec des singes rebelles sans jamais faire intervenir les hommes. Les Singes apparaissent au final plus évolués que les hommes et bien que capables de signer à la perfection, ils n'en oublient pas pour autant de parler, et semblent prendre plus de temps à choisir leurs mots avant d'échanger, de là à y voir une critique de l'homme plus apte à prendre d'abord les armes puis à dialoguer, il n'y a qu'un pas. 

Une des autres bonnes idées du projet, c'est d'avoir confié le film à Matt Reeves. Si son nom ne vous dit rien, vous avez peut être vu ses films sans même savoir que c'était lui. Cloverfield, found footage destructeur c'était lui. Le remake plutôt réussi du danois Morse, rebaptisé Let me in, c'est aussi lui. Metteur en scène plutôt doué, au style carré mais efficace, à l'aise avec les effets spéciaux, il prend la suite de Rupert Wyatt,  qui avait emballé honnêtement le premier épisode. Force est de constater que Reeves a fait de l'excellent travail. D'abord sur la direction artistique, qui privilégie les décors de fin du monde très verdoyants, avec une Nature qui aurait reprit ses droits sur les cités des hommes, ce qui nous vaut des plans magnifiques de San Francisco bouffée par les fougères et la forêt qui s'insinue dans chaque immeuble. On pourra toujours faire le rapprochement avec des décors du jeu the last of Us, mais celui ci était déjà bien sous influence cinématographique. Alors l’œuf ou la poule...Peu ou pas de soleil, tout le film se déroule sous un ciel gris et pesant et le Soleil ne viendra qu'en fin de métrage, pour guider César vers un nouveau départ, Symbolique religieuse inside.
Coté mise en scène à proprement parler, force est de constater que Reeves n'est pas manchot derrière une caméra, qu'il sait épouser les différents points de vue de ses différents protagonistes et que dès qu'il s'agit de trousser une séquence de chasse à l'homme dans un appartement en ruine, il fait preuve d'audace et ça fonctionne parfaitement (ni vu ni connu je te case un plan séquence où tout pète).  Et s'il est à l'aise avec des scènes plus intimistes, il gère tout aussi bien les vraies scènes d'action, en y glissant quelques idées de mise en scène assez surprenantes mais toujours efficaces (la prise du tank par Koba et l'entrée en ville qui s'ensuit est exceptionnelle) et offre parfois de vrais moments de poésie sauvage, à l'image de cette station essence qui diffuse une musique à la fois symbole du passé et d'un avenir plus apaisé.


Mais le film ne serait rien sans cette monstrueuse performance Motion-capture et le travail titanesque effectué par Andy Serkis. Si le premier film était plutôt réussi à ce niveau, sa suite l'enterre sans souci. Jamais les singes n'auront paru si réalistes et crédibles. Dans leur façon de bouger ou de parler, les acteurs font passer des émotions que l'on pensait réservés aux acteurs en chair et en os.
A la bande originale vous retrouverez Michael Giacchino qui nous livre encore une fois un score de grande qualité dont lui seul a le secret, et plutôt que de se vautrer dans le tribal, chose que n'avait pas su éviter Elfman pour le film de Burton, il compose un score sombre et mélancolique et dont certains thèmes ne sont pas sans rappeler les sonorités déjà bien présentes dans le score de Jerry Goldsmith pour le film de 68. j'ai hâte de le voir, ou plutôt de l'entendre, pour Jurassic World. 

bref. Après un premier épisode qui avait su intelligemment redéfinir et relancer la mythologie de la planète des singes, ce deuxième volet confirme tout le bien que l'on pouvait penser de cette initiative, entre respect des origines et nouvelles idées prêtent à être développées dans de  futurs métrages. Après un Transformers abrutissant et avant un Hercules qui s'annonce délicieusement couillon, Dawn of the planet of the apes vient confirmer qu'un blockbuster peut être riche en émotion sans jamais se sacrifier sur l'autel du tout numérique, les nouvelles technologies au service d'une belle histoire.

Cadeau bonus qui va bien avec.


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